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N° 384 - 4 janvier 2024
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Pierre Morice
On lui a fait sa premiÚre "vraie" interview, à Pierre Morice, en mars 2021 (lire ICI), et le revoilà qui expose à la médiathÚque de Quéven, l'occasion de découvrir son univers étrange et onirique, qui invite parfois la rade de Lorient dans des compositions qui bouleversent nos points de vue.
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Anne de VillĂšle
DĂ©cidĂ©ment, les dĂ©couvertes post-confinement reviennent sur le devant de la scĂšne... En avril 2021, on vous confiait un carnet de voyage Ă Rochefort-en-terre, dans lequel figurait la rencontre avec l'univers d'Anne de VillĂšle dans son petit ateliertout choupinet et sa belle façon de mĂȘler organique et vĂ©gĂ©tal, abstraction et broderie (Si vous craquez sur Sylvain Le Corre, vous aimerez sans doute son travail).
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Par Le Boudu
Un mythe. Bonaventure Gacon a des airs de clochard bourru, et il fait rire avec des trucs pas forcĂ©ment marrants, comme il dit. Une grande figure du clown, aussi fragile que burlesque, Ă ne surtout pas manquer si vous ne l'avez jamais vu, mĂȘme s'il tourne son spectacle depuis 20 ans. Bien entendu, oubliez vos rĂ©fĂ©rences Ă la Bouglione ou Zavata, on parle ici de "clown contemporain", sans savates vernies rouges ni fleurs de ballon... Et inutile de chercher des vidĂ©os sur le bonhomme, il cultive le secret numĂ©rique, pour que le spectateur ait la surprise...
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One shot
Le plaisir de retrouver les magnifiques danseuses de Paradox-Sal, que vous avez forcément vues (enfin, en tout cas, on a tout fait pour) dans "Queen Blood". Là encore, Ousmane Sy a fait merveille. "One shot" est sa cinquiÚme et derniÚre piÚce, puisque le chorégraphe, co-directeur du CCN de Rennes est mort fin 2020, laissant orphelines, mais pleines d'énergie, les danseuses de ce crew fantastique, qui a su faire du hip hop bien plus qu'une démonstration de figures, une danse à la fois punchy et crémeuse, en laissant aux individualités toute la place pour s'exprimer dans une énergie collective. On retrouvera ici encore une bande-son impeccable, qui squattera les oreilles longtemps.
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Ces paysans bio qui cultivent le bonheur
L'agriculture se meurt, le monde paysan sâĂ©teint⊠Ces mots-lĂ , on les entend dans les manifestations, lors des prises de prĂ©fecture ou des blocages de la RN165. Les mĂ©dias et les hommes politiques reprennent Ă lâenvi ces formules. Ăa claque comme un coup de fusil dans la lande, Ă la fin du jour. Câest bon, ça coco. Ăa fait frissonner, et ça fait vendre de lâaudimat aussi.
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Non, le triptyque investissements-subventions-suicide nâest pas le seul chemin de lâagriculture. Il y a de lâespoir aussi. Chaque jour, en France, des paysans sĂšment, Ă©lĂšvent, rĂ©coltent et vendent avec bonheur. Des bios, des pas-bios, mais tous ont en commun dâavoir fait un pas de cĂŽtĂ©. Pris des chemins de traverses Ă ceux qui leur Ă©taient assignĂ©s par lâenseignement agricole, les coopĂ©ratives ou la Politique agricole commune (PAC).
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Depuis vingt ans que jâexplore le monde agricole, je suis toujours frappĂ© par la dichotomie entre ceux qui ont suivi le modĂšle dominant conventionnel, investi dans dâimmenses bĂątiments et de gros tracteurs, et ceux qui ont privilĂ©giĂ© le minimalisme. Les premiers ont souvent de faibles revenus et un maximum dâemmerdements. Les seconds un vrai revenu, du temps, et beaucoup de plaisir.
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Jean-Yves Ruelloux, Ă©leveur de chĂšvres Ă Priziac, fait partie de ceux-lĂ .
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« Quand je me suis installĂ©, en 1978, mon but câĂ©tait de vivre en autarcie. Je voulais rester en marge de la sociĂ©tĂ© de consommation et du business, raconte-t-il. Jâai fait le minimum de compromis. Jâai refusĂ© toutes les subventions, la dotation jeune agriculteur (DJA), les aides de la PAC. Câest un piĂšge Ă©norme dans lequel tombent de nombreux agriculteurs : Ă partir du moment oĂč tu acceptes les subventions, tu tombes sous la coupe du monde productiviste et tu es tenu de lui obĂ©ir. »
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Photo InĂšs LĂ©raud, pour un podcast de Radio-France Ă Ă©couter ICI
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A 68 ans, Jean-Yves continue de guider ses chĂšvres sur les chemins forestiers qui mĂšnent aux prairies, gagnĂ©es sur les ajoncs. « Tant que jâarrive Ă grimper aux arbres, je continue », plaisante-t-il. Pionnier du procĂ©dĂ© de la lactation permanente, qui permet Ă ses biquettes dâavoir du lait toute lâannĂ©e, il est rĂ©guliĂšrement sollicitĂ© par des ingĂ©nieurs agronomes, des paysans qui sâinstallent, ou des journalistes, comme InĂšs LĂ©rault. Il y a trois ans, il a mĂȘme Ă©tĂ© longuement interviewĂ© par une reporter du magazine amĂ©ricain Modern Farmer, sur sa mĂ©thode de production, qui lui assure une mĂȘme quantitĂ© de lait sans avoir Ă renouveler son troupeau.
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De nombreux jeunes paysans suivent son approche. RosĂ©lĂšne Pierrefixe, 36 ans, sâest installĂ©e sur une « micro-ferme » Ă Monterblanc, au nord de Vannes. Depuis 2013, elle cultive avec son mari Nicolas un demi-hectare de lĂ©gumes et quelques fruits, en sâaidant dâun cheval pour travailler le sol.
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« On ne se retrouvait pas dans un modĂšle mĂ©canisĂ©, observe-t-elle. La micro-ferme telle quâon lâexploite nous rend heureux, mais il ne faut pas occulter la pĂ©nibilitĂ© et la charge mentale que cela reprĂ©sente. Il y a quand mĂȘme des passages difficiles Ă certains moments de lâannĂ©e».
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Les Ă©pisodes de sĂ©cheresse et les tempĂȘtes, liĂ©s au changement climatique en font partie. « Câest fragile, mais jâai envie de continuer », ajoute-t-elle. Le couple vend sa production sur les marchĂ©s de Saint-AvĂ© et Plescop, Ă un restaurateur et Ă un distributeur bio. A leur installation, il y a dix ans, la notion de « micro-ferme » faisait dresser les sourcils des Ă©lus des chambres dâagriculture. RosĂ©lĂšne et Nicolas ont su inventer leur modĂšle. Mais aujourdâhui, ils ne sont plus seuls. Il font partie dâun groupe dâune dizaine de micro-fermes, Ă©paulĂ© par animĂ© par le GAB 56, le Groupement des agriculteurs biologiques du Morbihan.
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Allez, en cette pĂ©riode de fĂȘtes, je vais vous livrer un cadeau sous le sapin : je connais mĂȘme des agriculteurs bios, heureux, et qui partent chaque hiver Ă la neige ! Lâun dâeux est un Ă©leveur de porcs sur paille du centre Bretagne. Il vit en autarcie, vend ses caissettes de porc dans sa ferme et dans certaines Biocoop. Son nom ? Lâhomme cultive aussi la discrĂ©tion, et laboure ses terres grĂące Ă la traction animale. Avec bonheur.
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RAPHAĂL BALDOS
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Parce que la coopĂ©rative Biocoop Les 7 Ă©pis est une entreprise engagĂ©e et militante, elle finance cette chronique, nous permet de rĂ©munĂ©rer un journaliste professionnel et vous offrir une rubrique orientĂ©e solutions, qui vous donne des clefs pour agirâŠ
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Sophie Calle démonte Picasso
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Jâai passĂ© lâaprĂšs-midi avec Sophie Calle : « A toi de faire, ma mignonne », elle nous dit, en titre de lâexposition qui occupe les quatre Ă©tages du musĂ©e Picasso, dans le Marais. Moi je dis que jâai passĂ© lâaprĂšs-midi avec elle, parce que cette femme me touche, je ne sais pas toujours pourquoi, sans doute parce quâelle est tellement prĂ©sente dans ce quâelle Ă©crit et ce quâelle montre, que des fils se tissent entre elle et moi. Il y a presque toujours un moment oĂč, sur une phrase, une idĂ©e, un objet, jâai un truc qui se soulĂšve dans ma poitrine (et ce nâest pas une image) et les larmes qui montent. Je me sens reliĂ©e avec sa maniĂšre de faire de lâart.
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Lâexposition est immense, y consacrer plusieurs heures un minimum. Le fil rouge, les Ćuvres de Picasso, quâelle cache, rĂ©invente, rĂ©vĂšle, (d)Ă©crit (la quasi totalitĂ© des oeuvres du musĂ©e ont Ă©tĂ© dĂ©crochĂ©es pour l'exposition). Mais pas seulement bien-sĂ»r, puisque câest Sophie Calle, il y a beaucoup dâelle-mĂȘme. Faire la liste des Ćuvres serait ennuyeux, ou alors dans une forme inventive, joueuse, Ă sa maniĂšre. Raconter comme elle, en creux, avec des astuces, des formes, des « trucs ». Sa maniĂšre de faire, commissaire dâune exposition de Picasso absents, rĂ©invente totalement le rapport Ă la monstration, au regard, Ă la musĂ©ographie, et le remplace par des mots. La disparition est une prĂ©sence en soi. Jamais une exposition nâa Ă©tĂ© aussi personnelle, maline, diffĂ©rente : une course en sac dans un univers dâenfant, une pensĂ©e adulte, des Ă©motions, plein, plein, plein.
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On peut aller dâune salle Ă lâautre, laisser de cĂŽtĂ© ce qui nous ennuie, revenir sur ce qui nous amuse, nous Ă©meut, nous Ă©pate. Choisir le fil du sensible, sa famille, son enfance, le deuil, quâelle dit si bien, dans une pudeur des Ă©motions qui, moi, me prend aux tripes. Il y a tout Sophie Calle dans cette exposition fleuve, qui raconte une vie dâartiste qui sâamuse avec gravitĂ©. On peut choisir la lecture, on peut choisir les liens entre les Ćuvres, on peut sâabĂźmer dans les regards quâelle montre, on peut sâemballer pour la rĂ©alisation plastique, pour lâidĂ©e quâelle a eu, faire sa curieuse devant ce mur de la taille de Guernica oĂč papotent ses achats ou Ă©changes dâĆuvres de tant dâartistes du 20e et 21e siĂšcle, des noms qui font tilt parce que je les aime aussi. Parfois on se dit « Oh, elle exagĂšre, quand mĂȘme ! » et puis non, ça prend, ça marche, ça roule, ça embarque, câest gĂ©nial, mĂȘme si on ne sait pas toujours pourquoi. Jâadore cette meuf.
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