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N° 279 - DU 14 AU 20 OCTOBRE 21

joli mai
L'association J'ai vu un doc programme depuis 2013 des documentaires dans des lieux atypiques du Pays de Lorient, hors des salles de cinéma. Son rêve, depuis le début, faire vivre à Lorient une salle associative, un "ciné-bistrot". Le joli mai, décalé en automne, est un premier pas vers ce projet, un festival mêlant films et documentaires. Dans le programme, très riche, et pas prétentieux, on a pioché deux films qu'on a beaucoup aimé : "J'ai toujours rêvé d'être un gangster", de Samuel Benchetrit, et "Un air de famille", de Bacri et Jaoui, et ses répliques culte :
Yolande : A quoi ça sert de garder un chien paralysé ?
Denis : C'est décoratif. C'est comme un tapis, mais vivant.
Yolande : Ah oui, c'est vrai.

> Et aussi un film du réalisateur lorientais Julien Scheidle "Y a pas d'âge pour dire je t'aime", réalisé avec des habitants du quartier de Kervénanec, à Lorient.
rouger
On avait tilté sur ce spectacle qu'on n'a pas pu voir. "Jérôme Rouger est un beau et espiègle parleur, qui a toujours l’exigence du mot bien choisi. Il possède un humour à part, mélange d’espièglerie, d’impertinence et de poésie. Dans son abécédaire se côtoient les mots galoche, manipulation, ou imposteur, toutes les facettes de la séduction : des plus belles (amour, lien entre acteur et spectateurs) aux plus sournoises (publicité, réseaux sociaux, politique).
> Vendredi 15 octobre au Dôme, Saint-Avé
khojandi
Il est pour toujours et à jamais associé à Bref sur Canal + et ses pastilles vidéo de la génération Y, celle du début des réseaux sociaux. Il fait aujourd'hui du stand up, et on retrouve avec plaisir son débit mitraillette, et son sens aigu du détail. On vous suggère de regarder la vidéo qu'on vous met en lien, où il épingle les tics et tocs d'Instagram, plutôt drôle et assez juste.
> Vendredi 15 octobre aux Arcs, Quéven
Sketchnote FIL 1
On vous l'avait dit, en septembre, on intervenait au Festival de l'Info Locale, à Nantes, pour témoigner de notre transition numérique. Pendant qu'on racontait notre aventure, en se touchant beaucoup les cheveux (la conférence a été filmée, aïe), il y avait dans la salle une fille qu'on n'avait pas vue, Iniz Becker, qui fait des reportages graphiques géniaux, entre synthèse et carnet de voyage, et qui nous a envoyé celui de l'après-midi.
Iniz Becker est cheffe de projet innovation à Radio France. Spécialisée dans l'interactivité, le transmédia et le Game Design, elle développe des pratiques innovantes, à travers la facilitation ludique et graphique, en particulier par le Sketchnote.

Dans ce numéro

BREVES. Les sorties de la semaine

THEATRE. Sébastien Barrier * concours

VU. Blanc. Sébastien Wojdan

VU. Andromaque. Léna Paugam

CONCERT. Les nuits soniques * concours

CINEMA/DOC. Walking water, sur Christo

CINEMA/DOC. Vernon Subutex. Thomas Ostermeier

VISITE. La semaine de l'architecture

DESSIN. L'oeil d'Emma Burr

titre agenda
Pode Ser, de Leila Ka, dont on a parlé avec des trémolos dans la voix le mois dernier (Ne loupez surtout pas cette danse magnifique) passe à Quai 9. (relire l'article ICI)
> Jeudi 14 octobre, Quai 9, Lanester

Parce qu'il rend le jazz sexy, et qu'il raconte - au piano - les émotions que nous procurent la voix et la musique, on peut se faire plaisir avec André Manoukian et son "Chant du périnée". Allez, on l'avoue, ce mec là nous donne toujours un peu chaud, mais c'est peut-être parce qu'on a un crush avec les Arméniens...
> Jeudi 21 octobre à L'Estran, Guidel

Pour ceux qui l'avaient loupé, il y a deux ans, l'excellent dernier spectacle de Nicolas Bonneau "Qui va garder les enfants", sur la place des femmes en politique, est programmé à nouveau. On vous le recommande, c'est drôle, malin, et engagé !
> Mardi 19 octobre à Grain de sel, Séné

A La librairie Fracas, une rencontre avec Guillaume Faburel, auteur des "Métropoles Barbares" et de "Pour en finir avec les grandes villes : Manifeste pour une société écologique post-urbaine". Il y sera question de métropolisation, d'urbanisme...
> Ce jeudi 14 octobre, à 19h, Fracas, Lorient

Dans un jardin de Pont-Scorff, programmé par Le théâtre du Strapontin, le spectacle "Le jardin", à voir en nocturne, entre poésie et Bouh-fais-moi-peur, on avait rencontré "L'atelier des possibles", au printemps, vous retrouverez notre article ICI.
> Vendredi 15 et samedi 16 octobre au Domaine de Leslé, Pont-Scorff

Derniers jours du festival Méliscènes, à Auray, avec notamment le nouveau spectacle des Frères Pablov, qu'on adore : "Le grand saut", du théâtre d'objet documentaire.
> Vendredi 15 et samedi 16 octobre, Athéna, Auray
titre theatre
BARRIER

Ceux qui vont mieux

On a vu le nouveau spectacle de Sébastien Barrier pendant le confinement, en résidence au Théâtre du Blavet, à Inzinzac-Lochrist. Les portes se sont ouvertes un soir, pour un parterre de professionnels probablement aussi déprimés que l'artiste, et tout le monde est reparti aussitôt le filage terminé, sans même un petit anxiolytique pour la route (...)

Le spectacle va enfin rencontrer son public, on vous laisse (re)lire notre article écrit en février dernier. (Photo Isabelle Nivet)
> Jeudi 21 octobre Théâtre du Blavet, Inzinzac-Lochrist
titre CONCOURS

Et on vous offre des places pour aller voir le révérend Barrier ! Yes ! Premiers arrivés, premiers servis, comme d'hab', un petit mail tout gentil à cestparla@sortiesdesecours.com et vous êtes nos invités.

blanc

On a vu Blanc, de Sébastien Wojdan

Si vous avez lu son interview la semaine dernière, vous savez qu’on savait qu’on ne savait rien de ce spectacle, malgré les deux heures passées avec lui. Là, on l’a vu. Et on s’est senti extraordinairement bien dans cet univers dans lequel il ne reste du cirque que le nom de son collectif, Galapiat cirque, et quelques couteaux. Un qualificatif qu’il pourrait laisser tomber, tellement il s’est envolé loin de quoi que ce soit qui pourrait avoir le moindre rapport avec le cirque, tout du moins dans l’imaginaire collectif qu’éveille ce mot. Même pas associé avec les qualificatifs nouveau, contemporain, poétique. Non, cirque dit chapiteau, cercle, hauteur, prouesse, chaleur, rouge, mais pas blanc. Blanc n’est rien de tout cela. Blanc est blanc. Blanc comme une salle d’op. Blanc comme une galerie d’art contemporain. Blanc comme une spirale du Moma. Blanc comme 2001 l’Odyssée de l’espace. Blanc comme un spectacle de danse Buto. Blanc comme Woody Allen costumé en spermatozoïde dans Everything You Always Wanted to Know About Sex. Blanc comme Fontaine de Duchamp. Blanc comme le Carré blanc sur fond blanc de Malevitch. Blanc comme une installation de Joseph Beuys, un happening de Fluxus.

Sébastien tu ne fais pas du cirque. Tu fais de la performance, des installations, de l’art contemporain, de la poésie, du cérébral, du corps, du conceptuel, de la transe, de l’état, des images. Du spectacle pas spectaculaire mais qui en même temps nous enveloppe, nous emmène, nous plonge avec toi, comme la pellicule de sueur qui recouvre ton corps. Nous sommes cette sueur. Nous sommes ton corps performatif et ordinaire. Nous sommes ton souffle même pas court d’avoir couru dix kilomètres avant d’entrer en scène. Nous sommes tes ratés et tes essais, tes errances et tes délires, tes pensées et tes peurs, ton cœur et ta tête, ta course pour t’oublier et pour nous oublier. Tout est clair. Tu es Marina Abramovic.
andromaque

On a vu Andromaque, de Lena Paugam.

Une création made in Bretagne Nord. Et d’abord, un choc esthétique. Une scénographie sublime, très épurée mais chargée de sens. Des cloisons immenses, idées de murailles, mémoires de temples, créent des lignes de fuite, des accès à l’ombre, racontant palais anciens plus efficacement qu’une reconstitution de la Grèce antique. Un support idéal à de très beaux jeux de lumière et d’ombre, une scénographie conçue par Lena Paugam, assistée de Léa Gadbois-Lamer, qui signe également les costumes, qui vaudraient le déplacement à eux seuls : magnifiquement stylisés, créatifs, très mode Anversoise des années 90, et pourtant particulièrement signifiants. Des costumes vivants, évoluant avec la dramaturgie, portant une patte cinématographique très nette, ayant digéré des influences métissées, entre l’épure antique des peplums, les dessins d’Enki Bilal, l’esthétique de séries comme La servante écarlate - très présente - ou encore Trepalium, et encore les blockbuster dystopiques à la Hunger Games. Gris pour les personnages secondaires, noir pour Andromaque veuve inconsolable d’Hector, blanc pour Pyrrhus, vert pour Oreste meurtrier par amour pour Hermione, la passionnée, la jalouse, l’intense, dans une robe écarlate dont le rouge explose dans ce décor couleur de pierre.
Sublime, on vous dit.
Sur l’interprétation, on restera un peu sur la réserve, les comédiens ne nous ont pas complètement embarquées, mais Andromaque est une pièce difficile, particulièrement intense dans ses ressorts et ses tirades, difficile d’en moduler la force sans être en sur-régime, d’autant plus que c’est à la première que nous avons assisté, le spectacle ayant largement le temps de se roder, on n'en doute pas, tout étant en place pour en faire de la très belle ouvrage…
> En Bretagne cette saison : 14-15 octobre 2021 - La Passerelle, Saint-Brieuc (22) / 8 mars 2022 – Centre culturel Jacques Duhamel - Vitré (35)
titre emballe CONCERT
Les-Nuits-Soniques

Les nuits soniques

Entre festival et temps fort, sur un week-end, un rendez-vous qu’on aime bien, d’abord parce que dédié aux musiques émergentes indé, électro, pop, rock, avec un certain talent pour identifier les noms de demain, puisque parmi les invités des dernières années on trouve Mansfield Tya, La Femme, Château Marmont, Pony Pony Run Run, Minitel Rose, DJ Zebra, La Phaze, Cascadeur, Molécule, Cocoon, Bikini Machine, Tarmac, Sheer K, Tagada Jones, Zenzile…
Donc cette année, normal si vous ne connaissez pas forcément les noms des invités, demain, vous vous direz « ah ouais, je les ai vu en 2021, c’était énorme » : BRNS, You Said Strange, Tropical Horses, Fantômes, C’est Karma, Dont Turi.
On vous rappelle aussi que le lieu – la Chapelle du Saint-Esprit – est exceptionnel, débarrassé de toute imagerie religieuse et juste ouvert, lumineux, vibrant… Et que la scénographie sera réalisée par les graffeurs Zigma (Des Gens Déjantés) d’Auray et Karina, de Lorient, une création poétique éphémère sur plus de 30 mètres.
En journée, des ateliers créatifs sont à faire en famille : création d’une fresque sonore, initiation à la linogravure, sérigraphie sur t-shirts, réalité virtuelle.
> Vendredi 22 et samedi 23 octobre, Auray
titre CONCOURS

Parce qu'on est cool, et que Les nuits soniques sont cool, on vous offre des places pour une soirée, il suffit de nous envoyer un mail cool à cestparla@sortiesdesecours, et on tire au sort, et vous vous allez en soirée gratos. C'est pas cool, ça ?

titre CINEMA
Christo
On vous signale le très beau, très passionnant et très émouvant doc "Walking on water" sur Christo et son oeuvre "The Floating Piers", conçue avec son épouse Jeanne-Claude dans les années 1970, et réalisée en 2016 sur le lac d'Iséo, en Italie.
vernon
Et on vous invite, vous qui avez suivi avec nous toutes les adaptations de la trilogie de Despentes, "Vernon Subutex", à regarder celle du metteur en scène Thomas Ostermeier avec la troupe de la Schaubühne de Berlin. La version filmique et raccourcie d’un spectacle de quatre heures, qui sera programmé en juin 2022 au Théâtre de l’Odéon. Difficile d'en faire la critique, le principe est déstabilisant, une version scénique filmée, qui intègre des images de cinéma (très belles d'ailleurs, d'un Paris "bluré" et virevoltant dans ses nuits sauvages, comme prises depuis un scooter à vive allure), des acteurs très différents de l'image que construisent les livres, et la bonne idée, intégrer un quatuor de rock très rock à la dramaturgie. On vous l'avoue, même si le principe nous a vraiment semblé intéressant, le traitement est rude, l'angle d'Ostermeier étant noir, très noir, beaucoup plus encore que ne le laisse entendre Despentes, qui "sauve" toujours ses personnages par un soupçon d'humanité. La version d'Ostermeier nous a plombée, à tel point que nous n'avons pas pu regarder le film en entier : des vies désespérantes, des personnages perdus, pathétiques, minables, on n'a pas encore le coeur assez accroché pour supporter ça. Jetez au moins un coup d'oeil, le film raconte bien la patte de ce metteur en scène star, coqueluche du moment, radical, sans concessions, et très rockn'roll. (Photo Thomas Aurin)
tournesol

La semaine de l'architecture

Cette "semaine", qui dure quinze jours à Lorient, continue, et on a repéré pour vous deux rendez-vous originaux, des visites "sensorielles". Hmmmmm...
• Le premier, une session "Yoga-architecture" dans la piscine Tournesol, mythique bâtiment du quartier Bois-du château, qu'on adore (n'hésitez pas à lire l'excellent article de la revue Exercice, sur ces piscines Tournesol, en lien ci-dessous)
> Dimanche 17 octobre. Rdv Piscine Tournesol, 27 rue du Bois-du-Château
• Le second "L'achitecture à l'unisson", une visite accompagnée par une professeure de chant, pour faire résonner cette chapelle hospitalière des années 1930.
> Samedi 16 octobre. Rdv chapelle de Bodelio, devant le 92 rue Kerlin
>> 15h. Gratuit. Inscriptions : patrimoine@mairie-lorient.fr 02 97 02 23 29
Festival photo La Gacilly

L'oeil d'Emma Burr

On aime son oeil et son dessin, elle nous le rend bien, en nous confiant ses croquis au hasard de ses balades. Une seule contrainte : parler de culture au sens large et vous avez vu, ses dessins sont beaucoup moins longs à lire que nos articles !
Cette fois, Emma était à La Gacilly, pour le Festival de la Photo.