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N° 294 - DU 10 AU 16 FEVRIER 2022

Un grand coup de frais sur notre site

On y travaille depuis un bon moment, à remettre de l'air sur le site, pour pouvoir mieux s'y retrouver, et que les articles y soient plus joliment présentés. Bon, on a pas mal de publications à y intégrer, dans cette nouvelle maquette, mais déjà, vous allez pouvoir lire ou relire les anciens numéros du magazine, que nous archiverons une fois par mois.

Alors, qu'est-ce qui change ?

Une page d'accueil plus ergonomique, avec l'intégration des feeds Instagram et Facebook

Un sommaire des chroniques plus graphique, permettant de mieux filtrer les recherches

Une page "Qui sommes-nous", pour mieux connaître la genèse du média, ses mutations et sa transition au numérique, mais également mieux voir nos partenaires

Une page dédiée au magazine, la grosse nouveauté de cette version "pimpée"

Et toujours, bien sûr, l'agenda, à consulter ou renseigner selon si vous êtes spectateur ou annonceur.

Pour mémoire, contrairement à la majorité des médias culturels, nous avons fait le choix d'offrir un accès libre et gratuit à notre contenu, grâce à la publicité que nous publions. Ces encarts, nous avons choisi de les réserver à des annonceurs culturels, afin de garder une cohérence dans l'univers de Sorties de secours, mais aussi de doubler l'information.

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La page des chroniques

La page "Qui sommes-nous"

Les archives des anciens numéros du magazine

Dans ce numéro spécial expos

SORTIR. Notre sélection de la semaine

EXPOS. Salon des arts à Lorient

EXPOS. Catherine Fontaine à Lorient

EXPOS. Nouvelle vague bretonne à Brest

EXPOS. Vivian Maier à Quimper et Pont-Aven

titre agenda
Cette semaine de vacances scolaires, comme à l'habitude, les propositions se concentrent davantage sur les visites, stages et ateliers. L'occasion de revisiter les villes et découvrir des quartiers, de laisser les enfants s'amuser tout en apprenant. On vous invite à aller fouiner dans l'agenda pour faire votre marché...

Tartuffe ? Flûte alors ! ...

Une lectrice nous a signalé ce spectacle original, qui mêle des passages de Tartuffe de Molière, avec Katharina Crespo dans le rôle de Marianne et Barbara Deheul dans celui de Dorine, et des extraits musicaux à la flute à bec et au clavecin, joués par Jean-Pierre Menuge, dans le rôle d'Orgon et à la flûte à bec, ainsi que Jérôme Brodin, dans le rôle de Valère et au clavecin.
"Chez Molière, la Commedia dell Arte n’est jamais très loin. De sa longue fréquentation avec Tiberio Fiorilli, dont il admirait le truculent Scaramouche, Molière campe les caractères de ses personnages dans une typologie haute en couleurs. C’est donc dans le répertoire italien du 17e siècle mais aussi de Bach et Corelli qu'ont été choisies les musiques en écho au Tartuffe de Molière. Katharine Crespo a extrait quatre scènes de l’acte 2 qui constituent une pièce dans la pièce. Aveuglé par sa dévotion, Orgon veut à toute fin marier sa fille à Tartuffe. Ce projet lui vaut les railleries de Dorine sa servante et le désespoir de Marianne sa fille. Dans une scène d’une incroyable modernité, Dorine essaie de convaincre Marianne de ne pas renoncer à Valère et de tenir tête à son père. Les deux amants se disputent, Dorine imagine un stratagème pour imposer leur amour aux yeux d’Orgon..."
> Jeudi 10 février à 20h30, salle Ninnoch, 14 Rue du Fort Bloqué, Ploemeur
titre emballe EXPOS
slba 2022

Salon des arts à Lorient

La Société Lorientaise des Beaux-arts consacre sa dynamique, sa mission, sa passion, à l’art, et à la découverte de nouveaux talents. Le salon 2022 en est l’image, à savoir une manifestation croisant les vastes disciplines artistiques et ouverte à la diversité de la création contemporaine.
Cette année encore, plus de cent artistes feront découvrir leurs œuvres. Allez-y fouiner, c'est toujours l'occasion de (re)découvrir des talents...

> Du 13 au 20 février, de 10h à 18h, Palais des congrès, Lorient
>> Mercredi 16 février à 16h, Conférence de Jean-Yves Boislève : « Technique et histoire de la gravure »
Catherine_Fontaine

Exposition Catherine Fontaine à Lorient

La Galerie du Faouëdic programme régulièrement des expositions monographiques qui témoignent du parcours et des recherches d’un artiste, composées de travaux récents et plus anciens, explorant différents médiums. C'est le cas dans « Mélodie des terres » de Catherine Fontaine, où les pièces présentées se répondent, entre installation et cabinet de curiosités mais racontent aussi l'évolution d'une artiste qui cherche et creuse.

C’est une histoire de matières : papier, encre, terre, lettre, mot. Dans cette « mélodie » que compose Catherine Fontaine à la Galerie du Faouëdic - pour la galerie - ces matériaux se fondent, se confondent, et se répondent. Dès l’entrée. Un rideau de neige fait de lettres qui composent des mots, qui eux-mêmes composent des textes poétiques sur le thème de la neige, dont l’ombre s’inscrit au sol. Une pluie de lettres, de porcelaine et de grès, une neige blanche rosissant ici ou là, tombant du plafond comme des lianes pâles. Introduction à l’exposition, cette poésie en volume raconte l’artiste et son rapport au langage : « L’écriture poétique est au centre de tout, pour moi. Le langage s’inscrit dans la matière ». Ainsi, plus loin, dans la grande salle, une étagère immense, comme une bibliothèque, porte bols, vases ou livres de céramique, qui donnent autant à lire des mots, des textes, des haïkus - gravés, en relief ou en empreintes - qu’ils portent en eux une fonction utilitaire : « J’aime garder le côté modeste de l’utilitaire, rester à la frontière dans la simplicité de l’objet. Revenir à l’origine entre le beau et l’utilitaire. Boire un thé dans un beau bol, c’est un moment de poésie, une manière d’être au monde. ».

La terre, qu’elle utilise pour ses pièces, Catherine Fontaine l’a découverte il y a quatre ans : « J’ai appris à tourner, je me suis lancée à corps perdu dans la recherche des formes, des émaux, des mots. J’ai toujours besoin qu’il y ait une idée, un texte, ce n’est pas juste de la déco, il faut qu’il y ait une pensée, une émotion ». Le jardin, le végétal, est au cœur de chaque pièce, individuellement, mais aussi dans la manière dont elles résonnent entre elles : « Chaque table d’exposition est un petit jardin ». Un végétal qui se retrouve dans la matière elle-même, puisque parmi les expérimentations de Catherine Fontaine, il y a une chose assez mystérieuse et poétique, des cendres végétales, avec lesquelles elle crée des émaux, comme ces cendres de coquelicot qui ont donné un reflet rouge à un vase, ou ces cendres d’herbes du Cantal, envoyées par l’autrice Marie-Hélène Lafon, complice de l’artiste.

L’empreinte, d’un mot ou d’un objet, se retrouve dans tout le travail de Catherine Fontaine : ses tissus, soie pliée, brodée, nouée ; ses mousselines comme de la mousse végétale ; ses dessins à l’encre de Chine, qui accueillent - grâce à des craies de graphite - les empreintes de pierres, de fossiles, de coquillages, de bois, autour desquelles se composent des théâtres végétaux inondés d’aquarelle. Des dessins où on retrouve le jet du croquis sur le vif et la couleur subtile travaillée presque comme du batik, ourlée de blanc. Composant des livres d’artistes en grand format, ces dessins illustrent des textes : celui du Syrien Niros Malek « Sous le ciel de la guerre », celui de Jean-Louis Masseboeuf « Le Jardin d’Orphée », ou encore un très joli journal de travail, frais comme une prairie de montagne au printemps "Journal des prairies". On retiendra également l'interrogation passionnante de Marie-Hélène Lafon, « Habiter la phrase comme on habiterait un pays » sur la manière dont la géographie interfère avec notre écriture, et la façon dont Catherine Fontaine y répond graphiquement l'aide de miniatures de tissus brodés.

Notre pièce favorite. Le vase-roche, à la fois proche et lointain d'un rocher, poétique réinterprétation de la nature, porcelaine fragile contrastant avec la puissance et la force de la pierre, juste ouvert comme une faille pour y glisser la tige d'une fleur...

Catherine Fontaine. Repères.
Enseignante en arts plastiques au Lycée Dupuy De Lôme, à Lorient, de 1995 à 2018, elle mène ses propres recherches artistiques depuis 1978. Elle a dévoilé chaque année une partie de son travail au public lors des Ateliers ouverts, à Lorient, entre 2013 et 2017. Elle intègre dans son travail l’écriture d’auteurs tels que Jean-Louis Masseboeuf, son compagnon, Marie-Hélène Lafon, Niros Malek, Philippe Jacottet, Octavio Paz, Christian Dotremont, Mallarmé, Schwitters ou Thomas Vinau.

> Jusqu’au 27 mars (Visite commentée par l’artiste mardi 15 février à 12h30)
> En mars, trois rendez-vous autour de l’exposition : une rencontre lecture, un concert et une visite commentée en langue des signes + boucles magnétiques).
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Nouvelle vague bretonne à Brest

On a découvert la Galerie d’art Le Comœdia, à Brest, un ancien cinéma des années 40 (cliquez sur le lien, vous verrez, c’est sublime). Le choix des organisateurs, pour ce début de saison, s’est porté sur des artistes contemporains bien connus du territoire breton avec une exposition collective nommée Nouvelle vague bretonne, qui rassemble 170 œuvres de médiums différents, sculptures, collages, peintures, gravures…

Les artistes exposés

Yann Kersalé. Le complice de Jean Nouvel, metteur en lumières du Mucem, présente pour la première fois des œuvres issues de ses carnets et de ses projets retraçant une « géopoétique » des lieux urbains et naturels.
Vincent de Monpezat, sculptures abstraites aux volumes architecturés évoqueant des bâtiments, des balises...
Jean-Paul Thaéron représente un nouvel alphabet ou des formes anthropomorphiques et ludiques.
Kathy Le Vavasseur explore avec ses céramiques, les formes organiques issues de la mer.
Yves Grouazel, peintre lorientais, s’intéresse aux masses, aux formes et ombres dans les représentations du paysage.
Matthieu Dorval, un peintre qu’on adore, dont le public lorientais a pu découvrir le travail ces dernières années, oscille entre figuration et abstraction avec ses nouvelles séries qui captent la mer et la côte bretonne chaque jour durant une semaine.
ISTHME figure dans ses toiles, de manière abstraite, les émotions et les réactions qu’elle a gardées de ses expériences en mer.
Yvon Daniel, peintre, magnifie les « éléments originels » : le vent, l’eau, le feu et la terre avec l’énergie et la puissance du mouvement.
Hélène Duclos peint un monde parallèle où les paysages sont le théâtre de scènes familières et troublantes.
Ronan-Jim Sévellec conçoit des boîtes dans lesquelles le regard chemine et se perd dans des intérieurs où les objets immobiles transportent notre mémoire et nos rêves.

> Du 13 janvier au 16 avril, Le Comoedia, 35 rue du Château, Brest. Du jeu. au sam. 14h / 18h
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Vivian Maier à Quimper et Pont-Aven

La semaine dernière, mercredi, précisément, jour de bouclage – et ça nous a mises dans le jus, vous avez du vous en rendre compte – nous avons sauté dans la Twingo pour une après-midi à Quimper et Pont-Aven. Une après-midi à trottiner derrière une cohorte de journalistes, à la suite d’Anne Morin, commissaire de cette exposition exceptionnelle de Vivian Maier, puisque non seulement elle présente des photos jamais vues, des tirages inédits, mais en plus elle se décline sur deux sites, le Musée des Beaux-Arts de Quimper et le Musée de Pont-Aven.

Vivian Maier, vous l’avez peut-être découverte l’an dernier, puisque le Musée du Luxembourg lui a consacré une très belle rétrospective entre septembre 2021 et Janvier 2022. Si ce n’est pas le cas, impossible de ne pas contextualiser son travail. On vous résume donc rapidos la vie de cette photographe et l’incroyable aventure de son fonds photographique (Pour mémoire, le fonds Robert Doisneau est constitué de 450000 photos, celui de Vivian Maier de 150000 photos, ce qui est énorme pour une photographe « amateure »).

Vivian Maier est née en 1926, et meurt en 2009. A New-York. Pendant quarante ans, elle sera gouvernante d’enfants. Et photographe. Pour son plaisir, juste pour son plaisir, puisque personne ne verra ses images de son vivant, et qu’à la fin de sa vie, elle ne tirera même plus ses photos sur papier. En 2007, deux ans avant sa mort, dans des conditions de grand dénuement, le garde-meubles dans lequel elle entrepose ses archives lui coûte trop cher, et c’est un de ses voisins, John Maloof, qui récupère la plus grande partie des 300 cartons dans lesquels dorment ses photos, qu’il essaye de vendre sans succès 5 $ pièce. (Aujourd’hui, il faudrait rajouter trois zéros). A l’opposé exact d’une Diane Arbus, fille de la haute-société, Vivian Maier, modeste inconnue, n’a rien à lui envier, mais ses clichés ne seront jamais vendus de son vivant.

Scènes de rue, portraits, c’est dans la relation à l’autre que s’inscrit le travail de Maier. Plus proche de Doisneau que de Cartier-Bresson, elle partage avec ce premier une grande intuition. Et Maier est rapide, très rapide. Elle sent, elle comprend ce qui va se passer dans la seconde à venir et elle est prête à déclencher. En une photo, elle crée une micro-narration, elle raconte une histoire, on est au cinéma. « Un cinéma à la Bresson », rajoute Anne Morin. Comme Doisneau, Maier produit des images à la fois sensibles et documentaires, qui racontent les classes et les strates de la société. Avec un petit plus par rapport à Doisneau, la proximité. Maier est dans l’altérité, la rencontre : elle photographie de très près les visages, les corps, qui se donnent dans leur naturel et leur singularité : « où l’autre se présente, mais ne se représente pas ».
Elle entre dans leur sphère privée, elle parle à l’autre, elle parle de l’autre et d’elle-même, et ses photos reflètent en creux l’image de Vivian en train de les photographier : les identités s’échangent, l’être à soi, l’être au monde, se lit dans ses images, elle parle de l’autre mais aussi d’elle, parce qu’elle fait partie de ce monde qu’elle photographie.

En arrivant dans la salle consacrée aux photos d’enfants, Anne Morin, commissaire de l’exposition, a parlé « d’identités interchangeables » dans le jeu des enfants, faisant un parallèle avec le processus traversé par Vivian. Nous avons voulu en savoir plus, voici ce qu’elle en dit : « Quand Vivian Maier confie son appareil à un enfant pour qu’il la photographie, C'EST un autoportrait. Comme dans les jeux d’enfance où l’on prête son identité : elle devient eux et ils deviennent elle ».

Rien à voir, donc, avec des photos prises à la sauvette. Vivian va au contact (avec son Rolleiflex, appareil qui implique une proximité inférieure à 2 mètres), elle entre en conversation, spontanément, elle entre dans la sphère privée avec respect. Et ses images disent cela : des regards vrais, des présences fortes et justes.

Comme Arbus, Maier magnifie la ville dans sa banalité, trouve le sublime dans le quotidien, avec une grande intelligence et un don pour la composition : elle peut tout faire, elle sait tout faire. Jusqu’à dépouiller ses images, les resserrer, les refermer et ne garder que des détails, des gestes, des lignes ou des formes, vers l’abstraction. Et jouer.

Pour nous, fans de Diane Arbus, Vivia Maier est une révélation : ses photos, moins sophistiquées, moins typées, moins accrocheuses, ont une grande humilité, elles mixent l’esthétique, le documentaire, la fiction, l’intime, l’instant et le sens. Et, surtout, à travers ce processus d’échange des identités qui nous intéresse tant, objectivent la rencontre avec l’autre. Un grand moment d’émotion.




Les expositions (Jusqu’au 29 mai)
Scénographie léchée, élégante, couleurs denses, cartels en blanc sur fond coloré, les deux expositions sont belles en elles-mêmes et leur contenu se complètent pour créer un portrait multiple de Vivian Maier.

A Quimper, Musée des Beaux-Arts
« New-York – Chicago »
Six chapitres : scènes de rue, formalisme, enfance, portraits, couleurs et films super 8.
> Tous les jours de 9h30 à 12h et de 14h à 17h30 (sauf mardi et dimanche matin)

A Pont-Aven, Musée de Pont-Aven
« E(s)t son double »
Autoportraits, jeux d’ombres et de miroirs.
> Tous les jours de 10h à 18h (sauf lundi)