• et un clic là

Violaine Fayolle. Gravure # épisode 2

Elle a choisi comme sous-titre « Migration d’oiseaux au désespoir de voler ». Violaine Fayolle a conçu tout un petit peuple de presque chimères, oiseaux un peu humains par leurs personnalités, mais aussi presque végétaux car créés à partir d’une observation fine et amoureuse des plantes… La trentaine de Désailés qu’elle a gravés provient de personnages réels dont ils sont, d’une certaine manière, les portraits. Des portraits psychologiques, intuitifs plutôt que descriptifs, des hommages affectueux de l’auteure à ses amis ou sa famille. Des portraits où se lisent les fragilités, les failles touchantes, les maladresses poétiques, les aspérités et les aspirations, passées à travers le filtre de Violaine, éponge à perceptions, anémone craintive aux tentacules télépathes, percevant chaque hésitation, chaque respiration de son interlocuteur, aussi poreuse aux émotions des autres qu’à celles des arbres, pour lesquels elle nourrit un amour candide et sincère. C’est ainsi que se retrouvent dans son dessin des éléments parfois anodins, mais qui contiennent en eux un univers graphique. Ailettes, pétales, bourgeons, hélices, lianes, écailles, coquilles, écorces, aigrettes, bulbes, nervures, étamines... L’atelier (et l’exposition) de Violaine est rempli(e) de boîtes d’où émergent ces trésors collectés au cours des promenades de l’artiste, formant un cabinet de curiosités modeste et minimaliste, allant de la pelure d’orange à la pomme de pin, soufflant le charme des collections constituées par un amour sincère. Les Désailés sont nés dans cet inventaire végétal, l’artiste piochant telle ou telle structure pour nourrir son dessin, s’inspirant des vrilles de la vigne (cf Gaston)  ou des racines d’un bulbe de fritillaire. Sans ailes, les oiseaux de Violaine ne peuvent voler, mais ils vont danser, au sein d’un spectacle que la jeune femme met en scène en compagnie de trois musiciens, Véronique et Fabrice Bourlet au violoncelle et piano, et Hélène Callonnec au violon. Un pari gonflé, une première pour l’artiste, mais un résultat touchant car une fois encore plein de sincérité et de candeur, l’envie tenant lieu d’expérience. Violaine danse, convoquant la petite fille en chaussons et tutu qui prenait des cours de classique, Violaine bouge, naissant à la vie dans le costume de ses Désailés, oiseau hésitant, affichant sa fragilité, Violaine dessine, faisant courir pinceaux et encres sur un grand tableau où prennent forme ses créations créatures, en live, et c’est beau.

ISABELLE NIVET
Juin 2017

 

x