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Un mémo spécial sans contact
Bim. Annulation de tous les spectacles de la quinzaine.
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Au moment où on s’apprêtait à accueillir votre retour en frétillant,
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nous voici presque confrontée à un chômage technique.
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Quel conseil vous donner, que vous puissiez suivre sans vous être lavé les mains trois fois ?
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Bah, une série, bien sûr. On vous avait dit qu’on vous reparlerait de « Years and years »,
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c’est le moment idéal pour le faire.
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« Years and years » c’est d’abord — ou aussi — une série chorale.
Pas plus d’une douzaine de personnages, la famille Lyons, composée d’une grand-mère, ses quatre petits-enfants et ses arrières petits-enfants. Finement dessinés, ces gens là ne sont ni bons ni mauvais, avec de vraies faiblesses et de grandes forces, ils font des conneries, des trucs pas nets, ils ont des accès de bonté, ils font des gestes formidables, parfois mesquins, parfois généreux, comme nous. Et on s’y attache, forcément.
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Quelques pièces rapportées complètent le tableau, ainsi qu’une politicienne, Vivienne Rook, incarnée avec un culot époustouflant par Emma Thompson,
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qu’on avait jusqu’ici jamais eu envie de détester comme ça.
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On est à Manchester, aujourd’hui,
et les six épisodes de la série vont voyager jusqu’aux années 2030.
La force de la série est de nous faire traverser un avenir aussi flippant que réaliste, par les yeux et le quotidien de cette famille. Et c’est glaçant. Tout les événements nationaux et internationaux qui adviennent durant la série, nous les vivons à travers les Lyons, autrement dit nous : pendant leurs réunions de famille, leurs appels téléphoniques, leurs problèmes de boulot…
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Bien plus flippante que la cultissime « Black mirror »
... la série partage néanmoins un certain nombre de points commun avec cette dernière, cette légère anticipation de l’évolution des technologies, totalement possible et réaliste. Mais là où elle va beaucoup plus loin, c’est dans son aspect politique, puisqu’elle nous montre grandeur nature les possibles conséquences de la montée du populisme, avec le personnage épouvantable de Vivienne Rook, et son parti, le "Four stars" (des étoiles également utilisées dans sa phrase réponse à tout "I don't give a ****") dont le seul argument est de dire tout haut ce qu’elle imagine être pensé tout bas par la population. Sans limites, sans tabous, Vivienne Rook ose tout, à la manière d’un Trump au féminin. Un personnage absolument gerbant, joué avec une jubilation peut-être un poil trop évidente par Emma Thompson, dont les décisions ne nous paraissent absolument pas relever de la science-fiction. On est à un cheveu de ce qui nous pend au nez, et on est pile dans ce qui existe déjà ailleurs : nationalisme, protectionnisme, xénophobie, homophobie, immigration, violences, contrôle des populations…
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Fondamentalement noire, la série se regarde pourtant plutôt facilement
... grâce à son ancrage dans cette famille qui nous rappelle que les liens humains font partie des choses les plus importantes de la vie.
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Pour nous, une des séries majeures du moment, malgré un final un peu tiré par les cheveux.
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