ESSAI bandeau mag 2023
N° 353 - 20 avril 2023
christine morin
coups coeur semaine

Cette semaine, plutÎt des expos, en cette période de vacances scolaires les spectacles sont rares. Notre sélection spéciale palpitations.

‱ A Lorient, on vous propose d'aller fouiner chez...

- Baam, rue du Général Dubail, c'est Le cul entre deux chaises, petits formats contemporains.


- Pigments, rue du maréchal Foch, pour découvrir les encres colorées de Pauline L'Haridon.


- Improbable Jardin, rue du Maréchal Foch, qui invite Christine Morin L'horizon nous regarde, de grands formats aux couleurs trÚs sûres, trÚs fortes, entre figuration et abstraction, des broderies originales et une immense suspension de mica, trÚs belle.

- La Grande Ourse, rue des fontaines, l'atelier de Gildas Flahault, toujours un bonheur.

- La Galerie Le Lieu avec Clément Chapillon, Les rochers fauves (lire plus bas)

- La Galerie du Faouëdic, avec les totems colorés, trÚs ludiques, d'Elodie Boutry, qui questionne la 3D dans Playtime, une expo qui devrait beaucoup plaire aux enfants. (Photo ci-dessous)
elodie boutry

‱ A Vannes, dĂ©couvrez...

- Estran paysages de Bretagne, photos dans le cadre de la semaine du Golfe, au Kiosque

- VASE, sculpture monumentale, par les nantais Nicolas Barreau et Jules Charbonnet, passage central de la Cohue (Bertrand Riguidel vous en parlait la semaine derniĂšre ici)


- Corinne VĂ©ret-Collin et Pierre Collin, suite de l'expo de la Cohue Ă  la Galerie CĂ©cile Loiret

- Cosmogonie Celtique, peinture Philippe Canal et poésie Jean-Paul Savignac, à la Galerie Les Bigotes

- Les artistes de la galerie Les Funambules, toujours par-faits

Ailleurs ?

- A Pont-Scorff, retrouvez les cabanes de Marie Thamin Ă  l'Espace Pierre de Grauw.
- A Pont-Aven, l'expo Willy Ronis, le grand des grands photographes, continue.
Nastasja Duthois
- A Quéven, Posidonia, les cyanotypes rebrodés de Nastasja Duthois à la MédiathÚque. TrÚs trÚs beau.(photo ci-dessus)
- A Guidel, les dessins anecdotes de surf de Fanny Thauvin Ă  L'Estran. Chouettes et marins.
- A Hennebont, les arbres de Monsieur QQ, Ă  la Galerie Tal-Coat. La forĂȘt dans tous ses Ă©tats.
- A Port-Louis, L'arbre/seul peintures de Mireille Semré, dessins Marie Belorgey, Film Franck Gourdien, photos Jean-Michel Le Claire et pastels Clotilde Aksin Frappier. A L'éphémÚre.
- A Sarzeau, Crazy Beaches, de Julie Wintrebert, Ă  L'Hermine. Des photos de plages... Amazing !
- A Ploeren, Infusion des sentiments de Valérie Jayat, au Triskell
- A Quimperlé, les photos portraits de femmes d'Aïcha Dupoy de Guitard, à la MédiathÚque
- Dans l'Ăźle d'Arz, le parcours Buren, toujours la belle occase de prendre le bateau
- A Caden, Morgane Chouin présente dans Glaz, de trÚs chouettes linogravures bleu indigo, délicates, raffinées, trÚs graphiques, au Centre Culturel Les Digitales
flo jaouen
- A Grand-champ, Ă  partir du 28 avril, la figuration narrative de Flo Jaouen Ă  la Villa Gregam (Gros coup de coeur) (Photo ci-dessus)


>> Et Ă  Brest, on a repĂ©rĂ© une expo canon : Autre Noir & Couleurs sculptĂ©es Ă  la galerie d’art contemporain Le Comoedia qui rĂ©unit treize artistes pour sa nouvelle exposition autour de 187 oeuvres proposĂ©es Ă  la vente. Au menu Cali Rezo, Lady K, Benjamin Deroche (en vous en parlait la semaine derniĂšre, des photos ma-gni-fi-ques), Jean-Claude Amoric, Jacques Blanpain, Tom Geleb, BenoĂźt Sjöholm, Amimono, Yann Gautron, et quatre sculpteur·e·s : Florence LemiĂšgre, Vincent de Monpezat, Matthieu Dorval (ce peintre dont on vous a si souvent parlĂ©) et oh surprise, une de nos copines, la dĂ©licieuse BĂ©atrice Bruneteau !
enez fest

Enez fest

On vous signale la tenue de la 2e édition, à Quimperlé, d'un festival sur le thÚme de la riviÚre, inspiré le Pardon des Oiseaux : arts visuels (fresques sur les ponts, performance de Yann L'Outsider en street art, ateliers d'initiation sérigraphie, linogravure, cyanotype, masques, sports nautiques (water jump, waterpolo, skate, mountain-board, arts du cirque, kayak) et musique (fanfares Purple Brain et l'Usine à canards). Cool !
> Sam 22 et dim 23 avril, Parc des Gorrets, place Isole, place de Gaulle, parking Ellé, Quimperlé
titre agenda
article isa

Les rochers fauves

Avec un peu de retard, je suis allĂ©e voir l’exposition de ClĂ©ment Chapillon Ă  la Galerie Le Lieu, Ă  Lorient. Une sĂ©rie majoritairement photographique, mais pas seulement, puisque la scĂ©nographie intĂšgre des livres, des objets, voire du mobilier, qui viennent renforcer l’immersion dans ce territoire dont Chapillon « parle » via un regard plutĂŽt inhabituel sur les Cyclades, souvent montrĂ©es sous un soleil Ă©clatant et des bleus Ă©lectriques. Et lĂ , il se passe quelque chose – enfin, pour moi, tout du moins – qui a Ă  voir avec ce que j’aime tant, cette sorte de tĂ©lĂ©portation qui me visse au sol tout en m’envoyant sur place. La sensation de sentir l’humiditĂ© qui tombe, la grisaille qui envahit la cĂŽte, le vent qui balaye les falaises. Le grain assez marquĂ© des images amplifie le phĂ©nomĂšne, l’heure Ă  laquelle les photos ont Ă©tĂ© prises aussi. Pour la plupart, la toute fin d’aprĂšs-midi, ce moment onirique d’avant la tombĂ©e de la nuit, des gris, des parmes, des roses Ă©teints, quand la bascule se fait entre le jour et le crĂ©puscule, quand les couleurs deviennent sourdes, pĂąles et fuyantes. MĂȘme sentiment d’étrangetĂ© dans les portraits d’habitants, rĂȘveurs ou dĂ©tachĂ©s. MĂȘme ressenti dans les toits blanchis Ă  la chaux. Les sensations du photographe, on les fait siennes, elles sont gĂ©nĂ©reusement offertes au regard du visiteur, avec pudeur mais sans affectation. Et comme toujours en art, ce lien qui se tend entre artiste et regardeur·se, est un puissant vecteur d’émotion – et de mĂ©ditation. Une Ă©motion qui se double du plaisir du voyage, puisque « Les rochers fauves » est aussi une sĂ©rie documentaire, qui raconte un territoire, une culture, une religion, des mythes, un rapport des habitants Ă  leur Ăźle, leurs racines



On pense bien sĂ»r plus Ă  Anna Magnani dans Vulcano, ou Ă  Stromboli de Rossellini, qu’au Grand bleu de Luc Besson dans cette Ă©vocation onirique Ă  la Bunuel. On pense aux Voyages d’Ulysse, d’Emmanuel Lepage. On convoque la mĂ©moire de la nuit amĂ©ricaine faite sur Ava Gardner et James Mason, dans Pandora. Une Ă©trangetĂ©. Des mythes que l’on ressent, devine, mais qu’on ne lit pas explicitement. En revanche, ce que l’on lit, et c’est trĂšs joli, ce sont des poĂšmes composĂ©s en caviardant les pages de quelques livres. En passant au blanc la plupart des mots d’un texte, et en n’en conservant que quelques-uns, des haĂŻkus se forment, tombant en nous comme les feuilles sĂšches d’un bouquet conservĂ© sur la petite table du salon, lĂ , et son napperon de dentelle

> Jusqu'au 21 mai, Galerie Le Lieu, HĂŽtel Gabriel, Lorient
> Faire son Ăźle, un atelier de pratique photographique, le dimanche 30 avril de 14h Ă  18h
> Atelier De la mer à l’image avec Chiara Indelicato, le samedi 6 mai de 11h à 18h
> Projection de la série Givors est une ßle de Léonie Pondevie, le dimanche 14 mai à 15h
> Visite sensorielle : redĂ©couvrir l’exposition Ă  travers les cinq sens, le dimanche 21 mai Ă  15h
rochers-fauves
C’est qui, Chapillon ?
Un photographe installĂ© dans le sud de la France, dont le travail est publiĂ© par Le Monde, L’Obs, le New York Times, LibĂ©ration, Arte. En 2016, un travail documentaire sur les territoires palestiniens et israĂ©liens, Promise me a land, lui vaut un prix aux rencontres de la photographie d’Arles. Depuis 2018, il interroge la notion d’insularitĂ© en documentant dualitĂ©, isolement et mĂ©moire de l’üle d’Amorgos dans la mer EgĂ©e. Les rochers fauves ont reçu le prix de la Fondation des Treilles.
Jean-Louis Le Vallégant Sorties de secours

J2LV a vu le concert de La Mal coiffée

Dans ROJE/Rouge, Marie Coumes, Myriam Boisserie, Karien Berny et Laetitia Dutech alternent trĂšs justement chƓurs et voix accompagnĂ©s notamment de « percussions vĂ©gĂ©tariennes », un art brut de bricolis rythmiques de tous ordres, concoctĂ©s par le talent de Marc Oriol : des courges en guise de cuica, des bĂ©rimbaos imaginaires, un bĂąton banjo...

[...]

morgane
PINCON

Homme parfait. 53 proses pour une guérison rapide

On pense peut-ĂȘtre la perfection comme une position intenable. Et si on l’étudiait davantage comme une solution, un remĂšde, une maniĂšre de sourire
 Isabelle Pinçon, dans ce rĂ©cit, nous balade dans ses rĂȘveries, assise en amazone sur une singuliĂšre poĂ©sie. Il s’agit lĂ  d’une invention qui surgit au jet d’encre : celle d’un homme parfait. Celui qui, un peu comme le dirait Tchekhov, viendrait « rĂ©parer les vivants ». Mais cet homme parfait, si dĂ©licat, suturerait la femme d’un fil de « soi » de maniĂšre lĂ©gĂšre, discrĂšte et Ă©lĂ©gante. L’Homme parfait : elle songe Ă  le rendre impermĂ©able. Elle aspire Ă  faire de lui une enveloppe qui la laisse Ă  imaginer que, quand il n’est pas lĂ , elle pense qu’il pense, qu’elle est - n’hĂ©sitez pas Ă  relire trois fois cette phrase si vous la trouvez obscure, ou alors passez simplement Ă  la phrase suivante ;)


Elle le fait parfait pour sentir cette douceur, ce respect au goĂ»t de fraise des bois. Il cajole son esprit, lui susurre ce qu’elle veut entendre. Il a la constance de la perfection, de la dĂ©votion. Il viendrait panser de son souffle ses blessures Ă  l’autre bout du monde s’il le fallait. Il Ă©coute ce qu’elle aime, passe le plumeau sur les poussiĂšres qu’elle a laissĂ© traĂźner dans son esprit. Attention, l’homme parfait n’est ni miĂšvre, ni flan. C’est un ĂȘtre inconditionnel qui ne pose pas de question. Il Ă©pouse les bords de son corps. « Il existe en n’importe quelle taille», se plait-elle Ă  dire. Il est prĂ©sent Ă  chaque petit moment, il devient l’espace qui l’entoure. Il est un pas de cĂŽtĂ© qui regarde le monde Ă  l’envers et s’insinue tendrement dans le doux flow des mots. Il se blottit dans un petit creux. Il comble un vide Ă  moitiĂ© vert en attendant un printemps


Aujourd’hui, si l’on conçoit la poĂ©sie comme un acte militant qui contribue Ă  soigner l’esthĂ©tisme du monde, alors, longue vie aux poĂ©tesses, aux poĂštes et Ă  leurs lecteurs !

MT

> Aux Ă©ditions l’Ɠil Ă©bloui, 80 pages, 16€
>> Une rencontre est prévue à La Dame Blanche vendredi 21 avril à 20h.

Isabelle Pinson, nĂ©e en AlgĂ©rie, est une auteure française, elle est aussi psychologue clinicienne Ă  Nantes. En 1994, elle reçoit le prix Kowalski pour Emmanuelle vit dans les plans, et en 1995 elle reçoit le prix littĂ©raire de la nouvelle du Mans. L’Homme parfait est sa 14e publication.
dame blanche
titre emballe CONCOURS
marc laine
Pour tenter de gagner, envoyez-nous un mail đ”Șđ”Šđ”€đ”«đ”Źđ”« Ă  cestparla@sortiesdesecours.com avec : 1. votre nom / 2. votre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone / 3. le titre et la date du spectacle.

Cette semaine, gagnez des places pour

‱ Nos corps empoisonnĂ©s. Un rĂ©cit thĂ©Ăątral qui entrelace texte, performance, images vidĂ©o, de Marine Bachelot Nguyen nous plonge dans l’histoire de Tran To Nga, viĂȘtnamienne engagĂ©e toute sa vie dans de multiples combats, anti-impĂ©rialistes, fĂ©ministes, Ă©cologiques

> Mar 2 mai Ă  21h ou mer 3 mai Ă  19h, CDDB, Lorient

‱ En travers de sa gorge. Texte, mise en scĂšne et scĂ©nographie Marc LainĂ©, avec Bertrand Belin et Marie-Sophie Ferdane, musique originale de Superpoze. Une cĂ©lĂšbre cinĂ©aste vit recluse dans une maison isolĂ©e du Vercors aprĂšs la disparition inexpliquĂ©e de son compagnon. Incapable de faire son deuil, s’accrochant Ă  ses rituels, la rĂ©alisatrice voit l’ordre rationnel de son existence exploser avec l’intrusion d’un jeune homme possĂ©dĂ© par l’esprit du disparu.(Photo ci-dessus)
> Jeu 4 mai Ă  20h ScĂšnes du Golfe, Vannes
roche jagu
Appel Ă  candidatures
RĂ©sidence artistique de transmission
Le Domaine dĂ©partemental de la Roche-Jagu (22), lance un appel Ă  candidatures en direction d’un.e artiste relevant du spectacle vivant dont la recherche s’inscrit Ă  la croisĂ©e des domaines suivants : patrimoine, paysage, nature, et dĂ©sireux d’accompagner les habitant·e·s du territoire dans une dĂ©marche d’éducation artistique et culturelle, joyeuse et mobilisatrice. La pĂ©riode de la rĂ©sidence est prĂ©vue du lundi 9 octobre au dimanche 26 novembre, prĂ©cĂ©dĂ©e d’une semaine d’immersion sur le territoire, du lundi 11 au dimanche 17 septembre. (Dossiers Ă  envoyer avant le 28 mai.)
> Informations : 02 96 95 62 35, chateaudelarochejagu@cotesdarmor.fr