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N° 220 - SEMAINE DU 6 AU 12 AOÛT 2020

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Dans ce numéro, on parle de quoi ?

  • Mireille Semre ouvre son atelier de Locmiquelic au public
  • Le cinéma dans la prairie de Quimperlé
  • Les stages de la semaine
  • Le film de la semaine
  • Un nouvel épisode de l'aventure Hey Louise
  • Le dessin de la semaine, de Dominique Richard

dans l'atelier de mireille semré

On aime bien aller à la rencontre des artistes chez eux, dans leur atelier. Découvrir un lieu de travail tout autant qu'une oeuvre. Parce que ces endroits si particuliers disent des choses sur les artistes qui y vivent...
C’est grâce à une exposition qui n’a pas eu lieu que nous sommes là, ce matin, à Locmiquélic. Une exposition de cent portraits à la Maison de l’agglo de Lorient, en avril, annulée, comme tant d’autres ce printemps… Mais l’évocation nous intrigue, cent portraits, tout de même, c’est pas rien. Mireille Semre nous en montre les photos, en tout petit, la maquette de cette fresque de 16 mètres qui donne le tournis, des visages à la même échelle, reliés par une palette de bleu gris, de mandarine passé, des visages fondus d’où émergent des regards, des esquisses de sourire, des traces d’expression. « C’est une série qui parle d’inclusion / exclusion. Est-ce que traités différemment plastiquement, la série se tiendrait ou pas ? Comme socialement, est-ce que ce ne sont pas les différences qui font la cohésion de groupe ? ». Ces portraits, exposés à la Grande Poudrière de Port-Louis en juillet dernier, « avaient créé l’émotion », mais dans cet atelier où nous sommes « ça ne marche pas, c’est une salle d’exposition, il faut un lieu où les visiteurs puissent s’inclure au groupe, un abri ». Alors avis aux détenteurs de « lieux », Mireille Semre cherche « l’abri idéal » pour ses portraits.
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Pour l’heure, en son atelier minahouet, Mireille Semre fait tourner tout l’été ses toiles, recomposant l’espace par séries, où sa patte bien particulière se retrouve : récurrence d’une forme au trait comme de charbon : « ma lauze ! au départ un jeu de contours avec mon fils, lors de vacances dans le Massif central, qui a fini par s’insérer partout comme un visage ». Présence des mots, griffonnés, vrillés, tourbillonnés, gommés, se transformant en presque matière.
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A la frontière entre abstraction et figuration, ce qui vient me chercher, moi, chez Semre, ce sont ces amorces de trait, d’un dessin qu’on pressent puissant mais qui ne va pas au bout de la figuration. Avec une énergie qui n’est pas sans rappeler celle de certains dessins de Delacroix. Car même si ce dernier n’est pas cité, l’influence des grands de l’histoire de l’art est bien revendiquée, un jeu plus qu’une inspiration, que l’on pourra découvrir dès le 7 août dans la série « Juste au corps » où l’artiste a joué avec talent et réussite à réinventer des Manet et des Velasquez. Ni plagiat ni hommage, c’est dans les regards que Semre va se servir, avec une grande finesse et une belle économie de moyens, redessinant à sa façon et pourtant retrouvant l’inquiétude, l’interrogation, l’effronterie d’une menine, d’un pape, d’une Olympia ou d’une Victorine Meurent, la belle dénudée du « Déjeuner sur l’herbe » (le même modèle pour les deux tableaux, au passage).

On ne saurait donc que conseiller d’aller faire un tour à Locmiquélic à la rencontre de ces regards, mais aussi à celle d’un lieu, immense atelier aux plafonds et aux fenêtres démesurées, ouvert sur un jardin de sauge et de lavande, de verveine et de figuier. Ancien restaurant ouvrier, plancher de bois, luminaires seventies et meubles de brocante, on resterait volontiers là tout l’après-midi à bouquiner, et profiter de cet espace…

(contact : http://mireille-semre.over-blog.com)
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les sorties de la semaine

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Green Book
cinéma dans la prairie
On aime bien ce rendez-vous estival organisé depuis des années par la ville de Quimperlé, entre le cinéma et la prairie, au bord de l'eau, à la tombée de la nuit, on se cale au chaud et en plein air pour voir les films qu'on a loupés les années passées. Au programme, le 13 août, "Le grand bain", natation synchronisée et moule-b, de Gilles Lellouche, avec Guillaume Canet, Mathieu Amalric, Philippe Katerine (France – 2018 – 2h) ; le 20 août, "La Traviata", petite toux et camélias, opéra en 3 actes de Giuseppe Verdi, mise en scène Simon Stone (2h15) ; le 27 août "Green Book : Sur les routes du Sud", road trip anti ségrégationniste, de Peter Farrelly, avec Vigo Mortensen et Mahershala Ali (Etats-Unis – 2018 – 2h10)
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Scopitone et Cie
les escales d'avis de temps fort
Les villes de Port-Louis, Locmiquélic et Riantec ont du annuler le festival de mai, "Avis de temps fort", que tout le monde aime beaucoup, oui, c'est de l'art de rue, pardon. Dans leur musette ils avaient donc plein de spectacles disponibles, restés sur le carreau les bras ballants. Alors ils ont pioché et adapté, et saupoudré l'été avec.

Le programme

Joe sature et ses joyeux osselets "Ouh la la!". Théâtre burlesque/musical.
À 18h dans la cour de l'école du Centre, dimanche 9 août


Galapiat cirque "La brise de la pastille". Clown acrobate.
À 19h sur la place du marché, dimanche 16 août
> On aime ou pas (nous, c'est pas notre truc) leur univers brut et un peu râpeux qui réinvente les formes circassiennes classiques comme le clown ou le mât chinois...

Bruital Cie "Wanted". Théâtre gestuel.
À 18h au parc à boulets, lundi 17 août
> Vu au festival des Rias 2019 et petite déception pour un spectacle dont on attendait beaucoup. Passées les premières jubilations du principe plutôt rigolo de bruiter en direct un western joué par une comédienne avec une porte et trois bidons, on atteint vite les limites du truc et la répétition finit par lasser. Mais bon, en rue, les spectacles peuvent être différents d'une fois sur l'autre, alors on peut tenter...

Scopitone & Cie "Blanche neige" et "Cendrillon". Théâtre d'objets.
À 18h au château de Kerdurand à Riantec, mardi 18 août
> Sans surprise, c'est là que notre coeur s'emballe, pour cette compagnie qui reste, malgré les années qui passent, l'une de nos favorites. Les idées sont toujours originales et pertinentes, pleines d'un humour assez fin, l'esthétique d'un kitsch vintage qui nous ravit, et la comédienne Emma Lloyd toujours aussi subtile, expressive et marrante. Ils ont repris l'an dernier le principe de ces contes en caravane enregistrés sur 45 tours - avec voix des années 60 - et joués en play back avec des objets du quotidien. Mais sans caravane.

Xav to yilo "Maison de feu". Cirque.
À 18h au fort de Pen Mané à Locmiquélic, dimanche 20 septembre


>> Les jauges sont petites, il faut donc réserver ici : lesescalesatf.serviceculturel@orange.fr
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les stages de la semaine - et un peu plus

ateliers vocaux
marie martin
Cette chanteuse jazz et pleine d'énergie a longtemps travaillé outre-manche, elle est rentrée depuis plusieurs années dans sa Bretagne natale, et entre ses projets de chanson, elle anime régulièrement des ateliers vocaux, qui - nous souffle-t-on dans l'oreille - sont très bien.

Au programme : un stage de chant, avec l'association Ancrages, dimanche 30 août de 9h30 à 17h30 à Carnac, avec Franck Le Masle au piano et Marie Martin au chant (Tarif: 170 euros. Possible d'échelonner le paiement sur 2 mois)

+ Deux ateliers vocaux, l'un aujourd'hui (aïe) jeudi 6 août, de 19h30 à 22h30 et l'autre samedi 8 août de 13h45 à 16h45. Tarif: 45 euros (Adresse à confirmer: Lorient ou Lanester)


> renseignements martinmarie56@gmail.com
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le film de la semaine

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eva en août
la virgen de agosto
On a juste vu la bande annonce, mais elle a suffit à nous déclencher l'envie d'aller voir ce film, peut-être parce que comme Eva, on passe l'été en ville. Si ce film espagnol tient ses promesses, il s'agira juste de ça, de cet état différent dans lequel nous plonge août lorsque l'on n'est pas vraiment en vacances, mais pas complètement au boulot non plus. A la fois mélancolique et joyeux comme cet état entre solitude et accompagnement. Jolies lumières, couleurs fruitées, ce soleil d'août qu'on aime tant baigne Eva, qui flâne, rencontre, musarde, paresse, s'attarde dans Madrid. C'est langoureux et flottant, peut-être un peu idéalisé, mais oui, l'été en ville, ça a quelque chose de ça...

> Un film de Jonas Trueba, avec la très préraphaélite Itsaso Arana, sorti le 1er juillet
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Hey Louise squatte Sorties de secours

Cette semaine, quand on a reçu la chronique de HEY LOUISE pour août, on s'est dit que peut-être c'était pas si évident que ça à décoder, comme concept, pour le lecteur.

HEY LOUISE, c'est une identité en référence au film culte Thelma & Louise, de Ridley Scott, pour deux filles de Lorient qui racontent des histoires. Parfois les leurs, parfois celles des autres, mais toujours inspirées par du vécu, du vu, du entendu. Manon et Margot commencent tout juste à remplir leur carnet : elles cherchent comment dire, comment dessiner, comment parler de leur ville, leurs coins, leurs plages ou leurs routes, avec leurs voix, et Sorties de secours les accompagne dans cette recherche, dans leurs essais. C'est pour ça que parfois HEY LOUISE est comme-ci, et d'autres fois comme-ça. Parce que c'est un luxe de pouvoir de montrer des choses en test, qui bougent, qui changent, qui partent dans un sens et un autre, un ton et un autre. Parce que c'est un luxe de ne pas être calé tout de suite. Et nous, on aime ce luxe là.

Dessins Margot Lecointre
Textes Manon Liduena

LeMondedApres
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Le monde d’après

Le camion du glacier, la baraque à vendre beaucoup-trop-cher-même-si-elle-a-du-cachet, la plage parfaite pour les barbecues, les coups de soleil et les tournois de pétanque, les voiliers au mouillage spécial post Instagram... Le Pérello est le spot préféré de beaucoup de vacanciers.

C’est d’ailleurs celui de Michel, l’homme-sirène. Bien avant l’installation du camping du Talud, il venait déjà avec ses grands-parents faire des mots-croisés sur le sable blond. Il y a ses habitudes : les rochers avec vue sur Groix, le feu d’artifice de Ploemeur le 15 août, les sardines sous le ciel étoilé et les paquets de Bounty laissés par les plagistes.

Normalement, il ne sort que la nuit, quand les campeurs ont déserté. Mais cette année, à cause du covid, de l’appli tik-tok et de Darmanin au gouvernement, Michel a un peu les boules et il a envie de changement. Il testerait bien le monde d’après lui aussi. Alors, un matin, il étale sa serviette imprimée New York sur le sable, dans un recoin de la plage. Les yeux rivés sur l’horizon rayonnant, Michel lisse distraitement sa barbe, qui fleure bon la marée. Il étire avec jouissance sa queue de baleineau californien, puis se sert un Brastis, qu’il s’apprête à boire à la fraîche.

Quand soudain, un bruit agaçant vient troubler sa quiétude. Un parasite rôde derrière les rochers. Bruyant, malodorant, hirsute… Horreur, c’est un enfant. Prudemment, Michel roule sa serviette, son verre entre les dents, et plonge dans les eaux salées. Trop tard. L’intrus l’a repéré et d’une voix étonnamment stridente, il hurle : « Un énoooorme poisson !!! » Un attroupement se forme, des regards inquiets scrutent l’horizon, les esprits se remémorent un bon vieux classique de la fin des années 1970, à base de fait divers à grandes dents.

Michel a merdé. Morbleu. Fini la vue sur Groix et les mots-croisés. L’homme-sirène est obligé de se planquer au fond de la mer pour toujours. A moins que… Une légende sous-marine raconte qu’une autre plage, plus belle, plus sauvage, existe non loin de là. Projeté en plein monde d’après, Michel doit s’adapter. Cette nouvelle plage est peut-être son dernier espoir. Le vacancier frustré donne de vigoureux coups de queue, longeant les rochers filant vers l’ouest. Il n’avait jamais osé aller aussi loin. Progressivement l’eau s’éclaircit, le clapot s’apaise, le sable s’affine… et surtout, personne. Pas de nains survoltés. Pas de parasols. Aucune glacière à l’horizon. Michel déplie timidement sa serviette. Alors qu’il égoutte sa chevelure joliment visqueuse, Michel réalise : le monde d’après se passe désormais au Petit Pérello.



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Là, c'est la plage du Perello, pour ceux qui ne la connaissent pas

le dessin de la semaine

Dans les carnets de dessin de Dominique Richard, on a pioché cette semaine une vue d'un lieu qu'on aime beaucoup, le Manoir de Kernault, à Mellac, tout près de Quimperlé. La vision qu'il en a eut, grignotée par le blanc, semblant flotter, nous plait nous particulièrement.
A Kernault, des expositions, des spectacles, des fêtes de saison, mais aussi le rien, juste franchir la grille et se sentir partir dans un temps sans internet ni chauffage électrique...
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