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N° 262- SEMAINE DU 3 AU 9 JUIN 2021

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Ela, création équestre et lyrique.
Une création du Haras National d’Hennebont

L’une est rousse, la crinière frisée, vêtue de blanc, l’autre brune, la chevelure lisse, habillée en noir. L’une monte, l’autre chante. Deux femmes et des chevaux, dans Ela, le noir et le blanc se regardent, se confrontent, se complètent. Un théâtre sans paroles d’images et de textures : celle du poil brillant des chevaux, lustré et brossé, celle des cheveux de femmes, qui tombent au creux des reins ou se remontent avec sensualité, celle des tissus des robes d’amazone, qui font des cavalières des centauresses.
Dresseuse poétique, formée à l’esthétique et l’éthique Zingaro avec Bartabas, Dominique Beslay compose avec ses chevaux des tableaux tout en douceur et en fusion, créant des images d’une grande beauté, comme cette amazone, presque sortie d’un roman de Marguerite Duras, une moustiquaire blanche coloniale comme un chapeau, embrumant sa silhouette vêtue d’une longue jupe damassée blanche se fondant avec la robe blanche du cheval. Cavalière et animal ne font qu’un, jusqu’au bout des bras gantés de cuir blanc, virevoltant autour du tronc, en arabesques.
En face d’elle, Mélodie Gasulla – son vrai prénom : quelle prédestination ! - mise sur le noir, silhouette longiligne dont les cheveux glissent comme de la soie et la voix enfle comme de l’eau pour emplir l’espace du chapiteau, aussi à l’aise à chanter debout qu’allongée sur son cheval à la robe noire, une performance pour le souffle. Une relation fusionnelle avec le cheval, depuis son enfance, et juste la pureté de son chant, de cette voix chaude et profonde de mezzo-contralto qualifiée de « rare », et l’on ne sait plus qui chante, la femme ou le cheval…
Spectacle épuré, Ela mise sur la poésie, la beauté de la simplicité, la voix, les corps, le piano de Frédérique Lory, en arrière-plan mais bien présente avec ses instruments. Tout se joue dans l’alternance du noir et du blanc, sur la piste de sciure, sans artifices – juste la lumière qui vient souligner les silhouettes – et le cheval qui lie, guide et unit. Si en Grec, Ela signifie « viens », c’est que pour ces artistes, Ela représente « la spiritualité, la rencontre, l’ouverture à l’autre, le passage du « je » au « nous », une quête commune vers la voix et la voie de l’autre… »

Juin 2021. Isabelle Nivet / Sorties de secours pour le Haras d'Hennebont

> Haras national d’Hennebont, sous chapiteau, samedi 12 juin à 20h.
> Durée 35 mn + temps d'échange avec les artistes.
> Tous publics à partir de 10 ans.
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Cette semaine "Géraldine en transition", s'attaque à l'eau

Une rubrique soutenue par la Biocoop Les 7 épis

On nous en parle peu, finalement, des problèmes avec l’eau. Il est vrai qu’un certain virus est devenu le souci numéro 1 des humains (et des médias) depuis 2020. Ensuite, il y a notre fameux réchauffement climatique et les émissions de CO2. Mais l’eau n’est pas vraiment un sujet, et quand il est abordé, c’est souvent sous l’angle de la bouteille plastique, le contenant étant devenu plus important que le contenu. Ok, on a tous (et surtout toutes) ou presque notre gourde et on a dit depuis longtemps adieu aux packs d’eau qui remplissaient le coffre de la bagnole quand on revenait des courses. De ce côté-là, on commence à être bons. Par contre, faudrait pas qu’on en oublie de ré-interroger notre rapport au précieux liquide. (...)
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ON SAUTE DANS LA twingo
LAVOUE

... et on va voir des photos de Stéphane Lavoué

Un photographe qu'on aime beaucoup beaucoup pour ces visages du quotidien photographiés comme des madones italiennes ou des personnages de la peinture flamande.

A Rennes, aux Champs libres
Western. Plusieurs séries photographiques réalisées en Bretagne : L'Equipage, galerie de portraits sonores d'habitués d'un bistrot de Penmarc'h ; Les Mois Noirs, un portrait du Pays Bigouden, ses habitants et ses paysages, ses travailleurs de la pêche et sa jeunesse ; et Les Enchanteurs, série inédite réalisée pour l'occasion, qui part sur les traces de l'Ankou à travers les Monts d'Arrée. Quant aux 11 courts épisodes de Pause photographique, série documentaire d'Arte, ils reviennent, de Vladimir Poutine à Zinedine Zidane, sur le travail de portraitiste pour la presse mené par le photographe pendant une dizaine d'années.
> Du 25 mai au 7 novembre.

A Douarnenez, au port-musée
Hent. Une résidence d’artiste sur la thématique du travail.
> Du 1er juin au 31 octobre
agenda

Dans l'agenda de cette semaine, on a repéré...

Un marathon photo à Ploeren, toujours très rigolo, on part à la chasse aux images sur des thèmes imposés, l'occasion d'affuter son regard et son imaginaire
Les rencontres du cinéma européen, au cinéma La Garenne, à Vannes. Un incontournable des festivals de cinéma de Bretagne, compétition de courts-métrages organisée par Cinécran.
"Chantons au jardin" : un projet où des habitants ouvrent leur jardin à une trentaine de personnes pour assister à un spectacle. Ici "Edith et Pascal", à Férel.
"Eternels idiots", un spectacle de cirque acrobatique contemporain de la compagnie El Nucleo, à voir à l'Athéna d'Auray.
Sans titre - 1
Pendant ces sept mois de confinement-qui-ne-dit-pas-son-nom, on vous a fait un magazine hybride, mixant découvertes persos, balades, lectures, films, rencontres. Un peu foutraque, sûrement, peut-être plus proche du blog que du mag, mais on n'avait pas envie de vous quitter...

L'été sera sûrement hésitant, avec des propositions de dernière minute, mais dès septembre, si tout se passe bien, la culture reprendra son fil, ses plannings, ses programmes. Nous on a envie de garder un peu de la fantaisie et la liberté qui se sont glissées ici, tout en revenant à notre ADN : vous donner des infos et des clefs sur ce qui se passe côté culture, sur ce grand territoire qui s'étend de Quimperlé à Sarzeau, mais aussi le grand-ouest.

On vous prépare un questionnaire pour savoir comment vous utilisez ce magazine, comment vous le lisez, ce que vous aimeriez y trouver et la manière dont vous aimeriez qu'il soit rubriqué.
En attendant, on sait que vous aimez bien nous écrire, alors n'hésitez pas à le faire pour nous confier vos envies pour la rentrée...

> cestparla@sortiesdesecours.com

Un stage de théâtre avec L'ADEC56

"Et si nos créations s’adressaient vraiment à tous les publics ? Et si nous pensions cette accessibilité au plus grand nombre dès la création ? Naturellement, nous avons partagé ce questionnement avec le Théâtre de Lorient, pour partager le travail d’artistes dont cette question est au cœur du travail. Une évidence est tout de suite apparue : rencontrer Anthony Poupard. Parce qu’il travaille avec Pauline Sales, parce que le tout public est ancré dans cette équipe artistique, parce qu’il transmet le théâtre avec enthousiasme et, avec nous, rêve d’un stage recomposant une famille de théâtre mêlant les générations."
> Samedi 26 et dimanche 27 juin. A partir de 15 ans. CDDB - Théâtre de Lorient. 60 €
jardin

Vous le verrez les 15 et 16 octobre

On est allée à la rencontre, un joli matin plein de soleil et de rosée dans l’herbe, d’Elsa Amsallem, de L’atelier des possibles. C’était dans un jardin, un jardin incroyable, un parc de château sans château, le Domaine du Leslé, à Pont-Scorff, normal à Pont-Scorff, parce que c’est le Théâtre du Strapontin qui accueillait et accueillera à l’automne le spectacle nocturne Le jardin. On a fait le tour de ce jardin dans lequel il ne reste plus qu’une maison à l’apparence d’une maison de gardien et une autre qui est une chapelle et de hauts murs pour garder un château disparu. Une grande grille et une grande allée et des arbres, beaucoup.

Elsa Amsallem, elle dit : « Pour écrire, le point de départ, c’est un lieu pour inventer une histoire, ici les jardins qui font monde. La nuit bascule, tu es pris dans le lieu, la peur, le lointain, le présent ». On suivra des guides, on jouera le rôle de spectateurs, on rencontrera une femme énigmatique, on marchera le long de bougies dans de petits pots en faisant bien attention de ne pas les renverser, on ne saura plus trop qu’est-ce qui est faux et qu’est-ce qui est vrai, le cri des oiseaux de nuit, les créatures qu’on croit cachées derrière les arbres, les légendes, les bêtes sauvages dans le froid de la nuit, à la lumière de lampes torches et de bougies : « Le public se retrouve à réagir à ce qui se passe à l’instant présent, et les comédiens aussi – comme des guides, qui montrent à voir »








Mais alors, c’est quoi la différence avec les spectacles de Lumière d’août ? Pour Elsa Amsallem, qui connait bien cette compagnie amie (dont on vous parle souvent, rappelez-vous Blockhaus, à la base de Lorient)
« Chez Lumière d’août, le paysage est plus un décor, avec une profondeur de champ, et des spectacles exploitant la frontalité, le 4e mur. Nous, on embarque le public dans un déplacement, un parcours, une marche, une déambulation. On arpente. On explore.
Et en commun avec eux, il y a le fait de travailler sur les lointains »








Les sources d'inspiration
Le film Stalker, de Tarkovski,
Les livres Une brève histoire du jardin, de Gilles Clément, Le gang de la clef à molette, d’Edward Abbey, Zone à étendre, de Mariette Navaro ou L’arbre-monde, de Richard Powers





C’est Ronan Mancec qui a écrit le texte Le Jardin. Comme on aime beaucoup beaucoup Ronan Mancec et sa manière d’écrire, et qu’on a fait un stage d’écriture avec lui et qu’on avait beaucoup beaucoup aimé, on vous glisse un extrait d’un de ces textes qui s’appelle Je viens je suis venu :

Je suis venu parce que tu l’as voulu
Et je ne suis pas venu parce que moi je l’ai voulu
Voilà ce que je voulais te dire
Je suis venu, parce que tu me l’as demandé
Tu ne me l’as pas demandé comme ça
Mais –
Tu as passé ces seize derniers mois à me le demander
À ta manière qui est la manière insidieuse
L’air de rien
La manière qui se moque du monde et de moi pour commencer
Ne te moque pas de moi
Tu passes ton temps au téléphone à me le demander
Tu me demandes de venir
Et moi je viens
Je suis venu
Me voilà
Et j’espère que tu es contente
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