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Andy Warhol & Marylin Manson. Rock & Painting #6

 "Rock & Painting, c’est une série née sur Facebook en octobre 2019 dans laquelle j’associe chaque jour une toile et un morceau de rock. Dans laquelle j’associe mon amour de la peinture et du rock". Catherine Pouplain. Juin 2020

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C’est l’histoire d’une boîte de conserve, une boîte de conserve de soupe. Comme ça, ça ne ressemble à rien et pourtant, on parle là d’un moment culte de l’histoire de l’art contemporain soit la boîte de soupe de la marque Campbell rendue mythique par l’artiste américain Andy Warhol en 1962. Cette année-là, le jeune Andy, un peintre et dessinateur de 34 ans, est déjà un artiste qui s’est fait un nom dans le paysage artistique new-yorkais des années 50 et en particulier dans le domaine de la publicité pour laquelle il créé des visuels. On aurait parfaitement pu le voir dans la série Mad Men. Pas étonnant donc qu’en 1962, il s’inspire d’une simple boîte de conserve de soupe pour créer une œuvre de 32 petites toiles sérigraphiées de 50 x 40 cm soit les 32 déclinaisons alors vendues de cette marque qui existe toujours en 2020. Cette œuvre fait scandale parce qu’elle met en scène un objet de consommation courante dans un but quasiment aussi commercial. Art or not Art, c’est la question toujours en suspens à ce jour. A l’époque, cette série s’inscrit comme une pièce majeure d’un mouvement qui ne va faire qu’exploiter l’artistique au profit du commerce. C’est le Pop Art, un mouvement intimement lié aux années 50/60, qui explore les symboles populaires, les objets de tout le monde, la consommation de masse en plein essor, tout ça dans des tons criards et avec des techniques comme la sérigraphie, qui permettent de multiplier les tirages et donc, les ventes. Warhol a été un grand utilisateur et prescripteur de ce principe inventé en Chine au Moyen Âge.

J’ai choisi pour la série une boîte parmi les 32, celle de la soupe écossaise au bouillon de mouton. J’aurais pu choisir la soupe boeuf/bacon, la soupe au poulet gumbo, une recette de Louisiane, ou la soupe à la crème de palourdes, une recette de Nouvelle Angleterre. J’ai choisi celle-ci parce ses origines se rapprochent de chez nous. La soupe écossaise se fait avec de l’orge et du bouillon de mouton. C’est une vieille recette qui tient bien au corps. D’ailleurs, sur la boîte, il est mentionné healthy soup soit « soupe copieuse ». J’ignore le goût qu’avaient ces soupes mais la marque créée en 1869 existe toujours 60 ans après et il y a aujourd’hui environ 300 déclinaisons. Le logo n’a pas changé non plus, un peu comme celui de Coca-Cola.

Si on connaît bien cette boîte de soupe, c’est que si l’œuvre date de 62, Warhol a ensuite continué à la décliner par le lettrage ou les couleurs, histoire de bien essorer les possibilités commerciales du principe. Il a clairement été le meilleur publicitaire de cette marque, qui après ça ne pouvait tout simplement plus changer d’habillage.

Il y a quelques années, j’ai trouvé ces boîtes de soupe dans un supermarché en France et j’en ai acheté une. Mais je ne l’ai jamais consommée comme un aliment, je l’ai consommée comme une œuvre. Et j’ai fini par la jeter...
Pour accompagner cette œuvre, j’ai choisi un titre de Marilyn Manson, « Eat me, Drink me », titre de l’album sorti en 2007, un album écrit en quelques semaines suite à un chagrin d’amour. Marilyn Manson l’a écrit en référence au passage d’Alice au pays des merveilles où Alice voit une boite de gâteaux sur laquelle est écrit « mange-moi » et une petite fiole avec « bois-moi ». Mais il y aurait également mis une référence à la Cène (« mangez mon corps, buvez mon sang »). Bon appétit !



Chronique diffusée dans le Rock Club de Radio Balises le 27 janvier2020. https://radiobalises.com/

 

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