Les sorties culturelles du Morbihan

N° 437 - 13 février 2025

chamfort
Alain Chamfort
Un rendez-vous privilĂ©giĂ© : un spectacle qui rĂ©unit les grandes chansons de sa carriĂšre, dans lequel il se livrera au jeu d’une interview en direct. Sur scĂšne, accompagnĂ© de son pianiste et de sa complice de toujours, la chanteuse et animatrice franco-amĂ©ricaine Valli, il partagera les anecdotes et grands moments de sa vie professionnelle : son dĂ©marrage de carriĂšre comme musicien au cĂŽtĂ© de Jacques Dutronc, ses dĂ©buts de chanteur avec Claude François, les annĂ©es Gainsbourg, la naissance de ses chansons, les rencontres qui ont marquĂ© sa vie, les succĂšs, les dĂ©boires.
Entre confidences et piano, ce rendez-vous inĂ©dit remettra en lumiĂšre les chansons de son rĂ©pertoire et d’autres pĂ©pites, moins connues, qui Ă©maillent les albums de sa carriĂšre.
> Ven 28 fév à 20h30, Les Arcs, Quéven
petits formats
Biennale Petits formats
Si une Ɠuvre de grand format attire l’Ɠil par sa monumentalitĂ© et marque immĂ©diatement l'esprit, une Ɠuvre de petit format incite le visiteur Ă  s'approcher pour mieux la dĂ©couvrir. Ainsi s’installe une intimitĂ© avec le spectateur, contraint d’y plonger pour la regarder .
Les artistes présents à la biennale 2025 des petits formats de la société Lorientaise des beaux-arts ont accepté la contrainte du format 45x35 maximum.
Une sĂ©lection d’oeuvres variĂ©es créées par des artistes du territoire aux univers trĂšs diffĂ©rents.
> Du dim 16 fév au dim 23 fév, Palais des congrÚs, Lorient.
coups de coeur
a complete unknown
On a vu « A complete unknown » (Un parfait inconnu), formule extraite de « Like a rolling stone » : « Like a complete unknown, like a rolling stone », sans doute l’une des chansons les plus connues de Bob Dylan.

Un film Ă  voir, plus qu’un autre, absolument en VO, pour goĂ»ter le travail de rĂ©interprĂ©tation fait par TimothĂ©e Chalamet, qui ne tente pas d’ĂȘtre Bob Dylan, mais qui en propose une version assez emballante. (Le choix d’une icĂŽne actuelle reste malin, pour amener les plus jeunes Ă  dĂ©couvrir un chanteur que probablement, ils ne connaissent pas). Dans le sens oĂč on ne sort pas bluffĂ©e par la performance, mais sĂ©duite par son interprĂ©tation, oĂč il incarne tout en restant lui-mĂȘme. On ne se dit pas « C’EST Bob Dylan », on se dit « C’est UN Bob Dylan ». Chalamet a chopĂ© la voix, parlĂ©e ET chantĂ©e (et c’est pas mauvais du tout), il s’empare des guitares de maniĂšre assez convaincante. Convaincante aussi, sa dĂ©marche, ses yeux baissĂ©s et ternes, la raretĂ© de ses sourires, mĂȘme si Chalamet est beaucoup plus mignon que Dylan.

CĂŽtĂ© interprĂ©tation, on a donc droit Ă  un beau travail, le sien en tĂȘte, mais aussi celui de Elle Fanning (Somewhere, The Great
) et sa bouille rose ; de Monica Barbaro, qui compose une Joan Baez un peu plus jolie (trop peut-ĂȘtre) que l’originale, et surtout Edward Norton, recrĂ©ant un Pete Seeger attachant, garant des valeurs de la Folk.
Du cĂŽtĂ© des images, on se laisse aller dans une version esthĂ©tisĂ©e et agrĂ©able des annĂ©es 60 Ă  Greenwich Village, teintĂ©e d’un brin de mĂ©lancolie, et on plonge dans cette histoire bien racontĂ©e, celle de ce parfait inconnu venu du Minnesota, et qui, Ă  19 ans, en quelques mois, devient l’une des plus grandes figures du folk puis du rock amĂ©ricain. Bonnes rencontres, reconnaissance, dĂ©marrage d’une carriĂšre, l’histoire file, comme un conte de fĂ©es, on la suit avec plaisir comme on se plonge dans un roman.
Le film se concentre sur la pĂ©riode 1961-1965, et l’explosion de Dylan, mais c’est surtout sur sa personnalitĂ©, dĂ©jĂ  formĂ©e, que se penche James Mangold, qui, dĂ©cidĂ©ment, aime les biopics classiques, aprĂšs « Walk the line », consacrĂ© Ă  Johnny Cash. C’est cette personnalitĂ©, montrĂ©e comme elle est, celle d’un homme attachĂ© Ă  ses dĂ©cisions, indĂ©pendant, intransigeant, plutĂŽt autocentrĂ©, ne cherchant pas Ă  se faire aimer, mais catalysant la fascination de millions d’ĂȘtres humains, au-delĂ  de la fan-attitude. Sans doute le poĂšte le plus cĂ©lĂšbre de l’histoire.
> [La bande annonce ICI]
> Les séances au Cinéville Lorient
L’armĂ©e des romantiques
On vous signale une jolie sĂ©rie qui charmera tout le monde, et pas seulement les profs de lettres ou les bibliothĂ©caires (mĂȘme si, oui, leurs petits cƓurs vont s’émouvoir). C’est de l’animation, avec un trĂšs beau traitement graphique. « L’armĂ©e des romantiques » est signĂ©e par AmĂ©lie Harrault, CĂ©line RontĂ© et ValĂ©rie Loiseleux, commence comme une histoire, Ă  Paris en 1827, et se dĂ©guste comme une gourmandise.


L’angle, intĂ©ressant, a Ă©tĂ© de ne pas se concentrer uniquement sur la littĂ©rature, mais sur toutes les disciplines artistiques qui ont Ă©tĂ© impactĂ©es par ce mouvement, en rĂ©action contre le classicisme acadĂ©mique. Vont apparaĂźtre progressivement Victor Hugo, Alexandre Dumas, HonorĂ© de Balzac, GĂ©rard de Nerval, George Sand, ThĂ©ophile Gautier, Charles Baudelaire, Alfred de Musset, Gustave Flaubert
 Mais aussi EugĂšne Delacroix, Hector Berlioz, HonorĂ© Daumier, Gustave Courbet, FrĂ©dĂ©ric Chopin, Edouard Manet, Nadar

Avec CĂ©cile de France en voix off, il y a de la gourmandise dans l’air, mĂȘme si le ton et les inflexions ont Ă©tĂ© travaillĂ©es dans une forme trĂšs classique de documentaire, dans lequel on n’apprend pas forcĂ©ment grand-chose, mais qui – et c’est surtout ça qui est intĂ©ressant – s’inscrit dans un contexte historique et montre des individualitĂ©s au sein d’un mouvement de fond dans les arts du 19e siĂšcle. Des personnalitĂ©s engagĂ©es, militantes, des voix qui ont influencĂ© la sociĂ©tĂ© tout autant politiquement qu’artistiquement.
> Regarder sur arte ICI
L'art de manifester
En l’absence de GĂ©raldine, en vacances cette semaine, je saute sur le crĂ©neau militant, et je vous propose un numĂ©ro de Tracks consacrĂ© Ă  l’art de manifester. Un doc qui tilte pas mal avec mes interrogations. Depuis toujours, si je comprends le sens profond de partage, renforcement et rassurement des manifestations, je trouve que leur forme, toujours identique, codifiĂ©e, ne me donne pas envie de m’y intĂ©grer, et j’ai l’impression de voir toujours les mĂȘmes "cĂ©rĂ©monies".

Or, partout dans le monde, des artistes ont dĂ©veloppĂ© des approches diffĂ©rentes, plus proches de la performance, susceptibles d’attirer et rallier davantage de gens en faisant rimer militantisme et crĂ©ativitĂ©, et peut-ĂȘtre, de rendre la prise de conscience plus facile en passant par la musique ou la danse. VoilĂ , ça dure 16 minutes, et si ça donne une idĂ©e Ă  une seule personne parmi vous, ce sera dĂ©jĂ  chouette !
> Regarder sur arte ICI
Une journée à Brest
J’ai une passion pour Brest. Brest, c’est la ville oĂč je me sens chez moi, et j’aime sa tronche rude qui revendique son caractĂšre. J’y trouve toujours des choses Ă  faire (certains Brestois me diront peut-ĂȘtre : « parce que tu n’y vas pas souvent ! »), et je vous raconte un chouette samedi Ă  Brest, entre dĂ©couvertes et classiques.

Le marché Saint-Martin, dans et autour des Halles Saint-Martin, avec ses déballeurs. Pas trÚs grand, mais sympa et pas prétentieux, on peut y chiner de la brocante ou des sapes pas chÚres.
Bilan : un pain des Abers Ă  La Maison du Boulanger.

Le cimetiĂšre Saint-Martin, magnifique dĂ©cor pour AdĂšle Blanc-Sec ou Tim Burton. Tombes effondrĂ©es, chapelles arrogantes couvertes de mousse, columbarium Ă  dĂŽme, mausolĂ©es baroques, le lieu surplombe la rade, s’y promener sous la bruine, c’est un moment Ă©trange et cinĂ©matographique, oĂč on s'attend Ă  chaque instant Ă  voir Tanguy Viel dĂ©poser un pot de fleurs sur une tombe .
Bilan : Pas mal d’humiditĂ© dans les cheveux

Ne hurlez pas, mais si vous mettez de cĂŽtĂ© vos convictions et oubliez oĂč c’est fabriquĂ© et comment, ben, y a un Primark Ă  Brest, et j’ai beau faire, je reste sur ma dĂ©couverte de Primark Ă  Londres au dĂ©but des annĂ©es 2000, et mon cƓur d’acheteuse compulsive se met Ă  battre.
Bilan : une 54e chemise Ă  carreaux Ă  5 € et un petit sentiment de culpabilitĂ©.

La maison du stylo, un magasin qui vend tout pour Ă©crire ou dessiner, et c’est si difficile de trouver de bon outils et des gens qui s’y connaissent pour vous comprendre ou vous conseiller, que c’est une adresse Ă  retenir.
Bilan : un mini stylo-plume Kaweco dont le bouchon se fiche au bout pour l’allonger. A peine plus grand qu’une cigarette quand il est fermĂ©. On choisit sa plume, on choisit cartouche ou pompe, un super outil.

Kuuutch, un atelier galerie dĂ©diĂ© Ă  la sĂ©rigraphie, la risographie, les petites Ă©ditions, les fanzines
 IndĂ© et pointu, un lieu « habitĂ© ».
Bilan : des cartes postales en sérigraphie
La PAM, en plein cƓur de Brest, cette ancienne imprimerie avait dĂ©jĂ  une sacrĂ©e gueule avec son hall d’entrĂ©e tout rond, ses mosaĂŻques art dĂ©co, ses escaliers Ă©lĂ©gants. TransformĂ©e en tiers-lieux, on s'y sent bien, l'occupation s'est faite sans perdre l'Ăąme tout en Ă©tant joyeuse et crĂ©ative, en travaillant sur l'esprit typo et graphique. On peut y faire plein de choses : des expos, des ateliers, de la danse, des Ă©vĂšnements, ou tout simplement mater le matos de l’imprimerie, qui a Ă©tĂ© conservĂ©. Une « food street » intĂ©rieure abrite plusieurs cabanes Ă  bouffe, depuis les plats vĂ©gĂ©s jusqu’aux (trĂšs bons) smashed burgers. Et une super boulangerie bio « Le four de Babel », fabrique et cuit sur place un excellent pain. Le site de la PAM ici.
Bilan : Un fondant au chocolat formidable avec mon café
Le Comoedia
Un ancien théùtre, puis cinĂ©ma, et aujourd’hui galerie d’art, rĂ©novĂ© en 2019 avec un goĂ»t affutĂ©, on tombe Ă  la renverse quand on pousse ses trĂšs belles portes d’entrĂ©e arrondies. Pur annĂ©es 40 et esprit art-dĂ©co, c’est une merveille architecturale, par ses proportions, Ă  la fois modestes et spectaculaires. La rĂ©novation a jouĂ© sur le blanc, l’or et le bois, mixant Ă©lĂ©ments contemporains trĂšs Ă©purĂ©s, et sophistication des Ă©lĂ©ments de dĂ©cor tapissĂ©s Ă  la feuille d’or. Plafond dĂ©lirant couvert de sculptures, moulures Ă©lĂ©gantes, bas-reliefs. On peut accĂ©der par le haut ou le bas Ă  la salle d’exposition, mais je vous conseille de passer par le haut, ça vous coupera davantage le souffle.

C’est l’ancienne salle de spectacle dĂ©barrassĂ©e de ses siĂšges qui abrite les expositions.
(ƒuvre de la reconstruction, ce théùtre Ă  l’italienne est signĂ© par l’architecte Michel Ouchacoff et l’artiste Jean-RenĂ© Debarre pour les fresques. Il est restĂ© fermĂ© de 1991 Ă  2019)

Jusqu’au 29 mars, la galerie propose une chouette expo intitulĂ©e « Hip-Hop, un regard sur son histoire et ses scĂšnes » avec un angle original, mĂȘlant l’histoire du mouvement sous tous ses aspects (musique, art, danse, mode, philosophie), avec des Ɠuvres contemporaines de nombreux artistes. TrĂšs documentĂ©e, avec des cartels bien Ă©crits et intĂ©ressants Ă  lire, on peut y passer un bon moment
( archives et objets rares : photographies culte de Martha Cooper, tenues des années 80 de la collection du graffiti artiste Comer OBK et aussi Blade, Christian Legier, Wen2, Tom Geleb, Wassem Sahimi, Mélanie Bourget, TkX photography, Réso, Tarek, Katre, Diksa, Tcheko, Lady K, Fred Ebami)
Au programme Ă©galement des visites guidĂ©es par les artistes, des performances interactives, des confĂ©rences dansĂ©es, des DJ mix set
 Plus d’infos ICI
Bilan : Beaucoup de Ohhhh et de Aaaahhh

Vous ĂȘtes organisateur de spectacles ? N'oubliez pas de publier vos Ă©vĂšnements dans l'agenda de Sorties de secours. Gratuit, avec ou sans crĂ©ation de compte, il vous permet de figurer chaque semaine dans le magazine que vous tenez entre les mains ! Clic ici