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N° 293 - DU 3 AU 9 FEVRIER 2022

EESAB

Portes ouvertes de l'EESAB

C’est le temps fort de l’enseignement supérieur artistique à Lorient. A l'Ecole Européenne Supérieure d'Art de Bretagne, accompagnées par un étudiant·e ou un enseignant·e, les personnes intéressées par un cursus en art pourront découvrir les ateliers (gravure, labo photo, plateaux d’animation) et rencontrer des étudiant·e·s au travail.
> Accès gratuit sur inscription préalable. Départ toutes les 30 min, entre 10h et 17h.
>> Samedi 5 février, 1 rue de Kergroise, Lorient
>>> Du 7 au 11 février, les portes ouvertes continuent à distance : les parcours d'enseignements, accessibles à partir de la 3e année, seront présentés lors de réunions en visio-conférence.

Dans ce numéro

HYDROPHONE. Le programme de février

SORTIR. Notre sélection de la semaine

EXPOS. L'errance d'une myope

ON A VU. Moby Dick, de Plexus Polaire

STAGES. Préparation aux Beaux arts

JURY. Les Lorientales recrutent

BOUQUIN. Deux livres de Liv Strömquist

hydro

Hydrophone en février

Boom Bunker Club. Conférence + concert > Jeudi 3 Février, 18h
La presse musicale n’a pas dit son dernier mot. Avec Bester Langs, rédacteur en chef du magazine culturel Gonzaï, pour parler de la critique musicale aujourd’hui.
Ellah A. Thaun, c’est une plasticienne formée à la musique industrielle et aux écrivains beatniks à laquelle on ajoute des rescapés de la scène hardcore.

Louisahhh Live Band + Heimat > Samedi 5 février, 20h30
Louisahhh, DJ, poète, féministe, sa techno martiale, nerveuse, à la féroce énergie punk, ne craint pas de défoncer les portes, en faisant une techno pour punks, du punk pour les ravers.
À la fois étrange et lyrique, les compositions d’Heimat s’inspirent aussi bien de new wave, de trap-music, que d’enregistrements ethnographiques d’Asie du Sud-Est.

Bryan’s Magic Tears + Usé + Dame Area > Jeudi 10 février, 20h
Quinze ans d’activisme en faveur du "rock’n roll contemporain" avec Born Bad Records - , ça se fête. Ça se fête avec les riffs des Bryan’s Magic Tears, un classique à guitares des 00’s. Avec la chanson punk tribale d’Usé. Et avec les textures synthétiques et fantasmagoriques de Dame Area aussi.

Les nuits de l’Alligator. > Mercredi 16 février, 20h
Left Lane Cruiser + Théo Charaf + Jerron Paxton
Pas de doute, ça sent le bayou. Une ambiance moite, de l’alcool de contrebande, un banjo,
des guitares, un harmonica, les esprits du Mississippi : le décor est planté pour accueillir la crème du blues, qu’il soit sauvage, folk, français ou originel.

Afterwork des studios : aRpseze + lune > Vendredi 18 février, 18h
C’est dans le titre : "Arp" pour arpège, un motif musical de l’électro. "Seze" pour 16, parce que les couplets de rap s’étendent généralement sur seize mesures.
On croit savoir que la face cachée de L U N E, c’est un trio électro-pop avec Chap aux machines, Mika à la batterie et les textes en français de Swaz.

Lujipeka + 1ère partie > Samedi 19 février, 20h30
Une façon décomplexée de voir le rap. Un pied dans la pop, un autre dans un hip hop référencé et décalé. C’est la méthode imparable choisie par Lujipeka pour son aventure en solo. Issu du collectif rennais Columbine, il exprime dans ses morceaux et sur scène son goût immodéré pour la liberté, de ton et d’action.

Soirée électro Paradisco. Laissez-nous danser.> Samedi 26 février, 22h
N U B A, c’est du groove, des paillettes et du love ... et surtout des DJs qui se sont donné pour mission de faire danser Lorient. Pour cette soirée, ils s’adjoignent les services d’Optimo (Espacio), le duo de DJs résidents qui enflammait les dimanches au Sub Club de Glasgow entre 1997 et 2010. DJ Shaman Boil (Abstrack - Nantes), insatiable digger toujours en quête du morceau ultime, sera aussi de la party.
titre agenda
Malandain Ballet
L'oiseau de feu et Le sacre du printemps, rien que ça. Bon, il nous semble qu'on vous l'a déjà dit, ce n'est pas notre compagnie préférée, à la frontière du néoclassique, mais le résultat est malgré souvent brillant, donc on vous le signale.
> Jeudi 3 février, Scènes du Golfe, Vannes
DERNIERE MINUTE : Le spectacle est annulé
LE_CERCLE_DES_ILLUSIONNISTES
Le cercle des illusionnistes
L’histoire de Jean-Eugène Robert-Houdin, horloger, inventeur, magicien du XIXe siècle. Une esthétique à la limite du steampunk, esprit Hugo Cabret, par Alexis Michalik. Malgré ces multiples passages dans le secteur, on ne l'a jamais vu, mais les extraits visionnés nous font douter que, là encore, ce spectacle fasse partie de notre univers. On balance. En tout cas, ce spectacle, multi récompensé, a été un grand succès, donc ça se tente.
> Jeudi 3 février, Quai 9, Lanester
Boom Bunker Club. La presse musicale n’a pas dit son dernier mot.
Conférence Bester Langs + concert Ellah A. Thaun
Ah, là, c'est très alléchant. Bester Langs, rock critique mythique, rédacteur en chef du magazine culturel Gonzaï parlera de la critique musicale aujourd’hui.
Ellah A. Thaun, c’est une plasticienne formée à la musique industrielle et aux écrivains beatniks à laquelle on ajoute des rescapés de la scène hardcore.
> Jeudi 3 février, Hydrophone, Lorient
Maxwell Farrington & Le SuperHomard
On aime bien ce groupe dont on vous avait parlé il y a un petit moment déjà. "La rencontre musicale magnétique entre un compositeur hors-pair et un crooner aux interprétations magistrales. Une invitation au voyage au cœur d’une pop orchestrale millimétrée."
Et aussi... Crocodile Boogie "le projet solo de Seb, fondateur du label Beast Records et chanteur au sein de Head On"
> Samedi 5 février, Echonova, Saint-Avé
Festival Prom'nons-nous. Suite et fin
Un temps fort de l'hiver, parfait pour aller en famille voir des spectacles pour les petits, qui plaisent aussi au parents. Rire ou s'émouvoir ensemble, un moment unique pour susciter questions ou réponses, et voir le monde autrement. Du théâtre gestuel et musical, de la danse, du théâtre d’objets, de la magie, du ciné-concert et une fantaisie funambulesque pour une clowne et quatre poules. Comme chaque année, Prom'nons nous vous emmène "entre Golfe et Vilaine" dans plusieurs communes autour de Vannes, pour des balades de lieux en lieux.
> Jusqu'au 8 février. L’Asphodèle, à Questembert ; L’Hermine, à Sarzeau ; Le Dôme, à Saint-Avé ; Les Scènes du Golfe : Palais des Arts à Vannes et La Lucarne à Arradon ; Le Forum, à Nivillac et Le Vieux Couvent à Muzillac.
titre emballe EXPOS
Peignard-Kim

L'errance d'une myope

On vous en reparle dès qu'on sera arrivées à caler un rendez-vous avec l'artiste, de cette expo d'Eunji Peignard-Kim, que l'on aime beaucoup pour la délicatesse et la singularité de son univers à la pointe noire. Mais on ne voulait pas laisser trop de temps passer, alors vous la mentionne dès maintenant...
> Galerie Pierre Tal-Coat, Hennebont, jusqu'au 19 mars
moby

Moby Dick

On était mardi au Théâtre de Lorient pour vérifier si notre intuition sur le Moby Dick de la Compagnie Plexus Polaire allait tenir la promesse que nous vous avions faite, celle d’un spectacle exceptionnel. Et la réponse est oui, oui, et oui. Comme la vie fait bien les choses, nous avions oublié de prévenir le théâtre à l’avance et nous étions donc au balcon, chose qu’à l’habitude nous n’aimons pas trop, parce que ce sont les petits détails qui nous émeuvent, en général. Grâce à cet exemple typique de sérendipité, nous avons donc vu le spectacle autrement, de loin, en grand, voire même en immense. Immense, parce que – et on ne veut surtout pas savoir comment – ce Moby Dick prend plus que la scène, il se dilate sur tout l’espace du plateau jusqu’aux cintres, à tel point qu’on ne sait plus si ce que l’on voit est la réalité ou si on a été téléporté dans un cinéma géant. A part quelques scènes qui mériteraient un petit coup de ciseau (le spectacle dure une heure et demie), on tient ici une version sublime du livre de Melville, d’une ampleur assez rare au théâtre. Pêle-mêle on citera une bande-son très très emballante aux limites du métal, des effets visuels immersifs et magnifiques, une poésie et une puissance des images démentes, une créativité dingue avec plein d’idées totalement irrésistibles, une variété d’échelles et d’angles - du petit à l’immense – et un univers marionnettique qui réinvente le genre. Enfin le texte, dont une partie – la plus belle – dite en anglais, gronde et fait enfler le mythe, avec des accents Shakespeariens.
titre emballe STAGES

Aide à l'entrée aux écoles d'art et design

Une semaine pour se préparer à l'esprit art et design en études supérieures, avec Tiphaine Legoupil (DNSEP EESAB de Rennes, conceptrice visuel sénior, désigner, intervenante en créativité à L'ESDAC de Rennes)
Pré-requis : envie de s'exprimer et de prolonger vers l'art ou l'art appliqué. La taille du groupe permet un travail personnalisé.
Programme : "Vous apportez des éléments représentatifs de votre niveau en dessin et création quel qu'il soit. Vous ferez des exercices simples de libération du geste et de la pensée, puis travaillerez sur le sujet proposé. Vous partez à 13h avec des devoirs qui seront corrigés et seront la base du travail du lendemain. J'analyserai les points de compétences à travailler pour developper votre créativité et les moyens de le faire. Je vous donnerai des pistes, du vocabulaire afin d'apporter des réponses personnelles intéressantes aux entrées en école d'art et de design.
Le vendredi, nous travaillerons sur la mise en forme de vos propositions dans un esprit de port-folio, de book et vous repartirez avec un tas d'idées pour l'enrichir"
> Du 14 au 18 février. Renseignements et inscriptions : 06 73 35 07 78

Intégrer le jury des Lorientales

"Pour la 12e année, un jury populaire et indépendant décernera le prix du Livre Lorientales. En septembre prochain, les jurés se réuniront pour délibérer, après avoir eu tout l'été pour lire les cinq titres finalistes. Pour partager cette aventure, écrivez-nous. Présentez-vous, dites nous pourquoi vous aimez lire, quels sont vos sujets ou types de lectures préférés, vos centres d'intérêts et pleins d'autres choses encore. Les jurés seront choisis parmi celles et ceux qui en auront fait la demande par lettre ou par un courrier électronique jusqu'au 22 mars 2022 inclus à l'adresse suivante: contact@leslorientales.com

> Les dates clés : samedi 29 avril, annonce de la 2ème liste des 10 livres pré-finalistes. Vendredi 20 mai, réunion pour le choix des membres du jury et des cinq livres finalistes, samedi 10 septembre, délibération finale et annonce du lauréat du Prix Lorientales 2022.

LIV

Dans le palais des miroirs

En 2020, on avait chroniqué « Les sentiments du Prince Charles », un livre/bédé de Liv Strömquist, journaliste et dessinatrice suédoise (chronique qu’on vous propose de relire ci-dessous). En 2022, on s’est plongées dans « Dans le palais des miroirs », de la même autrice. Toujours le même principe de construction, un propos découpé en chapitres, eux-mêmes composés d’exemples, de citations extraites de livres de sociologues, de philosophes, d’historiens, et de témoignages ; du dessin à gogo, et des lettrages XXL pour mettre en avant des phrases choc. Cette fois c’est à la beauté que s’est attaquée Strömquist, et c’est pas mal du tout : comment le mythe de la beauté interfère-t-il avec notre bonheur ? Que se joue-t’il dans l’acharnement qu’ont les femmes d’être toujours désirables ? Comment l’industrie des produits de beauté nous manipule-t’elle à travers les images de la publicité, des médias et du cinéma ? Comment arrive l’insatisfaction que nous ressentons de notre propre image, jamais assez ressemblante à celle du modèle des icônes populaires, ou des influenceuses ?
En quoi les concepts de «désir mimétique» et de «rivalité mimétique» du philosophe René Girard s’appliquent-ils à l’univers de la beauté ? De manière toujours piquante et drôle, Liv Strömquist nous ouvre les yeux et nous permet de réfléchir à nos propres mécanismes, tout en nous apportant une lecture souvent marrante. On adore.
charles

Les sentiments du Prince Charles

L’art, quel que soit sa forme, reflète souvent les préoccupations de la société au moment où il se fait. Certains définissent cela comme un phénomène de mode, mais quoi de plus normal que de se laisser envahir par les questionnements que nous partageons ? Ainsi les mouvements liés au féminin et au masculin viennent-ils nourrir nos réflexions, soulevant des prises de conscience sur nos postures, nos croyances, nos images.
Il y a quelques mois, un livre a été déposé entre nos mains, celui de Liv Strömquist, « Les sentiments du Prince Charles ». Sous la forme d’un roman graphique, avec ses dessins en noir et blanc, représentant des scènes de la vie quotidienne ou des personnages célèbres, Strömquist décrit, simplement, des situations, et en analyse les mécanismes, à l’aide de références bibliographiques solides et détaillées à la fin de l’ouvrage.
Découpé en sections thématiques, ce livre a résonné en nous, pas comme une réponse, mais comme un levier à des questions sur lesquelles on a bien aimé s’agiter les neurones avec Liv Strömquist, qui s’est penchée sur le sentiment amoureux, en s’appuyant sur les stéréotypes, et notamment celui du patriarcat.
Rappelons la définition du patriarcat « forme d'organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l'autorité par les hommes ». Strömquist nous explique comment tout est affaire de pouvoir. Comment les familles construisent leur identité et leurs caractéristiques, à partir de postures venues de très loin. Comment le féminin est devenu synonyme de la sphère intime, et le masculin celui de l’indépendance.
Comment les sentiments sont devenus l’apanage du féminin, privant dramatiquement le masculin de cette expression.






Comment les femmes en sont arrivées à développer leurs compétences relationnelles, n’ayant pas accès aux caractéristiques dites masculines telles que l’indépendance, qu’elles ne parviennent souvent à acquérir qu’à travers leur relation à l’homme : « Dans la société sexiste, la femme obtient l’estime d’elle-même à travers la séduction et le sentiment d’être aimée par un homme ». Un écosystème qui n’aboutit dans tous les cas qu’à un échec : « La femme essaie désespérément de créer une relation intime avec l’homme alors que ce n’est possible qu’avec ses enfants ou d’autres femmes ».

Si ce point constitue l’introduction de ce qui ressemble à un « essai » sur le sentiment amoureux, la majeure partie du bouquin s’intéresse donc aux ressorts de l’amour, avec un décorticage fouillé, et troublant (voire dérangeant, pour ceux qui croient à l’amour en tant que magie comme la « force » de Star Wars), grattant du côté de la manipulation, la dépendance, les relations toxiques, pour terminer (ouf, un peu d’espoir…) sur le postulat suivant : « Si dans vos relations amoureuses vous ressentez à la fois de l’amour et son contraire : agressivité ou violence affective, il est probable que vous ayez confondu l’amour avec les liens de l’ego et la dépendance (…) » Or « pour ressentir de l’amour, il faut abandonner tout pouvoir, et abandonner son moi… ».
Entre livre de chevet et bible comportementale, il est donc salutaire de se plonger dans cette œuvre de déconstruction de nos schémas, sobre et sans parti pris, qui pose sans agressivité des questions fondamentales sur notre rapport à l’autre et à nous-mêmes…

Isabelle Nivet. Mars 2020