|
|
|
|
|
À la gîte
L'effet indigo
Le festival Les Salles Mômes commence au moment où les plus matinaux d’entre vous lisent ces lignes. Pour ceux qui ouvrent le Mémo culture après le week-end, « aujourd’hui », c’est jeudi, hmm ? Et aujourd’hui on a bien envie de vous proposer d’aller voir « L’effet indigo » (L’Insolite Compagnie) avec vos enfants. Être un moussaillon dans l’âme ou un navigateur aguerri serait un plus pour constituer le panel de spectateurs idéal de cette jolie forme poétique et épurée. Avec des effets paraissant assez simples mais en réalité plutôt travaillés, un mélange de vidéo et de théâtre à l’ancienne avec trappes, trous et disparitions, l’univers marin se crée, dans une stylisation très réussie et intelligente. Ombres chinoises, vidéos, matières et corps composent un livre d’images animées qui joue sur le déséquilibre et les effets de gîte de façon très simple, mais qui fonctionne à bloc. Les adultes aimeront autant que les enfants.
|
|
|
|
|
|
|
Lyrique avé l'accent
Foé
Une hybridation entre Jacques Brel et Zebda. Foé n’a pas peur d’en faire trop, allez écouter Bouquet de pleurs ICI, et regarder aussi, mais attention, comme nous, le cadre sublime de la sublime piscine Alfred Nakache à Toulouse risque détourner votre attention, sans doute parce qu’on n’est pas totalement convaincues, mais quand même, y a quelque chose là dedans… Les accents du rap toulousain, qui se mêlent avec l’écho des grandes voix populaires de la chanson française, un flow parlé-chanté entre Grand corps malade, Fauve, Eddy de Pretto et Stromae, rocailleux, brut, porté par un piano classique, dans de grandes envolées lyriques. Les textes suivent, forts, poétiques, personnels, d’un romantisme échevelé à la frontière de la grandiloquence. On hésite entre éclater de rire quand au beau milieu d’une dégoulinade apparaît un « moinsse » très toulousain, ou se laisser entraîner dans ce maelström de sentiments exacerbés. Sans savoir quoi décider.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
On a un problème
Thylacine + Jaffa
Le problème avec Thylacine, c’est que dès qu’on se met dedans, quand on commence à écouter – et regarder, parce que les deux sens sont indissociables avec lui – on ne peut plus s’en sortir. Genre fumerie d’opium. Alors on vous propose de prendre un sac à dos vite fait, d’y fourrer des barres de céréales, un bonnet de laine et une gourde de thé bien fort, pour partir en voyage avec nous. On va traverser l’Argentine, les déserts et les terres rouges, à bord de sa caravane, une Airstream en alu de 1972, transformée en studio d’enregistrement. Les images sont démentes, le son est parfait, électronique mais pas trop, inspiré par les lieux traversés sans tomber dans le mimétisme, planant sans être lénifiant. Images sublimes, musique impeccable, c’est plus un concert, mais un voyage idéal.
|
|
|
|
|
|
|
|
Mais qu'est-ce que j'ai foutu de mes Docs ?
Frustration + Dewaere + We hate you please die
Oui, ça, c’est embêtant, c’est pas en escarpins que vous allez passer cette soirée. On veut pas dire par là que vous allez forcément vous lancer dans un pogo frénétique à plus de quarante ans (les autres sont déjà partis devant, ce concert va réunir les générations), mais vous risquez quand même avoir besoin de bouger votre enveloppe corporelle. Sinon quelqu’un d’autre le fera pour vous. Parce que ça va être une soirée classée Seveso III. Trois groupes, dont Frustration, l’emblème absolu de la scène garage, du post punk sauce à la menthe qui, excusez du peu, se permet d’inviter sur son dernier album les Sleaford mods. Donc si vous avez besoin de vous défouler, on peut dire que c’est exactement le moment et l’endroit pour le faire. (Photo ©Blaise Arnold)
|
|
|
|
|
|
Chien d'arrêt
Un petit poucet
C’est le spectacle des Salles mômes qui nous a fait dresser l’oreille et lever la patte. Un petit poucet est le premier projet de la compagnie Gros bec. Rien que pour son logo à la Jean Jullien, déjà, premier indice. Et tout de suite après, on a été épatées par la créativité de l’écriture scénique, qui compose avec lumière, cadrages, objets, des images vachement intéressantes. Le principe, beaucoup de noir et des visions qui apparaissent, créées par des corps, des bras, des mains, des dessins, cadrées très serré comme sorties de nulle part. Poucet, lui, est une marionnette filiforme, animé avec simplicité, semblant venu d’un dessin au Posca blanc. Un spectacle à partager avec les enfants.
|
|
|
|
|
|
Doum Doum Doudou
Doudou Ndiaye Rose Junior
Le fils de Doudou Ndiaye Rose, Doudou Ndiaye Rose Junior, est l’invité de « Regards croisés sur le monde », festival consacré à l’Afrique noire. Pour les accros au rythme et aux percus, plusieurs rendez-vous, rencontres, concerts, stages... (Photo ©Alpha Diallo)
|
|
|
|
|
|
Crise de tachycardie
Arnaud Rebotini + Aloïse Sauvage
Ça faisait un petit moment qu’on avait rangé les dithyrambes au placard pour se modérer un peu, mais voila qu’arrive une des dates qu’on attendait le coeur battant (ah ah ah ah), « 120 battements par minute » et donc, qu’on va lâcher les chevaux et hennir de plaisir pour la venue du roi incontesté de l’électro française, Arnaud Rebotini. On a les sacoches remplies d’arguments béton pour vous convaincre que c’est le concert à ne surtout pas manquer, mais d’abord, on souhaiterait parler à ceux qui se déclarent hostiles à l’électro, ou aux festivals rock, ou aux concerts en général. Parce que, comme pour Thylacine - (re)lire plus haut - on est ici dans cette frange inclassable entre spectacle et concert, entre les genres musicaux, donc on peut oublier toutes les excuses du type « je m’ennuie dans les concerts », « j’aime pas la foule », « l’électro c’est pour les teufers », « mes enfants vont à des soirées électro, c’est pas de mon âge » et blablabla et blablabla. Des arguments que nous allons balayer d’un large revers de main sur une table vernie, faisant voler ces très mauvaises raisons qui pourraient vous empêcher d’aller voir un truc de dingue. D’abord Rebotini. Deux mètres de haut, une gueule hallucinante, entre l’ancien boxeur et le mafieux, rêve de casteur de cinéma. Sapé comme un nabab, gitan élégant, gomina dans les cheveux, moustache à la Easy Rider, chaînes dorées et croix de démon de Jésus au cou… Ses fringues rétro et over classieuses mériteraient à elles seules un chapitre entier, catalogue de style affûté et d’intelligence du look. On arrête là. Ensuite. Le son. Bon, c’est impeccable, forcément, c’est le meilleur de la bande. Spécifiquement sur cet album, BO du désormais film culte de Robin Campillo sur les années SIDA et les débuts d’Act Up-Paris, qui contient une pépite, le remix très fin de « Smalltown boy » de Jimmy Somerville (Bronski beat). Ensuite, la scène. Le film (contrairement à ce qui a été annoncé sur les documents de communication, on vient de nous apprendre que oui, le film sera bien projeté derrière les musiciens, chouette), Rebotini au centre, avec ses synthés, imprimant une rythmique house imparable. Autour de lui, le Don Van Club, ses sept musiciens : violon, violoncelle, clarinette, flûte, percussions, harpe et piano. Vous voyez un peu le truc ? Allez, et on enfonce le clou en vous révélant qu’Aloïse Sauvage vous offrira une première partie qui mériterait à elle seule le déplacement. Cette jeune comédienne-circassienne-rappeuse (qui joue dans le film) chante suspendue à un filin, traversant la scène dans des postures d’acrobate, au centre d’un cercle de lumière. Un truc jamais vu.
|
Pour tout vous dire, on avait prévu de chroniquer un dernier spectacle après celui-ci, mais après réflexion, si on vous a fait grimper au rideau comme on l’escompte (c’est l’effet Rebotini : il y a des trucs chelous dans sa musique), là, on est bien. (Photo ©Valerian)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Avril
« Avril est un petit garçon qui a peur du loup et n’aime pas l’école. Avril n’a qu’un papa et ne sait pas pourquoi sa maman n’est plus là. Avril veut rester avec son ami, un vrai cow-boy des États-Unis. Mais l’arrivée d’Isild va tout changer. Histoire de manque et de peur, ce conte contemporain rappelle que l’imagination est parfois nécessaire pour vivre la réalité. Sur les mots de Sophie Merceron, Marilyn Leray et Marc Tsypkine signent leur premier spectacle pour la jeunesse. Film d’animation, images réelles et corps des acteurs nous emportent dans la vie telle qu’elle est, vertigineuse. »
|
|
|
|
|
|
|
Bertrand Belin
Il peut damer le pion à Rebotini côté élégance, même si il surfe dans un domaine plus comparable à celui de Jean Rochefort, gentleman farmer style et richelieux cognac aux pieds. On en est raide dingue aussi, comme tout le monde, pour ses climats à la Bashung, ses textes poétiques, son charme très craquant, et sa voix de basse. On n’a que deux places à vous offrir, donc les premiers arrivés seront les premiers servis.
|
On vous invite à nous les demander gentiment et avec style sur cestparla@sortiesdesecours.com
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|