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N° 394 - 14 mars 2024
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Que savent les enfants de leurs parents et que voudraient-ils savoir ? De leur rencontre, de leur vie dâavant et de leur vie dâaujourdâhui, une fois que les enfants sont partis. Mohamed El Khatib, auteur-metteur en scĂšne de thĂ©Ăątre documentaire, a interrogĂ© les Ă©lĂšves de lâĂ©cole du ThĂ©Ăątre National de Bretagne au sujet de lâintimitĂ© de leurs parents. Mettant en scĂšne ces jeunes comĂ©diens, il orchestre un grand moment de thĂ©Ăątre choral. Dans cette exploration de lâhistoire dâamour parentale, tout est permis : confessions, imitations, souvenirs dâenfance, photos de mariage, messages tĂ©lĂ©phoniques, rĂ©cits des rencontres amoureuses⊠Entre joies et peines, il reflĂšte ce regard tendre, parfois cruel que les enfants portent sur leurs parents, et esquisse en toile de fond un portrait touchant et nuancĂ© dâune gĂ©nĂ©ration, celle des annĂ©es 1970. [Le teaser ICI]
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Dire « Ă la ligne »⊠Porter sur un plateau les mots et les maux de Ponthus⊠Faire un corps Ă corps avec sa prose, charrier ses carcasses comme lui-mĂȘme charriait les blocs de viande. Avec sa poĂ©sie, son humour, sa lĂ©gĂšretĂ©, sa simplicitĂ©, son Ă©vidence⊠Trouver le dĂ©pouillement et la sincĂ©ritĂ© de cette ligne Ă©crite sans jugement. Comme un rapport, une autopsie, avec la beautĂ© en creux, la mort en plein, jouer avec la parole et le corps pris dans ce ballet ubuesque et quotidien des travailleurs de lâabsurde, en premiĂšre ligne dâune guerre totale, sans cesse renouvelĂ©e, Une danse macabre, un charnier de lâabsolu et du dĂ©risoire, en amont de cette chaĂźne industrielle et alimentaire qui abreuve nos rĂ©seaux de distribution et dâalimentation⊠DâaprĂšs l'unique roman de Joseph Ponthus, dĂ©cĂ©dĂ© le 24 fĂ©vrier 2021. SuccĂšs littĂ©raire et dâĂ©dition ayant eu de nombreux prix. Adaptation, mise en scĂšne et interprĂ©tation : Mathieu LĂ©tuvĂ©, Caliband ThĂ©Ăątre. [Le teaser ICI] > Dim 17 mars Ă 17h, Salle des fĂȘtes de Clohars-CarnoĂ«t. Tarif : 6/10âŹ. DĂšs 14 ans / DurĂ©e : 1h10 > Billetterie ICI
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Les habitants des ocĂ©ans en ont assez de se taire. Ils organisent un plateau de stand-up pour venir sâadresser aux humains. Du minuscule picoplancton Ă la majestueuse baleine, ils expliquent le fonctionnement des ocĂ©ans ; la photosynthĂšse, lâimportance du corail, la symbiose, mais aussi la surexploitation dramatique des ressources marines par les hommes, les risques quâengendrent la pollution et la pĂȘche intensive, le tout avec un maximum dâhumour et de tendresse.
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Leur conclusion est que si câest une rĂ©alitĂ© que nous sommes en train de perdre les ocĂ©ans, câest aussi une rĂ©alitĂ© que nous pouvons les sauver. Avec Julia Duchaussoy et Franck Lorrain. Mise en scĂšne Pierre François Martin-Laval (Alias PEF, des Robins des bois). [Le teaser ICI]
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Eric Courtet invite Vincent Courtois
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Une soirĂ©e pour rencontrer le photographe lorientais Eric Courtet, qui, pendant un an a arpentĂ© les routes du Centre-Bretagne pour porter un regard sensible sur ses habitant.e.s, ses paysages, ses villages. Il invite pour lâoccasion un ami, le violoncelliste Vincent Courtois, pour habiller ses photos dâune interprĂ©tation musicale tout aussi sensible. Une rencontre entre images et musique qui devrait bien fonctionner... On vous laisse redĂ©couvrir son travail dans une sĂ©rie de vidĂ©os qu'on avait tournĂ©es lors de son exposition Ă la Galerie du FouĂ«dic, Ă Lorient, cet hiver, Ă propos de ses photos : ITV 1 / ITV 2 / ITV 3 / ITV 4
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On a choisi ce spectacle parmi la liste longue comme le bras de spectacles tous plus chouettos les uns que les autres du festival MĂ©liscĂšnes, parce que celui-lĂ est bien dĂ©jantĂ©, que des boules poilues s'y retrouvent Ă chanter dans un rĂ©cital musical, en badinant avec queues de pie, rubikâs cube impossible et une alliance foutraque de madrigaux baroques, hard rock, poĂšmes dadaĂŻstes et airs dâopĂ©ra... [Le teaser ICI]
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> Ven 15 mars 19h, La Vigie, La Trinité /Sam 16 15h30 et dim 17 mars 16h, Athéna, Auray /DÚs 5 ans
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La compagnie Chto et Jean Monamy mettent en scĂšne la comĂ©dienne lorientaise Nathalie Gautier dans un spectacle poignant tirĂ© de lâouvrage de Katherine L. Battaiellie qui donne Ă entendre la voix intĂ©rieure et secrĂšte de Marguerite Sirvins, native de LozĂšre, en 1890, et qui dut admise Ă lâhĂŽpital psychiatrique de Saint-Alban, Ă lâĂąge de quarante et un ans, en raison de troubles schizophrĂ©niques. Dans cet Ă©tablissement elle compose, pensant ardemment connaĂźtre un jour le mariage, une Ćuvre majeure de lâart brut, admirĂ©e par Jean Dubuffet : une robe de mariĂ©e, selon la technique du point de crochet, avec des aiguilles Ă coudre et du fil patiemment obtenu Ă partir de morceaux de draps usagĂ©s, que l'on retrouve en scĂšne dans une scĂ©nographie blanche et Ă©purĂ©e. [Le teaser ICI]
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Un film passionnant de Barbet Schroeder (France - 2023 -1h46) qui dresse le portrait de Ricardo Cavallo, qui consacre sa vie à la peinture. On se souvient avec émotion de l'exposition monumentale, à Lorient, de ce peintre installé à Saint-Jean-du-Doigt (29). Le film est une invitation à plonger dans l'histoire de la peinture, et à découvrir la vie d'un homme qui, avec simplicité et humilité, s'est engagé entiÚrement, jusqu'à transmettre sa passion aux enfants de son village.
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On l'aime vraiment beaucoup beaucoup, cette autre Barbara, aussi blonde que l'autre Ă©tait brune. Pour le charme avec lequel elle s'empare d'une chanson, pour ses collaborations dĂ©calĂ©es (Philippe Katherine, Bertrand Burgalat, JP Nataf...) et pour sa voix feutrĂ©e et sa maniĂšre de partir dans les aigus avec Ă©lĂ©gance. Ce spectacle prendra la route nationale 7 avec Trenet ou partira de la Gare de Lyon avec Barbara, nous emmĂšnera en Italie pour succomber au syndrome de Stendhal ou goĂ»ter Ă la Dolce Vita avec Christophe, et de ville en ville... đ Et c'est son seul concert dans le grand Ouest ! > Ven 15 mars Ă 20h30, Centre culturel de Rosporden
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ON A VU
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Dark was the night, au Théùtre de Lorient, et on a si peu à rajouter par rapport aux retours élogieux qu'en a fait la semaine derniÚre C. dans le magazine. Jeu d'acteurs extraordinaire, scénographie extraordinaire, tout est remarquable. S'il reste une place ce jeudi, sans doute le spectacle le plus "immersif" que vous ayez jamais vu...
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Grandir sous la dictature
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Une rencontre - discussion avec Florentina Postaru, écrivaine, parsemée de projections de courts métrages, de lectures, témoignages, échanges sur l'expérience d'une enfance vécue sous la dictature.
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Week-end théùtre amateur
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- La nostalgie des blattes, Cie du Puits ferré, vendredi 15 mars à 20h30
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- Un riche, trois pauvres, Théùtre de la rumeur, samedi 16 mars à 17h
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- FrĂšres numains, Cie Forge campin de petites roches, samedi 16 mars Ă 19h30
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- L'Homme qui marche, Cie Apprentis-sages de petites roches, samedi 16 mars Ă 21h
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- Jean-Christophe MoliĂšre, Cie New Rencard, dimanche 17 mars Ă 17h
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Denis Dailleux Jâai rencontrĂ© la semaine derniĂšre le photographe Denis Dailleux Ă la Galerie Le Lieu, Ă Lorient, qui expose trois de ses sĂ©ries regroupĂ©es sous le titre « Lâorient en rhapsodie ». Trois sĂ©ries avec des caractĂ©ristiques communes, le format carrĂ© dâabord, un choix ante-instagram pour ce photographe qui travaille depuis de longues annĂ©es sur le format 6x6. Lâautre point commun de ses photos, des contrastes assez poussĂ©s, la prĂ©sence dâune couleur vive qui va se dĂ©tacher, le travail sur la peau, des clairs obscurs picturaux, un traitement qui rend sa photographie trĂšs picturale, qui amplifie la force de ses images, qui « racontent » des sensations, des « histoires » du quotidien, des scĂšnes qui lâembarquent et nous embarquent.
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« Je travaille avec peu dâhorizons, ça me rassure sans doute de maĂźtriser lâespace ». Un espace qui parle de lâintime, cadrĂ© serrĂ© sur sujets ou scĂšnes : dans la rue ou Ă lâintĂ©rieur des maisons, lâhumain sâinscrit Ă lâintĂ©rieur dâun cadre protecteur, forçant le regard Ă sâintĂ©resser aux figures, aux visages, aux corps : « Une bonne photo, pour moi, câest une image qui tâemporte, qui te fait rĂȘver, qui transcende la rĂ©alitĂ© ». Ainsi ces hommes Ă une terrasse de cafĂ© du Caire, ville oĂč il a vĂ©cu longtemps : « LâEgypte, câest 25 ans de ma vie. Jâai une passion et un attachement Ă©norme pour le peuple Ă©gyptien. Les quartiers populaires du Caire exercent sur moi une fascination envers le quotidien. Il y a un chaos poĂ©tique â qui peut ĂȘtre aussi un enfer â qui me donne de lâĂ©nergie, par lequel je me laisse happer ».
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Trois sĂ©ries, donc. « Egypte » et ses bruns, ses verts, ses ocres⊠« MĂšre et fils », rĂ©compensĂ©e par un World Press Photo en 2014 : « Jâai commencĂ© par faire trois photos de fils, debouts, torse nu, et de leur mĂšre. Jâai mis les planches-contact dans un tiroir, et un ami mâa poussĂ© Ă en faire une sĂ©rie. Je choisissais des hommes que je rencontrais, pour leur corps. Je nâen fais pas mystĂšre, jâaime les hommes, je parle de mon dĂ©sir Ă moi, pour le transcender. Mais jâaime aussi leurs mamans, leur tendresse, leur fiertĂ©, et lâĂ©norme respect quâont ses fils pour elles. ».
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Enfin, « Calcutta », une sĂ©rie en cours, une commande au dĂ©part, sur la thĂ©matique des fleurs et des marchĂ©s aux fleurs. Plus Ă©vidente dans sa beautĂ©, peut-ĂȘtre plus « facile », on ne peut nĂ©anmoins que se laisser aller Ă ronronner de plaisir face Ă ses images aux noirs poussĂ©s pour faire ressortir la couleur â orange, rose, jaune - aux fonds noyĂ©s dâune lumiĂšre intĂ©rieure, au contraste entre ces marchĂ©s vieillissants, Ă la peinture Ă©caillĂ©e, et ces tĂȘtes de fleurs destinĂ©es Ă des fĂȘtes et cĂ©rĂ©monies. Lâhumain sâinscrit magnifiquement dans le cadre de ces photos mises en scĂšnes avec la sophistication dâun scĂ©nographe ou dâun designer dans un tourbillon de couleurs provocant une sensation de plaisir esthĂ©tique intenseâŠ
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Un livre et deux films (pour l'instant)
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Dune, câest dâabord une Ă©criture particuliĂšre, qui fait la part belle au « POV » (Point of vue) des personnages, dont on comprend les actes et rĂ©flexions grĂące Ă leurs pensĂ©es en italique, insĂ©rĂ©es dans le flux du texte. Câest aussi un rythme trĂšs lent dans le dĂ©roulement dâune intrigue qui reste cadrĂ©e trĂšs serrĂ©e sur des scĂšnes en petit comitĂ© et qui nĂ©cessitent une attention du lecteur, qui comprend et imagine au fur et Ă mesure des situations qui sâĂ©claircissent peu Ă peu, en mettant bout Ă bout les rares Ă©lĂ©ments de contexte qui sont distillĂ©s avec parcimonie dans chaque chapitre.
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Difficile alors de ne pas sâextasier devant le travail de dingue quâa dĂ» fournir Denis Villeneuve pour adapter le livre, puisque le principe est inadaptable au cinĂ©ma, qui, par essence, montre dâun coup, et dit tout dâun univers dĂšs les premiĂšres images. Les vues dâensemble, inexistantes dans les premiers chapitres du livre, sont impossibles Ă Ă©viter. Mais Villeneuve a su resserrer sa camĂ©ra, dans certaines scĂšnes, sur ce qui se joue dans la sphĂšre intime, dans des lieux clos, des ambiances, des plans serrĂ©s. Respectant la plus forte composante du livre, Ă savoir la psychĂ© des personnages, les luttes souterraines, les pouvoirs cachĂ©s, la rĂ©flexion politique et religieuse, la puissance de lâesprit...
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Mais Dune est un film qui a coĂ»tĂ© 190 millions de dollars. Alors mĂȘme si on sent bien que Villeneuve aurait volontiers accentuĂ© sa partition dans les scĂšnes intimistes et cĂ©rĂ©brales, il a Ă©tĂ© malin, et il a jouĂ© le jeu du grand spectacle : explosions, combats, vaisseaux spatiaux dĂ©mesurĂ©s, palais gigantesques, rassurant ainsi les producteurs et distributeurs dans leur souci de rentabilitĂ©. Et le rĂ©sultat est finalement un compromis pas si mauvais : tout le monde y trouvera son compte, et y verra ce qui lâintĂ©resse : la cĂ©rĂ©bralitĂ©, la politique, les lumiĂšres, la photo, le son pour certains, le spectaculaire et lâaction pour les autres.
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Car mĂȘme si on se prend parfois Ă rĂȘver de la sublime saga qui aurait pu voir le jour si Villeneuve avait montrĂ© les choses sans les montrer, en laissant les personnages dans la pĂ©nombre, on ne peut que reconnaĂźtre la beautĂ© dâun grand nombre de scĂšnes en clair-obscur : les visages, remarquablement filmĂ©s, les plis des vĂȘtements, les ombres et lumiĂšres, la palette chromatique. Le sable, le dĂ©sert, comme personnage Ă part entiĂšre, sublime, bien sĂ»r. Les costumes, magnifiques, comme tout droit sortis des vitrines du MusĂ©e du quai Branly, avec un petit bĂ©mol Ă propos des biais qui ont influencĂ© certains choix, mais Dune a Ă©tĂ© Ă©crit en 1965, une Ă©poque plus binaire que celle dâaujourdâhui, mĂȘme si le choix de TimothĂ©e Chalamet pour incarner Paul AtrĂ©ides souffle opportunĂ©ment sur la tendance dâun hĂ©ros moins caricaturalement testostĂ©ronĂ©.
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Enfin, parler de Dune sans Ă©voquer le son serait une offense au travail colossal qui a Ă©tĂ© fait sur le film, et qui, lorsquâon y prĂȘte attention, peut presque dĂ©tourner des images. Depuis le son des ornithoptĂšres, ces machines volantes aux ailes de libellule - dont le vrombissement est composĂ© par un mĂ©lange de ronronnement de chat, de claquement dâune toile de tente dans le vent et du bruit du vol dâun scarabĂ©e gĂ©ant â jusquâaux innombrables glissandos, chocs, souffles du sable. A ce propos on vous invite Ă vous pencher sur le passionnant documentaire rĂ©alisĂ© par Le Monde auprĂšs de Mark Mangini, sound designer du film [Ă regarder ICI]
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Dune, c'est aussi une version tournĂ©e par David Lynch en 1984, avec des choix esthĂ©tiques assez marquĂ©s, tirant vers le kitsch, et un casting, inexplicable souvent (Kyle MacLachlan đł et son brushing hallucinant), et fun parfois (Sting dans le rĂŽle d'un des pires psychopathes du livre)
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