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N° 290 - DU 13 AU 19 JANVIER 2022
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Mélodie des terres. Catherine Fontaine
Une exposition initialement prévue au premier trimestre 2021, qui a été reportée en 2022 afin de lui permettre de se dérouler dans de meilleures conditions. Nouvelle exposition, nouveau nom, Mélodie des terres est conçue comme un jardin extraordinaire où se cachent, à chaque recoin, des œuvres mêlant les matières et l’écriture. Céramique, broderie, nouage, teinture, dessins, gaufrage, Catherine Fontaine explore toutes les techniques qui la relient à la matière et à la nature. Elle y glisse quelques beaux textes pour une œuvre poétique et épurée.
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> Du 14 janvier au 27 mars à la Galerie du Faouëdic, Lorient
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"Trois musiciennes, issues des conservatoires nationaux supérieurs de musique de Paris et Lyon. On embarque pour un voyage poétique avec Jean Cras, amiral et compositeur brestois. Joyau du répertoire de musique de chambre française, son trio à cordes sera serti d’œuvres de Luciano Berio, Georges Aperghis et Thérèse Brenet, résonances contemporaines d’une musique intemporelle" (Dimanche 16 janvier à 17h30, Océanis, Ploemeur)
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Franck Lunion - baryton - et Jeff Cohen - piano
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Après des études de clarinette et de musicologie à la Sorbonne, Franck Lunion étudie le chant au CNSM de Paris. Il a chanté dans le cadre de l’Académie d’Ambronay sous la direction de William Christie. Il s'est produit avec Claude Lavoix avec laquelle ils interprètent, entre autres, le Winterreise de Franz Schubert. Plus récemment, il chante la partie de baryton solo dans le Deutsches Requiem de Johannes Brahms et le Requiem de Gabriel Fauré avec l’Orchestre Note et Bien. (Samedi 23 janvier à 17h30, Océanis, Ploemeur)
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Dans ce numéro
SORTIR. Notre sélection de la semaine
ON SAUTE DANS LA TWINGO. Trajectoires, à Nantes
BD. Highland games. Grolleau / Cado
CINEMA. Tromperie. Desplechin
VOUS. L'homme qui n'aimait plus les chats. Isabelle Aupy
CONCOURS. Des places pour Sanseverino, aux Arcs
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Cette semaine, soit les salles ont oublié de remplir l'agenda, soit il n'y a pas grand chose... On vous laisse farfouiller pour voir si quelque chose vous tente, et vous signale quand même "Le beau dimanche en famille", aux Scènes du Golfe, à Vannes, avec notamment deux spectacles de la Compagnie Scopitone, qu'on adore, comme vous le savez !
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Un festival de danse bourré de propositions parfois assez expérimentales et barrées comme on les aime, le moment idéal de voir des trucs hors des clous, histoire de bousculer un peu la routine...
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La cinquième édition du festival Trajectoires est proposée par le Centre Chorégraphique National de Nantes avec le lieu unique, le Théâtre ONYX, le TU-Nantes, la Soufflerie, Le Grand T, Stereolux, Musique et Danse en Loire-Atlantique, Angers Nantes Opéra, le Théâtre Francine Vasse, le Quatrain, le Théâtre de Saint-Nazaire. 17 jours, 21 lieux, 44 spectacles, 85 rendez-vous.
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> Du 14 au 30 janvier, Nantes
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Highland games. Grolleau / Cado
La Bretagne, terre de bédé ? Bah, carrément. On vient de recevoir Highland games, sorti cet automne, et voilà une chouette histoire, racontée par Fabien Grolleau, scénariste vannetais – en dialogues naturels et réalistes - et dessinée – avec simplicité et efficacité - par Nico Cado, dessinateur quévenois (c’est d’ailleurs assez marrant de repérer les lieux emblématiques de cette banlieue de Lorient, dessinée – le plus souvent – sous la pluie).
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Un petit air de Ken Loach pour ce road-bouquin en estafette Renault de 1977 (à vue de nez), à travers l’Ecosse.
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Une histoire inspirée par l’autre passion de Nico Cado, coach de lancer de marteau, qui se met en tête de faire participer son équipe de bras cassés – ou de pieds nickelés - aux Highland Games, face aux mastards écossais. Corentin alias Cocorigan « Seul homme au monde à pouvoir reprendre six fois du dessert après avoir mangé une poutine » ; Yaëlle alias Captain Armorica « Fille spirituelle du Capitaine Haddock, elle partage son vocabulaire fleuri » ; Alex alias Fesses Noz, « Bon camarade, toujours, dès qu’il s’agit de faire la fête » ; Azénor alias Queen Amann « Très heureuse d’être dans une équipe de bras cassés, vu qu’elle veut être infirmière » ; Glenn, alias Kilt Kong « Une légende dit qu’il serait tombé dans une barrique de bière quand il était bébé » ; et Nico alias King a Farz « C’est parce qu’il a été élevé à la langue de bœuf et au ragoût de sa mère qu’il arbore fièrement cette rousseur de vivre ».
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Une bonne bande de potes qui n’ont pas l’air de grand-chose, mais qui vont vivre le rêve un peu foufou de leur coach, qui les embarque dans cette quête en kilt d’un Graal en forme de chope de bière. Tombée en panne à 23 « stupides » miles de Glasgow, leur camionnette, baptisée Boumayé (l’explication de ce gri de guerre se trouve en page 146) sera réparée grâce à la rencontre avec un vrai châtelain écossais, avec fantômes et vieux whisky. De traversée sur le Ferry en cuite dans Manchester, de fishs & chips en pèlerinage à Glastonbury, ces djeunes au caractère de cochon, surveillés par le fantôme bienveillant d’un Highlander célèbre - dont le nom ne leur revient vraiment, mais vraiment pas - rentreront à Quéven en septembre reprendre leurs petites vies, après avoir, au son des cornemuses, lancé des rochers, des troncs d’arbres ou des bottes de paille, et tiré à la corde en présence du Prince Charles. Des anti-héros à la « Little Miss Sunshine », qui portent haut la voix des « amateurs ». Tendres, grognons et ordinaires.
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> Editions Delcourt / Mirages, 154 pages, 19,99 €
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Cette semaine, nous avons repris la petite friandise ciné du dimanche, avec un film élégant, érotique et littéraire, signé Desplechin : Tromperie, d’après le roman de Philip Roth, Deception. Et je vais encore vous inonder de superlatifs. Commençons par la mise en scène, qui va surprendre les inconditionnels de Desplechin, qui ne fait, ici, pas du Desplechin : on oublie les tribus, le naturalisme, le quotidien, la ville. Tromperie est un huis-clos qui n’en a pas l’air, tant son univers intérieur est riche, tant on s’y sent bien au chaud, dans des décors travaillés à l’objet près, à la nuance de peinture près. On aurait presque envie de dire que le cinéaste s’efface au profit de ses personnages, qu’il filme amoureusement, au plus près du duvet blond de la peau de Léa Seydoux, de la courbe de son nez, de ses lèvres rosies par le désir. La caméra insiste sur ses tenues à la Lady Di, emblématiques des années 80 : carrures surdimensionnées, manteaux en poil de chameau, tailleurs écossais, boutons dorés, chemisiers en soie, convoquant l’esthétique « BCBG » de l’époque. Un vestiaire qui habille et déshabille le personnage au gré de ses rencontres avec son amant, Philip, joué par Denis Podalydès. Philip, c’est Philip Roth, écrivain new-yorkais, qui reçoit sa maîtresse anglaise dans son (magnifique) bureau garçonnière londonien. Pas plus d’histoire que ça, le gros du film tient dans ces rencontres, attendues, amoureuses, érotiques. Très érotiques. Mais d’un érotisme particulier, absolument lié aux mots, à la pensée, aux débats. « J'aime savoir ce qu'il se passe dans ta tête », dit l'auteur à son amante...
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« Je suis un écouteur. Je suis un audiophile »
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C’est là la clef du film, l’immense charge érotique contenue dans les conversations de ces deux amants qui aiment tout autant le sexe que le texte, un même mot à une lettre près. Une tension érotique omniprésente, notamment grâce au regard électrique, brillant, vibrant, de Denis Podalydès, empli d’une énergie sexuelle intensément séduisante. Et des scènes de sexe excellemment filmées, sans le besoin vulgaire de montrer la mécanique, les postures. Un plaisir évoqué par le souffle, les mains, la peau, les regards ; un plaisir amplifié par les émotions amoureuses qui animent les personnages ; un plaisir qui se prolonge dans leurs discussions ludiques, intellectuelles, philosophiques.
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On s’immerge donc avec une grande jouissance dans ces rencontres, séquencées assez cut, et entrecoupées par celles avec quatre autres femmes, quatre histoires, quatre romans ? L’émouvante Anouk Grinberg, la femme de l’auteur, et trois magnifiques comédiennes, Emmanuelle Devos (forcément), Madalina Constantin, actrice d’origine roumaine, et l’incroyable Rebecca Marder, au visage tellement mobile, tellement expressif. Voilà donc encore un plaisir du film, la présence, l’interprétation absolument (oui, cette chronique est écrite avec l’objectif d’utiliser le plus d’adverbes possibles) extraordinaire de tous les comédiens et comédiennes, intensément, immensément, incroyablement habités par leurs personnages, offrant au spectateur des émotions d’une vérité stupéfiante. Et si les femmes sont en nombre, j’avoue un coup de foudre abasourdissant pour le jeu de Podalydès, d’une séduction absolue (oui oui, je ne pensais pas écrire ça un jour, mais si. Quand je pense qu’en plus, j’ai son 06, parce que je l’ai interviewé il y a dix ans, je me retiens de ne pas lui filer rencard sur le champ). Un Podalydès qui sort littéralement de lui pour composer cet homme de désir, profondément avide et curieux tout autant du corps des femmes que de leur intellection, empli d’une énergie vitale perceptible dans les moindres frémissements de son visage et de ses mouvements..
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Après, sachant que le cinéma est quand même le modèle inconscient de nos vies, on peut aussi avoir envie de mettre en grand coup de pied dans les parties de cet auteur masculin de 60 ans qui nous raconte encore et toujours le même schéma, celui d’un homme blanc socialement haut placé, trompant sa femme avec une maîtresse de 30 ans de moins. Et on peut aussi, dans la foulée, se mettre des claques à soi-même d’avoir craqué sur un tel personnage.
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Mais, mais, mais, l’intérêt du film c’est que rien n’y est si évident : en laissant traîner son carnet de notes – que sa femme ouvre - que cherche Philip ? Ses liaisons, sont-elles réelles ou imaginaires, fictionnelles ? Le contenu de ce carnet décrit-il sa vraie vie ou les idées d’un écrivain ? Ces femmes, héroïnes de ces romans, ont-elles vraiment été ses amantes, ou sont-elles des personnages fictifs ? Un auteur a-t-il le droit de cannibaliser littérairement son entourage ? A-t-il le droit de reproduire leurs paroles ? L’amante anglaise de Philip ne dit-elle pas autre chose, quand il lui demande « A supposer que je meure et qu’un biographe tombe sur ton nom, qu’est-ce que tu lui dirais ? » et qu’elle répond : « Il a pas écrit un seul de ses livres. Ils ont été écrits par toute une série de maîtresses et moi j’ai écrit les deux derniers ». Lorsque Philip se disculpe auprès de sa femme, en disant : « Elle, elle n’est que des mots. J’ai beau essayer, je ne suis pas capable de baiser des mots », ment-il ? Lorsqu’il refuse de se justifier de ses pensées, de ses écrits, protège-t-il sa vie parallèle ou sa liberté d'écriture ? Un auteur, une autrice doivent-ils se censurer au motif que leur vie intime pourrait être contenue dans un de leurs personnages (une question que tout auteur se pose forcément, même une journaliste...). Et, dans la double mise en abyme, de Tromperie, où commence la réalité, où commence la fiction, entre un personnage auteur et l’auteur du livre, et la mise en image qui en est faite par un réalisateur ?
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L'homme qui n'aimait plus les chats. Isabelle Aupy
On vous partage cette jolie petite chronique envoyée par un de nos abonnés, à propos d'un livre - récit métaphorique - qui a été à sa sortie, comparé à "Matin Brun" de Franck Pavloff (mazette !).
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Une île. Des îliens. Et des chats. Des chats libres et indépendants qui n’appartiennent à personne mais que les îliens chérissent car, comme eux, ils font, ils sont partie de l’île. Tout va bien sur cette île jusqu’au jour où les chats disparaissent et que l’administration du continent décide d’intervenir en offrant aux îliens, qui n’avaient rien demandé, d’autres chats : des épagneuls, des cockers, des bergers allemands...
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Certains acceptent ces nouveaux chats qui, d’après l’administration, sont bien mieux que les anciens car plus dociles, plus fidèles et surtout plus sécurisants, bien que la petite communauté n’ait jamais connu l’insécurité. D’autres résistent, persistant à ne voir là que des chiens et non des chats et se refusant à prendre les uns pour les autres. Mais le verbe est dans le fruit et les dissensions au sujet de cette affaire menacent la cohésion des îliens.
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Évidemment toute ressemblance avec des situations réelles ou des évènements récents n’est sans doute pas totalement fortuite. Mais ça, comme parler de résistance pour ce qui est de refuser d'appeler un chien un chat, on ne peut pas vraiment le dire...
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> Éditions du Panseur, 2019. 128 pages.
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Sanseverino
Après avoir exploré l’univers du swing manouche, celui du blues et du tango ou fait redécouvrir les chansons de son ami François Béranger, cette fois-ci, Sansévérino a eu l’envie d’aller arpenter d’autres pistes, d’autres sons et d’aller faire un tour du côté des sonorités du funk et de l’afrobeat. C’est en s’inspirant de ces différents mouvements musicaux, tout en restant fidèle à son univers de paroles et à ses éternelles histoires, qu’entouré de deux compères Stéphane Huchard et François Puyalto, il a composé un nouvel album qui laisse une large place aux instruments.
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> Vendredi 21 janvier, Les Arcs, Quéven
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