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Géraldine en transition. Les labels. 2e partie

 

Par Géraldine Berry. 23 mars 2023

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Une rubrique soutenue par la Biocoop 7 épis

La belle verte !

Il n’y a pas si longtemps – quelques mois déjà, hum hum – j’annonçais donner suite à une première chronique sur les labels. Parce qu’à l’origine, j’avais décidé d’écrire sur les différents labels en agriculture biologique. Mais, magie de la sérendipité, je m’étais retrouvée au pays de l’étiquette en tout genre, allant de découverte en découverte, qu’il me fallait bien les partager. Et c’est ainsi que cette chronique s’était trouvée scindée en deux. La première partie arrivait à la conclusion que seul le label bio garantissait une agriculture sans pesticide. Et teasing extrême, que “être en bio, c’est le minimum”.

Cette phrase, c’est Florian, de l’association Optim’ism, qui l’a prononcée lors de la projection d’un film documentaire à L’îlot Kergaher dans le cadre du festival Alimenterre(1). “Être en bio, c’est le minimum”, cela signifie que c’est le moins que l’on puisse demander à un produit aujourd’hui. Si l’on y repense, il y a quelques années, le bio, c’était un peu notre maximum, du moins pour nombre d’entre nous. Aujourd’hui, le bio s’est “démocratisé”. En 2020, plus de 9 Français·e·s sur 10 déclaraient avoir mangé des produits bio, et 13% disaient en consommer tous les jours (2). Le bio n’est plus complètement marginal, et pour trouver des produits bio, il suffit d’entrer dans n’importe quelle supérette franchisée qui proposera des produits estampillés marque distributeur bio. Cette facilité a sans nul doute créé aussi une forme de défiance. Qui – et j’en suis – n’a aucune confiance dans le modèle agro-alimentaire conventionnel, finira par se dire que ce bio là, c’est pas du vrai bio, “du bio de Chine” comme on l’entend souvent, avec tous les messages sous-jacents que cela véhicule. Et qui pousse à se poser la question : “À quoi ça sert d’acheter du bio ?”

Kenya ou Kervignac ?
L’idée aujourd’hui n’est pas de polémiquer sur la valeur d’une certification étrangère, l’équivalent d’un Ecocert(3) par exemple en Chine. Parce que si on part de là, on se pose tout de suite la question de faire voyager ses aliments, bien plus que celle de la valeur de la certification. A chacun·e de regarder la provenance des aliments qu’il achète et de se demander si vraiment des haricots du Kenya, quand on peut les trouver à Kervignac, ça a un sens quelconque. Franchement, au moment, où nous, on ne s’autorise plus à prendre l’avion, on va faire voyager des courgettes ? Non, finalement, l’objet de cette chronique est plutôt de comparer, admettons, bio français et bio français. A ma gauche, une tomate bio, et à ma droite, une tomate bio. Les deux françaises, les deux mêmes bretonnes. Les deux sont estampillées AB. Et pourtant…

Les labels bio…
La première partie de cette chronique parlait des labels que l’on pourrait qualifier de “valorisants” (AOP, AOC, Label Rouge, etc.), nous allons nous intéresser ici uniquement au label bio et à ses labels complémentaires principaux. J’avoue que mon rêve serait d’avoir un mois devant moi afin de faire une enquête de terrain vraiment approfondie et de passer au peigne fin l’ensemble des petits dessins qu’on peut trouver sur un emballage. Mais… réalité oblige, je vais plutôt me concentrer sur les principaux.

Bon, la base c’est le logo bio.
Le AB, et la feuille européenne. Je ne sais pas pourquoi, moi j’ai toujours eu tendance à me méfier de la feuille… Mouais, je ne la sens pas celle-là. Et bien j’ai tort. La feuille, c’est le label unifié au niveau de l’Europe et c’est d’ailleurs le seul qui fait vraiment foi. C’est le logo bio obligatoire. Le AB est un logo facultatif, il est simplement mis parce qu’il est plus identifiable par le·la consommateur·rice, comme moi, donc. Et c’est là qu’il ne faut pas se perdre.

Par contre, le logo AB, qui est un logo national, ne certifie pas que c’est du bio français. Tout comme l’eurofeuille (oui ça se dit comme ça…) ne signifie pas que ce sont des produits européens ! Il y a les logos et il y a les petites mentions… Aux côtés des deux logos, vous pourrez donc lire par exemple : Agriculture UE ou Agriculture non-UE ou même Agriculture UE / non-UE. Pour le premier, c’est qu’au moins 98 % des matières premières agricoles du produit viennent de l’Union européenne, pour le second 98 % des matières premières n’en proviennent pas, et pour le dernier c’est qu’il s’agit d’un mélange. Et, si jamais 98% des matières premières proviennent du même pays, alors vous pourrez voir le pays indiqué comme Agriculture France par exemple. Notre logo français AB est donc devenu facultatif, et s’il peut être apposé sur les étiquettes à côté de l’eurofeuille c’est parce que son cahier des charges s’est aligné sur celui de l’Europe, et là, et ben c’est pas top. En effet, le bio européen est moins restrictif que ne l’était le bio français à l’origine, on peut citer notamment la tolérance de traces d’OGM, l’accent étant mis essentiellement sur le zéro-pesticides.

… et les autres !
Face à cela, il y a d’autres labels qui apportent des garanties supplémentaires aux produits même estampillés bio. On en retrouve trois principaux, que vous avez sûrement vus sur certains emballages.

Le pionnier, c’est Nature et Progrès. Ce label privé existe depuis les années 60, bien avant la certification bio que l’on connait. On ne peut pas dire à proprement parler que ce sont des produits “bio”, puisque certains sont certifiés Nature et Progrès sans demander la certification bio (oui ça fait beaucoup de certifs). Et pourtant, ce sont des produits vraiment bio, au sens où la démarche est plus globale. Ainsi pour Nature et Progrès, c’est une exploitation qui est certifiée, pas seulement une production. On ne peut donc pas voir cultures bio et cultures non-bio cohabiter dans une même ferme, ce qui est autorisé en agriculture biologique classique. Pas d’OGM tolérés non plus, pas de culture hors-sol, pas de culture sous serre chauffée, la limitation des tailles d’élevage, peu de mécanisation… Et des aspects sociaux tels que la juste rémunération des producteurs. A cela s’ajoute une volonté de favoriser les circuits courts. Bien sûr, si vous allez en magasin bio, les produits certifiés Nature et Progrès sont forcément certifiés bio également.

Le second c’est Demeter. A la différence de Nature et Progrès, Demeter vient en complément d’un produit déjà certifié bio. Il ajoute une petite touche supplémentaire à la labellisation. Mais sur les grands principes, on peut le mettre au niveau d’exigence de Nature et Progrès, en lui rajoutant toutefois une dimension holistique et surtout biodynamique, pour celles et ceux qui ont envie de mettre un peu de magie dans leurs assiettes… Magiques ou non, les principes de cette agriculture sont stricts, comme par exemple l’interdiction de l’écornage et de la castration. De vraies garanties.

Et depuis 2009, il existe un petit dernier : Bio Cohérence. Une sorte de label qui reviendrait à ce qu’était le bio français, avant qu’il ne devienne européen. On y retrouve aussi des grands principes de Nature et Progrès (fermes 100% bio pour une approche globale, exploitations à taille humaine, prise en compte du bien-être animal…) et, et ça devrait vous intéresser, des produits exclusivement fabriqués en France, constitués de matières premières bio françaises, lorsqu’elles sont disponibles bien sûr. Dans les autres cas, une certification de commerce équitable est imposée.

Où trouver ces produits ? Scoop, rarement en grande surface, voire pas du tout pour certains de ces produits qui s’interdisent ce canal de vente. La grande surface se contente du bio dans la plupart des cas, sans être vraiment très regardante…

LES LABLS SORTIES DE SECOURS

Vous voilà désormais plein d’arguments pour contredire tonton qui vous dira dans un repas de famille “le bio ça n’existe pas”. “Alors accroche-toi, tonton, si, le bio ça existe mais… le bio c’est un minimum”.

PS : Vous savez quoi ? On n’a même pas parlé des certifications de commerce équitable. Quand je vous dis qu’il me faudrait un mois…

Si le sujet de l’alimentation vous intéresse, et même de la sécurité alimentaire, si vous avez envie de comprendre les “scandales” de l’aide alimentaire, je vous recommande vivement, extrêmement vivement, le film La Part des autres.

(1) Regarder le film ici

 

(2) Les chiffres de la bio

 

(3) Ecocert est l’un des organismes certificateurs bio en France.

 

Et pour aller plus loin,  un tableau comparatif des différentes certifications.

 

Géraldine Berry. Mars 2023

IG @geraldineberry_lorient

Imparfaite, incomplète mais engagée, j’essaye de participer au jour le jour à une société plus verte, persuadée qu’une goutte d’eau dans la mer, c’est déjà ça.

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