
Énergie solaire : les citoyens prennent le pouvoir
Devenir propriétaires collectifs de panneaux solaires sans intermédiaire. Depuis 2009, OnCIMè, société d’investissement citoyen, équipe des bâtiments publics et magasins Biocoop. Deux nouveaux projets sont prévus pour juin 2025 à Lanester et Larmor-Plage. La campagne de souscription démarre ce mois-ci. Une initiative locale qui prouve que la transition énergétique peut se faire à hauteur de citoyen.
« O-N-C-I-M-E accent grave », m’épelle soigneusement Jean-Luc Danet au téléphone. Ce n’est pas tous les jours qu’on croise une société dont le nom est une injonction à l’action collective. OnCIMè (prononcer « on s’y met ») est née d’une volonté simple : permettre aux citoyens de financer des projets d’énergie renouvelable près de chez eux. Comme me l’explique ce président bénévole, ils sont aujourd’hui 180 sociétaires à se partager des actions à 81 € pièce. Ici, le pouvoir ne se mesure pas en euros investis : « Une personne égale une voix. C’est notre règle d’or », insiste Jean-Luc Danet. Peu importe que vous ayez investi 81 € ou 46 000 € (comme le sociétaire le plus généreux), votre poids dans les décisions reste le même.
Deux nouveaux projets pour juin 2025
La société lance justement une nouvelle campagne de financement pour deux projets qui devraient voir le jour en juin : l’installation de panneaux solaires sur le toit du magasin Biocoop de Larmor-Plage et sur celui de l’hôtel de ville de Lanester. Chaque site sera équipé d’une centrale de 20 kilowatts-crête, soit environ 50 panneaux, pour une production annuelle estimée à 22 000 kilowattheures. « On espère bien que l’installation se fera avant les vacances, c’est-à-dire courant juin », confie Jean-Luc Danet. « On mène les deux projets en parallèle, avec la même entreprise.»
Une histoire qui commence sur un toit de Biocoop
Tout a commencé en 2009 sur le toit de la Biocoop de Mellac. « C’est la première centrale photovoltaïque citoyenne de Bretagne », s’enorgueillit Jean-Luc. Mikaël Coroller, président du directoire de Biocoop Les 7 Épis, s’en souvient : « J’avais dit, dans les premières réunions d’informations, que j’avais un toit à disposition grâce à la construction d’une extension… À l’époque, c’était ce qui s’appelait le CES Toit Solaire Mellac. »
Depuis, les panneaux ont essaimé : l’Hôtel de Ville de Lorient, l’école Kersabiec, le CFA… Des projets qui ont permis à OnCIMè de développer son expertise et son modèle économique.
Un modèle économique vertueux
Pour les propriétaires des bâtiments, l’équation est simple : ils louent leur toit ou les panneaux, et consomment directement l’électricité produite. « Dans notre type de magasin, c’est hyper adapté », explique Mikaël Coroller. « Notre grosse consommation, ce sont nos frigos. Au moment où il fait le plus chaud dehors, c’est là que ça tourne le plus. Donc, là où il y a le plus de soleil ». Pour les sociétaires, pas de dividendes, mais une valorisation annuelle de l’action : « Tous les ans, on propose aux actionnaires de réévaluer la part de 1 % plus le montant de l’inflation », précise Jean-Luc Danet. La part qui valait 79 € l’an dernier en vaut 81 aujourd’hui.
L’énergie citoyenne recrute
OnCIMè cherche maintenant de nouveaux sociétaires. « On est plus intéressés par les nouveaux que par les anciens », avoue Jean-Luc. « C’est ça la démarche militante. On pense que cet investissement permet aux gens de se rendre compte du fonctionnement de l’électricité, et de la manière dont on la consomme. »
Au-delà de la production d’énergie, l’association Bretagne Énergie Citoyenne propose des animations de sensibilisation dans les établissements équipés. « L’accent est mis sur la maîtrise de la consommation d’énergie », rappelle Jean-Luc, « c’est-à-dire la meilleure énergie, celle qu’on ne consomme pas. »
RAPHAËL BALDOS
> Pour en savoir plus : contact@oncime.org ou bretagne-energies-citoyennes.org.
La rubrique « En transition » est entre les mains de Raphaël Baldos, journaliste membre de l’ONG d’enquêtes journalistiques en Bretagne splann!
Un choix fait conjointement avec la Biocoop Les 7 épis, qui parraine la rubrique, dans l’intention d’aller voir un peu plus loin.

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