• et un clic là

Traces de bal. Jean-Louis Le Vallégant fait revivre les baluches

Isabelle Nivet. Février 2020

On l’a vu l’hiver dernier, on avait été émue. Ces traces du temps passé, ces histoires de bal à papa qu’on n’a jamais connu, ce portrait de Dany Bigoud entre fiction et récit, la place prise par un Jean-Louis Le Vallégant assumant sa fragilité, c’était très beau tout ça. On a voulu revoir Le Vallégant, pour qu’il nous raconte comment se sont écrites ces traces...

2016. Le Vallégant collabore avec le Manoir de Kernault, à Mellac, pour une expo thématique, Bal, baloche, baluche, puis travaille avec Olivier Polard sur un beau livre à l’accent rétro, Baluche. Orchestres et dancings dans le Finistère. Pas rancunier, Le Vallégant - qui vient du trad et considère que le baluche a pris la place des bals bretons - a collecté la parole de danseurs, de tenanciers, de musiciens et de bagarreurs, ceux qui fréquentaient autrefois les dancings...

Kernault lui demande alors une mise en musique, Le Vallégant commence à poser une trame électro sur les textes qu’il dit, et se ravise : l’ensemble ressemble trop aux Confidences sonores, son spectacle phare, qui tournait sous yourte, il y a une douzaine d’années. Il décide alors de transférer ses collectes à l’intérieur
d’un récit fictionnel, et construit un personnage haut en couleurs, Dany Bigoud, directement inspiré par la vie et les mots d’un musicien de baluche, Loïc Kerdelhué, chef de l’orchestre Suspens Orchestra, à Plœmeur, dans le Morbihan.

Arrive alors sur ses genoux un livre, Le langage blessé, de Philippe Van Eeckhout, sous-titré Reparler après un accident cérébral, où il apprend que l’on peut rééduquer la parole par le chant. ça s’appelle la mélodie thérapie. Le récit fait un twist et on entre alors dans une vraie fiction, Dany Bigoud se prend un AVC
dans la gueule, devient un héros poétique et cabossé, qui se souvient comme il peut de sa carrière à paillettes. À son marcel Armor Lux et son bénard Chantal Thomas chiné aux puces de Clignancourt, Le Vallégant ajoute alors un spencer à paillettes de chez Barracuda, à Barbès. Le personnage jaillit. Quelques notes
de sax et une boule à facettes viennent ensuite structurer le spectacle, d’où coule une jolie nostalgie, dans ce personnage kitsch, composé avec beaucoup de tendresse...

 

x