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Lloyd Cole.
Critique premier album solo.

Par Olivier Dalesme. 24 Mars 2022

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Hey, garçon, ça te dit de te la raconter hobo méta-moderne pour serrer les filles ?
T’as pas une grosse envie de te poster à un passage à niveau avec ton sound machine en fin d’après-midi, par un été brûlant au fin fond du Deep South, et d’attendre que les voisines viennent se coller à la barrière baissée dans leur décapotable vintage ? Tu te poserais, tranquille, sur les marches de la vieille cahute, avec le Radio Cassette Compact Disc sur ton épaule, l’air de rien, peinard, avec du bon son, en attendant de voir ce que le destin peut faire advenir. Parce que là où il y a Philips, la musique se porte bien. Et avec ton appareil, elle se porte partout, surtout ailleurs.

On est en 1990 et le bon son qui sort de l’antique machine vantée dans la pub un brin sexiste qui passe à la télévision, c’est « No blue sky » de Lloyd Cole.
Premier single du premier album solo. C’est exactement la musique qu’il faut écouter à cette époque et à cet endroit (où que tu sois). Sur la pochette, on voit un bogoss brun, barbu, avec un regard profond, ténébrissime, et une mèche prononcée qui lui tombe du côté gauche. Et, comme tracée à la peinture, une grande croix, l’inconnue, qui vous incite à penser que ce disque est classé X. Objet de questionnement et de désir.

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En 1990, Lloyd en a marre de son image de garçon sage et bien peigné.
Il décide de jeter ses Commotions après trois albums – un chef d’œuvre pour commencer – Rattlesnakes – et deux disques moyens – et de quitter son Ecosse natale pour New-York. Envie de grandir, d’être enfin adulte. Alors il choisit des musiciens de Lou Reed pour enregistrer et décide de faire péter le score. Compositions panoramiques, grosses guitares et mélodies imparables. L’album, à l’époque, éblouit la presse française. Dans les Inrocks, Christian Fevret explique que le disque est in-dé-mo-dable et que les trois albums des Commotions font, je cite, « pitié à côté ». Cinq ans plus tard, l’album est démodé et débute un long purgatoire.

Le premier Lloyd Cole reste pourtant un très grand disque, un classique du rock à guitare du tournant des années 90.
Absolument pas original ou novateur, mais, dans le genre, un archétype, un mètre étalon. C’est un album généreux de 13 titres, basé sur un son de guitare clair et l’orgue Hammond, sans réel point faible, mais avec de vraies réussites mélodiques, et des titres très complémentaires, entre gros hits calibrés FM (« No blue sky », « Don’t look back », « Downtown ») et petits chefs d’œuvres d’émotion, en particulier une chanson qu’il faut absolument que vous écoutiez un jour dans votre vie : elle s’appelle « Loveless » et se demande : « qui pourra bien aimer le sans amour, si ce n’est toi ? ».

Et il en est de même de cet album sans titre. Qui pourra bien aimer le premier Lloyd Cole solo, à part moi, si tu ne fais pas l’effort d’aller vers lui, de t’éblouir de sa pochette, de l’écouter avec ferveur et de lui donner une minuscule parcelle de tout cet amour immense que tu as en toi ? Personne, tu le sais aussi bien que moi. Alors va et pose cet acte. Va et écoute.

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Grâce à une enquête minutieuse et un esprit d’investigation tenace, nous avons retrouvé le spot de pub dont le souvenir a inspiré cette chronique, trente ans après sa sortie.

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est un cadeau rock écrit par Olivier Dalesme pour Isabelle Nivet et Sorties de secours.

 

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