
Maelström
Vera, 14 ans, sourde, munie d’implants cochléaires, est debout, immobile, au coin d’une rue à n’attendre personne.
Le monde ne la voit pas. Ne sait pas. Ne sait rien. D’elle. Ne l’entend pas. L’efface. ELLE EST LÀ, mortelle à chaque seconde. Elle dit la tempête qui a la forme de son cœur. Elle dit son cœur qui bat pour un autre. Elle est murmure et réclusion, résistance et cri, grain de sable et tempête. Elle s’interroge et son être lui renvoie son interrogation.
Ce faisant, elle existe en des paysages hétéroclites, passés, présents, futurs. Si elle était une ville, elle en serait une, au moment où un typhon la traverse.
Le spectateur suit la pièce casque sur la tête et se retrouve dans la même situation que Vera, à entendre des sons par procuration.
La comédienne donne chair et âme à Vera avec une vérité sidérante. Elle captive, lumineuse. Elle éclabousse d’émotions, atteint les cordes sensibles et réussit à nous décrocher des larmes.