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Dessiner, dire, filmer Keroman, port de Lorient

Un doc autour des dessins de Gérard Darris coréalisé par KuB et Sorties de secours


Cette semaine, sort sur KuB un documentaire sur les dessins de Gérard Darris, que nous leur avons proposé de coréaliser cet été, parce qu’on n’aime rien tant que les rencontres qui se croisent et se recroisent : en 2019, Sorties de secours était sélectionné pour rejoindre un incubateur de médias innovants à Nantes, NM Cube. Assez naturellement, on s’y était rapprochées des "incubés" qui venaient de la presse écrite, et notamment de William Mauxion, qui a fondé la très belle revue Bouts du monde, où il publie des carnets de voyage autour du monde.


Par ailleurs, nous accueillons les dessins de Gérard Darris, croqueur lorientais, membre des Urban Sketchers. Ce dernier nous signale, il y a déjà presqu’un an, que Bouts du Monde va publier un reportage qu’il a conçu, un carnet de voyage au plus près, dans sa ville de Lorient.


La boîte à idées se met à ouvrir ses tiroirs dans ma tête et je pense faire une interview de Darris. Et puis je lis son texte, m’aperçois qu’il y raconte son fonctionnement, les lieux qu’il aime, et me dis qu’une interview n’apportera rien de plus. J'ouvre d’autres tiroirs, pense à un podcast, avec sons du port et cris des mouettes, et puis décidément, non, il va y avoir redondance encore.


C’est dans le dernier tiroir que je trouve l’idée, profitant d’un déjeuner à Vannes avec Serge Steyer, de KuB : filmer les lieux que Darris a dessiné, mettre image et dessins en miroir, laisser Serge poser son regard bien spécifique, empreint de lenteur, d’épure, sur cette zone portuaire qui aura, le jour du tournage, la délicatesse de se voiler de brume et d’un léger crachin, fixant un filtre grisé sur une eau parfaitement immobile. Darris est équipé d’un micro HF, Kilian Jarno, au son, nous suit avec une perche, mais nous ne sommes pas certains que ma voix va exister. Comme il s’agit d’une conversation et pas d’une interview classique, ce serait dommage.


Alors j’appelle Jean-Louis Le Vallégant, qui, depuis Confidences sonores, un spectacle mêlant témoignages et musique, dispose d’un bon matos d’enregistrement. Je lui propose de créer une bande son. On reprend le texte de Darris, on le découpe, le recoupe, le recoud, jusqu’à son arête centrale, l’essentiel. Ce texte, on l’enregistre chacun, on se le met dans les oreilles, et on improvise sur la voix de l’autre : répétitions, accélérations, hauts, bas, doux, speed. On s’amuse. On l'envoie à Serge, qui va le plaquer non pas sur le documentaire, qui finalement a pu exploiter le son, mais sur un diaporama des dessins de Darris. On aura donc deux docs pour le prix d'un. C'est chouette. 


 

Isabelle Nivet, Janvier 2021


 

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