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N° 282 - DU 4 AU 10 NOVEMBRE 2021

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burkina
Chaque mois de novembre, L’hermine part à la découverte d’un pays, à travers ses traditions culturelles et sa création contemporaine. Ce Regard sur le Burkina Faso sera riche de multiples rendez-vous en musique, théâtre, art plastique et cinéma en compagnie d'artistes d’aujourd’hui.
C’est aussi une invitation à expérimenter, à travers des ateliers ouverts à tous, pour s’initier à la musique, à la fabrication d’instruments, à l’art des tresses...
Enfin, ce focus sera l’occasion de concrétiser le partenariat engagé entre l’agglomération et l’association Sitala avec la programmation d’un concert et l’organisation d’une table ronde sur les enjeux de la coopération culturelle.
disques

Coup de coeur de la semaine

Lectures "Écoutons nos pochettes"
Des récits courts d’histoires vécues autour d’une pochette de disque : une love affair, une révolte, un trip… En compagnie de Gilles de Kerdrel, fondateur du concept, un moment de lectures en musique d’une sélection de ces récits, écrits par des lecteurs.
> Vendredi 5 novembre à 18h. Médiathèque François Mitterrand – Auditorium

Conférence de Bastien Stisi et Marguerite Hennebelle
Simple emballage à ses débuts, puis plein espace d'expression artistique, la pochette de disque est devenue au fil des années un véritable symbole de la pop culture. Bastien Stisi est journaliste chez Radio Nova et fondateur du magazine en ligne Néoprisme (neoprisme.com), qui propose des analyses de pochettes de disques et leur redonne le statut d'une véritable œuvre d’art. Marguerite Hennebelle est historienne de l'art et dessinatrice. Collaboratrice de Néoprisme, elle travaille sur les relations entre musiques populaires et arts plastiques.
> Samedi 6 novembre à 15h Médiathèque François Mitterrand – Auditorium
mêmes
saglio

Nous, pendant Les Salles Mômes, on va voir ça...

Une forêt en bois. Cie La mâchoire 36
Dans un fatras d’objets en bois et de fragments de forêt se tient Sylvestre, constructeur de poésie. Il dompte le bois, les mots, les figures et les matières. Ce spectacle, mélange entre le théâtre et les arts plastiques, est un hommage au plaisir de fabriquer, à l’art brut et à la forêt.
> Jeudi 4 novembre à 1H et 18h30, Centre Jean Ferrat, Hennebont
Goupil et Kosmao. (Photo ci-dessus)
Drôle, décalé, bourré de références entre The Artist, Mandrake, et les spectacles de magie en cabaret, c'est le chouchou montant de la nouvelle magie, Etienne Saglio, qui crée et joue cette forme mêlant cirque, magie et marionnettes. On adore son renard, entre la bête empaillée et le tour du cou de dadame, qui, animé de manière "invisible", se trémousse, et fait des mines pataudes ou burlesques très cartoon. Notre gros coup de coeur.
> Vendredi 5 novembre à 17h, Théâtre du Blavet, Inzinzac-Lochrist
Le grand chut
> Lire plus bas, on vous offre des places à gagner
vassal

Eric Vassal

Dans le cadre des Rencontres Photographiques, trois expositions se partagent la Galerie du Faouëdic, à Lorient, dont celle d’Eric Vassal, photographe qui travaille régulièrement pour Le Monde, Science et vie ou Le Figaro magazine… Un artiste qui a une réflexion assez poussée (précisément décrite dans le livret de l’exposition) sur l’image, l’histoire de l’art, les signes, mais dont les œuvres sont faciles d’accès, car très lisibles. Pour preuve, l’une des deux séries présentées, « Dagyde » - du nom des poupées d’envoûtement en cire – où des épingles, ou plutôt des petits clous argentés, viennent renforcer et mettre en relief une image. Des images issues du 7e art, scènes connues ou moins connues du cinéma américain en noir et blanc, de Hitchcock à Harold Lloyd. Avec une régularité absolue et un espacement parfait, l’artiste pique ces petits clous sur des silhouettes, des visages, des parties du corps, créant ainsi un effet 3D et des ombres portées, donnant un volume à l’image, mais aussi une forme d’étrangeté, les personnages se « soulevant » de leur fond comme s’il étaient en relief, incrustés dans le décor, réinventant une oeuvre existante – le film – pour en donner une autre lecture, en superposition.
> Entrée libre du mercredi au dimanche, de 14h à 19h

>> Les visites commentées des Rencontres Photographiques à Lorient : Samedi 6 nov à 15h Galerie Le Lieu de la Photographie / Mardi 9 nov à 12h30 Galerie du Faouëdic / Mardi 16 nov à 13h30 Médiathèque François Mitterrand / Jeudi 18 nov à 18h30 EESAB / Samedi 20 nov à 15h Galerie du Faouëdic / Mardi 30 nov à 13h Théâtre de Lorient

Isabelle Nivet, novembre 2021, pour Les Rencontres Photographiques

Dans ce numéro

INCLASSABLE. Contemplation sonore

CONCERTS. Notre sélection des Indisciplinées

CONCOURS. Des places pour Le grand Chut

THEATRE. Dispak Dispac'h

EXPOS. L'atelier Ooooh ! déménage

titre agenda
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Contemplation sonore #1

Les propositions de la Galerie Mauricio Bergile sont des moments précieux et rares, invitations à entrer dans l'univers de ce couple de danseurs qui touchent aussi à la photo, l'écriture et la musique. N'hésitez pas, allez-y sans savoir vraiment ce qui va se passer, la magie opèrera.
> Jeudi 4 nov 19h, Galerie Mauricio Bergile, Lorient. galerie.mauriciobergile@gmail.com
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Nos Indisciplinées à nous

Vendredi 5 nov : Rover + Maxwell Farrington & Le SuperHomard, surtout pour les seconds, puisque le premier, on n'a pas besoin de vous le présenter. On vous avait parlé de ce groupe à l'univers très BO idéale pour un western kitsch ou un film de Wes Anderson. On adore.

Mardi 9 nov : Alain Damasio et Yan Péchin. "Entrer dans la couleur. Un concert de rock-fiction". Un OVNI hyper séduisant. A la voix, l'auteur des "Furtifs" qu'on aime tout autant qu'il nous agace parfois, personnalité à part, solaire, imaginatif, magicien des mots (lire ICI l'article qu'on avait consacré au bouquin). A la guitare, un grand, très grand musicien, pilier de la galaxie Bashung, immense "guitar hero". On en frémit d'avance.

Mercredi 10 nov : LE concert qu'on attend en se liquéfiant, nos chouchoutes de Mansfield.TYA + Shannon Wright. Les deux premières, mélancolie punk, charme destroy, un violon, une voix rageuse, tendre et blessée comme un chat énervé, c'est sublime, on est d'accord. La seconde, on l'aime depuis toujours, une espèce d'Erik Satie rock-folk aux mélodies obsédantes, qui nous tournent la tête et nous rendent toute chose.

Jeudi 11 novembre : The Thurston Moore Group. Le concert pointu du festival, on vous extrait un bout de texte du programme, on ne ferait pas mieux "Pilier de Sonic Youth – groupe majeur d’art-rock expérimental, Thurston Moore est une véritable icône de la culture underground et continue, avec la même intensité, d’explorer un langage musical fait de distorsion, tension, rupture, poésie contemporaine, entrelacs d’harmoniques, longues plages instrumentales se terminant en un maelström sonore … Sur scène, il sera accompagné de musiciens aux CV impressionnants : Steve Shelley (Sonic Youth, Catpower), Debbie Googe (des mythiques My Bloody Valentine), James Sedwards (Chrome Hoof), John Leideker aka Wobbly (collaborateur de Matmos)".

On vous signale que le concert de Feu Chatterton ! samedi 13 novembre, est complet, et on vous laisse farfouiller dans le programme pour élaborer VOS Indisciplinées à vous...
titre emballe CONCOURS
chut
Alerte : les sons, ces espèces vulnérables et fragiles, sont en voie de disparition. L’extinction a déjà commencé. Que sont devenus les cris des mouettes, le bruit des vagues, ou celui du carillon des cloches de l’église ? Face à cette situation, une cellule de crise, La Brigade acoustique, mène l’enquête… Les quatre comédiens-chanteurs de la Cie La boîte à sel donnent forme à une enquête foutraque et fantastique. Comment récupérer les sons, les recréer, les remettre à leur place ?
> Dimanche 7 nov à 17h au Théâtre du Blavet, Inzinzac-Lochrist. Dès 5 ans - Durée 65 min

On vous fait gagner des places : envoyez-nous un mail avant vendredi midi à cestparla@sortiesdesecours.com

titre theatre
dispak
Mise à jour à 00:30 jeudi 4 novembre
On sort du spectacle, et on vous dit : foncez-y ! C'est fort, c'est humain, c'est beau, c'est essentiel. Quand le théâtre donne du sens à la réalité et que la réalité donne du sens au théâtre. Plus personne ne se posera jamais la question de savoir à quoi sert le théâtre après avoir vu un spectacle pareil. Suivez-nous sur les réseaux sociaux, on vous en dit plus dans la journée...

Dispak Dispac'h. Plein la gueule

Alors nous voilà, un 1er novembre, trottinant, parapluie à la main, dans les rues, plutôt vides, d’un Lorient où peut-être les autres sont au cimetière, tandis que Patricia Allio nous « guette » à l’entrée des artistes, tout au fond derrière le Grand théâtre.

Une brunette aux yeux pleins d’émotion, qui « guette » la vôtre et cherche dans votre regard si vous avez bien pigé ce qu’elle vous raconte, jusqu’à ce qu’elle se rassure, oui, vous avez pigé. Même si ça va être un pari, un défi, un casse-tête, de parler de Dispak Dispac'h.

Un casse-tête, parce que décrire ce « spectacle » – qu’on n’a pas encore vu, puisque la première a lieu dans une heure, au moment où on écrit ceci – pourrait vous faire peur. Pourtant, si, comme moi vous aviez passé deux heures face à la scène, face à cette femme, vous n’hésiteriez pas une seconde avant de prendre votre place, sur le plateau, ce soir, demain…
Nous voilà donc en proie à une « conviction intime », avec en main des sensations, des émotions, des signes. Et la certitude que si on vous écrit un papier formel, sans prendre la voie (la voix ?) intuitive, vous allez jeter l’éponge.

Alors prenons les signes.
Ce parfum d’agrumes, tout à coup, venant de la scène et montant dans la salle, et nous deux, narines dilatées, nous en émerveillant. Une odeur d’orange qui restera associée à l’émotion, face à Patricia qui raconte comment, lorsque l’on commence à prendre conscience de la profonde inhumanité des politiques migratoires, « on ne peut plus s’enlever ça de la tête, après… »

Les techniciens, arrivant comme par magie pour déshabiller les bancs de leur gangue de plastique, au moment précis où Patricia explique ce qu’ils sont, une œuvre de l’artiste Francis Cape, Bancs d’utopie / Utopian Benches (1), prêtée par le FRAC Franche-Comté.

Moi, décrivant la broche brodée offerte à Véro, un poing levé aux ongles vernis en rouge et les mots « People have the power » après que Patricia m’ait expliqué ce qu’est le « Tribunal Permanent des Peuples », un tribunal réel, qu’elle a revisité en scène.

Car il s’agit de cela, se battre et s’indigner
« Le fond, ce sont les politiques migratoires. Pourquoi cette Europe forteresse, terrifiante ? Aucun état accueillant en Europe, une France qui a la politique d’enfermement la plus dure d’Europe… », ici, dans ce décor voulu comme « une agora, et pas une scène où on attend une représentation ». Tous, spectateurs, comédiens, témoins de la société civile, 170 personnes rassemblées sur le plateau, nous allons vivre l’indignation, la prise de responsabilité, l’engagement, l’empathie, découvrir l’inacceptable et le partager. Par le sol, par nos pieds, un espace commun à nous tous, sur lequel se dessinera une cartographie du monde migratoire, « jolie comme un jeu d’enfant, sur laquelle on intervient, on déplace des parties du monde, on fait apparaître des points, ceux des appels aux secours… ».

Dans cet espace, une parole, portée par des artistes, Patricia Allio (8), la comédienne Elise Marie, le chorégraphe Bernardo Montet, et des témoins de la société civile, Mortaza Behboudi (6), Falmarès (2), Stéphane Ravacley (4) et Marie-Christine Vergiat (5), plus, dans chaque ville où sera donné le spectacle, un·e activiste local·e. A Lorient, ce sera Gaël Manzi, d’Utopia56 (3).

L’ossature de la dramaturgie, c'est l’acte d’accusation réel du « Tribunal Permanent des Peuples » (7) sur la violation des droits des personnes migrantes et réfugiées :
« Dix points par violation : c’est quelque chose de grave, génocidaire, avec des morts. Le fait d’être intégré dans cette assemblée rend le spectateur actif. ». Mi théâtre documentaire, mi performance, le spectacle est entrecoupé par « de la musique, de la danse, du récit, pour rendre tout ça partageable, et rétablir l’équilibre avec l’analytique ».

« Dispak Dispac’h, c’est un électrochoc sensible et politique. J’ai envie qu’on en ressorte désespéré et en colère, mais aussi plein d’une humanité nouvelle »


> Jeudi 4 et vendredi 5 novembre au Grand théâtre, Lorient

Nous avons choisi de mettre les biographies et explications en fin d'article, pour ne pas en alourdir la lecture. Nous vous les conseillons néanmoins, elles éclairent le spectacle.

(1) Bancs d’utopie / Utopian Benches est une sculpture formée par la réunion dans un même espace de 20 bancs en bois, répliques fidèles de bancs fabriqués et utilisés par des communautés utopiques américaines et européennes, historiques ou vivantes. L’artiste britannique Francis Cape, qui possède une formation d’ébéniste, a débuté ce projet en 2011 aux États-Unis. Pour expliquer comment sa communauté réussit à éliminer toute hiérarchie, un vieux membre de Bruderhof (New York) dit un jour à l’artiste « We sit on the same bench ».

(2) Falmarès est né en 2001 à Conakry en Guinée, habite à Nantes où il est est lycéen. En 2016, âgé de 14 ans, il quitte la Guinée après la disparition de sa mère. Après avoir traversé le Mali, l’Algérie, la Libye, il embarque sur un zodiac où sont entassées 180 personnes en direction de l’Italie. C’est dans le camp pour « migrants » de Bolzano en Italie qu’il commence à écrire ses premiers poèmes. Rapidement, il se rend dans les bibliothèques et rencontre le poète Michel L’Hostis. Il participe à des rencontres littéraires, publie. En 2020, il est nommé Ambassadeur de la paix entre la France et la Suisse. Le 21 avril 2021, il reçoit une lettre de la préfecture de la Loire-Atlantique lui demandant de quitter le territoire français sous 30 jours.

(3) Gaël Manzi se rend en 2015 avec ses parents au bidonville de Calais pour venir en aide aux personnes exilées. Ensemble, ils fondent l'association Utopia 56, à Lorient. Il coordonne les actions de l'association dans le bidonville de Calais puis s'engage dans le bidonville de Grande-Synthe. Il devient ensuite président et coordinateur national de l'association.

(4) Stéphane Ravacley est boulanger-pâtissier à Besançon. Sa vie prend une direction extraordinaire quand il rencontre son apprenti Laye Traoré, jeune exilé arrivé de Guinée. En janvier 2021, il entame une grève de la faim pour dénoncer la décision d’expulsion injustifiée de Laye, ce qui permettra d'engager une procédure de régularisation de l’apprenti. Pendant son combat ultra-médiatisé, il découvre que d’autres sont dans la même situation. Il fonde alors son association Patron·nes Solidaires, qui accompagne et rend visible les patron·nes qui, comme lui, se battent quotidiennement pour leurs jeunes apprenti·es migrant·es menacé·es d’expulsion. Une loi Ravacley a été discutée à l'Assemblée Nationale en octobre 2021.

(5) Marie-Christine Vergiat est militante de la Ligue des Droits de l’homme depuis 1983 et a été députée européenne de 2009 à 2019. Au sein de la LDH dont elle est vice-présidente depuis 2019, elle est particulièrement mobilisée sur les questions migratoires et sur les droits économiques et sociaux.

(6) Mortaza Behboudi est journaliste. Il né en Afghanistan. Il a travaillé sur l’île de Lesbos en Grèce, au camp de Moria pour ARTE.

(7) Le Tribunal Permanent des Peuples a été créé en 1979. C’est une instance symbolique, un outil de résistance démocratique, un espace de prise de parole où les peuples sont acteurs principaux dans la défense de leurs droits. Il agit de manière indépendante des États et examine à la demande de personnes et d’organisations de la société civile toute violation des droits fondamentaux des peuples. Plus de quarante sessions du Tribunal se sont tenues à travers le monde.

(8) Patricia Allio a commencé sa vie professionnelle en étant prof de philosophie, elle est autrice, metteuse en scène, performeuse et réalisatrice. Elle met la marge au centre, interroge nos constructions identitaires. A Saint Jean-du-Doigt, elle anime depuis 2016 les rencontres pluri-disciplinaires de ICE autour des minorités sexuelles, politiques et linguistiques. Elle devient artiste associée au TNB en 2021, où elle présente également cette saison Autoportrait à ma grand-mère.

(9) Deux mots bretons : Dispack, pour ouvert, déployé, à découvert, défait, déplié, en désordre ; Dispac’h pour agitation, révolte, révolution
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L'atelier OOooh!, déménage et fait un appel aux dons sur Helloasso.

"L'association OOooh! créée en 2011 a toujours eu pour vocation de permettre un accès à l'art & à la culture à tous les publics, avertis, ou non. Nous organisons des expositions en accès libre, durant lesquelles nous créons de micros-évènements (lectures, danse, vidéos, ....) Enfin & surtout, OOooh! propose des cours, des ateliers, des stages aux adultes, aux enfants, aux organisations sociales et espère pouvoir proposer des résidences à de nombreux artistes.
La cagnotte que nous aurons réussi à collecter nous servira à financer une partie des frais inhérents au nouveau local (frais de notaire, ouvertures de lignes électrique & internet, ameublement, location de camion de déménagement & travaux divers nécessaires au bon fonctionnement de l'atelier), ainsi qu'à nous créer une petite trésorerie de sécurité pour le paiement du loyer & ainsi pouvoir pérenniser notre projet."
Natalie Lanson & Olivia Del Proposto.