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N° 310 - DU 2 AU 8 JUIN 2022

Port-Louis - C'hoari - gerard darris sorties de secours
On a croisé notre dessinateur, Gérard Darris, au Festival Avis de temps fort, à Port-Louis. Il en a profité pour réaliser deux croquis sur les spectacles que nous avons vu. En haut, le nouveau spectacle de la compagnie C'hoari, "Distro", au port de Locmalo (on vous en reparlera). En bas, le Wizzy gang au port de la pointe, jouant avec les éléments urbains et maritimes.
> Le flickr de Gérard Darris
Port-Louis - Wizzy Gang au port de la Pointe - gerard darris sorties de secours

Dans ce numéro

MEMO. Joueurs. Les Maladroits

SORTIR. Notre sélection de la semaine

LIRE. Le passage intérieur

STAGES. Les rendez-vous de danse

Joueurs

Mémo

Joueurs. "Une histoire de construction et de déconstruction : Youssef part en Palestine pour jouer une dernière partie d’échecs avec son grand-père. Thomas, son meilleur ami l’accompagne. Après le sucre et le café pour Frères, la craie et sa poussière pour Camarades, c’est avec le bois brut que les Maladroits fabriquent les outils d’un récit qui voit deux amis confrontés à une situation qui les dépasse : le conflit israélo-palestinien. Joueurs est une histoire d’utopie, l’histoire d’hommes et de femmes qui luttent pour leur idéal, c'est l’histoire d’une amitié mise à l’épreuve de l’engagement politique… "
> Jeudi 2 juin, 20h, Théâtre de Lorient
titre agenda
cazenave saglio
Variation pour piano et polystyrène
Cette année, les salles continuent à programmer en juin, et ça c'est pas mal. Notamment L'Estran, à Guidel, qui invite la formidable pianiste Madeleine Cazenave, en duo avec le jongleur Etienne Saglio et une plaque de polystyrène blanc qui semble flotter dans l'air. Derviches tourneurs en apesanteur, ensemble ils entament une rotation virtuose. Une commande faite à Madeleine Cazenave, en résidence toute cette saison, d'une pièce musicale pour des élèves de TRIO...S - enseignement artistique d’Hennebont et Inzinzac-Lochrist, et à Étienne Saglio, pour initier en atelier des danseuses de Guidel à cette chorégraphie très... plastique. Une magie évanescente et fragile avec trois fois rien, c'est très très beau
> Vendredi 3 juin, 20h30, L'Estran, Guidel
le cri des lulus
Le cri des Lulus
On aime (on adore) tout particulièrement ce spectacle là, de la compagnie Pied en sol, pour sa légèreté, son humour, sa poésie. Inspirés par l'univers du photographe américain Rodney Smith, deux personnages primesautiers créent des tableaux très dessinés, les portraits de Lucien et Lucienne, élégamment vêtus, qui racontent une vie de couple complice, comme de grandes vacances éternelles à traquer la beauté de moments suspendus... Bras dessus bras dessous, ce tendre couple tisse une partition amoureuse et complice aux accents rétros sur une bande son jazzy. C'est délicieusement vintage, on fond littéralement.
> Samedi 4 juin, 17h, Le Quatro, Baud
REEAAL PARTY
Un rendez-vous sympa, avec le département musiques actuelles du Conservatoire de Lorient, et plus particulièrement avec les guitares, pour le plaisir de reprises qui déménagent (Feu!Chatterton, Joy Division, Rover, Radiohead, French79, Stray Cats, Johnny Winter…).
> Samedi 4 juin, 20h, Conservatoire de Lorient
BAAM-vitrine
Stages et Ateliers chez BAAM
Pendant tout le mois de juin, chez BAAM, lieu dédié aux arts graphiques, en plein centre de Lorient, des artistes vont se succéder pour donner des ateliers adultes et enfants d'aquarelle, de BD, de Stop motion (ces petites vidéos rigolotes filmées image par image), de sténopé (technique de photo ancienne et simplissime avec juste un trou), de photo, de linogravure... Avec notamment Les graveurs Les cas brassés, dont on vous a déjà parlé, et qu'on aime beaucoup, ainsi que notre photographe "officiel", Mikhaël Brun. On vous laisse découvrir les différentes propositions en cliquant sur le bouton ci-dessous
> Jusqu'au 30 juin, BAAM, 26 rue du Général Dubail, Lorient
bagarre
Bagarre + Tata Moisie
Un rendez-vous jeune public, c'est devenu plutôt rare, donc si vous avez envie de faire plaisir à vos enfants, petits enfants, neveux ou nièces, c'est le moment. Annabelle Sergent est la grande spécialiste du jeune public, elle sait faire, tout bien, pour donner du sens, de la poésie, du rire, accessible et pas gnan gnan. Foncez-y, il se pourrait même que vous adoriez vous aussi.
> Mercredi 8 juin, 18h, et samedi 11 juin 19h, CDDB, Lorient
jardins bleus
Jardins bleus
Le joli projet de la plasticienne Nastasja Duthois, dont on vous parlait le mois dernier, au sein du très choupinet Parc Chevassu. Ateliers (cyanotype, Kokedama, Tataki zomé, photographie), balades contées, concert de Jazz avec le groupe Whats'up, expositions, pique-nique. Avec Krystel Wlodarczyk, Charlotte Merlin, Jean-Pierre Le Rallic, Marie-Annie Gouret, Fred Miossec, Régis Huiban, Damien Guitet, Yves-Paul Ruelloux.
> Samedi 4 et dimanche 5 juin, Parc Chevassu, Lorient
cie du haut

Stages danse avec Astrid Lejeune

• Mini stage Jam de Contact Impro. Exploration autour du moelleux de l'os. 2 et 3 juillet. Cep à Lorient.

• Cours hebdo jeudi soir 19h /21h, jeudi 2, 7, 16, 21 et 30 Juin. Vous êtes les bienvenu.e.s même pour une première fois. CEP à Lorient.

• Stage 4 au 6 Août. Aude et Astrid Le Jeune proposent à un groupe de traverser le processus de création de CUMULUS#, une écriture brève, éphémère et unique, s’inventant à partir de la rencontre avec un lieu, créant une forme performative qui jouera à l'issue du troisième jour. Travail in situ, sur le site du Péristyle à Lorient.

• JAM LES PIEDS DANS L'EAU 26 au 28 Août à Tregunc (29). Face à l’Océan. Il est possible d'être présent tout le week-end mais aussi uniquement sur un des temps proposés. Novices, experts, joueurs, bougeurs, contacteurs, parleurs, musiciens... Curieux ou amoureux du Contact Impro.

Renseignements : cieduhaut@gmail.com ou astridlejeune03@gmail.com
camp

Stage danse avec Marie Desoubeaux

Corps littoral : une approche de la création chorégraphique dans l’espace naturel. Emmené par la danseuse et chorégraphe Marie Desoubeaux, cinq jours de formation et de recherche autour de la création in-situ. De multiples intervenants extérieurs viendront nourrir les réflexions, tandis qu’un partage constant et ritualisé sera mis en place chaque jour : partage du travail immédiat, se rendant poreux aux frontières tangibles et imaginaires qui entourent.
Public : Danseur·ses, artistes interprètes et chorégraphes professionnel·les, disposé·es à ouvrir le champ de la recherche sur la création in-situ et ses enjeux.
Du lundi 22 au vendredi 26 août. Parc de Pen Mané, Locmiquélic
Organisé par C.A.M.P - http://camp.bzh
passage interieur

Le passage intérieur

Sous-titrée « Voyage essentiel en Alaska », une BD dessinée par Bach Mai, et écrite par le Lorientais Maxime de Lisle. Ed. Delcourt, 80 pages, 16,95 €

La première page nous a fait peur, disons-le franchement. Traitement graphique classique, dessin à la limite du scolaire, mise en page académique, texte un peu didactique, citations de Kessel, Moitessier, Bouvier, Tesson, Ricard... Je me dis « Ohlalala, encore un mec qui va nous raconter son voyage et penser que ça va nous passionner ».

Et bim, voilà que la soirée diapos me passionne, ouais. Comment se fait-il que moi, allergique aux récits de voyage, je sois rentrée dans celui-ci au point de regretter qu’il ne soit pas un petit peu plus long ?

Alors je mène l’enquête, et je me rends compte que l’intime, les émotions, l’humain, irriguent le livre, sans besoin de travestir les protagonistes en héros. Maxime n’a pas peur de dire qu’il est au fond du trou après s’être fait larguer, ses potes avouent leur peur de se blesser ou de manquer de rhum, dans cette longue route en kayak direction l’Alaska. Que le récit très détaillé de l’aventure m’y fait entrer avec eux, tant dans leurs difficultés à trouver le bon bivouac que dans leurs ressentis. Que les pages se tournent vite et que retrouver le bouquin au lit pour le finir me fait plaisir.

« Capté par cette mer d’où se dégage tant de force et qui semble nous regarder elle aussi, on entre dans une sorte d’hypnose, à la fois extralucide et attentif, mais aussi divaguant, hors de soi ».

Que c’est depuis le quotidien, les petites choses, qu’on entre dans les histoires, voire même l’histoire. Et malgré mon goût de la distance, ma méfiance envers l’angélisme et la candeur, je me rends compte que les émotions, décrites sans pudeur, viennent faire craquer le glaçage de mon esprit critique. Que oui, la beauté du monde les a étreint, là, face à du plus grand que soi et du très beau.

« De retour à terre, je ne peux que crier joyeusement : Tout le monde dehors ! Sortez de chez vous ! Notre planète est une merveille, allez la voir »

Et oui, même si c’est mignon, ces pages qui détaillent le matériel nécessaire, donnent des explications sur les baleines ou les ours, des consignes sur le bivouac ou le kayak de façon un peu encyclopédique, et qu’on a l’impression de lire le journal intime d’un scout appliqué, qui ferait la liste à ses copains de ce qu’il ne faut pas oublier avant de partir en expédition secrète, et qu’on a envie de dire, oui, bon y a des guides pour ça, et ben on sent qu’il y a une vraie volonté de partage là-dedans, un vrai enthousiasme, et c’est la vérité de ces émotions, décrites au plus près, et justement leur naïveté, qui nous touche.

« Nous voulions retourner à notre place de petites choses au milieu du sauvage. Nous voulions sentir que nous ne sommes pas le centre du monde, mais que nous en faisons seulement partie »

On sent que ces gars-là, ils sont partis trois semaines et qu’ils ont vu, ils ont compris, et ils veulent le dire à tout le monde, que la banquise elle fond, que le cèdre rouge il meurt, que le tourisme de masse c’est pas bien. Et ben ouais, pourquoi pas ? Pourquoi seuls les experts auraient le droit de l’ouvrir ?

« L’urgence climatique, je l’ai ressentie physiquement […] la violence de l’impact de l’humanité sur le sauvage saute aux yeux […] ça se voit, ça se ressent, c’est effarant »

Maxime de Lisle, en nous racontant ce qu’il ressent sur l’eau, dans cette immensité sauvage, dans sa relation avec la nature, dans son indignation et son chagrin de la destruction de la planète, nous remue comme il a dû remuer ses parents ou ses potes en rentrant à Lorient.
Lui, il s’est engagé illico auprès de Sea Shepherd. Et nous ?

> A l’occasion de la sortie du livre, Code Zero organise une soirée dédicaces et tapas en compagnie de l’auteur, accompagné par les librairies Coccibulle et Fracas, le jeudi 9 juin.