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Ne t’arrête pas de courir. Mathieu Palain

Par Morgane Thomas. Décembre 2021

Ne t'arrête pas de courir Mathieu Palain

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Ne t’arrête pas de courir. Mathieu Palain

Quand certains peignent des tableaux au poil de martre, ou de mangouste, Mathieu Palain, lui, réalise des portraits à la plume de crayon. Il pratique le va-et-vient entre ce qu’il entend et ce qui le percute. Cette réalité qu’il éprouve au même moment, presque au même endroit, lui permet une légitime empathie : une vie qui aurait pu être la sienne… à 400 m près.
Ainsi croque t-il le portrait d’un grand homme d’un mètre quatre-vingt-douze, taillé comme le champion d’athlétisme qu’il est. Son existence, émaillée par des larcins, l’emmène de plus en plus au fond du trou. C’est là qu’ils se rencontrent, au parloir, à l’aube de chaque mercredi.
Toumany Coulibaly a snifé la ligne droite du 400 m, coké à l’adrénaline, pisté par les sirènes hurlantes et policées. La délinquance coule comme une certaine déliquescence addictive dans les vaines tentatives de s’en sortir. Le poison s’escrime à pousser le vice chaque fois un peu plus loin. Coincé dans l’image que les autres ont de lui, celle qui l’identifie depuis petit, il rechute. Peut-il encore en être autrement ? Il est le noir et le blanc, le jour et la nuit. Le vol ne donne pas toujours des ailes à cet oiseau en cage. Il s’enfuit en courant, slalomant entre les détenus, il se cramponne au sport. Il a du cran, des crampes, des trempes, du temps. Cours-rageux, il sue pourtant sur les montagnes russes de l’humeur.

 

Matthieu Palain de son côté, s’interroge sur son envie de le voir changer, d’ailleurs les cheminements de l’un et de l’autre paraissent, par endroit, se croiser. Là où la relation se tisse, Toumany se rend attachant au fil des lignes rédigées par Matthieu. Je m’en suis moi-même trouvée intimement enjôlée. C’est ça, ce livre, assez étroitement, on est « pris du dedans », l’auteur nous amène tous sur un même plan, presque familier. Alors, se met-on à rêver que l’histoire s’achèvera mieux qu’elle n’a commencé…

 

>  Aux éditions L’Iconoclaste, 424 pages, 19 €.

Matthieu Palain est journaliste, portraitiste, dans la revue « XXI », et la revue « 6 mois », a grandi à Ris-Orangis. Dominique de la Dame Blanche a eu le nez creux quand elle m’a proposé de chroniquer ce livre, car l’auteur de 33 ans, vient de remporter le prix Interallié.

« Sales gosses », sorti en 2019, aux éditions L’Iconoclaste, était son premier roman.

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