CLEPSYDRE* & BASCULE / SÀCH n.8
Clepsydre est une installation pensée et réalisée par l’artiste Thomas Bischoff et coproduite par le Centre culturel Athéna, la ville d’Auray et le département du Morbihan.
Des roues, des tuyaux, des bouées, des supports, des siphons, des clapets, une machinerie inconnue mais dont la mémoire de l’eau garde des traces. Les traces anciennes des norias, des moulins, des écluses ; la trace de l’arrosage d’un vieux jardinier revenant du puits ; la trace des aqueducs immémoriaux. Et la trace de la clepsydre, sablier d’eau, qui donne le temps d’une parole...
L’eau s’écoule vers cette gigantesque installation qui se déploie dans l’espace et se glisse sans bruit dans les tuyaux, gonflant ces outres que l’on reconnait comme des bouées, des pare-battages, prenant la place de l’air, colonisant ces bonbonnes vidées de leur gaz, ces dames-jeannes sentant encore la prune, squattant ces balises qui ont perdu le nord.
Et puis le son d’un interrupteur qu’on actionne.
Lentement, le corps commun de l’eau se met à bouger. Il monte. Ou il descend. Il flotte - qui aurait cru cela possible ? - mêlé aux bulles d’air, respirant ensemble. Des bulles-gouttes, lourdes et légères, molles et dures, souples et actives, changeantes et malléables, pleines d’énergie et indolentes. C’est la masse qui fait bouger l’eau, c’est l’eau qui fait bouger la masse, qui fait tout bouger ; les bouées bougent, les dames-jeannes s’envolent, les balises plongent, la chapelle bouge, l’eau arrive en haut pour redescendre à toute vitesse, la tête en bas, la clepsydre* est devenue montagnes russes.
L’oeuvre XXL d’un artiste-artisan
Thomas Bischoff a conçu cette installation comme un artisan, récupérant des bouées dans les ports du Morbihan ; déplaçant, décalant la fonction d’objets maritimes, qui racontent ici une nouvelle histoire, faisant respirer des objets par essence inertes. Ces bouées, avec lui, flottent dans l’air au lieu de flotter dans l’eau, et transportent de l’eau au lieu de contenir de l’air.
L’eau devient le moteur du mouvement, se déverse d’une bouée à l’autre. Grâce à un système de contrepoids, les bouées montent et descendent au gré de glouglous, de souffles, de bulles, de claquements de métal, dans un écho imperceptible aux craquements des charpentes.
Comme un hommage aux innombrables systèmes et machines inventées par l’homme pour transporter, canaliser, déplacer l’eau, Thomas Bischoff réinvente le principe des vases communicants avec poésie. Soudant, assemblant des formes, réinventant des roues-engrenages, des paniers de métal, il a créé une mécanique qui prend le contre-pied des technologies modernes, en déployant des efforts considérables, juste pour produire une machinerie poétique, qui nous émerveille et ne sert strictement à rien.
Il « suspend » littéralement le temps au plafond, puisque cette extrapolation de clepsydre ne mesure ici techniquement pas le temps, mais nous permet de l’arrêter, le temps qu’il nous plaira de rester en compagnie de son œuvre…
*La clepsydre est un instrument datant de l’Antiquité, qui sert à mesurer le temps. Il s’agit d’un vase percé d’un trou qui laisse couler l'eau. Des graduations permettaient de mesurer de courtes périodes, comme la durée d’un discours ou d’une plaidoirie en Grèce.
L’artiste
Thomas Bischoff pratique la sculpture et l’installation depuis une douzaine d’années, puisant son inspiration dans le monde de la mécanique et de la science. Ses créations sont en lien avec des principes tels qu’équilibre des masses, mouvement perpétuel, dynamique des fluides et force centrifuge, afin de construire des objets intrigants, questionnant leur fonctionnement ou leur matière. Il développe depuis quatre ans un projet à long terme qu'il nomme SÀCH (Sculpture À Commande Hydraulique) entamé avec « Vases communicants » (SÀCH N°3) ou « Arbre de vie » (SÀCH N°2) dont le principe est de commander des machines à distance avec le simple écoulement de l'eau, une substitution à l'électricité, low tech et poétique.
Clepsydre est un hommage
Un hommage à l’ingéniosité des hommes et des femmes du passé, à ces entreprises un peu folles ou nécessaires pour transporter l’eau : le pont du Gard et son aqueduc romain qui conduisait l’eau d’Uzès à Nîmes. Les serres victoriennes de Kew Gardens et leur goutte-à-goutte, qui permit l’acclimatation du caoutchouc, du quinquina et du café. Le chadouf des Égyptiens, son long bras et son outre de cuir, gonflée comme un pis de vache, destiné à irriguer les cultures du Delta du Nil. Les canaux d’irrigation des Incas et les terrasses vert émeraude du Machu Pichu. La machine de Marly qui alimente bassins fontaines et jets d’eaux du château de Versailles, juste pour le plaisir des courtisans et courtisanes. Les châteaux d’eau, les chenaux, les canaux, les fontaines, les gargouilles, les reposoirs, les réservoirs, les bateaux-lavoirs…
Clepsydre est ludique
Dans toutes les techniques de déplacement de l’eau, une constante : c’est la force de l’eau et les différences de hauteur qui génèrent le mouvement. Comme dans le jeu en plastique de l’Oiseau buveur, et son mouvement perpétuel, plongeant dans un verre d’eau et recommençant en faisant hurler de joie les enfants…
Clepsydre est un oiseau buveur géant, sans oiseau, mais un jeu, puisqu’à travers une série de consignes simplissimes, le spectateur devient capitaine, active l’arrivée d’eau dans les tuyaux, fait monter et descendre des objets. Un simple interrupteur met en route cette machinerie à la Calder, transformant les lieux comme dans un film de Charlie Chaplin. Comme si un savant fou s’était emparé de la salle des machines d’un cargo géant, comme si Gulliver s’était mis à jouer au ballon avec les balises du Golfe du Morbihan…
Biographie de Thomas Bischoff
Thomas Bischoff pratique la sculpture et l’installation depuis une douzaine d’années, puisant son inspiration dans le monde de la mécanique et de la science. Ses créations sont en lien avec des principes tels qu’équilibre des masses, mouvement perpétuel, dynamique des fluides et force centrifuge, afin de construire des objets intrigants, questionnant leur fonctionnement ou leur matière.
Thomas Bischoff réside et travaille à Strasbourg. Au cours de son parcours artistique, Thomas a enrichi son expérience à l’international grâce à des résidences à Prague en 2014 et à Mexico en 2015. Il a également pris part à des expositions collectives à Vienne en 2016 et à la Regional 17 au Ceaac (Strasbourg). En 2019, il a été sélectionné pour réaliser une œuvre monumentale dans le cadre du projet Stuwa et en 2023, une autre installation était présentée à la FEW de Wattwiller. Les années 2021 et 2022 ont été marquées par son investissement dans la réhabilitation d’une maison transformée en atelier collectif d’artistes, témoignant de son engagement continu envers le développement et la promotion de l’art dans son environnement local.
Il développe depuis quatre ans un projet à long terme qu’il nomme SÀCH (Sculpture À Commande Hydraulique), entamé avec "Vases communicants" (SÀCH N°3) ou "Arbre de vie" (SÀCH N°2), dont le principe est de commander des machines à distance avec le simple écoulement de l’eau, une substitution à l’électricité, low tech et poétique. Il vous présente "Clepsydre" (SÀCH N°8) à Auray.
Autour de l'exposition
Installation à Saint-Goustan BASCULE / SÀCH N°11
Découvrez cette installation dans laquelle une grande masse bascule par le déplacement d’un peu d’eau.
> Pont de Saint-Goustan
> Accès libre en continu
Visites guidées de l’exposition
Les médiatrices de l’exposition vous proposent des visites guidées tous les samedis.
> Chaque samedi à 11h à la Chapelle du Saint-Esprit
> Gratuit - sans réservation
> Avec les médiatrices culturelles
Expériences scientifiques ludiques
Vases communicants, moment d’une force, bras de levier... Expérimentez vous-mêmes les principes physiques qui opèrent dans l’installation "Clepsydre" grâce à des petites manipulations ou des jeux.
> A la Chapelle du Saint-Esprit, aux heures d’ouverture de l’exposition
> Gratuit
Jeux pour petits et grands
Livret-jeux, memory... découvrez autrement l’exposition "Clepsydre".
> A la Chapelle du Saint-Esprit, aux heures d’ouverture de l’exposition
> Gratuit