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N° 318 - DU 4 AU 10 AOÛT 2022

citadelle

Citadelle en fête

Les compagnies Passdarm, Armadag et Scenistorics, spécialisées dans la reconstitution historique, prennent possession de la citadelle le temps du weekend.
Costumes, scénettes, campements, spectacles rythmeront les prestations proposées à la citadelle. Plumes au chapeau, verbe haut, moustache et toupet relevés, costumes soignés, plongeront adultes et enfants dans un autre temps. Initiation à l’escrime, spectacles de cape et d’épée, tirs au canon du haut des remparts, découverte de la vie au XVIIe siècle...


Vendredi 5 août • 10h15 : Initiation à l’escrime (45’) • 11h15 : Bagad Sonerien Lann-Bihoué (45’) • 14h : Spectacle de cape et d’épée (30’) • 15h : Tir aux canons + scénette (30’) • 16h : spectacle de cape et d’épée (30’) • 17h : Tir aux canons + scénette (30’) • 17h45 : spectacle de cape et d’épée (30’)

Samedi 6 août • Présence toute la journée de l’association « Port-Louis Epices » • 10h15 : Initiation à l’escrime (45’) • 11h30 : Spectacle de cape et d’épée (30’) • 14h : Initiation à l’escrime (45’) • 15h : Tir aux canons + scénette (30’) • 15h45 : spectacle de cape et d’épée (30’) • 16h30 : Initiation à l’escrime (45’) • 17h30 : spectacle de cape et d’épée (30’)

Dimanche 7 août • 10h30 : Initiation à l’escrime (45’) • 11h45 : Spectacle de cape et d’épée (30’) • 14h : Initiation à l’escrime (45’) • 15h : Tir aux canons + scénette (30’) • 15h45 : spectacle de cape et d’épée (30’) • 16h30 : Initiation à l’escrime (45’) • 17h30 : spectacle de cape et d’épée (30’)

Musée National de la Marine, Citadelle de Port-Louis

    FIL l'amphi

    L'Amphi, un nouvel espace

    L’Amphi – Espace Jean-Pierre Pichard, anciennement Espace Marine, devient scène de plein air. Découvrez la programmation variée de cet espace du samedi 6 au samedi 13 août.


    Murray Head. Il interprétera l’intégralité de l'album culte, Say It Ain’t So. Samedi 6 août à 21h30

    Miossec. S’Enfuir est une relecture du premier album Boire. Dimanche 7 août à 21h30

    Les 70 ans du Bagad de Lann Bihoué. Odyssée. Lundi 8 août à 21h30

    Capercaillie et l’Orchestre du FIL, dirigé par Greg Lawson. Mardi 9 août à 21h30

    Gaëtan Roussel. Auteur, compositeur, interprète, producteur, ancien leader de Louise Attaque. Le concert Abers Road avec des invités prestigieux, sera présenté à titre exceptionnel, au Festival. Mercredi 10 août à 21h30

    Grande Soirée des Asturies avec Hevia, qui interprétera les morceaux qui l’ont rendu populaire et qui forment une partie du répertoire folk international. Et Llan de Cubel. Jeudi 11 août à 21h30

    Dominique Dupuis. Le grand retour de « la jeune fiancée des nations celtes ».
    Vendredi 12 août à 21h30

    Vent du nord. Le quintet folk/trad vient célébrer ses 20 ans avec l’album Printemps. Des chansons qui touchent le cœur et le rendent plus léger. Vendredi 12 août à 21h30

    Grande Soirée de l’Irlande. Lúnasa présente leur dernier album de musique traditionnelle Cas. Et Dervish, entre rythmes endiablés et balades envoûtantes. Samedi 13 août à 21h30
    ExpoFair play

    Fair Play. Muriel Bordier

    Une série composée spécialement pour Auray
    Dans la chapelle, une fresque de trois mètres de haut et de trente mètres de long a été collée sur les murs, le long desquels le visiteur va marcher à la suite de personnages faisant la course sur des vélos d’appartement. Ou plus précisément d’un vélo d’appartement sur lequel Bordier a fait poser des centaines de figurants alréens, un par un. Chaque figurant reçoit des consignes, et compose un personnage en fonction de l’histoire que Bordier a en tête. Pour toutes les photos réalisées à Auray, les clubs sportifs de la ville ont dépêché leurs adhérents, qui sont venus dans leurs propres tenues de sport : cyclotouristes, kayakistes, tireurs à l’arc, gymnastes, nageurs… 23 photos sont disséminées dans la ville, à découvrir avec un plan à la main. Ré-joui-ssant.

    titre agenda

    Deux expos à Vannes

    orée photo isabelle nivet sorties de secours

    Orée

    On a rencontré ce printemps Thomas Daveluy, qui signe avec Guillaume Lepoix une exposition baptisée « Orée » dans le passage de la Cohue, à Vannes. Un projet vidéo assez emballant et deux « sculptures » qui nous ont – soyons honnêtes – un peu laissées tièdes. En effet, si la vidéo, immersive, embarque dans une promenade étrange et contemplative à travers les arbres, les sculptures, elles – malgré leur processus de création original – peinent un peu à faire émerger l’émotion. L’ensemble mérite néanmoins le déplacement, ne serait-ce que parce que c’est la première fois que l’art numérique investit les lieux. Un terme auquel Daveluy - dont on vous a souvent parlé, notamment au sein du collectif lorientais Multiprises - préfère celui de « Nouveaux médias », qu’il trouve « plus juste » pour parler de « nouveaux modes de représentation qui transforment le monde par le travail de l’image. Ces outils changent tout pour réinventer le réel et en même temps ça ne change pas grand-chose. Les questionnements restent les mêmes de tous temps. Nous, on donne des points de vue arbitraires, en inventant des outils qui permettent de transmettre autrement une expérience du monde, en représentant des choses invisibles ».
    orée photo isabelle nivet sorties de secours
    Pour chacune des pièces d’Orée, il est d’abord question de technique, une capture du monde retravaillée numériquement, avec l’utilisation de photos en scan 3D, qui restituent le volume et la texture sur une image à plat, en éclaté, comme un schéma de montage. Toutes ces images se connectent, créant des strates, restituant sur velours, dans Atlas, l’ascension du Mont Atlas faite par les deux artistes, cartographiant le lieu mais aussi le temps de l'ascension au sein d’une gigantesque dais imprimé. Dans la seconde œuvre Reliquat - une gigantesque impression en volume de 6m x 6m, des panneaux cousus entre eux - même technique, un scan 3D d’un campement, au volume inversé, accroché au plafond du passage de la Cohue, donnant l’impression au visiteur de voir l’intérieur du campement par en dessous : « Comme si le sol était creux, comme quand tu nages en piscine et que tu vois la surface, comme quand tu prends un pull et que tu le regardes à l’intérieur. On a retourné les textures comme une chaussette. Il faut donc se déplacer pour comprendre et lever la tête : ça fait un peu des nœuds au cerveau mais en passant du temps à regarder, on trouve toutes les clefs »

    Enfin, pour Terrarium, qui fait écho (pour nous) à cette œuvre de Jacques Le Brusc que nous avions tant aimée, au même endroit, et à ses arbres monumentaux, il s’agit d’une projection vidéo – via quatre vidéoprojecteurs - sur deux murs se faisant face, où l’image avance d’un côté et recule de l’autre, nous incluant dans le défilement à travers la forêt, comme si l’on portait un masque de réalité virtuelle. « C’est une forêt numérique, d’arbres et de fougères, recréée, à partir de scans 3D d’arbres issus d’une forêt de Haute-Marne. C’est à la fois hyperréaliste et abstrait, comme une jungle pétrifiée, d’une inquiétante étrangeté, avec les accidents assumés que génère la technologie ». Une beauté verte et parfois floue, pixellisée, où l’œil ne cherche pas à trouver les incohérences mais se laisse embarquer dans une promenade onirique.
    > Passage central de la Cohue, Vannes, jusqu'au 31 décembre. Entrée libre
    le floc'h, photo isabelle nivet sorties de secours

    Initium Maris

    Une exposition comme une plongée, passer de la lumière blanche et de la minéralité du port à la pénombre du Kiosque, où expose Nicolas Floc'h, et se laisser flotter comme les laminaires qui peuplent nos côtes. Des photos sous-marines, prises à la frontière entre le fond et la surface, entre Saint-Malo et Saint-Nazaire, des paysages comme on en voit rarement. Très simples, ces images montrent une beauté rare, qui emporte et donne l'impression d'être soi-même en train d'explorer les fonds marins, on croirait presqu'entendre son propre souffle dans le tuba, et le crépitement des bulles d'eau...
    > Le Kiosque, rive droite du port de Vannes, jusqu'au 4 septembre. Entrée libre
    le floc'h, photo isabelle nivet sorties de secours
    sorel

    Sorel à La Malterie

    Bon. Voilà ce que c’est de procrastiner, à force, on finit par perdre nos notes, puis les retrouver. Au sortir d’un confinement/couvre-feu, nous avions sauté dans la Twingo pour nous rendre à Cléguer, et rencontrer Loïc Tréhin, peintre, graveur et illustrateur. Une longue conversation sinueuse, et une visite, celle de La Malterie, posée le long du Scorff, au ras du pont qui sépare – ou relie – Pont-Scorff et Cléguer. Depuis cette visite, du temps s’est écoulé, et le papier remis à toujours plus tard, jusqu’à ce que nous recevions des infos, notamment celle d’une exposition de Guillaume Sorel, et là, c’était clair qu’il fallait les retrouver, ces p----- de notes, pour vous parler globalement d’un lieu, mais aussi de ce qu’il s’y passe aujourd’hui.

    La Malterie, donc, d’abord. Au ras de l'eau. Très haute. Un peu de briques. Plein d’escaliers. Plein de pièces, des grandes des petites, un terrain de jeu idéal pour y faire tout autant des ateliers que des expos. Une rénovation toute simple. Un passé industriel lisible dans les murs. Loïc Tréhin, qui a quasiment vue sur les lieux depuis sa maison-atelier, lorgne dessus depuis longtemps – cinq ans, pour tout vous dire - il finit par obtenir la possibilité de l’investir, en négociant avec l’agglo et la commune de Cléguer, et en créant une asso, « La Malterie », avec des artistes, des scientifiques, des botanistes… La Malterie, c’est une ancienne brasserie, la punch line a été vite trouvée : « C’est là qu'ça se brasse ». Pas mal, non ?

    L’idée, donc, brasser les milieux et les disciplines : tout autant des master class avec des musiciens connus, que des expositions, des stages de dessin, de gravure, d’aquarelle, de Yoga, de Qi Gong, de calligraphie chinoise, de photo, de cinéma, d’animation, de plantes médicinales, de théâtre… Parmi les intervenants, le comédien Lannick Gautry – Arnaud de Lacanau, dans Brice de Nice, c’est lui – Rodolphe Poulain – qui a donné des cours de théâtre au CDDB – Marie Ferré, Delphine Travaux, et Tréhin lui-même.

    Côté art vivant, les formes seront intimes, de petits concerts ou spectacles pour des jauges de max 50 personnes, des après-midi vinyles, des soirées guinguette, des week-ends thématiques sur la lutherie ou la pomme… Dans les statuts, la culture et l’environnement se serrent les coudes, et ça c’est pas mal.

    Côté expos, le carnet de voyages y aura la part belle, mais aussi l’illustration, la gravure et la BD, ce qui nous amène à l’expo en cours, celle de Guillaume Sorel, un dessinateur que l’on aime beaucoup, installé à Lorient pendant des années, qui vit aujourd’hui dans le sud finistère. Un univers fantastique, de nombreuses séries, des couvertures de bouquins de SF, mais aussi une très belle patte de peintre classique avec une belle gestion des blancs.

    Cette semaine, si vous allez découvrir La Malterie, vous aurez droit à une Soirée contes et musique "Anatole Le Braz & autres Bretagnes" par le conteur Achille Grimaud et le violoncelliste Aldo Ripoche, vendredi 5 août à 21h.
    Et l’exposition de Guillaume Sorel : « Le fantastique dans la BD et l'illustration ». Jusqu’au 15 août, du mercredi au dimanche, 15h/18h30.
    > Rencontre avec l’artiste dimanche 7 août de 15h à 18h30.

    La Malterie, Rue du pont romain, Le Bas-Pont-Scorff, 56620 Cléguer. Tél. 06 45 14 92 96
    morgane
    laurine roux

    L’autre moitié du monde de Laurine Roux

    Il y a bien sûr une certaine discordance à lire la misère au soleil. Les orteils écartés, légèrement estourbis et se réveillant à peine d’une sieste engourdie sur une serviette ensablée, contrastent sérieusement avec la tête plongée dans « L’autre moitié du monde ».

    Peut-on être coupé à ce point ? Peut-on être à moitié engagé ?

    Du genre :
    Les matins à fond contre le réchauffement climatique et les après-midis la glande à la plage dans une bouée flamant rose.
    Les mois en R on milite pour « me too » ce qui nous laisse de mai à août pour hurler « Rape me » sur le dance floor.
    Le théâtre de Lorient a une prochaine super programmation très engagée, peut-être cela cumulera des points fidélité sur notre carte de militant ? Qui sait ?
    Veuillez me pardonner cette digression et revenons à nos moutons qui n’en sont pas d’ailleurs.

    Muselés par la pauvreté, nourris à l’humiliation, abîmés à coup de souillures, des paysans s’usent jour après jour, subissant l’assujettissement, pressés par une inexorable noblesse. C’est avec de la honte plein les mains qu’on voit poindre dans les années 30, la colère d’une Espagne asphyxiée. Le lit d’un front populaire prend naissance dans une douleur intime.

    Pilar est cuisinière d’une comtesse, esclave d’un travail sans relâche. Atteinte au plus profond de son corps, elle tente de garder la tête haute. Sa fille, Toya, l’enfant sauvage du village, ose slalomer entre les monstres. La petite graine pousse dans un vent qui se lève, dans une révolte qui se réveille.
    Une autre jeune femme surgit au centre du roman. Elle s’appelle Luz. Elle échappe de justesse à la Guardia Civil menée à l’époque par le dénommé Franco. Sur les chemins bordés de rizières, le long du Delta de l’Ebre, les destins de ces trois femmes vont s’enlacer.

    C’est une écriture qui vous accroche et vous assèche. Elle vous laboure les tripes et vous ouvre au plus profond. C’est ainsi, sous le joug de cette sublimation de la souffrance, sous les 37 degrés qui vous cernent et vous étouffent, que Laurine Roux nous laisse à penser, qu’on peut, définitivement, lire la misère au soleil.

    L’auteure : Laurine Roux, du haut des Alpes, a déjà publié deux romans : « Une immense sensation de calme » en 2018, et « Le sanctuaire » en 2020, tous deux aux éditions du Sonneur.

    Les éditions du Sonneur, 255 pages, 18 €.
    dame blanche