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Simon Delétang met en scène Suzy Storck, de Magali Mougel

Par Isabelle Nivet. Septembre 2023

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On a vu Suzy Storck

Mis en scène par Simon Delétang, le nouveau directeur du Centre dramatique national, le texte, très beau, est signé Magali Mougel. Un long ruban de texte fait de répétitions, de distorsions, comme une variation, qui martèle l’histoire de cette Suzy au destin banal jusqu’à…

Pour un texte aussi fort, la barre était haute en termes de mise en scène, et Delétang a relevé le défi avec un gant de boxe dans un gant de velours. On en prend plein la gueule, de ce texte, sans pour autant que soient faites des caisses. Par où commencer ? C’est très beau, d’abord. Une scénographie épurée mais pleine de sens, qui sert le texte de manière symbolique et plante le contexte de manière elliptique, comme une installation d’art contemporain pourrait le faire. Plastiquement donc, c’est assez parfait, singulier – oui, on peut même risquer le mot « original » – avec une gestion du nécessaire très fine : les rares éléments scéniques sont mis au service du sens, rien de trop, pas d’effets de style, pas d’esbroufe, tout ce qui est là nous dit quelque chose de ce qui se joue en scène, sans redondance.

La mise en espace dialogue avec la lumière, donnant un effet à la fois 3D et à la fois celui d’un écran plat, sur un plateau puissamment éclairé comme un soir de Super Bowl, faisant jaillir les couleurs, notamment le rouge, comme un symbole de…

Côté direction d’acteur, de la sobriété (Delétang joue lui-même un rôle de récitant, ou de commentateur, tout en retenue). Ni classique ni moderne, il nous épargne le ton blanc à la mode du moment, ce qui nous donne envie de le remercier rien que pour ça. Les corps sont comme des statues de Ron Mueck, assez immobiles, dessinés sur le blanc de ce plateau blanc comme les salles du Guggenheim. Delétang a pris le parti de pousser le face public à son paroxysme, au point que jamais les personnages ne se regardent, jamais on ne voit leur profil, une manière de questionner les codes du théâtre et les réinventer.

Mais la réussite indiscutable de Suzy Storck, c’est la lumière, à la fois clinique et chaude. Une lumière qui réussit à nous glacer, comme celle d’un bloc opératoire dans lequel est disséqué l’inévitable issue de ce drame d’un quotidien ordinaire, et, en même temps, celle du soleil de juin, dont la progression vient ponctuer la marche vers l’épilogue, pour finir par se coucher dans un mouvement scénographique d’une belle intelligence, dont on vous laisse la surprise…

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