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N° 375 - 19 octobre 2023
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Jeanne Balibar
Actrice de cinĂ©ma et de thĂ©Ăątre mais aussi chanteuse, Jeanne Balibar c'est une pop rĂ©aliste, tendre et dĂ©vergondĂ©e. AprĂšs avoir collaborĂ© avec Rodolphe Burger, Dominique A ou Poni Hoax, Jeanne Balibar propose un projet Ă mi-chemin entre concert et performance. Les chansons de son nouvel album, « Dâici lĂ tout lâĂ©tĂ© », pour la premiĂšre fois toutes Ă©crites de sa plume, rĂ©vĂšlent un sens du tragique doublĂ© dâune fantaisie espiĂšgle. Pour guider Jeanne Balibar sur le fil de son imagination, il fallait une complice experte en lĂ©gĂšretĂ© profonde : ClĂ©a Vincent. LâidĂ©e de rĂ©unir ces deux artistes Ă premiĂšre vue aussi dissemblables que possible sâest avĂ©rĂ©e fructueuse. AuprĂšs d'elle, le gĂ©ant Arnaud Rebotini pour dâĂ©bouriffantes suites dâarpĂšges Ă©lectroniques, nous fait naviguer sur une valse synthĂ©tique au tempo jazzy. Ecouter « Encore, encore » ICI.
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Les Apartés
Outre les expositions dont nous vous avons parlé la semaine derniÚre (Le programme ici), Les Rencontres photographiques, ce sont des Apartés, rendez-vous autour des artistes invités.
⹠Le Lieu-dit. Café philo. En compagnie d'Eric Courtet et Léonie Pondevie autour du récit photographique : comment faire récit par l'image ?
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âą Atelier. Le rĂ©cit photographique. Ă lâoccasion de son exposition "Ă -cĂŽtĂ©s", Eric Courtet est lâinvitĂ© du Lieu pour un atelier : Quâest-ce quâun rĂ©cit photographique ? Comment composer, Ă partir dâune sĂ©rie dâimages, une suite narrative ?
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Les rencontres photographiques
On n'a pas encore tout fait, mais on vous parle des trois premiĂšres expos vues ce week-end.
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> A la Galerie Le Lieu, Lorient > Du mar au ven 14h-18h / Sam et dim 15h-18h
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âą Damien Rouxel, Quâest-ce quâon va dire de nous ?
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On l'aime beaucoup, peut-ĂȘtre surtout pour sa pratique du mouvement dansĂ©, mais aussi pour avoir choisi un chemin singulier, celui des origines et de l'identitĂ©, Ă travers une sĂ©rie d'images le mettant en scĂšne, faisant poser ses parents et sa soeur en combis de travail, la fourche Ă la main, tandis que lui-mĂȘme s'affiche en icĂŽne queer Ă la ferme. L'exposition est dense, trĂšs dense, reprenant et exploitant le thĂšme, Ă travers des installations, des objets dĂ©tournĂ©s et des photographies.
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Pour mon cavalier du soir, trop de tout, une sensation de matraquage du message, et un questionnement sur la pertinence du grand format pour des photos dont l'intĂ©rĂȘt plastique reste limitĂ©. Pour moi, le plaisir de retrouver l'univers de Damien, et l'Ă©motion de lire son texte de cinq ou six pages, Ă©crit Ă la main d'une Ă©criture rondouillarde d'ado, extrĂȘmement touchant, sur son parcours identitaire en tant qu'homosexuel et artiste dans un milieu rural oĂč "ça ne se fait pas"....
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âą LĂ©onie Pondevie, Un point bleu pĂąle (photo)
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Je me souviens l'avoir dĂ©couverte il y a trĂšs longtemps, lors de portes ouvertes d'ateliers, cette ancienne des Beaux arts de Lorient. Un joli chemin est parcouru depuis, et le plaisir de ne pas m'ĂȘtre trompĂ©e sur son avenir, que je voyais sensible et d'une esthĂ©tique singuliĂšre. L'exposition mixe photos, documents, installations, et plonge dans une brume pĂąle de gris et de bleus, faisant rĂ©sonner l'histoire familiale de la jeune femme avec ses prĂ©occupations environnementales. Un trĂšs beau rĂ©cit, trĂšs simple, raconte comment les prĂ©visions et les observations mĂ©tĂ©orologiques tenaient une place fondamentale dans la famille de LĂ©onie, oĂč on sent beaucoup de tendresse. Une rĂ©sonance particuliĂšrement intĂ©ressante se fait donc entre les deux expositions, aux angles diamĂ©tralement opposĂ©s...
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> Chez Baam, 26 Rue Général Dubail, Lorient > 14 oct - 10 déc, du mer au sam, 11h-19h
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âą Joanna Ballouard / MikhaĂ«l Brun / ClĂ©ho / Les Cas BrassĂ©s / Vincent de Chavanes / Ătienne Godier / Julien Leuliet / Mastabilo / Marie Soriano Mso / Vasil Tasevski / Alexandra Le Dily.
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De lâimage latente Ă lâhistoire rĂ©vĂ©lĂ©e, exposition collective au stĂ©nopĂ©
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L'émouvante histoire de Teffaha, racontée par autant de photos que d'artistes, via des sténopés auxquels sont associés des podcasts avec la voix de cette femme au destin particulier. Chaque image, reliée aux autres par un fil rouge, embarque dans le récit.
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Blaine L.Reininger / Tuxedo Moon
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Groupe culte des années 80, entre punk et psyché, Tuxedo Moon [Un de mes morceaux favoris, In a manner of speaking : si si si, rappelez-vous : 1985, mais aussi en 2000, la version bossa de Camille avec Nouvelle vague ] n'existe plus mais demeure l'un de ses fondateurs, Blaine L. Reininger. Invité par une poignée de fondus de musique lorientais, il sera - mais oui, c'est dingue - à Lorient ce vendredi, en compagnie du guitariste Giorgio Valentino, membre d'un autre groupe culte, Crime and The City Solution, connu pour la musique des Ailes du désir, le film de Wim Wenders, Palme d'or 1987.
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> Ven 20 octobre, 21h, Le Sale histoire, rue Jules Le Grand, Lorient. Tarif 14 âŹ.
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ZĂ©phyr, Mourad Merzouki (Photo)
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Un spectacle de danse super waouh, avec des ventilateurs géants sur scÚne, qui tourbillonnent et soufflent, avec des danseurs qui vont avec et contre le vent. S'il reste des places - et le site n'annonce pas complet pour l'instant. Un extrait à regarder ici
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Pas beaucoup de concerts chez Hydrophone, cette saison - le temps de leur laisser se refaire une santĂ© - donc on profite de ce trio punk londonien nourri au mouvement Riot Grrrl et Ă lâactivisme politique, fĂ©ministe, antiraciste et LGBT, Big Joannie, qui dĂ©pote carrĂ©ment. A Ă©couter ICI. > Vendredi 20 oct Ă 20h30, Hydrophone, Lorient
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Il était une fois ou comment un coach de vie a surgi de mon thermos à café
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Un conteur, Achille Grimaud et un musicien, CĂ©dric Guyomard, et dĂ©jĂ 20 annĂ©es depuis lâaventure Bloc OpĂ©ratoire 42. Pour ce nouveau spectacle, lâhistoire dâun homme qui veut faire rire Ă tout prix, blagueur un peu perdu, et de sa rencontre inopinĂ©e avec un coach baratineur exaspĂ©rant.
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On vous avait parlé cet été, de cette exposition sensible et discrÚte, l'atelier était resté ouvert trois jours, il ne le sera pas plus cet automne, un week-end pour se rattraper, c'est trÚs beau. En prime, Solenn propose une performance arts visuels/musique avec Swaz Beija, autour des fleurs de pissenlit. On a envie de voir ça ! > Atelier ouvert sam 21 et dim 22 oct de 10h à 18h, 13 place du marché, Inzinzac-Lochrist > Performance sam 21 oct à 11h et 12h, dim 22 oct 16h et 17h. Résa 06 60 09 97 88
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Extrait de "Foule cercle", linogravure, 50 Ă 50 cm, 2022
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Morsure
Une exposition conçue par Sabine Delahaut, autour de la gravure contemporaine. Douze artistes aux univers différents, pour des images engagées. L'Archipel m'a confié la tùche d'écrire les douze textes du catalogue, et avec leur accord, j'ai décidé d'en publier un extrait chaque semaine jusqu'au 25 novembre, date de la fin de l'exposition.
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Cette semaine, le texte intégral sur Carole Texier, que j'ai titré "L'aile du désir"
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En anglais, on dĂ©signe par le mot « murmuration » ces immenses rassemblements dâoiseaux dans le ciel, qui forment des nuages mouvants, dont le dessin varie au grĂ© des changements dâorientation du groupe. Le français, lui, utilise le terme « agrĂ©gation », qui, vous en conviendrez, manque un peu de poĂ©sie. Car quoi de plus joli que dâimaginer des milliers dâĂ©tourneaux murmurant entre eux, babillant de concert ? Et quoi de plus consolant que ce systĂšme, sans hiĂ©rarchie ni domination... Des entitĂ©s sans leader, sensibles aux infimes mouvements, chaque oiseau se synchronisant avec ses voisins les plus proches. Murmuration pourrait dĂ©signer les foules de Carole Texier, qui compose des nuages humains formant des ellipses, des traĂźnĂ©es, des calligraphies chinoises sur le blanc gĂ©nĂ©reux de ses pages. Un blanc qui donne le contrepoint du noir, comme le silence fait exister la musique ou lâimmobilitĂ©, le mouvement...
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Rapprochons-nous un peu, voulez-vous ? Oh, mais voilĂ que la nature des silhouettes serrĂ©es les unes contre les autres, quâon a identifiĂ©es comme humaines, nâest pas si Ă©vidente... Ces tombĂ©es dâencre noire dessinent sans doute jambes, pieds et bras. Ces formes rondes font probablement tĂȘtes. Mais sommes-nous bien certains que ce ne sont pas des motifs graphiques ? Des symboles ? Des lettres ? Le trouble se prolonge dĂšs lors que lâon tente de zoomer sur la foule. LâinterprĂ©tation anthropomorphe me jouerait-elle des tours ? Si ce que je voyais Ă©tait grain du bois, cailloux et graviers, champ retournĂ©, insectes agglutinĂ©s, traces dans le sable, restes de Land art ?
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Nous nous sentons si uniques, quand notre pensĂ©e tourne Ă lâintĂ©rieur de nos petits crĂąnes bien ronds. Chacun voit le monde Ă travers sa minuscule existence, sa minuscule expĂ©rience. Alors, nous voir en masses faire partie dâun grand tout, nous la fait tourner, notre minuscule tĂȘte. Un lĂ©ger vertige, comme dans les installations de Spencer Tunick photographiant des centaines de corps nus alignĂ©s dans la nature. Le renvoi Ă lâĂ©tat animal, Ă lâespĂšce. Une accumulation qui raconte notre fragilitĂ©, notre insignifiance, mais aussi notre force de lâĂȘtre ensemble, du faire masse. Qui dit notre pouvoir, notre capacitĂ© dâagir non pas contre, mais pour. Je te ressemble, tu me ressembles, on se rassemble, et ensemble, nous formons cette foule puissante et unie qui murmure et sâenvole dans la mĂȘme direction, aile contre aile...
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WEEK-END AVEC SABINE DELAHAUT
Autour de l'exposition MORSURE, Sabine Delahaut, commissaire d'exposition, propose trois rendez-vous :
- une visite guidée de l'exposition. En savoir + ICI
- une démonstration de gravure au burin. En savoir + ICI
- un stage de perfectionnement de gravure au burin. En savoir + ICI
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Comme chaque année, on vous donne nos coups de coeur du Festival TNB, à Rennes. C'est du 15 au 25 novembre, on s'y prend à l'avance pour que vous ayez le temps de réserver vos places...
âą Tout l'univers, un spectacle-installation du plasticien Xavier Veilhan (14/11).
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⹠Extra Life, de la chorégraphe GisÚle Vienne, avec AdÚle Haenel (15 au 18/11).
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⹠Cavaliers impurs, une performance de la trÚs déjantée danseuse Latifa Laùbissi (15 au 18/11).
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⹠Discussions avec Delphine Seyrig, collage d'archives de Raphaëlle Rousseau (15 au 18/11).
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⹠Grand Palais, un spectacle sur Francis Bacon, de Julien Gaillard, Frédéric Voissier et Pascal Kirsch, avec Arthur Nauzyciel dans le rÎle de Bacon (15 au 18/11).
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⹠Avant la terreur (Richard III), le retour de Vincent Macaigne en tant que metteur en scÚne, ça ne se loupe pas (22 au 25/11)
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Vous avez déjà glané ?
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Votre loyer flambe, lâUkraine aussi et le prix du sans plomb 98 atteint des niveaux atmosphĂ©riques ? Allez glaner ! Quoi, vous ne connaissez pas ? Figurez-vous que depuis trĂšs longtemps, vous pouvez rĂ©cupĂ©rer dans les champs les lĂ©gumes et les fruits aprĂšs rĂ©colte. Sans mĂȘme demander au proprio ! Pour certains, le glanage est devenu une Ă©thique, voire mĂȘme un principe de vie. Je vous explique.
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Vous aimez glander ? Moi aussi ! Mais connaissez-vous le glanage ? Cette pratique moyenĂągeuse permet de lutter contre le gaspillage alimentaire, prioritĂ© numĂ©ro un de la loi du 11 fĂ©vrier 2016, qui implique « de responsabiliser et de mobiliser les producteurs, les transformateurs et les distributeurs de denrĂ©es alimentaires, les consommateurs et les associations ». Le glanage est un droit dâusage sur la production agricole, qui autorise, aprĂšs la moisson, le ramassage de la paille et des grains tombĂ©s au sol. Il a mĂȘme fait lâobjet dâun Ă©dit royal du 2 novembre 1554. On ne peut pas glaner nâimporte comment : sauf Ă©dit royal ou arrĂȘtĂ© municipal contraire, il faut le faire au grand jour, sans outil, sur un terrain non clĂŽturĂ©. Attention, si vous cueillez des fruits sur des arbres aprĂšs la rĂ©colte, vous ne glanez plus : vous grappillez. Câest mal. Et puni dâune contravention dans le code pĂ©nal. MĂȘme si vous pouvez entrer lĂ©galement dans un champ rĂ©cupĂ©rer les melons laissĂ©s sur le sol aprĂšs la rĂ©colte, le ministre de lâAgriculture, rĂ©pondant Ă une question dâun dĂ©putĂ© en 2017, conseillait, « afin dâĂ©viter la naissance de conflit, de se rapprocher au prĂ©alable du propriĂ©taire du terrain, notamment pour vĂ©rifier que la rĂ©colte est bien achevĂ©e ».
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Par extension, le glanage consiste aussi, aujourdâhui, Ă ramasser des invendus sur un marchĂ©, ou Ă rĂ©cupĂ©rer des denrĂ©es dans des poubelles dĂ©posĂ©es sur la voie publique. Plusieurs associations revendiquent le glanage dans leurs actions.
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Les glaneuses. Jean-François Millet. 1857 ©Musée d'Orsay
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âą A NANTES, Flavie Duprey et Anouk Chabert ont crĂ©Ă© lâassociation Re-bon en sâinspirant du concept de Gleaning network, dĂ©veloppĂ© par Feedback, une ONG britannique. Avec des bĂ©nĂ©voles, elles organisent des campagnes de glanage auprĂšs de producteurs locaux, et dĂ©ploient un rĂ©seau de distribution des matiĂšres recueillies au profit dâorganisations caritatives ou dâĂ©vĂ©nements, comme les Disco Soupes ou les banquets citoyens.
âą A RENNES, Les Glaneurs rennais (300 followers depuis cette semaine !), nĂ©s en 2017, organisent des sessions de disco glanage auprĂšs des commerçants du marchĂ© des Lices, tous les samedis, de 12h30 Ă 15h. « On se donne rendez-vous dans le bas de la place, oĂč lâon bĂ©nĂ©ficie dâun local de stockage prĂȘtĂ© par la mairie, me dĂ©crit Charlotte Boquet, co-prĂ©sidente. On est entre 5 et 10 bĂ©nĂ©voles, Ă©quipĂ©s dâun badge et de gants. Il y a souvent plus de quantitĂ©s auprĂšs des primeurs, mais de moindre qualitĂ© que chez les maraĂźchers. Puis Ă 14h dĂ©bute la distribution, avec de la musique disco. Câest festif ! On a de plus en plus de monde, entre 80 et 100 personnes, principalement des jeunes. On donne sans conditions de ressources. On fait en sorte que chacun ait la mĂȘme quantitĂ©. Et il y a une boĂźte Ă dons, pour ceux qui veulent nous soutenir. » âą A PAIMPOL, lâassociation Osez le ZĂ©ro DĂ©chet, crĂ©Ă©e en 2021, propose rĂ©guliĂšrement aux habitants de ramasser des fruits et des lĂ©gumes non rĂ©coltĂ©s. Que ce soit auprĂšs de particuliers, dans leur jardin, ou dans les champs des cultivateurs. Une cinquantaine de foyers sont inscrits pour participer Ă ces actions. Pas besoin dâadhĂ©rer, il suffit de rĂ©pondre aux appels Ă glanage !
âą A SAINT-MALO, Les Marteaux du jardin font Ă peu prĂšs la mĂȘme chose mais proposent aux particuliers propriĂ©taires de jardins dĂ©laissĂ©s un vĂ©ritable contrat de rĂ©partition de la collecte. GĂ©nĂ©ralement 20 % pour eux et 80 % pour lâassociation. Puis ils organisent des ateliers de cuisine dans leur local : gĂąteaux, compotes, confitures et jus permettent de valoriser les fruits glanĂ©s. âą Plus prĂšs de chez nous, Ă BELLE-ĂLE-EN-MER, le glanage prend une dimension plus Ă©conomique tout en restant profondĂ©ment Ă©thique. Jim et Jeff, passionnĂ©s de gnĂŽle, ont lancĂ© en 2021 La distillerie du Ponant, Ă Sauzon. Signataires du manifeste pour la gnĂŽle naturelle, ils glanent ou rĂ©cupĂšrent leurs matiĂšres premiĂšres, et refusent dâacheter de lâalcool dâorigine industrielle. « Nous rĂ©cupĂ©rons les vins, marcs et biĂšres distillĂ©s qui servent de base Ă nos eaux de vie chez des producteurs complices qui travaillent avec passion dans le respect de lâenvironnement », mâont-ils expliquĂ©, lors du dernier Salon du vin, Ă Port-Louis, en mai (et oui, je picole aussi). Les plantes utilisĂ©es pour Ă©laborer les nombreux breuvages (ça va du gin au Dolce vita, Ă base de citron et de roquette sauvage, en passant par Le Jaune, leur interprĂ©tation du pastis et de lâabsinthe) sont issues de lâagriculture biologique, ou glanĂ©es par les deux compĂšres, « avec tout lâamour quâon a trouvĂ© sur place », insistent-ils.
Bon câest pas tout ça, maintenant que vous avez glandĂ© en lisant cette chronique, allez glaner prĂšs de chez vous. Câest la saison des pommes, des poires, et des courges !
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Parce que la coopĂ©rative Biocoop Les 7 Ă©pis est une entreprise engagĂ©e et militante, elle finance cette chronique, et nous permet de rĂ©munĂ©rer un journaliste professionnel pour vous offrir une rubrique orientĂ©e solutions, dans lâobjectif de vous donner des clefs pour agirâŠ
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MOLE SKIN
La recherche dans la crĂ©ation, ça ressemble un peu, chez moi, Ă un gros rocher aux allures de termitiĂšre, oĂč plus je creuse et gratte, plus la montagne est haute, un peu comme la pile de carnets de recherches qui renferment chacun tant de rĂȘves Ă©crits au rĂ©veil, plans, listes de courses, numĂ©ros de tĂ©lĂ©phones, listes de dĂ©charges mentales, fiches techniques pour tel ou tel Ă©vĂ©nement artistique ou fĂȘte improvisĂ©e, listes de projets avec lesquels je gagnerais mieux ma vie, citations littĂ©raires qui font mouche, croquis intimes pour faire semblant de travailler tout en fantasmant sur mon prince charmant, une organisation dâidĂ©es oĂč tout est recommencement perpĂ©tuel. Quand je constate que sur ma table de travail, il y a cinq carnets en cours, entamĂ©s jusquâĂ la trentiĂšme page, certains retournĂ©s et grattĂ©s jusquâĂ la vingtiĂšme, lâidĂ©e me vient parfois de commencer par le milieu. Câest quâil est surtout, surtout temps de passer Ă la pratique ! En quoi consiste ce besoin de voir se dessiner des pensĂ©es qui galopent sous forme de mots soulignĂ©s, entourĂ©s, raturĂ©s, dĂ©tournĂ©s, si câest juste pour construire une montagne, et un stock de carnets intransportable, qui pose la question existentielle duquel choisir quand je pars en vadrouille. Enfermer des idĂ©es dans des carnets, câest se dĂ©sencombrer le cerveau pour garder de la lĂ©gĂšretĂ© et laisser la place aux nouvelles, toujours.
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Jâaime bien le Moleskine, mais pas que, jâaime bien utiliser aussi les carnets que mâoffrent mes ami·es, câest une forme de confidence subjective. LâexpĂ©rience la plus excitante fut de commencer une correspondance Ă©rotique dans le carnet que mon amant oublia chez moi un jour, il circule encore entre nos mains et rĂ©vĂšle des secrets que lâon peut relire les soirs de mĂ©lancolie passagĂšre. Mais quand mĂȘme, depuis que jâai rĂ©alisĂ© que cette appellation fut formulĂ©e par Bruce Chatwin* dans "Le chant des pistes", qui littĂ©ralement vient de mole skin que lâon pourrait traduire par peau de taupe, le sens du tunnel et de la termitiĂšre de mots est moins allĂ©gorique et me place dans une posture dâexploratrice quand je mâempare de ces petits carnets tout doux.
Dans mon carnet de cabanes aujourdâhui, je cherche les matiĂšres les plus douces pour assembler un nouveau refuge dans mon inventaire hĂ©tĂ©rotopique, comment trouver le moyen, en dessin, de faire sentir cette douceur suprĂȘme, frisson tiĂšde, berceuse pour la peau, les mĂ©taphores sont trĂšs personnelles. Tissus de soie, fourrure de bĂ©bĂ© lapin ou duvet de plumes de mĂ©sange, je rĂ©alise que jâai toujours besoin des animaux et de leur formidable propension Ă se couvrir de douceur⊠(sâen rendent-ils seulement compte ?) Alors je cherche et je gratte pour trouver cette sensation, jâespĂšre y arriver. Parfois les recherches se soldent par des Ă©checs, mais on est jamais Ă lâabri dây parvenir, câest bien pour cela que je continuerai Ă remplir des pages blanches, inlassablementâŠ
CĂŽtĂ© actualitĂ©, jâouvre mon atelier comme un carnet de recherches du 16 au 19 novembre, de 16h Ă 22h, jây installe un petit bar Ă vin, un moment dâĂ©change, comme une "escale" sur un parcours, le vĂŽtre ou le mien, on trouvera bien ! Ces escales seront ensuite proposĂ©es une fois par mois Ă partir de fĂ©vrier, je vous en dirais un peu plus le moment venu, mais il est toujours temps de prendre le temps pour se retrouver au cĆur de lâhiver.
GAELE FLAO
« Je sortis de mes bagages quelques blocs de papier et, avec cette méticulosité obsessionnelle qui accompagne tout début de projet, je répartis mes carnets "parisiens" en trois tas bien nets. Il s'agit de carnets connus en France sous le nom de carnets Moleskine, car ils sont recouverts de cette toile de coton noire enduite imitant le cuir. A chacun de mes passages à Paris, j'en achetais une nouvelle provision dans une papeterie de la rue de l'Ancienne-Comédie. Les pages étaient quadrillées et maintenues en place à leur extrémité par un ruban élastique. Je les avais tous numérotés. J'écrivais mes nom et adresse sur la premiÚre page et offrais une récompense en cas de perte à qui me le renverrait. Perdre un passeport n'était qu'un ennui mineur ; perdre un carnet était une catastrophe. Au cours d'une vingtaine d'années de voyage, je n'en ai perdu que deux. L'un a disparu dans un car afghan. L'autre me fut subtilisé par la police secrÚte brésilienne qui, non sans un certain don de seconde vue, s'était imaginé que les quelques lignes que j'avais écrites - sur les blessures d'un Christ baroque - étaient une description, en code, de leur propre travail sur les prisonniers politiques. »
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Pour tenter de gagner, envoyez-nous un mail đȘđŠđ€đ«đŹđ« Ă cestparla@sortiesdesecours.com avec :
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1. votre nom / 2. votre numéro de téléphone / 3. le titre et la date du spectacle.
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Cette semaine, gagnez des places pour Adé
Mais si vous la connaissez ! D'abord, Ă©coutez CECI, (et regardez, parce que le clip est vraiment chouette) vous l'avez entendu. Et si vous ne l'avez pas entendu, vous connaissez ThĂ©rapie Taxi, dont elle Ă©tait la voix (rappelez-vous CECI). Lâaventure terminĂ©e, AdĂ© sâest envolĂ©e Ă cheval entre pop luxuriante et country futuriste, c'est acidulĂ© comme il faut, avec des mĂ©lodies qui restent en tĂȘte...
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