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N° 255 - SEMAINE DU 15 AU 21 AVRIL 2021

EXPO PLEIN AIR

Exposition à ciel ouvert. Lorient

Si La Gacilly est aujourd'hui la référence de la photo en plein air, il n'en reste pas moins que Lorient a déjà frappé fort, il y a une douzaine d'années, avec des photos en format géant collées sur les façades de bâtiments publics, comme la piscine ou le lycée Dupuy-de-Lôme.
Ce printemps, la Galerie Le Lieu récidive avec des photos extraites de son fond photographique. 25 photos de sa collection sont présentées dans l'espace public, dans tout le réseau d'affichage de la ville de Lorient, quartiers et centre-ville, sur ces panneaux vitrés appelés "sucettes Decaux". L’affichage est prévu pour trois semaines, du 12 avril au 2 mai. Les photos circuleront dans toute la ville sur trois réseaux de 25 panneaux, où elles passeront d’un réseau à l’autre. Parmi les photos sélectionnées, on retrouvera Stéphane Cuisset, Michel Séméniako, Patrick Tourneboeuf, Louise Coten, avec des sujets divers, mais souvent lorientais, notamment avec de magnifiques images de la base de sous-marins, comme celle qui ouvre le magazine...

Les Grées et Rochefort-en-terre. Rando et galeries

Cette semaine, on se prend pour Hey Louise dans une balade dessinée à notre façon. Avec nos moyens et nos dessins bricolés, on a eu envie de vous faire partager cette journée à Rochefort-en-terre entre rando et balade arty.
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L’idée, au départ, c’était pas Rochefort-en-terre. L’idée, c’était Les Grées, ce massif montagneux miniature, qui surplombe Rochefort-en-terre, son balcon. Petite montagne, petites crêtes, petites landes, petits chemins, il faut parcourir Les Grées au ralenti pour avoir l’impression de faire des kilomètres, mais, ah, quel bonheur pour une Pyrénéiste, de retrouver un peu de dénivelé – même pas 100m, je le crains - mais du caillou, du sentier, une petite sensation de hauteur, et, en choisissant bien son emplacement, l’impression d’être loin de tout. Une impression qui ne dure pas, impossible de se perdre dans Les Grées, sauf si on part, comme nous, du mauvais côté, dans une partie supposée dangereuse.
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Les topos existants sur les sites de rando ne sont franchement pas terribles, on vous conseille donc d’utiliser la carte IGN 1021SB et de se caler sur le GR38. Et de vous perdre un peu (ça va pas être facile) pour avoir l’illusion d’être en montagne. Bon, nous on ne s’est pas vraiment perdues, on n’a pas fait la boucle idéale, mais on est passées dans le secteur qu’on voulait absolument traverser, cette lande à la Jane Eyre, le secteur des Ardoisières, où crocs de pierre dressés surgissent entre bruyères et pins. Sauvage, puissant, et très très beau.
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Bon, l’idée c’était de passer la journée à marcher, mais au passage, Rochefort nous a happées. Moi, j’étais restée sur le souvenir d’un très joli village, mais un peu décor de cinéma, attendant que les autocars de voyages organisés déversent des troupeaux de retraités dans des magasins vendant du Kouign-amann et des figurines d’Elfes des bois. Est-ce que l’élection en 2016 comme « Village préféré des Français », dans une émission de télévision de France 2, a fait gagner des sous à la municipalité, ou y-a-t-il quelqu’un qui s’est réveillé au conseil municipal ? Mais la ville a changé, à la recherche probable d’un peu plus de sens, en créant un parcours d’artistes et d’artisans d’art, plutôt bien gaulé. Par une signalétique créative, avec de jolis fanions rouges, par le choix d’artistes qui travaillent sur place, par une sélection plutôt exigeante (on n’a pas pu rentrer dans tous les ateliers, alors soyez indulgents si jamais vous tombez sur des horreurs) sans être perchée.

Nous on a bien aimé les sculptures filaires de Catherine Gontier (Atelier G), qui, même si on a déjà vu ça douze mille fois, maîtrise avec talent le volume, et crée des choses assez poétiques, végétales ou quotidiennes. Et on a bien accroché sur l'univers d’Anne de Villèle, qui travaille la céramique et la broderie, mais surtout – ah oui ! – le dessin et l’aquarelle, dans une patte contemporaine très graphique, mêlant l’organique, le motif et le végétal, qu’on vous engage vivement à découvrir… D’autant plus que l’atelier en lui-même est un petit bijou perché sous les toits, qu’on atteint en traversant une courette fleurie toute choupinette et en montant un petit escalier digne du village de Peau d’âne…
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Et la petite carotte de la balade, c’est la librairie Sainte-Hortense, si so british qu’on se croirait dans The Bookshop, ce film dont on vous a parlé récemment. Ravissante maison aux décorations de céramique et volets bleu canard, posée sur la terrasse d’un jardin en hauteur, on s’attend à y trouver l’intégrale d’Agatha Christie mais que nenni, une bonne sélection gentiment engagée, féminisme, écologie, culture, et un bon rayon BD et romans graphiques.

Possible bon plan : sur le site de la librairie, il est fait mention de la possibilité de bénéficier d'une attestation dérogatoire de déplacement de plus de 10 km pour achat de livres ou retrait d'une commande. A vérifier tout de même.
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Enfin, on terminera avec les minijardins à la Française du château, ses petits buis taillés, sa belle terrasse vue sur les toits du village, sa jolie façade renaissance, qui s’en sort bien, malgré de multiples rénovations et reconstructions, et garde une âme. L’allée qui y mène file droit le long de ses grands platanes, une légère montée romantico-rousseauiste, très promenade du dimanche. Charmant.
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Pour les aventuriers, on vous signale aussi le Naïa Museum « Musée des arts de l’imaginaire », qui présente des œuvres un peu barrées/dark/SF à la Giger, qu’on n’a pas visité et dont les collections semblent quand même un brin poussiéreuses, mais dont la visite doit pouvoir plonger dans une ambiance de Fantasy un peu zarbi, possiblement marrante.
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Tristan Gesret, on vous en a déjà parlé, il est peintre en lettres, et il rend les villes plus belles avec ses enseignes peintes à la main. Ma-gni-fi-ques.
On avait prévu de faire un article sur lui. Un jour... Et puis voilà que Bertrand Riguidel, qu'on a connu sur LaRG', radio vannetaise, lui consacre un épisode de son podcast Face B. Et Face B, pareil, on avait prévu de vous en parler depuis un bon moment, parce qu'il fait un boulot complémentaire au nôtre, faire découvrir des artistes du territoire.
Alors voila, c'est le moment !

Le feuilleton Faust. Episode 2

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Photo Christophe Raynaud de Lage
On continue notre série sur Faust, avec le deuxième épisode de ce ping pong entre une série théâtrale conçue par Robert Cantarella en 2016 - avec Nicolas Maury - et un vrai-faux article, écrit par nos soins, à la manière de Télérama, où, d'après des éléments du spectacle, nous avons imaginé un futur et un passé au héros.

"Henri Faust est kinésithérapeute et cache un passé trouble qui resurgit. Ses désirs inassouvis le mènent alors à pactiser. Son besoin de satisfaction devient impossible à rassasier".

Pendant cinq semaines, nous vous proposons les captations des cinq épisodes, à voir sur Viméo, accompagnées de notre "article", découpé en cinq parties.
FRANCHIS LES TROIS SALONS D’ATTENTE, le brun, le rose, puis le rouge, le bureau d’Henri Faust fait figure de récompense, au bout du couloir. Et c’en est effectivement une, ou du moins une surprise. Une pièce immense intégralement laquée d'un blanc qui donne l’impression de n'avoir jamais finir de sécher. La surprise se trouve au centre, dos à la cheminée, sublime. On aurait parié sur un bureau Zaha Hadid - les salons d’attente sont truffés de sièges et canapés signés Jasper Morrison, Joe Colombo ou Pierre Paulin - mais c’est un simple plan de travail sur tréteaux Ikéa sur lequel reposent le MacBook et l’iPhone vert de Faust. Et c’est tout.
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Toujours pour les « bousculer un peu, de toutes façons ils n’ y restent jamais bien longtemps», Faust fait asseoir ses patients quatre étoiles sur deux Mezzadro, les tabourets en siège de tracteur des frères Castiglioni. Lorsqu’on pointe le geste déco, Henri Faust hausse les épaules (un geste qu’il fait souvent, drôle d’habitude pour un kiné) et soupire, en confiant « (qu’il a) toujours été nul la dedans ». Castiglioni, jamais entendu, quand on prononce le nom il a l’air étonné « Vous connaissez ? Il y en avait une paire chez le broc d’en bas, je les ai trouvés marrants, il me fallait quelque chose très vite, j’avais oublié ça sur la liste de Templon. Le bureau, celui de mon assistante, est surement plus beau (On confirme. Anastasia pose ses avant-bras crémeux sur un bureau Boomerang de 1969 signé Calka, estimé au bas mot à Serpette aux alentours de 60000 €) mais moi je n’ai pas besoin de grand-chose ».
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Une sobriété qui se poursuit dans la salle de soins, où la table de massage semble flotter dans l’air. Placards sans poignées apparentes, absence totale d’accessoires et de couleurs, c’est le vidéoprojecteur qui fait tout, transformer la pièce en piscine ou afficher le squelette du dos. Terminé le bon vieil Oscar et ses cliquetis, c’est sur des animations en 3D que l'on suit le trajet du nerf crural. Pendant les soins, les murs du salon se transforment en écran géant. Un style Futuroscope que ne conteste pas Faust « Si le fait de se croire en plein milieu des chutes du Niagara - ou en équilibre sur une slackline dans le Grand Canyon - peut plonger le patient dans un état de réceptivité aux soins, je ne vois pas pourquoi je m’en priverais. On a beaucoup travaillé sur ces films, dont le catalogue est aujourd’hui très large (et très secret : les patients signent une clause de confidentialité qui les engage à ne pas dévoiler la nature des images diffusées). Depuis une trentaine d’années, on sait que les techniques d’immersion virtuelle peuvent, comme les mises en situation de la psychanalyse, débloquer certains traumatismes ».
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Nous y voilà donc. Chez Faust, on ne traite pas que le corps, même si personne ne le dit jamais franchement. Faust préfère s’enthousiasmer pour les fascias, ces tissus conjonctifs qui soutiennent à peu près tout dans le corps, et surtout, se souviennent de tout. « On ne peut pas se contenter de remettre les choses en place. Le kiné est un thérapeute, pas un garagiste. Psychisme et physique ne vont pas l’un sans l’autre. En agissant sur les fascias on remonte à l’origine de la douleur, qui est souvent située ailleurs, et peut dater de plusieurs années. Je ne vous dis pas le nombre de migraines, de sinusites ou d’allergies que j’ai dégommées comme ça. En aidant simplement le corps à mobiliser ses forces d’autoguérison ». Les fascias, comme des éponges, encaissent le stress, les postures de travers, les traumatismes… Des microcontractures s’installent à notre insu, créant douleurs ou tensions chroniques. «En posant mes mains sur le corps, je me mets à l’écoute des fascias. C’est léger. Comme une respiration. Avec de légères pressions je cherche les points gâchettes et je rétablis le mouvement naturel des fascias. Je dénoue les crispations, je détend les tissus, je les nourris par le sang, par une pénétration douce du corps, un toucher intérieur sensitif ».

Isabelle Nivet

(...) à suivre
ANNULE
On vous signale un bouquin tristement joli, repéré par une de nos lectrices, réalisé par le studio de création graphique Parade. "Annulé" répertorie toutes les affiches des évènements musicaux qui n'ont pu avoir lieu cette année, mais dont la communication graphique avait été réalisée.
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On relaye cet article de nos amis du Cri de l'ormeau, magazine costarmoricain, concernant l'ouverture d'une nouveau lieu pour la danse à Saint-Brieuc, "L'Officine".
Créée par Séverine Gouret, une danseuse-chorégraphe (Cie SéVa) que l'on a vue danser un peu partout dans le Morbihan, l’Officine a pris place dans une ancienne pharmacie, au coeur du quartier de l’Europe à Saint-Brieuc.