• et un clic là

David Hockney 25

23 mai 2025. Isabelle Nivet

david hockney sorties de secours isabelle nivet

Clairement une des plus belles expositions de ces dernières années. Enorme (400 œuvres), mais ce n’est pas ça l’important, même si le volume d’œuvres présentées (en majeure partie des pièces récentes, y compris les dessins sur ipad, mais aussi des « tubes » comme les piscines) contribue à la sensation d’être submergée d’émotion et d’amour pour cet homme qui ne cesse jamais de peindre et de partager son regard sur la nature et les êtres humains.

Un regard dans lequel on embarque avec cet être qui VOIT. C’est le premier constat que l’on fait, à quel point cet homme regarde intensément, avec curiosité, intérêt, désir, jouissance, joie indubitable, émerveillement même. Le plaisir immense qu’Hockney ressent à regarder autour de lui, devant lui, il est là, il palpite, il gonfle, il envahit nos cellules et les endorphines du plaisir viennent nous faire palpiter de bonheur à l’unisson.

Ce regard, c’est lui qui permet à la main de tracer le dessin, avec une simplicité réjouissante, par touches désinvoltes (ah, ses traits comme un doigt trempé dans la peinture et voilà des arbres ! ah ces tortillons comme un zigouigoui de pinceau et voici des fleurs ! ah, ses chaussures broum broum et c’est fait elles sont là !). Dès qu’on s’approche au maximum des toiles et papiers sans faire hurler les alarmes, quel que soit le medium, on ressent puissamment à quel point Hockney ne se prend pas la tête. Il fait. Il y va. Il ne se repose pas sur la technique. On sent ses élans, le corps, la main, qui y va, simplement, naturellement. On sent qu’il n’y a aucune peur, aucun enjeu (oui, à son niveau, forcément, on peut être cool, hein).

On sent que – Ô, bonheur ! – rien n’est sacré et tout est joie. On sent, on voit que tout est jeu, tout est dans le plaisir de faire ici comme ça, là comme ceci. Une recherche sans préméditation, qui se fait dans la poursuite du plaisir. Sa série d’autoportraits en est l’exemple parfait : quinze dessins où tout varie, tout change, du cadrage aux couleurs, des expressions au traitement, tout se ressemble et tout est différent. Créativité, renouvellement, quel bonheur de suivre l’artiste sur son chemin, à ses côtés. La variation comme maître mot. Comme dans sa série de points de vue de l’hiver au printemps, devant laquelle on pourrait rester l’après-midi entière.

Trois bonnes heures sont au moins nécessaires pour se goinfrer (grâce à un accrochage dynamique, un poil iconoclaste, conçu par Hockney lui-même), se gorger, s’empiffrer de cette exposition opportunément programmée au printemps, qui fait écho à la beauté et à l’exubérance de la végétation à cette saison, ces millions de feuilles qui éclosent dans la rue et les parcs, et ces millions de feuilles peintes par Hockney. Voilà pour le vert, couleur majeure de l’exposition, mais bien sûr, les iconiques mandarine et turquoise viennent nous tourner la tête, comme dans – rassurez-vous, oui, il est là – « A bigger splash » et gicle comme une orgie d’agrumes acidulés, un shoot de vitamines qui nous tient éveillées tard dans la nuit…

Jusqu’au 31 août, Fondation Louis Vuitton, Paris

david hockney sorties de secours isabelle nivet

POUR ALLER PLUS LOIN DANS CETTE THÉMATIQUE

 

x