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Rotor Jambreks. Soul Power

Pas bégueule, il est venu nous rendre visite dans nos bureaux, à La Colloc. En toute simplicité et incognito, sans lunettes noires ni pompes classieuses. Foin de costard de Blues Brother, Rotor, en civil, est un grand gars timide, mais adepte de blagounettes, quand même… Il nous raconte comment son personnage de Rotor Jambreks, né en 2006 des cendres de sa collaboration avec Craftmen Club, a évolué vers cette déclinaison pédagogique, sans perdre son âme vintage et ce son unique qui fait sa patte… « J’étais en résidence à La Carène, à Brest, et ils m’ont proposé un partenariat avec un collège qui travaillait autour des musiques engagées. Moi je travaillais sur le rock’n roll, on s’est donc posé la question : est-ce que le rock’n’roll est une musique engagée ? C’est ainsi qu’est né « Rock‘n’roll Rebel », qui constitue l’origine du concept University, qui tourne toujours et que j’ai joué une cinquantaine de fois l’an dernier ». Une formule où images et musique se tapent la bourre au coude à coude, calée au millimètre avec des tops très précis, se répondant de l’écran aux instruments : guitare, caisse claire et grosse caisse, plus un chouïa de programmation pour épaissir le rythme, plus groovy dans la version Soul Power : « Je joue des morceaux qui illustrent des points du diaporama, qui est fait d’extraits de films, de documentaires, de photos, qui permettent de se replonger dans l’ambiance ». Soul Power reprend le principe, cette fois sur une période un poil plus récente, 1950-1967
« Discours et blagounettes, diaporama et morceaux. Sauf que si le rock parle en gros d’un seul sujet (le sexe), la soul, elle, aborde plus de choses, notamment la politique et le racisme ».

Un gros travail documentaire pour lequel Mikael Gaudé (même Wikipédia le dit, c’est son vrai nom) s’est plongé dans les bouquins de la médiathèque de Lorient, puis a foncé sur internet, exploitant son bilinguisme pour se nourrir des documents en anglais, plus nombreux sur le sujet « Je n’ai qu’une heure pour esquisser le sujet de l’esclavage et des work songs des plantations, passer du gospel à Ray Charles, et finir avec les émeutes de Détroit. Six ou sept chapitres et répondre à la question : qu’est-ce que je ne peux pas laisser tomber ? La Motown, pour faire écho à la notion d’industrie, la ségrégation comme fil rouge, les clichés, notamment celui de la black face, les grandes figures : Martin Luther King, Ray Charles, Malcom X… Il fallait faire la tambouille en restant chronologique, tout en racontant une histoire ». Le choix de la soul, pour Mikael, s’est fait en toute logique « Toute ma construction vient du rock indé américain, mais je suis rentré dans l’univers soul via la découverte de The Blues Explosion, mon épiphanie musicale à moi, un son très blanc, très rock, mais avec des connexions au hip hop et à la soul. J’étais très fan. J’ai tiré le fil et je me suis documenté… ». Prochain opus ? « Pourquoi pas le punk ? ça me ferait bien marrer… »

ISABELLE NIVET


Décembre 2017

 

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