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N° 300 - DU 24 AU 30 MARS 2022
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Debout sur le zinc
« Avec ce dixième album studio "L'importance de l'hiver", le groupe confirme sa place unique dans le paysage musical français, un lien singulier d’amitié avec son public, comme si Debout sur le Zinc était l’ami qui sait toujours mettre des mots sur les expériences et les sensations qui d’habitude restent dans la sphère de l’intime. Pressé de revenir sur scène, le groupe conserve toute son énergie et se tient prêt à vous enflammer.»
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Naïssam Jalal et l'ONB
« Flûtiste franco-syrienne, Naïssam Jalal est l’une des voix les plus singulières de la scène d’aujourd’hui. Elle multiplie les rencontres d’artistes et de cultures et joue des croisements d’esthétiques. Elle nous propose une méditation sur un nouveau monde, accompagnée par son quintette Rhythms of Resistance et l’Orchestre National de Bretagne. Elle explore de nouveaux territoires tant au niveau du sens que de la matière sonore, et continue inlassablement à mélanger les esthétiques, les traditions. »
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Simon Gauchet. L'expérience de l'arbre
On est très attirées par ce spectacle, qui porte en scène deux façons de faire du théâtre, deux cultures, deux manières d'être au monde. D'avoir rencontré Simon Gauchet l'an passé, reste la curiosité de son regard d'enfant, la pureté de son propos et de son désir de faire un théâtre singulier.
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Malouin, diplômé de l’école du TNB, Gauchet est artiste associé au Théâtre de Lorient. A l’âge de 21 ans, il arrive à Kyoto et rencontre Tatsushige Udaka, le fils de Michishige Udaka maître Nô de la famille Kongô, qui va lui transmettre les bases du théâtre Nô. Le jour du départ, ce dernier lui dit : "Je préfère que tu reviennes un jour et que tu me transmettes ton théâtre." Dix ans plus tard, L’expérience de l’arbre invente la suite de cette histoire, avec le récit de deux théâtres : « Nous avons travaillé pendant trois mois avec Tatsushige. À chaque répétition, je lui transmettais un élément de mon théâtre, lui faisait de même. De gestes en souvenirs, de déclamations en imitations, une histoire s’est tissée comme naît une discussion entre deux personnes qui ne parlent pas la même langue. ». On vous propose de regarder et lire ICI le sujet très complet et passionnant de cette rencontre de deux cultures, et des merveilleux particularismes du Japon, chez nos amis de KuB, un texte dont on voudrait citer tous les passages tellement ils sont inspirants et poétiques…
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Reynz
« Vainqueur 2020 du tremplin Buzz Booster, le Brestois Reynz s'inspire de la poésie des grands de la chanson française. C’est elle qui inspire Reynz depuis l’enfance, sous toutes ses formes, fulgurances et douleurs. Olympique comme le sport, comme l’entête de grands clubs de football, cette discipline où chaque match se gagne tant à coup de finesses techniques que de brutaux coups d’épaules. Si des centaines de jolies formules ont surgi de l’esprit de Reynz depuis qu’il a commencé à rapper, ce n’est qu’avec le titre"Olympique poésie" que ce Brestois a enfin su précisément définir sa vision du rap. Celle d’un dessinateur vocal, rimeur hors-pair d’images marquantes, conteur à la voix grave des nuits d’ivresse et de plaisir de sa ville, des états d’âmes tourmentées des tourmenteurs d’âmes. Puis celle d’un showman en puissance, au charisme scénique désarmant pour un gars d’à peine 22 ans »
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Dans ce numéro
SORTIR. Notre sélection de la semaine
DANSE. Betty Tchomanga
NOUVEAU. La chronique disque d'Olivier Dalesme
MEDIAS. Le nouvel Ulysse de Télérama
NOUVEAU. Carnets de Planning à Lorient
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Le festival est en cours, on vous laisse trouver votre bonheur dans le programme en lien, mais nous, une fois de plus, on est tenté·e·s par "Le bal des auteurs", imaginé par Fabrice Melquiot et Emmanuel Demarcy-Mota, un principe qu'on adore : cinq auteurs de théâtre écrivent en une nuit souvent blanche, un texte qu'ils fractionneront lors du bal, les textes s'intercalant entre des titres destinés à faire danser le public. Un dancefloor littéraire, quoi.
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Boom Bunker club. Une histoire de la presse rock
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Une conférence de Grégory Vieau qu'on va adorer aller voir : « Revenir sur l’histoire de la presse rock en France c’est plonger dans soixante ans de (contre-)culture musicale et ses étapes majeures. De Disco Revue, à Salut les copains, Rock&Folk, Best, Les Inrockuptibles, Actuel, VoxPop, Gonzaï ou Rock Hard, ils épousent les mouvements culturels, politiques et sociaux »
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On vous en parle depuis ce été, de ce créateur de sons, de voix, alternant entre recherche, trad, polyphonie et presqu'électro, qui nous émoustille bien, c'est peut-être le moment d'y aller, non ?
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Une conférence sur la peinture érotique du 18e siècle, ambiance Choderlos de Laclos ou Sade. Miam.
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Béatrice Massin et sa compagnie Fêtes galantes, la reine incontestée de la danse baroque. Si vous n'avez jamais vue ses spectacles, on vous encourage vivement à le faire. Oubliez la vision un peu poussiéreuse que vous pourriez avoir. Comme William Christie en musique, Béatrice Massin enlève, booste, transcende le baroque, révélant sa joie, sa construction, son ensorcelante répétitivité et la grâce de ses mouvements. Brillant et sublime, toujours.
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Atelier danse Inès Mauricio
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Vous savez à quel point on aime l'univers et l'approche du duo Mauricio-Bergile. Inès mauricio initie une proposition très spécifique, un atelier mensuel « un nouveau corps pour un nouvel être » qui souhaite accompagner un groupe de femmes enceintes durant leur processus.
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Danse au large
Un double et joli évènement à suivre dimanche au port de pêche de Lorient. Un ciné-concert « La voix des Océans » proposé par Pierre Mollo, biologiste spécialisé dans l'étude du plancton marin. A la suite, la deuxième édition de « Danse au large », organisé par C.A.M.P, avec une performance in situ de Betty Tchomanga et Mackenzie Bergile, sur une musique de Mackenzie Bergile.
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On a rencontré Betty Tchomanga début mars, un samedi matin Chez Finette, et c’était chouette. On avait un a priori favorable, il faut dire, parce que Betty Tchomanga faisait partie de l’édition 2022 du festival Dans Fabrik, à Brest, mais surtout parce qu’elle fait partie de l’association brestoise Lola Gatt, en compagnie de deux danseurs qu’on aime beaucoup, Gaël Sesboüé et Marie-Laure Caradec (dont on vous reparle bientôt). Betty, elle vient d’arriver à Lorient pour répéter au port de pêche. Elle avait fait des repérages en novembre. Rencontrer des gens (dont l’historien lorientais Jacques Chérel), s’imprégner des lieux, chercher comment les faire résonner avec le projet personnel qu’elle construit (création septembre 2022) « Leçons de ténèbres » un quatuor avec Amparo Gonzalez Sola, Mackenzy Bergile et une petite fille de Brest, Zoé Jaffry. A Lorient, sous le pan coupé du port de pêche, ce seront des extraits de cette création, adaptés et réinventés pour cet endroit si particulier, traversé par le vent : « C’est pas évident de répéter là : il y a des véhicules, des gens qui travaillent, même si les regards sont amusés et souriants il y a une forme d’étrangeté. Ça commence au sol, dans la vulnérabilité, avec un corps renversé, un corps cassé, presqu’un peu animal. Je suis regardée d’en haut et ça fait basculer dans une autre dimension, une autre lecture, devenir un corps marchandise ». Cette notion de marchandise, bien sûr, elle fait sens à Lorient, au port de pêche, mais aussi en regard du commerce triangulaire. Plus qu’un écho, un fondement pour Betty, qui travaille depuis un an en recherche, notamment au Bénin, sur l’histoire de l’esclavage. Une histoire qui a imprégné sa danse « Un corps courbé, morcelé, renversé, retourné, compacté. Le corps comprimé des traversées, une danse de la câle, qui dépasse cette violence reçue dans les corps. L’écho du Limbo, danse des esclaves ».
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> La recherche, un des fondamentaux de Tchomanga, qui pour « Mascarades », son précédent spectacle, a travaillé sur une figure du mythe post-colonial, Mani Watta, sirène et divinité vaudou, l’entrainant à s’intéresser au « culte vaudou et à la cosmogonie qui lui est reliée, le rapport à la terre, et qui a résonné avec un livre Une écologie décoloniale, de Malcom Ferdinand ».
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> Dimanche 27 mars, RdV à 10h45 entrée du Port de pêche de Keroman, Lorient, Bd Louis Nail
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STOP ME IF YOU’VE HEARD THIS ONE BEFORE est un cadeau rock écrit par Olivier Dalesme pour Isabelle Nivet et Sorties de secours.
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Hey, garçon, ça te dit de te la raconter hobo méta-moderne pour serrer les filles ? T’as pas une grosse envie de te poster à un passage à niveau avec ton sound machine en fin d’après-midi, par un été brûlant au fin fond du Deep South, et d’attendre que les voisines viennent se coller à la barrière baissée dans leur décapotable vintage ? Tu te poserais, tranquille, sur les marches de la vieille cahute, avec le Radio Cassette Compact Disc sur ton épaule, l’air de rien, peinard, avec du bon son, en attendant de voir ce que le destin peut faire advenir. Parce que là où il y a Sony, la musique se porte bien. Et avec ton appareil, elle se porte partout, surtout ailleurs.
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On est en 1990 et le bon son qui sort de l’antique machine vantée dans la pub un brin sexiste qui passe à la télévision, c’est No blue sky de Lloyd Cole. Premier single du premier album solo. C’est exactement la musique qu’il faut écouter à cette époque et à cet endroit (où que tu sois). Sur la pochette, on voit un bogoss brun, barbu, avec un regard profond, ténébrissime, et une mèche prononcée qui lui tombe du côté gauche. Et, comme tracée à la peinture, une grande croix, l’inconnue, qui vous incite à penser que ce disque est classé X. Objet de questionnement et de désir.
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En 1990, Lloyd en a marre de son image de garçon sage et bien peigné. Il décide de jeter ses Commotions après trois albums – un chef d’œuvre pour commencer – Rattlesnakes – et deux disques moyens – et de quitter son Ecosse natale pour New-York. Envie de grandir, d’être enfin adulte. Alors il choisit des musiciens de Lou Reed pour enregistrer et décide de faire péter le score. Compositions panoramiques, grosses guitares et mélodies imparables. L’album, à l’époque, éblouit la presse française. Dans les Inrocks, Christian Fevret explique que le disque est in-dé-mo-dable et que les trois albums des Commotions font, je cite, « pitié à côté ». Cinq ans plus tard, l’album est démodé et débute un long purgatoire.
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Le premier Lloyd Cole reste pourtant un très grand disque, un classique du rock à guitare du tournant des années 90. Absolument pas original ou novateur, mais, dans le genre, un archétype, un mètre étalon. C’est un album généreux de 13 titres, basé sur un son de guitare clair et l’orgue Hammond, sans réel point faible, mais avec de vraies réussites mélodiques, et des titres très complémentaires, entre gros hits calibrés FM (No blue sky, Don’t look back, Downtown) et petits chefs d’œuvres d’émotion, en particulier une chanson qu’il faut absolument que vous écoutiez un jour dans votre vie : elle s’appelle Loveless et se demande : « qui pourra bien aimer le sans amour, si ce n’est toi ? ».
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Et il en est de même de cet album sans titre. Qui pourra bien aimer le premier Lloyd Cole solo, à part moi, si tu ne fais pas l’effort d’aller vers lui, de t’éblouir de sa pochette, de l’écouter avec ferveur et de lui donner une minuscule parcelle de tout cet amour immense que tu as en toi ? Personne, tu le sais aussi bien que moi. Alors va et pose cet acte. Va et écoute.
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> Vendredi 1er avril, 20h30, Hydrophone, Lorient
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Ulysse devient Pénélope
On ne pouvait pas ne pas vous faire part de l'évolution d'Ulysse, le picto de Télérama, qui synthétise la critique des films depuis plus de soixante ans dans différentes versions, dont une de Riad Sattouf. Ulysse s'appellera désormais Pénélope, dessinée par Pénélope Bagieu, ça tombe bien.
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Manon Liduena & Sophie Pertuisel
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Avril 2021. Des bières, des meufs et une discussion enflammée.
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Mes copines archi motivées : « On se lance. On remonte le Planning Familial à Lorient. »
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Moi : « Ah bon mais y’en a pas déjà un ? »
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Mes copines un chouille remontées : « Ben non, plus depuis des années. »
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Moi : « Ah ok. Mais au fait c’est quoi vraiment le Planning Familial ? »
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Mes copines légèrement agacées. « Tu sais quoi, viens à la prochaine réunion. Y’aura les meufs de Questembert. Elles l’ont fait il y a trois ans et elles sont chaudes pour nous épauler. »
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Juillet 2021. Des bières, des meufs et des calepins.
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Les meufs du Planning de Questembert : « On va pas se mentir. Y’a un peu de taf pour monter un Planning. »
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Mes copines carrément mot’ : « T’inquiète, on a nos vulves et nos couteaux. »
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Depuis quelques mois, un Planning Familial est en gestation à Lorient. Se structurant en groupe local rattaché à l’association départementale 56, sous la houlette du Mouvement national, notre troupe lorientaise travaille sur sa gouvernance, ses futures actions, ses éventuels partenariats, son fonctionnement administratif (#sexy). Tout ça dans le but de mettre en place, dans un futur proche (on espère) des permanences d’écoute, des interventions scolaires, des formations et de futurs évènements culturelo-militants.
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Un groupe de meufs (et peut-être bientôt de mecs aussi) et beaucoup – beaucoup - de points à soulever pour y arriver. Mois après mois, on avance, on recule, on se projette, on se plante, on s’écoute, on ne s’engueule pas encore (mais ça viendra), bref, on monte un projet collectif. Y’a du doute, y’a parfois des vannes, y’a souvent des progrès, y’aura sûrement du sexe - au moins théorique - y’a toujours de la liberté.
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On remonte le Planning Familial à Lorient, c’est pas une mince affaire, et on vous raconte ça ici, chaque mois.
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Fin février, on s’est réunies pour la première fois toutes ensemble (on était 17 filles – ça ne s’invente pas). Depuis l’été dernier, on se voit régulièrement, mais toujours par petits groupes. Or, il fallait qu’on se mette d’accord sur certains points structurels de notre projet. Il nous aurait fallu un mois, nous avons eu une journée. Du coup, on a traité les urgences VRAIMENT urgentes. A savoir : comment on monte ce réjouissant Planning de Lorient ?
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On était samedi, on était plus ou moins vives d’esprit, et pourtant, on a foncé tête baissée dans le sujet. Comment on s’organise ? Qui s’occupe de quoi ? Qui prend les décisions ? Où est-ce qu’on se voit dans cinq ans ? Est-ce qu’il faut des salarié·e·s dans pour faire fonctionner le groupe local ?
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Ça a duré un petit moment, on a discuté en petits groupes par ateliers thématiques, et puis on a eu faim. Alors, on est descendues dans la cour de la crèche de la Maison pour Tous de Kervénanec, on a chanté L’Hymne des Femmes, mangé des lentilles et du pâté, et puis on est remontées.
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Et là, on a fait le point G. On a réuni toutes les réponses de nos ateliers du matin, on a tout rediscuté, et on a tracé deux grandes lignes :
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______________________ se répartir en commissions sur les différents axes (administratif, évènementiel, interventions scolaires, communication, formations, etc)
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______________________ ne pas choisir de cheffe mais plutôt des co-marraines (des référentes pour chaque commission).
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Chacune s’est donc emparée de sa (com)mission et on s’est réparti les tâches. Certaines s’inscrivent aux prochaines formations pour pouvoir devenir intervenantes en milieu scolaire ou tenir des permanences d’écoute, d’autres vont travailler sur la charte du Planning Familial de Lorient histoire d’écrire noir sur blanc nos valeurs et nos engagements, d’autres encore – les plus courageuses- s’emparent du sujet redouté, l’administratif, et prévoient de finaliser la création du groupe local (avec compte en banque, existence officielle au sein de l’association départementale du Morbihan et accord de fonctionnement avec le Planning déjà en place à Questembert).
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C’est quoi l’éducation populaire ?
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Petit préambule qui ne mange pas de pain, la définition du Mouvement Français pour le Planning Familial : « Mouvement féministe et d’éducation populaire, le Planning Familial milite pour le droit à l’éducation à la sexualité, à la contraception, à l’avortement, à l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et combat toutes formes de violences et de discriminations. » [lien source]
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Le Planning est un mouvement féministe qui s’inscrit dans une dynamique d’éducation populaire. Le but : oeuvrer en dehors des chemins classiques de l’enseignement, pour permettre à chacun.e de mieux comprendre ses options, ses droits, ses libertés, et tout ça en croisant les savoirs, en fonctionnant de manière collective et égalitaire. Entre autres objectifs, l’éducation populaire vise l’émancipation de toustes. Que l’on soit ado, transgenre, hétéro, lesbienne, en situation de handicap, fan de Phil Collins ou les cinq à fois. Toustes.
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Au début de notre merveilleuse journée de février, Cloé nous a fait un petit topo historique du Planning, histoire de mettre au parfum celles du fond, qui roupillent à côté du radiateur. Et elle nous a notamment parlé du Procès de Bobigny, évènement majeur dans la lutte pour l’avortement en France, en 1972. Ça m’a rappelé ce téléfilm, vu il y a fort fort longtemps, lovée dans le canapé de mes parents. Le Procès de Bobigny, de François Luciani (2009), raconte le procès d’une jeune fille (Juliette Lamboley) ayant avorté après un viol et celui de sa mère (Sandrine Bonnaire) l’ayant aidée. Un procès qui restera dans les annales puisque, grâce à l’avocate Gisèle Halimi (Anouk Grinberg), l’évènement deviendra une tribune politique et permettra de dénoncer l’injustice profonde liée au statut de l’avortement dans les années 1970. Si vous aussi, vous trouvez que les téléfilms sont sous-estimés, rendez-vous ICI
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