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N° 231 - SEMAINE DU 22 AU 28 OCTOBRE 2020

SALLEMOMES
Les Salles Mômes
C'est le retour de ce festival parents/enfants qui sauve chaque année des familles entières de l'ennui pendant les vacances d'automne. Des spectacles pas bêtes et poétiques, drôles ou plus sérieux, d'où les enfants ressortent avec parfois des questions, qu'il est plaisant de partager avec eux. Souvent en petite jauge, des spectacles adaptés, mais pas gnangnan, c'est ce qu'on aime et qu'on valide.
La 18e édition du festival Les Salles Mômes se déroulera cette année du 26 octobre au 9 novembre à Hennebont et Inzinzac-Lochrist.
Au programme : du cirque, de la marionnette, du théâtre d'objets, des films d'animation, un ciné-concert, l'incontournable soirée des Grands Mômes et nouveauté cette année le goûter des Salles Mômes : un après-midi festif avec chapiteau et fanfare à Kerihouais.
Le coeur de Jean Schalit, ancien rédacteur en chef du mythique magazine Actuel, journaliste, auteur et fondateur du très joli, très fourni et très inventif festival "Lieux mouvants", a cessé de battre le 13 octobre. Sur le site du festival, le chanteur Albin de la Simone et le dessinateur Jean Jullien lui rendent hommage avec justesse et émotion.
schalit

Dans ce numéro, on parle de quoi ?

  • Les idées de sorties de la semaine
  • Le point de vue des lecteurs. Hélène a vu Queen Blood d'Ousmane Sy
  • Le dessin de la semaine avec Gérard Darris
  • On est allées à Kerguéhennec voir "Voyages sonores" pour vous
  • Le retour de Morgane Thomas, qui chronique le livre "Boza"
amarrer a l ombre

Des idées de sorties en un clin (d'oeil) et un clic (de souris)

Pas mal : une rencontre avec Laetitia Crnkovic, auteure du livre "Faites l'autopsie de votre poubelle" : outils et astuces pour réduire ses déchets et préserver la planète. Laetitia Crnkovic anime des ateliers éco-responsables zéro déchet dans le Trégor.
> Au café Code zero, Lorient, mercredi 28 octobre à 19h
Erika Vandelet, une belle comédienne qu'on aime beaucoup, lira des extraits du "Journal d'une femme de chambre" d'Octave Mirbeau, en 1ère partie du spectacle "Bistrot Jojo".
> Haras d'Hennebont, samedi 24 octobre
Deux nouvelles sessions sont ouvertes pour l'escape game d'Hydrophone, (on a testé : voici ce qu'on vous en disait en août "De rébus en découvertes, de codes en clefs, on ouvre des portes, on récupère des objets : on joue avec des notes, traversant les différents espaces d’une vraie salle de spectacles avec pour mission, permettre au concert de Peter Hook (ex Joy Division) de démarrer à l’heure. Dans la pénombre de ce lieu aux plafonds démesurés, à l’ambiance très Blake & Mortimer, on frôle les projos, les micros et les câbles, on branche des jacks, on règle des potards, on joue avec des platines, on dégringole des escaliers et des coursives."
> Hydrophone, Lorient, Samedi 24 octobre et samedi 28 novembre
Sophie Alour sextet. Joy. Une saxophoniste quimpéroise, entendue aux côtés d’Alexandre Saada ou de Rhoda Scott, partenaire recherchée de la nouvelle génération du jazz ; on a aussi pu la voire sur scène aux côtés de François Morel aux flûtes, vibraphone et claviers. Joy est son septième album, une aventure esthétique à destination de l’Orient.
> A L'Estran, Guidel, dimanche 25 octobre
Itinéraires graphiques : on y va ce week-end, on vous raconte la semaine prochaine ce qui nous aura emballé, en général, tout le programme, cet évènement est toujours l'occasion pour nous de remplir notre musette à émotions graphiques.
> Pays de Lorient, jusqu'au 13 décembre
Des visites à gogo : on vous suggère de faire un tour sur notre agenda en ligne, si vous ne savez pas quoi faire pendant les vacances, tout le monde a mis le paquet sur les visites, du Morbihan au Finistère, en famille ou en solo, patrimoine, espaces naturels, champignons, suivez le guide...
AUTOMNE

Vous avez vu et vous avez aimé

queen blood
Cette semaine, c'est encore une fois "Queen Blood", vu au Théâtre de Lorient, qui - décidément - fait l'unanimité, et c'est Hélène Montout qui nous écrit ses mots et nous décrit ses émotions.

"Je trouve plus facile d'écrire sur ce que j'aime. Et j'aime Queen Blood. Voilà ce que j'ai écrit dans mon carnet : Le spectacle est comme un polar, haletant. Il oscille entre accélérations et ralentis avec de belles suspensions dans les corps. On découvre les personnages, un à un, certains se dévoilent plus que d'autres, occupent davantage l'espace. Mais toutes ont leur petit secret, bien caché au fond d'elles-mêmes et que l'on a envie de percer, ou plutôt... qu'elles nous laissent entrevoir, par leurs regards, leurs sourires, leurs danses singulières. Ces danses ont leurs codes mais une liberté est possible. Les fausses coulisses où on les voit s'asseoir, boire, deviennent un espace de jeu qui rappelle la rue et ses battles de danses, de styles. Tout mon corps avait envie de bouger avec ces femmes mais cette envie ne dépassait pas le plaisir que j'avais à les regarder, à apprécier chaque personnalité. J'ai même été émue aux larmes lorsque Nina Simone est apparue : symbiose parfaite entre ces corps de femmes affirmés, assumés et la Queen Nina, symbole d'un combat éternel."
Hélène Montout

Le dessin de la semaine. Gérard Darris

dARRIS Lorient - Graph dans le port - 13 10 2020

On y est allées pour vous (et pour nous aussi)

VOYAGES SONORES
PENITOT
Ce week-end, on est allées à Kerguéhennec, avec ma copine Véro. Pour « Voyages sonores ». Dès l’ouverture. Pour pouvoir vous en parler assez tôt et vous donner vraiment envie d’y aller – ou pas, il y a toujours un risque.

J’aime tout particulièrement ce type de proposition, un peu expérimentale, et je me demande souvent si j’aimerais ça autant sans "clefs"… Sans doute que oui, mais aujourd’hui, je me dis que ces échos que crée ma mémoire m’aident à me réjouir de ce que je vois. Alors partageons les, ces échos, et réjouissez-vous avec nous...
Car c’est un écho qui va vous accueillir au château, dès l’allée d’accès : des tintements, des cloches, vous ne savez pas ce que c’est et nous non plus, mais vous voilà dans le bain, il est bien question de son. Plus tard vous allez comprendre que ce que l’on entend, ce sont les anamorphoses sonores de Sébastien Roux.. Exactement comme les anamorphoses visuelles de Georges Rousse ou Felice Varini qui se révèlent lorsque le spectateur se déplace sur un point précis, celle-ci se complètent lorsque vous êtes arrivés à la rencontre de deux sources sonores !

Toutes les propositions de ce voyage sont chouettes, mais deux ont déclenché notre applaudimètre perso (trois, en réalité, mais la performance de Vincent Fortemps et Alain Mahé n’avait lieu qu’une fois, le week-end dernier), dont « Radiographie d’une vague puissante », d’Aline Penitot. Ah la la la la lala la. Quelle beauté. Une œuvre globale, dans laquelle il ne faut surtout pas se laisser aller à parcourir au pas de charge les six salles de la bergerie.

Ne consommez pas tout d’un coup. Laissez-vous imprégner. Prenez votre temps dans la première salle, laissez les autres visiteurs foncer vers le fond.

Asseyez-vous, immergez-vous dans la vidéo, écoutez les mots, écoutez les vagues, écoutez le vent.

Aline Pénitot – qui est un peu notre idole, hein – est documentariste radio ET compositrice électroacoustique, et c’est ça qui fait toute la différence : ce qui se passe dans ces six salles, c’est un tout, qui fait appel à vos sens, votre oreille musicale, vos émotions, votre curiosité. Pas un simple documentaire sur les vagues, pas une simple installation plastique – qu’on vous laisse découvrir – pas une simple création sonore. Tout ça parce que cette femme-là, elle a creusé, elle a cherché, elle s’est nourrie, elle a réfléchi, senti, et ça se retrouve dans son œuvre. Laissez vos préoccupations au vestiaire, oubliez l’urgence, ne cherchez pas le spectaculaire, et vous verrez, qu’au bout d’un moment, vous allez respirer au rythme des vagues.

La deuxième proposition est plus classique, mais franchement sublime : de la musique, avec « Four Sea Interludes », de Benjamin Britten, par l’Orchestre National de Bretagne. On doit avouer qu’on connaissait bien mal Britten, et là grosse révélation, cœur battant et larme à l’œil… Mais ce n’est pas tout, puisqu’à cette musique qui vous secoue, s’associent des photos, et ce sont celles de la série A terre ! du Brestois Stéphane Lavoué, des scènes de tempête et des portraits d’hommes et de femmes du monde de la pêche. Des portraits ha-llu-ci-nants, qui font de ses gens des personnages proprement shakespeariens, faisant résonner la célèbre réplique de Game of thrones « And the night is dark and full of terrors ». Des gueules, des regards qui se plantent en vous et vous laissent bouche bée…
> Jusqu'au 1er novembre à Kerguéhennec

Chronique de morts annoncés

Dis-moi, dis-moi, dis-moi…
Monsieur Dutronc
Que chanterais-tu aujourd’hui ?
20 000 migrants en six ans
ont péri telles des gouttes d’eau dans l’océan.
Louise Michel mère nourrice hier,
portait en son sein
pas moins de 200 africains.
Cette barque anar chiffre :
Combien coûte une vie de pauvre
Dans les yeux des pays riches ?
The Banksy’s boat
repêche entre nos côtes
des âmes, qui parfois,
perdent foi en l’être humain.

Morgane Thomas

THOMAS 1
Boza
N’est pas un roman
Boza
N’est pas une fiction
Boza
C’est un moment
Boza
C’est un cri profond
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Acheter ce livre c’est comme acheter une graine, l’offrir serait comme la planter, en parler serait en prendre soin, l’offrir à un jeune serait comme le faire pousser, le voir fleurir entre toutes les mains serait ce qu’on pourrait lui souhaiter.
THOMAS 3
Cette histoire est celle d’un super héros qui n’a nul besoin de mettre un slip par dessus un collant pour être rembourré de courage. D’une autre tenue est sa bravoure, il la tire d’un non-choix, d’une nécessité : pour survivre dans ce monde, il faut partir. Quitter la banlieue de Douala, abandonner pairs et repères, prendre la route pour faire Boza. Le vocabulaire du chemin migratoire semble être comme les étapes à franchir, quelque chose qu’on partage avec les autres mais qu’au fond, on vit seul...
THOMAS 4
Seul dans la peau durcie d’un môme qui traverse un univers où l’humanité n’a souvent aucune place. Cet univers où l’individu, a lui, une valeur marchande, et pour avancer il faut du blé. A défaut de rouler sur l’or, on roule sur des corps. Le désert inonde la pensée de souvenirs immondes qui viennent s’y projeter. La peur vient elle aussi tapisser les cœurs, sertir les âmes, s’emparant de toute dernière trace d’insouciance. Cela signe, de manière assez soudaine, la fin de l’enfance. Peter Pan, himself, n'aurait pas résisté une semaine. Ballotté de Neverland dans la forêt auprès d’enfants abandonnés en no man’s land des ghettos mal famés de gens affamés.
THOMAS 6
Le livre de cette jungle s’écrit à l’encre noire d’une Afrique qui ne cherche qu’à laisser une empreinte digitale sur la page de la blanche Europe. Qu'y aurait-il de mal à cela ? La vieille dame est pourtant prise d’une suspicion zélée quand il s’agit de faire valoir le droit d’asile à des mineurs de front. Difficile de garder la tête haute quand l’espoir fondé sur une patrie vient guillotiner les représentations de celle-ci. Si la musique sonne à l’identique à l'est de Quimper ou à l’ouest de l’Afrique, elle ne raisonne pas aux mêmes endroits dans un crâne de Douala.
THOMAS 7
Si vous avez le coeur sur la main et que vous ne savez pas quoi en faire…

Utopia 56
Collectif d’Accueil en Pays de Lorient Solidarité Réfugiés Morbihan
Cimade
Béthanie
SOS Méditerranée
La croix rouge...
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