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Lorient, voix de femmes. Muga

Par Isabelle Nivet. 4 mai 2023

Muga voix de femmes

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Muga, c’est deux musiciens, Martin Chapron et Thomas Felder, et une chanteuse, Clara Diez Marquez. On les a rencontrés pour parler du projet « Lorient, voix de femmes », et on vous raconte.

C’est un tissage de voix et de sons. Les voix d’Assania, Marie-Christine, Leïla, Kathy, Camille… Elles viennent du Portugal, du Gabon, des Comores, de Mayotte, du Cambodge, du Maroc, de Georgie, du Pays basque, de Bretagne, de Lorient… Clara les a rencontrées dans des centres sociaux, à Lorient, où elles vivent.

Clara, elle, elle vient des Asturies, cette région d’Espagne dont on entend souvent parler à Lorient, pendant le Festival Interceltique. D’ailleurs c’est comme ça que Clara connait la ville, quand elle choisit de venir en France, elle qui est née « dans un moment de renaissance culturelle, à la fin de la dictature ». Clara, elle a grandi parmi les chants traditionnels, qu’elle a appris de ses parents, en les suivant dans leur collecte de paroles auprès des anciens : « J’ai appris par transmission orale à chanter et danser et jouer des percussions, puis je suis montée sur scène en costume traditionnel avec des groupes. Quand je suis arrivée en Bretagne, j’ai commencé à chanter mes chants dans un groupe en Fest-noz, mais je trouvais le groupe trop paternaliste, et le public cherchait l’exotisme. Moi je cherchais autre chose ». Clara rencontre alors Thomas et lui demande de l’enregistrer pour démarcher des musiciens. Et Thomas « hallucine ! En entendant sa voix, j’en ai eu des frissons ». Muga nait alors, avec « des guitares et un son bien dégueulasse et trash, pour sortir du folk et du celtique machin ». Arrive Martin, et « six mois plus tard, on tournait partout en France et en Catalogne, ça a marché très fort tout de suite, sans doute parce que c’est étonnant et pas nunuche. La région Bretagne nous a suivi, on a bénéficié d’une coproduction avec La Carène à Brest, La Grande Boutique à Langonnet, Le Dôme à Saint-Avé, et Hydrophone à Lorient ». L’idée de Muga, faire des concerts autour du répertoire de Clara, les chants des femmes des Asturies, la musique populaire des Asturies, mais arrangée librement, sur des musiques amplifiées actuelles, de façon expérimentale.

Des voix et des paroles
Le projet « Lorient, voix de femmes », ce sont ces rencontres, fortes, à Lorient, où Clara parle de son parcours et où les femmes rencontrées parlent du leur. « Il s’est passé quelque chose : le récit de mon parcours a réveillé des choses, des récits de vie, des chansons, des recettes de cuisine ! On a partagé des activités ensemble, et ça a vraiment libéré la parole… ».

C’est lors de ces moments que le micro tourne, et ce sont ces témoignages qui ont été utilisés pour créer une pièce de 30 min, et mixé avec bruitages et musique : « On a classé et trié les témoignages : il y avait beaucoup de petites choses très belles, dites avec beaucoup de pudeur. Puis on a fait un déroulé de 30 minutes, sur Lorient, le rapport à la mer, à la ville, comment c’était dans leur pays, quels sont leurs rêves… ».
La musique, très brute, et le son sont travaillés de manière contemporaine, râpeuse, des distorsions et du son à base de de violon et guitare électrique, qui se tisse aux voix des femmes que Clara a enregistrées et que Thomas a mixées dans une pièce sonore assez bluffante, très belle, où le sens arrive, avec ces voix qui se tuilent, vraiment comme un tissage, où les chants bretons font parfois des incursions, où le son des goélands vient se poser sur les notes du violon, où les souvenirs d’ici se mêlent à ceux d’ailleurs, entre documentaire sensible et recherche sonore, comme une « musique de paysages ».

En scène, le montage sonore sera utilisé comme trame de fond, sur laquelle le scénario musical sera joué en live, entre improvisation et performance : « On recrée les bruitages avec des ressorts, des pinces sur le violon pour le transformer, et des pédales d’effets, mais il n’y a pas d’ordinateur en scène »

Le projet est présenté le 11 mai au CHRS Le Safran ainsi qu’à Kervénanec.

Retrouver toutes les dates sur le compte Facebook de Muga

 

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