Les sorties culturelles du Morbihan

N° 431 - 2 janvier 2025

Pourquoi les poules
Pourquoi les poules...
Le professeur Rouger, directeur de l’école d’agriculture ambulante, aborde les questions des droits de la poule et des conditions de vie de l’Ɠuf. Mais pourquoi donc les poules ressentent-elles le besoin de se coller les unes aux autres, dans des conditions qui paraissent pourtant peu enviables ?
Entre informations scientifiques et propos plus discutables, poule mouillĂ©e et chair de poule, cette pseudo confĂ©rence investit Ă  la fois le champ de l’absurde et de la mĂ©taphysique pour reflĂ©ter par un regard aigu et dĂ©calĂ© des problĂ©matiques trĂšs actuelles
 Fous-rires garantis !
> Dim 12 jan Ă  17h, L'Hermine, Sarzeau


[Voir un extrait ICI]
theatre du soleil
Ariane Mnouchkine et le Théùtre du Soleil
Je n’avais pas prĂ©vu d’écrire cette semaine, et puis je me suis rendu compte que j’avais des places Ă  vous faire gagner, qu’un numĂ©ro devait donc paraĂźtre ce jeudi
 Aussi ai-je dĂ©cidĂ© de partager avec vous une expĂ©rience que, peut-ĂȘtre, j’aurais vĂ©cue plus tĂŽt si quelqu’un m’en avait parlĂ© avec autant de dĂ©tails que ceux que je m’apprĂȘte Ă  vous donner.
Ce samedi j’ai dĂ©cidĂ© d’aller Ă  la Cartoucherie, voir enfin un spectacle d’Ariane Mnouchkine et du Théùtre du soleil. Et quand je parle d’expĂ©rience il s’agit bien de cela. Dans le bus de retour trois dames parlaient de « voyage ». Je suis assez d’accord avec le terme. Un voyage de presqu’une journĂ©e, dans un ailleurs indĂ©finissable mais aussi dĂ©paysant qu’un week-end dans un pays que l’on ne connait pas mais qui rĂ©sonne avec nos lectures, nos voyages, notre histoire

La liste d'attente
RĂ©server une place au Théùtre du soleil ne se fait pas comme au Palais Garnier ou au Zenith. Pas d’internet, pas de ticket truc ou billet bidule. Un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone avec des vraies personnes au bout, pas de diĂšse ou d’étoile Ă  taper. Mais pas de rĂ©servation possible avant fĂ©vrier. Sauf que moi je veux y aller demain, pas dans deux mois. Et Ă  la toute fin de la conversation – car c’est une conversation – la voix amicale me souffle – oui, c’est dit dans un souffle - qu’il est possible de venir le jour mĂȘme deux heures avant, et de s’inscrire sur une liste d’attente (dont il n’est fait aucune mention sur le site internet). Et que la plupart du temps, les courageux candidats sont rĂ©compensĂ©s de leur patience. On dĂ©cide de tenter.
La 1 nous dĂ©pose Ă  son terminus, ChĂąteau de Vincennes, oĂč l’on peut choisir de prendre un bus, une navette ou de contourner Ă  pied le Parc floral et longer le bois de Vincennes. Vingt minutes de marche dans un froid glacial et l’entrĂ©e de la Cartoucherie, en petites lettres lumineuses, comme l’entrĂ©e d’une fĂȘte foraine du siĂšcle dernier. A partir de lĂ  commence une sorte d’aventure oĂč l’on comprend trĂšs vite que personne ne va nous mĂącher le travail. Presqu’au contraire. L’impression d’ĂȘtre un mouton stupide houspillĂ© par des chiens de berger qui n’ont pas de temps Ă  perdre. Mais il y a aussi des gens trĂšs gentils : la compatissante blondinette Ă  la caisse, le cosaque Ă  toque de fourrure qui nous dira, Ă  la fin « Ah, je suis bien content que vous ayez rĂ©ussi Ă  entrer ! » 
theatre du soleil
C’est le principe du lieu : des codes, des circuits, des Ă©tapes, des habitudes, dĂ©voilĂ©es partiellement, qui plongent le visiteur dans une forme d’insĂ©curitĂ© finalement assez plaisante, comme lorsqu’on se retrouve dans un pays Ă©tranger oĂč on dĂ©couvre progressivement une façon de vivre, de se dĂ©placer, de manger... Pas de flĂ©chage, surtout pas de cartels explicatifs, il faut gagner son sĂ©same en grapillant ici et lĂ  des informations rĂ©vĂ©lĂ©es du bout des lĂšvres, ou rĂ©cupĂ©rĂ©es auprĂšs d’autres spectateurs, mais pas tant que ça. On voit bien qu’il y a les Ă©lus, ceux qui ont un billet, et les autres, dont le nombre grandissant nous inquiĂšte un peu sur le rĂ©sultat final. Rentrerons-nous ou pas ? Le personnel du théùtre envoie des signaux contradictoires « N’y comptez pas trop, en ce moment il y a beaucoup de monde »  « On viendra vous chercher vingt minutes avant, peut-ĂȘtre cinq minutes avant, ou peut-ĂȘtre pas »  « Ne faites pas la queue »  « Allez vous mettre au chaud » « Ne regardez pas le tableau, ça ne sert Ă  rien ».
Le tableau d'affichage
Le tableau, c’est un peu le symbole du Théùtre du soleil. Artisanal, humain, malin. A chaque reprĂ©sentation, deux grandes plaques sont accrochĂ©es Ă  cĂŽtĂ© de la porte, sur lesquelles est imprimĂ© un plan de la salle. AprĂšs avoir rĂ©cupĂ©rĂ© leur ticket d’entrĂ©e Ă  la billetterie, les spectateurs choisissent leur place. Les maĂźtresses de cĂ©rĂ©monie dĂ©collent le papillon correspondant et le collent sur le billet. Les « meilleures » places reviennent donc Ă  ceux qui sont arrivĂ©s les premiers. La nique aux rĂ©servations internet ou aux abonnements pris Ă  l’avance. S’investir en Ă©tant lĂ  trĂšs en avance est rĂ©compensĂ©.
theatre du soleil
Arriver Ă  la Cartoucherie, c’est le dĂ©but de l’aventure : le lieu est hors du temps, hors de toute connotation gĂ©ographique. On pourrait ĂȘtre en Lettonie, en Allemagne, en France ou Ă  Moscou. Des roulottes. Dans des bidons brĂ»le un feu oĂč chacun se rĂ©chauffe les mains, accrochant Ă  son manteau une odeur de fumĂ©e pour la journĂ©e. Pour s’inscrire sur la fameuse liste, une salle d’attente qui est dĂ©jĂ  un dĂ©cor, oĂč il est facile d’imaginer les fantĂŽmes des guerres, les bureaux de renseignements, les dĂ©parts des conscrits, les femmes se pressant pour avoir des nouvelles du front, des retours des camps. C’est lĂ  qu’on viendra nous chercher, peut-ĂȘtre, s’il reste des places non attribuĂ©es quelques minutes avant le dĂ©but du spectacle. Presqu’un symbole.
theatre du soleil
En attendant, nous avons comme les autres le droit – et presque le devoir – de rentrer dans le restaurant. A l’entrĂ©e il faut juste prĂ©ciser – comme un secret un peu honteux – qu’on est sur la liste d’attente. On fait alors, une fois cette Ă©tape passĂ©e, presque partie des Ă©lus, on se fond dans leur masse calme et joyeuse. Si on avait eu un billet ce serait Ariane elle-mĂȘme qui l’aurait dĂ©chirĂ© ce billet. Car elle est lĂ , comme souvent, sa couronne de cheveux blancs accueillant le public. Emotion.
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DerriĂšre le rideau,
il y a une trĂšs grande salle Ă©clairĂ©e magnifiquement par des suspensions trĂšs basses, juste au-dessus des tables, comme dans une salle de lecture. C’est doux et chaud. C’est d’un calme hallucinant. Il y a ce sentiment trĂšs fort d’avoir de la chance d’ĂȘtre lĂ . Une foule se presse le long d’un immense comptoir et on se dit « Ohlala, ça va ĂȘtre la cohue, il va falloir attendre des heures » et non, comme tout ce qui se passe ici, c’est fluide, facile, sans rush, sans le moindre signe d’agacement ou de stress, en quelques minutes on se retrouve avec un plateau, des pirojkis et deux bortschs. DerriĂšre le comptoir, ce sont les acteurs qui servent, en costumes de cuisiniĂšres et marmitons russes, visages tendrement Ă©clairĂ©s par la lumiĂšre orangĂ©e, maquillage de scĂšne dĂ©jĂ , pour certains, bonnets de cuisine, chĂąle Ă  fleurs. Ils se glissent sans heurts, sages, calmes comme des danseurs de tai chi, leurs visages sont dĂ©jĂ  en scĂšne, dĂ©jĂ  en jeu. C’est dĂ©jĂ  tellement beau. J’ai encore en tĂȘte l’image de cette femme qui prĂ©lĂšve la crĂšme fraĂźche dans un saladier, avec deux cuillĂšres, comme si elle prenait un oiseau dans ses mains, pour la verser tendrement dans chaque assiette de bortsch.
theatre du soleil
theatre du soleil
Au fond de la salle une carte de la Russie en couleur ocre, car oui, le dĂ©cor change Ă  chaque spectacle. « Ici sont les Dragons » c’est la premiĂšre partie d’une fresque historique mettant en scĂšne la naissance du bolchevisme, en Ă©cho Ă  la guerre en Ukraine et la dictature de Poutine. La guerre de 14-18, la rĂ©volution bolchevique, constituent donc le socle du spectacle avec les figures de LĂ©nine, Trotski, Staline, Churchill
 Mais si le travail de documentation et de synthĂšse est Ă©norme, c’est bien sĂ»r cette mise en scĂšne qui Ă©poustoufle et coupe le souffle, pour qui voit pour la premiĂšre fois un spectacle de Mnouchkine : un théùtre immense (au sens propre) vivant, visuel, poĂ©tique, cinĂ©matographique, inventif. Un théùtre partiellement Ă  vue, coulisses ouvertes. C’est beau, c’est fort, ça bouge dans tous les sens sans cacophonie, c’est plein de remises en question, d’idĂ©es, de recherche, de sens (pas un seul effet n’est en scĂšne pour faire effet, tout raconte quelque chose, de maniĂšre subtile, non dĂ©monstrative) et finalement, je suis contente de ne pas avoir commencĂ© ma carriĂšre de journaliste avec ce théùtre lĂ  en rĂ©fĂ©rence, parce qu’il me parait difficile de s’enthousiasmer pour une mise en scĂšne aprĂšs avoir vu ça

theatre du soleil
Lorsque l’on sort de la salle la nuit est bien sĂ»r tombĂ©e. Les gens restent longtemps, comme nous, hĂ©sitant Ă  quitter cet autre monde, trainant dans la salle (qui n’a pas de portes, tout communique) scrutant les loges depuis le haut des escaliers, regardant les dernier·es comĂ©dien·nes se dĂ©maquiller par une fenĂȘtre dĂ©coupĂ©e dans un rideau, feuilletant des bouquins Ă  la librairie, fumant une derniĂšre cigarette, buvant un eniĂšme thĂ© Ă  l’orge. Il est plus de 18h, nous sommes arrivĂ©s Ă  13h. Dans le bus, il y a ce mĂȘme calme et cette femme qui parle de voyage. Vincennes, ligne 1 et retour. Faites-le au moins une fois dans votre vie.
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saglio
Etienne Saglio
"Vers les MĂ©tamorphoses", c'est le nouveau spectacle d'Etienne Saglio, qu'on aime beaucoup pour ses spectacles dits de "magie". Nous, on dirait plutĂŽt des spectacles magiques, oĂč les images qui se forment - on ne sait jamais trop comment - nous Ă©merveillent souvent. Cette fois, la poĂ©sie de Saglio devient un petit peu plus graphique, avec du carton et du dessin Ă  la maniĂšre de Jean Jullien, des ailes de papier blanches et un visage dessinĂ© sur un carton. CachĂ© derriĂšre son masque multicolore, il va partir Ă  la rencontre de celui qui pourrait ĂȘtre lui. Sur son chemin, il croise un chien, un gĂ©ant, son double miniature, se transforme en oiseau pour voler Ă  tire d’aile...
> Jeu 9 et ven 10 jan Ă  20h, ScĂšnes du Golfe, Vannes

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