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N° 321 - DU 1ER AU 7 SEPTEMBRE 2022

eesab

Portes ouvertes sur les cours publics

Nous, on est en train de se demander si c'est pas cette année qu'on va franchir le pas, et s'inscrire enfin à des cours de dessin. Pas vous ?

Les arts plastiques en pratique

L'EESAB propose à Lorient des cours d'arts plastiques pour toutes et tous, enfants, jeunes et adultes, débutants ou confirmés.
> Mais aussi des cours d'histoire de l'art et une préparation aux études supérieures d’art.

Journée Portes ouvertes
- Informations sur le programme 2022-2023 et les modalités d'inscription
- Rencontres avec les enseignant·e·s
- Ateliers gratuits de découverte : pour les enfants (peinture) et les adultes (photo)

Samedi 3 septembre (10h-12h30 / 14h-17h30)
figaro

Le Mariage de Figaro. Cie Avanti. A Clohars-Carnoët

Un spectacle de théâtre qui utilise toutes les ressources du chant, de la danse, du jeu masqué… pour présenter une pièce enjouée, où le rire, la bonne humeur et l'écriture incroyable de Beaumarchais sont de véritables personnages à part entière…

> Dimanche 4 septembre, 17h, Site abbatial Saint-Maurice, Clohars-Carnoët. Durée 1h30.
> 6/8€ sur réservation ICI
titre agenda
FONDALOR sorties de secours
Atlas

Kizzy & la rade

Voilà Kizzy Sokombe qui sonne à la porte. Et quand elle rentre chez moi ça fait comme quand on pose un édredon de plumes sur les draps, les premières nuits d’automne. C’est tout doux, tout calme, tout léger, et très apaisant.
Ce n’est peut-être pas utile de dire ça, mais quand-même. Ce que font les gens, et comment, dépend aussi de ce qu’ils sont. Ou de ce qu’ils donnent à voir. Et Kizzy, moi, elle m’a apaisée.

Elle est là pour me raconter son projet d’Atlas de la Rade de Lorient. Elle commence à m’en parler, de la manière douce et précise avec laquelle elle collecte la parole des habitants, sous forme de cartes où elle note ce qui lui est confié, et tout de suite, je me dis – je lui dis – que plutôt que de m’expliquer, ce serait plus simple si elle me faisait ma carte à moi. Que je comprendrai plus vite, et que je raconterai mieux. Alors voilà, elle déroule de grandes feuilles de papier, du blanc, du gris, du calque, sur ma table en verre. On voit nos pieds dessous, tandis que les contours de la rade apparaissent,, lorsqu’elle me propose de choisir une carte vierge. Je prends une feuille grise.

Kizzy déverse sur la table ses feutres – des Poscas – de toutes les couleurs et toutes les tailles, qui cliquètent sur le plateau de verre. Lorsqu’elle « collecte », elle prend les notes directement sur la carte. Nous discutons de manière ouverte, facile, et de temps à autre elle me recadre gentiment en me posant des questions ciblées, comme « Quand je dis « rade de Lorient », quelle est la première image qui te vient ? ». Ce à quoi je réponds que je me rends compte de l’identité de cette zone en la voyant dessinée juste par ses contours, et que j’y vois des racines ou des rhizomes filant vers les terres : Ter, Scorff, Blavet et Petite mer de Gâvres, bras de mer parfaitement protégés par Groix. Elle le note en orange.

Lorsqu’elle me demande « Quelles sont les limites de la rade ? » je réalise qu’elle est bien plus étendue que je ne l’aurais dit de prime abord. En y réfléchissant, je la vois double : la petite rade, celle qui prend Lorient dans ses bras, et la grande, qui s’aventure jusqu’à la pointe de Gâvres et s’enfonce dans les terres par Scorff et Blavet. Alors Kizzy trace en pointillés précautionneux les limites de la petite rade en vert, et celles de la grande en rose.

La question que je trouve la plus intéressante, c’est « Comment vois-tu la rade dans dix ans, cent ans, dix mille ans ? », parce que là, on peut s’amuser, et imaginer un archipel à la Damasio, comme dans « Les Furtifs » : des habitats légers reliés par des passerelles aériennes, des ponts de singe, des tyroliennes, des fermes marines, le partage des zones naturelles avec les espèces animales revenues. Une symbiose de l’homme avec la nature, les arbres, les plantes, et l’eau. Kizzy elle dessine mes élucubrations en jaune avec des sortes de tiges qui font comme des graminées.

Je me rends compte que la rade, finalement, on passe notre temps à la franchir ou la contourner. Qu’elle conditionne nos déplacements. Qu’il y a toujours un pont ou un bateau pour nous permettre de la traverser et que souvent, nous nous perdons dans ses contours. Qu’on vit dans cette nasse bienveillante et que c’est elle qui donne son identité à Lorient, plus que la ville en elle-même. Kizzy écrit tout ça en bleu métallisé.
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Kizzy c’est ki ?

Graphiste, communicante, photographe, organisatrice d’évènementiel : « Avec mon studio créatif Commlab, je réalise des parcours de mise en valeur d'espaces naturels, notamment pour le Conservatoire du littoral. J'ai créé Îlots.org pour aider les entreprises qui souhaitent s'engager pour la préservation de la biodiversité à créer des projets communs avec les gestionnaires d'espaces naturels. ». Pour le projet, Kizzy s’est formée aux techniques de cartographie.

Les cibles de Kizzy

Toi et moi. Ceux qui ont un rapport de près ou de loin avec la rade, affectif ou quotidien, économique ou artistique. « Les gens que je rencontre dans la vie, dans des manifestations, de manière aléatoire, parfois sous forme d’ateliers ». En tout une centaine d’ateliers. Et des experts. Historien·ne, guide, urbaniste… Une dizaine au total. Le collectage s’arrête fin 2022.

Les questions de Kizzy

Elles sont tellement délicieuses qu’on peut s’amuser à se les poser pour soi, pour le plaisir, et la réflexion. En voici quelques-unes…

• Où commence et où s’arrête la Rade de Lorient ?
• Les 2 rivières font-elles parties de la rade ? Et l’île de Groix ?
• Si vous regardiez la Rade de Lorient vue d’en haut, qu’est-ce-que vous diriez?
• Si vous pouviez renommer la Rade de Lorient , comment aimeriez-vous l’appeler ?
• Quelle est cette île au milieu de la rade ?
• Où allez-vous pour voir la mer ?
• Où est la mer à Lorient ?
• Connaissez-vous d’autres rades en France, dans le monde ?
• Que signifie le mot rade ?
• Si vous aviez quelque chose à dire aux habitants de la Rade de Lorient, que diriez-vous ?
• Combien de fois par jour regardez-vous le ciel ? (Notre question préférée)
• Si la Rade de Lorient avait un blason, ce serait quoi ?

L’aventure de l'atlas

Elle a commencé en 2017, s’est arrêtée puis a repris, avec des collectages dans des manifestations comme la Fête du port de Locmiquélic, Lorient Océan, ou les Aventuriers de la mer. « L’idée, à présent, c’est de faire une édition, un atlas subjectif et citoyen de la rade, en reprenant et détournant les codes des atlas encyclopédiques, avec des photos, des infographies, des notes, des mesures, mais de manière artistique et libre, avec des données sensibles, des émotions, des projections, de la mémoire et de la prospective imaginaire… ». Les données collectées sur les différentes cartes seront regroupées par thématiques et feront « émerger des représentations cartographiques, dans un mélange de réel et de documentaire, en m’autorisant par exemple à grossir les sites importants, sans respecter l’échelle… L’idée, ce n’est pas de faire un recueil émotionnel, mais de faire ressortir l’identité d’un territoire. Comprendre comment les habitants voient la rade, la vivent au quotidien, l’imaginent, la relient au monde ». En 2023, lorsque toutes les données auront été compilées et classées, une souscription sera lancée pour une sortie en 2024. Un objet en soi, avec « un travail de papier teinté à déplier et replier, avec des choses à détacher. Un objet singulier qui dise la spécificité de cet endroit d’une façon singulière ».
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Les prochains ateliers

Si vous avez envie de jouer avec Kizzy et ses Poscas, en répondant à ses questions, vous pouvez la retrouver en septembre ici et là :

• Jeudi 15 septembre après-midi au sein du Campement artistique littoral à Pen Mané (Locmiquélic)

• Week-end du 24/25 septembre au Fort de Pen Mané (Locmiquélic) à l’occasion de Rad’Art.
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Guerre, de Louis-Ferdinand Céline

Une chronique de Morgane Thomas

J’ignore si cela vous parle mais un petit classique à se mettre sous la peau de temps en temps, ça dresse les poils au garde à vous. Je sais qu’il est mal venu de parler de poilus en pleine saison estivale, que les esthéticiennes me pardonnent… Alors, je vous ai dégotté pour la fin d’été un petit auteur discret qui n’a créé aucune polémique Victor ;)
Louis-Ferdinand Céline a égaré, à regret, un écrit proche du récit autobiographique, en pleine deuxième guerre.

Le bourdonnement du port de Lorient dans l’oreille et Céline à la main, il a fallu que je m’arrache plusieurs fois à la lecture pour aller au turbin. De la crudité à la cruauté, mes orbites roulaient sur les mots. Dans les transports, la crainte que quelqu’un lorgne au-dessus de mon épaule m’envahissait lorsque jaillissait des lignes une subite sexualité sordide. La jouissance, de lire du Louis-Ferdinand, nous fait tomber de la douleur à l’horreur, de l’extrême compassion à l’abjecte sensation. Ce livre est comme une ultime onction, une huile sur le feu Céline. Il renferme un homme qui souffre sur les braises, entre les plis argotiques de la guerre.

Percuté au milieu d’une pâture de bataille, sonné dans le corps par des éclats de l’Autre guerre, Ferdinand est cueilli par un Anglais qui le dépose dans un dispensaire. Un bouquet d’estropiés et de grabataires jonche l’endroit. Le suffoquement des chairs suinte, alors que le pollen sadique de l’infirmière flotte encore dans l’air. L’insensé bourdonne à l’oreille mutilée, il fredonne un chant de bataille, une litanie de douleurs acides. L’insécurité officie, ici, en ce lieu de soins dénué de toute affection. Sous l’égide menaçante de la délation et de la sanction militaire, le but ultime du séjour serait de tenter une survie. Dans cet endroit vicié et gravement blessé, l’infamie des hommes et des femmes pourrissent la moindre once d’humanité qui pourrait y pousser.

Les feuillets de Guerre ont été remis à la famille de Céline et viennent d’être publiés par la Nouvelle Revue Française. Il serait le deuxième ouvrage d’une trilogie, Enfance est le premier roman et Londres devrait lui succéder.

Éditions Gallimard, 184 pages, 19 €
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Image ©Getty

Le point de vue de la rédaction. Isabelle Nivet.

Pour moi, publier un·e auteur·e post mortem est le plus grand acte de profanation qui soit. Le summum de l’horreur. Comme être frappé d’un locked-in syndrome et voir s’imprimer ses propres mots sans avoir la possibilité de modifier quoi que ce soit. Ce qui n'enlève rien, très égoïstement, au plaisir du lecteur, ceci dit...
eva en oaut

Eva en août

Et on finit par un petit mot pour vous informer que ce délicieux petit film dont nous vous avions parlé l'été dernier, "Eva en août" est disponible sur arte.fr, où vous pourrez vous en régaler. Installez-vous dans votre canapé avec une bière fraîche ou une menthe à l'eau dans laquelle tintent les glaçons, c'est un film d'été à voir en maillot de bain...
mood

Et aussi...

En grattant sur le site d'arte, on se rend compte qu'outre un cycle des frères Dardenne, il y a tout plein de films à voir ou revoir, dont deux mythiques, "Jamon Jamon" avec Penelope Cruz, et le sublimissssssssime "In the mood for love". Mais quelle chance que la pluie arrive !