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N° 276 - SEMAINE DU 23 AU 29 SEPTEMBRE 2021

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Mais ohlala, quel beau plateau pour cette ouverture de saison : trois/quatre femmes puissantes, pour détourner le titre de Marie NDiaye. Sur le parvis du Dôme, trois artistes que vous aimez beaucoup, vous nous l'avez souvent dit.

Leonor Canales, de la compagnie A petit pas, soutenue par les Brestois du Fourneau et de la Maison de Théâtre, a monté à vif, en sortie de confinement, courte pièce de théâtre. Le récit intime d’une infirmière en salle de réanimation, interprété par trois comédiennes. Trois portraits stylisés à la manière Canales, pétillante et grave, colorée et pudique.

Une pièce frénétique, TSEF Zon(e), pleine de fraîcheur et d’énergie, inspirée du fest-noz. Un duo dansé, réinvention contemporaine de la danse trad, de la compagnie C'Hoari - depuis que ce spectacle tourne, on aura eu le temps d'apprendre à prononcer leur nom : [ kouari ] - on vous en a parlé maintes fois, l'article est à relire ICI.

Dom La Nena aussi, on l'a souvent sortie du panier pour vous la donner à goûter, comme une cerise d'été cueillie dans l'arbre une après-midi de soleil. Mais si. Avec Rosemary Standley, la chanteuse de Moriarty, elle compose le duo Birds on a wire. Et on en est raide dingue. De cette voix à la fois fragile et grave, pure, si pure et charnelle, cette voix d'ange terrestre et terrien, qui dialogue avec son violoncelle, et sait lui faire prendre des accents colorés tout autant que rythmiques ou presque classiques. D'origine brésilienne, chanteuse, compositrice et violoncelliste, Dom La Nena chante en espagnol, au carrefour de la folk, de la bossa nova et de la chanson française. Elle présentera son troisième album "Tempo".

Dans ce numéro

DANSE. Leïla Ka, le crush de l'année

DANSE. Retour sur "Let's jump"

THEATRE. Le choeur des amants. Tiago Rodrigues

CONCERT. Madeleine Cazenave, vibrer et frémir

CONCERT. The Liminanas

EXPOS. Rad'Art, rive gauche de Lorient

CINEMA. Serre moi fort, de Matthieu Amalric

STAGES. Les prochains rdv de la maison du théâtre

CONCOURS. Sébastien Wojdan + Méliscènes

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Leïla Ka. Pode ser

On se tord les mains de désespoir. Vendredi soir, on sera dans le train, de retour du Festival de l'Info Locale, à Nantes, où on va parler de notre transition numérique devant un parterre de pros. Et on ne pourra assister à ce spectacle qu'on vous recommande plus que vivement. On vous offrirait même toutes les places de la salle pour vous convaincre, si ce n'était pas gratuit.
Vous allez encore dire qu'on s'enthousiasme facilement, mais c'est normal, puisqu'on ne vous parle que de ce dont on aimerait que vous ressortiez en ronronnant de plaisir. Et là, promis, vous allez ronronner. Regardez la photo. Une ballerine en tenue classique, du rose poudré, du tulle. Regardez mieux. Dessous. Un baggy noir et des Nike (on n'est pas sûre de la marque, malgré un visionnage attentif). Leïla Ka a dansé pour Maguy Marin, dans May B, une ligne de CV qui en vaut cent. Si vous voulez vous faire une idée, on vous a mis un lien sur un très beau film d'arte, sinon, lisez nos lignes et imaginez...

Une présence, d'abord. La déesse de la victoire, Niké (tiens, tiens...). Une guerrière. Tendue. Indomptable. Fière. Entre Jeanne d'Arc et Katniss Everdeen, quoi. Une boxeuse en tutu.
Une écriture. Hyper personnelle, inédite, hors des clous, moderne, presque techno. Un travail sur le haut du corps, les articulations coude/épaules, la tension du tissu du justaucorps. Comme une course immobile, entre se débattre et boxer. Une écriture râpeuse, brute.
Une énergie. Retenue, intense, intérieure. Un travail sur l'influx proprement extraordinaire, bref mais intense, qui rappelle certains influx du hip-hop. Une tension qui ne se relâche jamais. Sauf quand elle le décide, et là, le lâcher est sublime, offert.
Un souffle. Sonorisée par un HF, son souffle ponctue et accompagne son influx, celui d'une combattante, créant une partition rythmique, presque musicale.
Une identité. Ni hip-hop ni contemporain, ne cherchez pas les références. Ni féminine, ni masculine, ni androgyne, tous les codes de genre se retrouvent mixés, comme si des personnages de l'histoire, de la mythologie, du cinéma, venaient habiter ce corps qui est avant tout un corps dansant.
> Vendredi 24 septembre à 18h30. Ouverture de saison de L'Hermine, Sarzeau. Gratuit
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Olga Dukhovnaya & Alexis Hedouin. ©Isabelle Nivet

Retour sur évènement

Deux mots sur Let's jump, évènement organisé par cette nouvelle structure de diffusion de la danse dans l'espace public, CAMP. Let's jump avait lieu samedi au Fort de Pen-Mané, à Locmiquélic, avec six très belles propositions autour du saut, à la découverte de l'univers de six compagnies ou danseurs. Parmi eux, gros coup de coeur pour un inconnu issu des cercles bretons, le morlaisien Anthony Prigent, danseur et chorégraphe du cercle Bleuniadur, de Saint-Pol-de-Léon. Un tee-shirt orange se détachant sur le ciel, on le voyait de loin, sur une cheminée d'un mètre carré. Un mètre carré pour y insérer des pas de danse traditionnelle, qui, dans les jambes d'Anthony, sonnent comme du contemporain. Une contrainte source de créativité, de réinvention et de recherche : on adore ce que lui font aujourd'hui les danseurs, au trad, gardant l'influx, l'impact, l'énergie de la transe, et envoyant valser les chapeaux ronds et le velours noir pour nous faire oublier le mot "folklore".
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Choeur des amants 7©Filipe Ferreira

Le choeur des amants.

Grande joie de retrouver le délicat et intelligent David Geselson, que vous avez découvert avec les très sensibles "Doreen", "Lettres non écrites" et "Le silence et la peur" (sur Nina Simone). Il est ici comédien, dans ce texte de jeunesse du metteur en scène Lisboète Tiago Rodrigues, nouveau directeur du Festival d'Avignon. A ne pas manquer, donc !
> Vendredi 24 et samedi 25 septembre. Grand théâtre de Lorient
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Madeleine Cazenave. Rouge

Ah que c'est beau. Mais que c'est beau. Qu'est-ce que c'est que ça ? Pas du jazz, pas de la musique contemporaine, pas de l'impro. C'est de la musique. Qui embarque, emporte, titille, intrigue, charme, émeut, et prend là, au plexus, et ne te lâche pas. Intense. Une apnée dans l'émotion. Du piano, beaucoup, et d'autres choses : ça vrombit, ça tinte, ça résonne, ça frémit et ça se répète comme une variation entêtante dont on voudrait qu'elle ne s'arrête jamais. Sublime.
> Vendredi 24 septembre. L'Estran, Guidel.
THE LIMINANAS

The Liminanas

Juste pour mémoire, parce qu'on les aime beaucoup, mais le concert est complet.
> Samedi 25 septembre. Hydrophone, Lorient
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Radar't

Tout le monde connait, le week-end de visite des ateliers d'artistes outre-rade, il fait toujours beau. On vous glisse le plan et la liste et hop. Direction Port-Louis, Locmiquélic, Riantec
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Serre moi fort. Amalric

Dimanche dernier, on est retournée au cinéma. Ce retour, par le plus grand des hasards - une après-midi de pluie qui vient contrecarrer le programme prévu, et le nom de Matthieu Amalric sur l'affiche - fait que sans doute, il nous sera impossible de vivre plus grand choc cette année.

D'abord esthétiquement, puisqu'Amalric, qu'on idolâtrait depuis son magnifique "Tournée" confirme quel virtuose de l'image il est, à coup de couleurs fondues, de clairs-obscurs sublimes, de plans larges sur la nature - c'est aussi l'un des plaisirs du film, nous donner à voir les décors naturels de la France, villages et villes, montagnes et bords de mer - dignes de Wenders, de gros plans tendres sur les visages - on n'est pas prête d'oublier les traits de Vicky Krieps assise de travers sur un lit, jouant au "Memory" avec les Polaroïds de son passé.

Ensuite par la construction du scénario (adapté d'une pièce de la formidable Claudine Galea, à qui l'on doit "La 7e vie de Patti Smith", mise en scène par Benoît Bradel, qu'on avait a-do-ré, et dont on envie la magnifique façon d'écrire). Un scénario qui nous perd d'abord, nous entraîne sur des pistes contradictoires, sur la voie de la mémoire, de l'imaginaire, de l'illusion, jusqu'à comprendre où on veut nous emmener. Une narration fractionnée, des images elliptiques, le scénario est composé comme un tableau d'impressions. Âmes sensibles s'abstenir, le film parle de choses très fortes, sans pathos, mais soulève des émotions puissantes, qu'il vous faudra accepter, cloué dans votre fauteuil par la puissance des images.

Enfin par les acteurs. Arieh Worthatter (le père de Lara, dans "Girl"), d'une beauté émouvante, dans le rôle de Marc, un homme qu'on a envie d'aimer, qu'on aime d'emblée, à travers les yeux de Clarisse - ah, la scène de leur rencontre, dans une boîte de nuit - jouée par la magnifique Vicky Krieps (vue dans "Phantom Thread" et "Bergman Island"), hybridation entre Julianne Moore et Anaïs Demoustier. L'actrice est de presque tous les plans, visage à nu offert à notre regard, avec une sobriété de jeu éblouissante, dans une partition où le risque de surjeu était grand. Le reste de la distribution est juste, solaire, émouvant, tendre, doux, fort.

Reste encore à mentionner la BO du film, qui le transcende et le magnifie, majoritairement faite d'extraits de grands compositeurs, Beethoven, Debussy, Rameau, Rachmaninov, Mozart, Chopin, Ravel, Messiaen. Une partition qui sait à la fois porter le film et se faire oublier.

Voilà. Ne lisez pas de critiques, de reportages, d'interviews. Allez-y juste avec ce qu'on vous donne, sans savoir ce que ça raconte vraiment. Laissez-vous envahir et prenez cette émotion. Les larmes que nous offre Amalric sont un cadeau.
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titre emballe STAGES
On aime La Maison du théâtre, à Brest.
Leurs formations reprennent, et on a repéré trois stages très chouettes...

MÉTAMORPHOSES / JEU & THÉÂTRE D'OBJETS. Partez à la découverte du langage du théâtre avec les objets. Lisa Lacombe et Alice Mercier vous guideront pour en saisir les richesses expressives et composer un vocabulaire : ils sont ludiques et surprenants.
> Samedi 16 et dimanche 17 octobre. Public adultes

CRÉER L'UNIVERS VISUEL D'UN SPECTACLE À TRAVERS LE COSTUME. Anne-Sophie Boivin propose un travail sur l'univers visuel de votre spectacle et sur les personnages en partant de leur aspect physique, de leurs silhouettes, de leur caractère.
> Dimanche 24 octobre, dimanche 14 novembre et dimanche 5 décembre
> Public adultes / Formation technique

DE LA SCÈNE À L'ÉCRAN. Comment transposer pour l’image une pièce destinée à être jouée sur une scène de théâtre ? Quelles différences entre le jeu théâtral et le jeu pour la caméra ? Une adaptation de quelques extraits d’une œuvre du répertoire classique sera travaillée.
> Du mardi 2 au vendredi 5 novembre. Public jeunes (14/18 ans)
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Envoyez-nous un mail (cestparla@sortiesdesecours.com) en nous racontant votre histoire avec le blanc ! Non seulement on publiera les plus jolis, mais en plus vous pourrez gagner des places pour le spectacle de Sébastien Wojdan / Galapiat Cirque (on l'a rencontré récemment, on vous raconte ça dans le numéro de la semaine prochaine) vendredi 8 octobre au Théâtre du Blavet / Inzinzac-Lochrist.
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Pendant le festival Méliscènes (Auray), on vous fait gagner des places pour trois spectacles : écrivez-nous sur cestparla@sortiesdesecours.com. et dites-nous pour que spectacle vous jouez.
La Vie Animée de Nina W - Cie Les Bas-bleus (Séverine Coulon, souvenez-vous de "Filles et soie"), Une grande épopée inspirée par le destin de Nina Wolmark, créatrice de dessins animés. Mercredi 6 octobre à 20h
Le Roi des Nuages - Cie Zusvex. Une aventure ordinaire pour un petit garçon hors du commun, en compagnie des nuages et d’un peu d’imprévu. Vendredi 8 octobre à 20h
Le Bal Marionnettique - Cie Les Anges au Plafond. Venez sur la piste pour danser et faire danser des marionnettes à taille humaine, au rythme endiablé de l’orchestre. Mardi 12 octobre à 20h30
LIVRAVANNES