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N° 376 - 26 octobre 2023
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Les salles mĂŽmes
Un programme concocté par TRIO...S, le Théùtre à la Coque et le Cinéma Le Vulcain en compagnie du Strapontin à Pont-Scorff et du festival Les Indisciplinés. De la marionnette, du cirque, du théùtre, de la musique, des films d'animation, une programmation à découvrir entre amis, en famille.
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đĄ Suzanne aux oiseaux - ThĂ©Ăątre et marionnettes - DĂšs 8 ans đĄ Gourmandise - ThĂ©Ăątre et marionnettes - DĂšs 6 ans đĄ Mentir lo minimo - Cirque - DĂšs 6 ans đĄ Chemin des mĂ©taphores - Marionnettes - DĂšs 5 ans đĄ Nos petits penchants - Marionnettes - DĂšs 7 ans đĄ Click ! - ThĂ©Ăątre visuel - DĂšs 3 ans đĄ Mojurzikong - ThĂ©Ăątre musical - DĂšs 6 ans đĄ Petites traces - Spectacle pour les tout-petits de 6 mois Ă 6 ans
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đĄ Les grandes vacances de Cowboy et Indien - DĂšs 6 ans đĄ Ollie & Compagnie - DĂšs 3 ans đĄ Valentina - DĂšs 5 ans đĄ Les aventures de Ricky - DĂšs 7 ans
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Adé
Mais si vous la connaissez ! D'abord, Ă©coutez CECI, (et regardez, parce que le clip est vraiment chouette) vous l'avez entendu. Et si vous ne l'avez pas entendu, vous connaissez ThĂ©rapie Taxi, dont elle Ă©tait la voix (rappelez-vous CECI). Lâaventure terminĂ©e, AdĂ© sâest envolĂ©e Ă cheval entre pop luxuriante et country futuriste, c'est acidulĂ© comme il faut, avec des mĂ©lodies qui restent en tĂȘte...
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André Manoukian
Le pianiste de jazz AndrĂ© Manoukian, notamment connu pour ses participations en tant que jurĂ© Ă la « Nouvelle Star », pour ses chroniques sur France Inter ou pour « La vie secrĂšte des chansons » sur France TV, nâa jamais arrĂȘtĂ© la musique. Dans âAnouchâ, projet personnel, il se reconnecte avec ses racines armĂ©niennes, orientales, en rendant hommage Ă sa grand-mĂšre dĂ©portĂ©e au lendemain du dĂ©clenchement du gĂ©nocide armĂ©nien. Conçu comme des photographies des Ă©tapes de la vie de sa grand-mĂšre, âAnouchâ est un disque pudique et sans pathos, au son d'une fusion jazz world plutĂŽt rĂ©ussie. En piano-solo. Regarder ICI.
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Murayama::Périé
Oh dis donc ! VoilĂ un projet qui sort un peu du ronron. Avec un nouveau venu dans le paysage morbihannais, Fred PĂ©riĂ©, quâon a rencontrĂ© il y a peu, en fourrant notre nez dans lâatelier Catpied, lors des Ateliers ouverts. Catpied, on vous reparlera, câest une styliste engagĂ©e aux lunettes rondes (tiens, tiensâŠ) qui vient de sâinstaller Ă Lorient. En attendant, faisons focus sur son amoureux, qui propose la semaine prochaine une performance son-image, en compagnie de Seijiro Murayama, une pointure de lâimprovisation.
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InstallĂ© Ă Lorient depuis deux ans et demi, Fred PĂ©riĂ© vient du monde de la simulation numĂ©rique, duquel il a glissĂ© pour sâouvrir vers une activitĂ© artistique : « Et puis jâai Ă©tĂ© rattrapĂ© par le numĂ©rique, au moment oĂč jâai commencĂ© Ă travailler Ă partir de films en Super 8 quâil a fallu les scanner, jâai fabriquĂ© un appareil de numĂ©risation, et Ă jouer avec ça, sur les changements de rythme. Et de lĂ , ça mâa embarquĂ© sur les installations vidĂ©o, puis Ă la performance, notamment avec Seijiro Murayama. Il se trouve que Seijiro fait un workshop dâimprovisation Ă Douarnenez (NDLR : avec lâassociation Mi-FĂȘtes Mi-Affaires, ce week-end) et je lui ai proposĂ© de faire une chose improvisĂ©e, avec une musique qui se crĂ©e en direct. On va utiliser des matĂ©riaux familiers : une caisse claire, un ordinateur, des bruits de bouche, des chants, des cris⊠Le tout produit quelque chose qui ressemble Ă de lâĂ©lectro. De mon cĂŽtĂ©, je vais utiliser le phĂ©nomĂšne de rĂ©troaction : la lumiĂšre produite par lâĂ©cran, qui modifie la scĂšne, est filmĂ©e et projetĂ©e en direct par-dessus. »
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InstallĂ©s au milieu du public, les deux artistes seront dans une proposition entre « le bidouillage et la performance ». Fred PĂ©riĂ© pourra « intervenir avec des rĂ©flecteurs, des gĂ©latines colorĂ©es, des surfaces opaques, rĂ©flĂ©chissantes, des objets qui renvoient la lumiĂšre et les images, mais qui sont aussi des supports sur lesquels je projette. Câest un phĂ©nomĂšne de « loop », lâimage filmĂ©e et reprojetĂ©e. En filmant les reflets, ça devient complĂštement abstrait. LâidĂ©e, câest dâĂȘtre dans le prĂ©sent, dâinteragir avec ce qui se passe. Jâutilise mon corps, la danse, le monde de lâimage et du rĂ©el, autour dâune rĂ©flexion : Quâest-ce quâon voit ? Quâest-ce quâon regarde ? Quâest-ce quâune image ? »
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Ce que dit la bio de Seijiro Murayama
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Percussionniste, Seijiro Murayama travaille en France depuis 1999, aprĂšs 20 ans de parcours musical dans la musique improvisĂ©e. Son travail est focalisĂ© sur la collaboration entre la musique et dâautres mĂ©diums : danse (Catherine DiverrĂšs), vidĂ©o (Olivier Gallon), peintures (François Bidault), photo, littĂ©rature, philosophie (Jean-Luc Nancy, Ray Brassier), performance (Diego Chamy).
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Ce que dit la bio de Fred Périé
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Il sâintĂ©resse aux comportements mĂ©caniques des matĂ©riaux, notamment les phĂ©nomĂšnes d'instabilitĂ©. Ses oeuvres invoquent une image Ă©phĂ©mĂšre qui reflĂšte le public, son corps ou ses regards. Ses travaux ont Ă©tĂ© montrĂ©s dans des centres d'art numĂ©rique en France, au Computer Art Congress au 104 Ă Paris, au Festival Bouillants, et nominĂ© au Festival FILE, au BrĂ©sil.
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On vous propose, cette semaine, trois rendez-vous Ă prendre en famille...
Suzanne aux oiseaux
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Le nouveau spectacle des foufous de Scopitone & cie. Chaque semaine, une vieille dame se rend dans un jardin public et sâassoit sur « son » banc. Un jour, elle y trouve installĂ© un jeune homme perdu. Lui, vient de loin et ne parle pas la langue du pays. Elle, habite lĂ depuis longtemps et nâa pas la sienne dans sa poche. Chacun est seul au monde ; ils vont sâapprivoiser. Cette libre adaptation par Emma Lloyd, comĂ©dienne et marionnettiste, de lâalbum jeunesse de Marie Tibi et CĂ©lina GuinĂ©, est nĂ©e dâun vĂ©ritable coup de cĆur pour ce rĂ©cit empreint dâhumanitĂ©. (photo)
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Wallace et Gromit, Le mystÚre du lapin Garou (cinéma)
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Alors que la commune de Tottington Hall se prĂ©pare Ă son grand concours annuel de lĂ©gumes gĂ©ants, Wallace et son fidĂšle compagnon Gromit gĂšrent une entreprise visant Ă capturer des lapins envahisseurs qui dĂ©vorent les cultures du quartier. Pour endiguer cette invasion, Wallace, lâinventeur fou, met au point une machine qui lave le cerveau des lapins afin qu'ils ne touchent plus un lĂ©gume. Mais l'expĂ©rience tourne mal et un mystĂ©rieux lapin-garou sĂšme la terreur dans la communautĂ©. TrĂ©pidantes et hilarantes, leurs aventures sont un rĂ©gal de trouvailles.
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Mais câest qui Mamie ?âEt bien c'est Carmen (Lefrançois), et c'est aussi Camille (Maussion) : flĂ»te et pipeau, saxos et voix, entre impros et crĂ©ations originales ou inspirĂ©es de thĂšmes traditionnels, mĂȘlĂ©es dâonomatopĂ©es. Mamie chante, Mamie crie, Mamie conte, et nous entrons dans son jardin Ă©trange, baroque et colorĂ©. Mais Mamie est un peu « jotax »... et câest ça quâon aime. Car ses idĂ©es mijotent, et sa musique rĂ©chauffe.
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Et pour les plus grands... Une rencontre avec FalmarĂšs.
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NĂ© en 2001 Ă Conakry, FalmarĂšs poursuit aujourdâhui des Ă©tudes Ă Nantes. En 2016, il quitte la GuinĂ©e aprĂšs la terrible disparition de sa mĂšre. ArrivĂ© en Italie dans un camp pour migrants, il Ă©crit ses premiers vers en français. Fin 2018, il publie son premier recueil de poĂšmes, Soulagements, que Joseph Ponthus repĂšre et salue haut et fort. Suivront Soulagements 2 et Lettres griotiques. En 2020, il reçoit le «Prix LycĂ©e» de poĂ©sie de lâUNICEF. En 2021, il est membre du jury et auteur invitĂ© par le festival Ătonnants Voyageurs. Trouver la beautĂ© dans ce « voyage infernal », mettre en scĂšne la migration et lâexil, voilĂ ce qu'offre la poĂ©sie de FalmarĂšs.
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La fabrique artistique
En dĂ©but dâĂ©tĂ©, on vous avait parlĂ© dâun appel Ă projet de lâassociation « Lâart sâemporte », Ă Lanester, Ă la recherche dâartistes susceptibles de travailler en rĂ©sidence immersive chez des habitants ou des structures sociales du Pays de Lorient. Quelques mois plus tard, les rĂ©sidences ont eu lieu, et les trois artistes retenus exposent leur travail. Margaux Daniel, Jenna JĂ©rĂ©mie et Axel Moreau sont les trois candidats retenus, parmi seize dossiers reçus.
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đš « Les mots contents », de Margaux Daniel est un travail autour des objets, et plutĂŽt le vintage breton, comme un Ă©cho de la maison de ses grands-parents. Elle a travaillĂ© Ă la rĂ©sidence senior des Hermines de Lanester autour dâobjets confiĂ©s par les rĂ©sidents, et de phrases Ă©crites par eux, quâelle a peinte ou gravĂ©e đš « Chez Marie-Madeleine », de Jenna JĂ©rĂ©mie, est une sĂ©rie de photographies repeintes, Ă partir des souvenirs et des photos de Marie-Madeleine, qui habite un appartement de Lanester depuis trente ans, chez qui Jenna sâest installĂ©e. (Photo) đš Axel Moreau a travaillĂ© sur une installation sonore issue des ateliers quâil a animĂ©s aux Grands Larges en expĂ©riences croisĂ©es, entre performance scĂ©nographique et sonore et musique Ă©lectronique expĂ©rimentale. Un rĂ©cit qui Ă©voque les lĂ©gendes Arthuriennes, Ă©crit par Brandon, jeune rĂ©sident, passionnĂ© de jeux vidĂ©o, sur lequel Axel Moreau a composĂ© une bande son.
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> Jusquâau 27 oct, Agora Grands Larges, 25, avenue GĂ©nĂ©ral-de-Gaulle, Ă Lorient.
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Chaos indonésien, xylographie, 120 à 560 cm, 2016
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Morsure est une exposition conçue par Sabine Delahaut, autour de la gravure contemporaine. Douze artistes aux univers différents, pour des images engagées. L'Archipel m'a confié la tùche d'écrire les douze textes du catalogue, et avec leur accord, j'ai décidé d'en publier un extrait chaque semaine jusqu'au 25 novembre, date de la fin de l'exposition.
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Cette semaine, le texte intégral sur Nathalie van de Walle, que j'ai titré "Le sublime du chaos"
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« Câest pas la technique, qui compte ». Câest ce que je pensais. Pour moi, la gravure, câĂ©tait une maniĂšre de crĂ©er des multiples, de dĂ©sacraliser lâunicitĂ© dâun dessin. Et puis Sabine Delahaut, commissaire dâexposition de Morsure, elle mâa dit tout doucement que non, câest pas que ça. La technique câest aussi ce qui tâemmĂšne quelque part. Ce nâest pas dissociable du dessin, de lâhistoire racontĂ©e, du propos. Jâai pensĂ© : jâai appris ça il nây a pas longtemps, câest lâoutil qui crĂ©e ton monde graphique, avant ta main. Dans la gravure, il y a le ressenti de lâeffort, de la taille, du creux et du plein, du risque, du dĂ©licieux non repentir, Ă savoir jâaccepte lâerreur, le trop, parce que câest fait, câest lĂ , câest dit, et quâest-ce que je fais de ce trait, cette piste, je la prends et je la garde parce que cet « accident » câest aussi moi.
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Il se dit que le monde de la gravure serait plein de psychopathes qui scrutent chaque tirage avec une loupe pour en discerner les moindres dĂ©tails, mais quand on voit le travail de Nathalie van de Walle, on se dit que le dĂ©tail, ça peut transporter. Je nâaurais jamais cru que le simple fait de regarder trĂšs attentivement des bouts de bois qui se croisent me plongerait un jour dans des dĂ©lices de Oh et de Ah. Et pourtant. Me plonger dans le travail de Nathalie van de Walle mâembarque dans un voyage oĂč les aspects graphiques, techniques, esthĂ©tiques et signifiants sâassocient pour une croisiĂšre au pays des merveilles. Et câest bien sur une fresque racontant destruction et chaos aprĂšs le passage dâun tsunami en IndonĂ©sie, que je me penche. Et le chaos est beau ! Et riche. Riche de milliers de dĂ©tails, de morceaux de bois, de feuilles, de planches, de palmes, de bouts de maisons, de poteaux tĂ©lĂ©graphiques, dâĂ©corces, dâĂ©chardes, qui sâempilent, se superposent, dans une accumulation improbable. La prouesse â mĂȘme sâil y a sĂ»rement des erreurs â câest que dans ces lignes qui se croisent, jamais les blancs, les plans, ne souffrent dâune incohĂ©rence. Sens dessus dessous, tout se tisse, le dessus, le dessous, et câest magnifique. Le chaos recrĂ©erait-il une forme dâĂ©quilibre dans cette construction anarchique et explosĂ©e, ce jeu de KAPLA ruinĂ© par un enfant colĂ©rique ? Comme si le « bon » ordre Ă©tait impulsĂ© par ce souffle, envoyant en lâair lâhabitat, qui retomberait alors sous la forme dâune entitĂ© fragile et improbable, un chaos sublime.
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Eric Courtet. "à -cÎtés"
Hop la. Jâai croisĂ© Eric Courtet au vernissage des Rencontres Photographiques, jâai sautĂ© sur lâoccase, on a pris rendez-vous en tenant un verre de vin blanc bio dans une main et une tartine de tarama dans lâautre, on sâest retrouvĂ©s Ă la Galerie du FaouĂ«dic, on a parlĂ© de sa sĂ©rie « Ă -cĂŽtĂ©s », qui comporte 120 photos, dont 40 sont exposĂ©es Ă lâĂ©tage de la galerie, et hop la, je lui ai proposĂ© de mâen « raconter » cinq. Et voila tây pas quâau moment oĂč je mâapprĂȘte Ă noter fidĂšlement ses paroles, je ne sais si câest par paresse ou pour changer un peu, je lui dit : « Ah non attends attends je vais te filmer ». Alors voilĂ trois vidĂ©os trĂšs courtes, pour faire la visite avec lâartiste, de ce rĂ©cit qui court le long de la D769, surnommĂ©e la « Glasgow-Madrid », qui part de Caudan, Ă la sortie de Lorient, pour rejoindre Morlaix, Roscoff, puis lâAngleterreâŠ
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Eric y a passĂ© du temps, sur cette route et celles qui se perdent dans le Centre-Bretagne : Rostrenen, Monts dâArrĂ©e, Langonnet⊠Il a commencĂ© en 2017, un chouette projet qui dessinait plutĂŽt les contours dâun territoire un peu absent : « Jâai dĂ©couvert des villages, une certaine dĂ©sertification : des vitrines vides, des lieux dĂ©saffectĂ©s. Lâexode vers le littoral. Je me suis renseignĂ©, jâai pris beaucoup de photos, comme des prĂ©lĂšvements ».
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Et puis il y a eu la sĂ©rie « PĂšres et fils », dont Eric mâavait parlĂ© devant la camĂ©ra de KuB : « PĂšre et fils, câĂ©tait pour moi une urgence. Et aprĂšs cette sĂ©rie â Ă laquelle je ne sais pas si je mettrai un point final un jour â deux choses avaient changĂ© ; ça avait bousculĂ© mon regard et ça avait amenĂ© de lâhumain dans mon travail. Et ça sâest retrouvĂ© dans mon approche de cette sĂ©rie. Jâai dĂ©cidĂ© dâaller Ă la rencontre des nouveaux arrivants, ceux qui ont quittĂ© les villes aprĂšs la crise du Covid, et plus gĂ©nĂ©ralement Ă la rencontre des gens, qui mâont racontĂ© leur histoire. Lâaspect documentaire a basculĂ© dans le rĂ©cit photographique, avec quelque chose de lâanthropologie, la sociologie. Mon Ă©criture photographique sâest trouvĂ©e renforcĂ©e. Il y a plusieurs narrations possibles dans les failles que jâai laissĂ©es. »
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Eric a laissĂ© le hasard des rencontres se faire, mais a aussi donnĂ© un coup de pouce. Avec des tirages de ses photos, dĂ©posĂ©s dans les boĂźtes aux lettres des maisons qui lâintriguaient, provoquant la rencontre : « On a beaucoup parlĂ©, autour des questions que je me posais sur ce territoire. Jâarrivais en disant que je nâavais pas la rĂ©ponse, et on avançait comme ça, avec mes propres hĂ©sitations, et eux racontaient leur rapport au territoire, aux autres habitants. Ăa sâest passĂ© dans lâĂ©change, la confiance, en prenant le temps de les Ă©couter. Et aprĂšs jâai pris des photos ».
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AccompagnĂ©es par le tout petit livre de Mathieu Riboulet « Nous campons sur les rives », littĂ©ralement clouĂ© au mur, les images dâEric se dĂ©roulent calmement, comme un long ruban de bitume entre les rives de la D769, brumeuses et un peu flottantes, racontant un rĂ©cit Ă©crit assez blanc, elliptique et plein de pudeur, comme toujours. Effectivement trĂšs littĂ©raire, on sây installe comme dans un livre, en appuyant notre imaginaire sur ses images-mots, et en « dĂ©crochant » du rĂ©el. On sursauterait presque en entendant le bruit dâune mobylette.
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> Jusquâau 10 dĂ©cembre, Galerie du FaouĂ«dic, Lorient. Du mercredi au dimanche de 14h Ă 19h.
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La vie secrĂšte des arbres
Peter Wohlleben, Fred Bernard et Benjamin Flao
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Autour de moi mais sĂ»rement proche de vous Ă©galement, les artistes dessinent et peignent des arbres. Fabrice en fait ses sujets, QQ sâexpose au milieu dâeux, Catherine sâen fait corps, quand Gaele se love dans leurs branches sous forme de cabanes. A croire que les arbres soufflent secrĂštement sur les Ăąmes sensibles que sont les artistes. Ils se voient ainsi traversĂ©s par ce terreau jusquâau bout dâun crayon ou dâun pinceau. Ils se recentrent autour de la terre.
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« Comme lâart, les arbres parlent Ă ce quâil y a de plus profond en nous. Ils attisent notre imagination et modifient notre rapport au temps »
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Puits de sciences, passionnĂ©, amoureux du vivant, observateur, chercheur-cueilleur, pĂšre de terre, dĂ©fenseur du droit des arbres : Peter Wohllenben Ă©tait un enfant prĂ©-occupĂ© par la forĂȘt. Ainsi enveloppĂ©, il sâest laissĂ© mener par elle, au grĂ© des hĂȘtres, au vent cyprĂšs. Il lâĂ©tudie, il la scrute, il lâausculte, il la sent, il la vibre, il la vit. Dans cet ouvrage il nous la livre, nous la dĂ©crit, de toute son expertise. Cela fourmille de prĂ©cisions. Palpitant sous la plume de Fred Bernard, câest feuille aprĂšs feuille que la forĂȘt se dĂ©fait de quelques-uns de ses secrets : la dĂ©fense contre tous ses flĂ©aux, la magie du mouvement de lâeau, la maniĂšre dâĂ©changer sans un mot⊠Benjamin Flao maĂźtrise parfaitement ce langage silencieux et ses traits prĂ©cis soulignent toute cette poĂ©sie. Soumis au kairos (1), il sâaccroche aux branches et planche. Le boulot prend un an. Parfois, il ressent le regret de ne pouvoir davantage se poser pour croquer lentement ces ents (2). A lâombre des centenaires, il se laisserait aisĂ©ment inviter Ă une douce rĂȘverie. Ses gestes surentraĂźnĂ©s prennent forme au son dâune plume qui glisse sur lâencre, Ă lâempreinte dĂ©licatement tactile dâun IPad, au roulis parfait du stylo. Un univers se dessine. II lâemplira de couleurs aquarelles pour se relier aux arbres par la fraĂźcheur de lâeau. Fred Bernard le seconde dans cette urgence Ă crĂ©er. Il lui propose les story-boards, une Ćuvre Ă quatre mains se dessine Ă lâunisson. Il nâest pourtant pas si simple de sâĂ©quilibrer ainsi, de trouver ses appuis.
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Il sâagit dâune commande dâun Ă©diteur allemand Ă un Ă©diteur français - cela prend quand mĂȘme quatre ans - pour trouver le Flao quâil leur faut. Câest Benjamin qui a recrĂ©Ă© le duo. La BD devrait ĂȘtre traduite dans 20 langues. Au bas mot, on pourrait le nommer, en toute subjectivitĂ© bien sĂ»r, le meilleur dessinateur de BD de la galaxie. Le livre La vie secrĂšte des arbres de Peter Wohllenben, aux Ă©ditions Multimondes, a Ă©tĂ© vendu Ă un million dâexemplaires. Lâauteur reste semble-t-il un homme simple et un excellent pĂ©dagogue. Il aurait trĂšs bien accueilli lâĆuvre et paraĂźtrait mĂȘme assez satisfait de voir sa vie en bulles.
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Les Bernard/Flao avaient produit « Essence » chez Futuropolis en 2018, petit concentrĂ© dâĂ©lixir aux arĂŽmes essentiels. « La vie secrĂšte des arbres » les aurait peut-ĂȘtre convaincus de finir un autre projet : « Lâhomme bonsaĂŻ » ⊠Mais je ne vous ai rien dit, ok ?
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> Aux Ă©ditions Les arĂšnes BD, 238 pages. 29,90 âŹ
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(1) Le kairos, qui prend sa source dans la culture grecque ancienne, dĂ©signe le bon moment, lâinstant T ou lâopportunitĂ© Ă saisir.
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(2) Les Ents sont des créatures à l'apparence d'arbres qui sont le peuple le plus ancien de la Terre du Milieu, dans le Seigneur des anneaux, de Tolkien.
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