S'opposer à l'esclavage lors de l'Ere des Révolutions 1754-1830 : d'un réseau transatlantique à une alliance entre Noirs et Blancs aux Etats-Unis
Marie-Jeanne Rossignol
Professeure d'études américaines, Université Paris Cité
Avec Montesquieu, l'argumentaire antiesclavagiste théorique trouve son avocat le plus célèbre au milieu du 18e siècle. Mais ses successeurs, Diderot ou Raynal, tirent leur inspiration de l'action des quakers nord-américains qui libèrent leurs esclaves en Pennsylvanie. C'est d'ailleurs en Amérique que le mouvement antiesclavagiste trouve son militant le plus efficace, anthony Benezet, dont les idées percutantes sur la traite et l'abolition de l'esclavage vont se répandre à travers tout le monde atlantique. Benezet, fils de huguenot français, crée aussi un modèle d'organisation militante, l'association antiesclavagiste, qui sera repris en France comme en Grande-Bretagne.
A sa mort en 1784, les rangs des antiesclavagistes états-uniens se gonflent progressivement des anciens esclaves libérés pendant la révolution américaine. Leurs idées égalitaires remettent en cause le fossé qui existe entre principes et réalité en Amérique. Leurs leaders organisent la communauté noire en églises, écoles et associations, toutes dédiées à l'égalité des hommes. En 1830, les deux groupes de militants blancs et noirs sont à la veille d'une alliance historique et d'un combat commun finalement récompensé par l'abolition de l'esclavage au Etats-Unis en 1865.