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N° 285 - DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DECEMBRE 2021

DELGRES

Delgres

Trois ans après leur premier opus "Mo Jodi", le trio franchit un cap pour faire danser et penser avec un deuxième album percutant, "4:00 AM". La magie opère toujours et le message infuse au rythme des mots du Guadeloupéen Pascal Danaë. Pour interpréter ces compositions, le trio a de nouveau enfilé le bleu de chauffe, celui des travailleurs. Delgrès y incarne un blues où résonnent les douleurs, les espoirs comme les désespoirs.

(En première partie "One Rusty Band" : un duo composé de Greg (one man band) qui couvre le chant, la batterie, l'harmonica, la guitare, et de Léa à la washboard et aux claquettes acrobatiques. Le projet est né du mélange de deux univers, la musique et le cirque.)

> Vendredi 26 novembre aux Arcs, Quéven
Cie Kilaï acoustique

Acoustique. Cie Kilaï

Du studio au bitume, pas de chapelle dans la danse de Sandrine Lescourant. Seul le pouvoir fédérateur du mouvement prime dès lors qu’il s’agit de mieux se comprendre, de traverser l’exil ou de surmonter l’adversité.
Acoustique vibre de cette formidable énergie : une ode au rassemblement, à l’altérité et au collectif. Nourri de multiples rencontres en Seine-Saint-Denis ou dans les bidonvilles de Manille, son art y a pris tout son sens. Puisant dans ses souvenirs et dans la beauté de ces échanges, Sandrine Lescourant déploie ici la force de six danseurs aux gestuelles très singulières. Ils forment à eux seuls une population, avec ses codes et son langage, pour mieux parler d’espoir et de vivre ensemble.
> Vendredi 3 décembre, L'Hermine, Sarzeau

Et aussi... Monter sur scène. Atelier

> L'Hermine cherche encore quelques participants aux trois ateliers prévus en amont, qui seront sur scène à la fin du spectacle.

Vous avez toujours eu envie de faire partie d’un spectacle de danse professionnel ? C’est votre heure ! Sandrine Lescourant vous invite à participer à sa dernière création Acoustique. Venez répéter avec les artistes les trois soirs précédant la représentation, et découvrez l’envers du décor. Sens du rythme, espièglerie, et grande envie de monter sur scène seront les seules conditions à cette expérience unique...
> Atelier danse nocturne : mardi 30 nov. de 18h30 à 21h30, mercredi 1 déc. de 18h30 à 21h30 et jeudi 2 déc. de 18h30 à 21h30. Public : de 15 à 65 ans / Nombre : 20 personnes / Gratuit.

Dans ce numéro

GRAND FORMAT. Géraldine en transition. Les fleurs coupées

SORTIR. Notre sélection de la semaine

CONCOURS. On vous invite au Dôme

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Le bouquet acheté 9,80 € par Géraldine au marché le 6 novembre

Géraldine en transition

Dites-le avec des fleurs (ou pas)

Et oui, me revoilà, avec encore un truc qui ne va pas. Bon, il faut qu’on parle. Concrètement, vous êtes invité·e·s à dîner, et vous allez apporter traditionnellement à vos hôtes des chocolats, du vin et/ou des fleurs. Et c’est de cela précisément dont je veux vous causer.
Un jour, promis, j’écrirai une chronique positive sur quelque chose qui va bien, sur une belle initiative, sur une bonne nouvelle, mais en attendant, il me reste des sujets à explorer.
Donc parlons peu, parlons fleurs.

La fleur coupée fait l’objet d’un véritable business. Jusqu’ici je ne vous apprend rien je suppose, puisque tout est business. Mais le marché de la fleur coupée réunit tout ce qu’on peut imaginer de pire : une bonne grosse pollution, doublée d’un désastre humain. Oh yeah, carton plein. Prenons l’exemple de la rose, car c’est important la rose. D’après le site novethic.fr (qui croise pas mal de données issues de différentes sources), il se vendrait 22 millions de bouquets de roses par an en France. Seulement 3 % de ces roses sont cultivées en France : 1,3 % viennent de Colombie, 6,6 % du Kenya et 87 % des Pays-Bas. Ah bah, ça va, les Pays-Bas c’est l’Europe. Et oui c’est l’Europe, mais les Pays-Bas ne sont pas spécialement connus pour leur climat méditerranéen (on va y arriver tout doucement avec le réchauffement climatique peut-être), alors ces roses, elles poussent sous serre. Et ces serres sont bien évidemment chauffées et éclairées, parfois 24h/24, pilotées à distance par des systèmes informatiques qui contrôlent l’humidité de l’air, la température, la lumière, etc. Bref, c’est l’usine à CO2. Paradoxalement, bien que plus proche, cette rose néerlandaise a un plus mauvais bilan carbone que notre rose kenyane qui a voyagé en avion.

La rose pourpre de Nairobi
Allons voir du côté du Kenya alors, pour acheter nos fameuses roses rouges. Petit problème, les conditions de travail des producteurs de fleurs en Afrique… Les journalistes d’investigation Romy van der Burgh et Linda van der Pol ont publié une enquête assez édifiante dans le média The Elephant en mars 2020 (à lire ici). Les deux journalistes dénoncent les pratiques de ces producteurs néerlandais de fleurs coupées, qui délocalisent leurs entreprises au Kenya. Non contents de ne pas payer leurs impôts sur place - et par d’astucieuses combines de même réussir à s’en exonérer - ces entreprises entretiennent une vision coloniale et paternaliste du travail : « Je te paye peu, mais je te donne du boulot et je te construis une école, je suis sympa. Et en plus je peux me faire labelliser commerce équitable. » Du vrai gagnant-perdant. Bien perdants donc, ces ouvrier·e·s qui, de plus, s’exposent toute la journée aux pesticides contenus dans nos bouquets. Selon 60 millions de consommateurs, il y aurait entre 4 et 25 pesticides par bouquet, dont certains interdits en France (interdits dans notre agriculture donc, mais pas dans nos importations florales…). Alors c’est vrai que nous ne sommes pas exposés à ces pesticides, puisque nous ne consommons pas ces fleurs, en revanche, la biodiversité et les écosystèmes locaux « prennent cher » avec la persistance des produits phytosanitaires dans l’eau et les sols. Enfin pour finir de dresser ce tableau pas rigolo, la culture de la fleur est très gourmande en eau : entre 7 et 30 litres pour un seul bouton de rose. Et cette eau, on la trouve où ? Par exemple, dans le lac Naivasha, au nord-ouest de Nairobi, là où se trouve la plus grande partie de la production de fleurs du Kenya. 2000 hectares de fleurs sont arrosés avec le lac, qui s’assèche autant qu’il se pollue, tout ça pour qu’on s’offre des roses à la Saint-Valentin, au nom d’une tradition qu’on n’aime même pas.

Ne pas dire au revoir aux fleurs
Il y a peu de temps, je vais au marché avec une irrésistible envie d’un beau bouquet de fleurs. Je demande au fleuriste ce qu’il a à me proposer de sympa, et il me montre une botte d’oeillets sous plastique, aussi sexy qu’un nuggets de chez KFC. Il a du voir que ce n’était pas exactement ce que je cherchais parce qu’il a sorti du fin fond de son étal un magnifique bouquet « de fleurs locales, de saison, cueillies de ce matin ». Ah donc, cela existe. Il suffisait de faire une moue boudeuse. Qui a un bout de jardin, qui a déjà juste un peu observé la nature, sait bien qu’il existe une saisonnalité pour les fruits, les légumes, et pour… les fleurs. La rose toute l’année n’a pas plus de logique que la tomate en décembre.


En janvier 2017, Hélène Taquet, floricultrice (et tac, un nouveau mot) et Sixtine Dubly, journaliste et autrice, créent le collectif de la Fleur Française, qui a pour but de soutenir la culture de fleurs françaises locales et de saison. Leur site est vraiment bien fait. A la fois, une partie « Fleurs de saison » qui permet de trouver les fleurs qui poussent chez nous en ce moment. Novembre en Bretagne : anémones, renoncules, pavot, narcisse, iris… Y a quand même de quoi se faire un bien beau bouquet. Mais je les trouve où ces fleurs de saison ? On ne saurait que trop vous dire qu’il vaut mieux éviter les supermarchés… ou les grosses enseignes. Sur le site, vous trouverez aussi une partie annuaire qui permet de localiser ces fleuristes, horticulteurs et même grossistes engagés. Il existe aussi le label Fleurs de France qui garantit l’origine française des végétaux, mais aussi depuis 2017 une démarche éco-responsable ou de qualité reconnue (via des labels) des producteurs. Bon il peut y avoir de tout dans les labels (à lire ici), alors encore une fois il faut ouvrir grand ses yeux de consommateur. (A titre personnel, je vais plus sur le bio que sur le Label Rouge.)
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Le même bouquet le 23 novembre

Que peut-on faire aussi ? Simplement interroger son fleuriste
« Bonjour, elles viennent d’où, vos fleurs ? » Lui dans sa tête : « Oh purée, encore la relou avec ses bocaux et ses sacs en tissus. » Relou un jour, relou toujours. J’entends déjà certain·e·s d’entre vous : « Mais ça coûte super cher, les fleurs locales ! Je n’ai pas les moyens.» C’est vrai. Malheureusement, nous n’avons pas, pour la plupart de nous, les moyens de nos envies. Alors, il nous faut sans cesse choisir, arbitrer, renoncer. Quand je suis en crise de doute face à un achat, je me rappelle toujours que si ce n’est pas cher, c’est que quelqu’un paye pour moi quelque part. Ce n’est pas cher, mais ça pollue, ça sacrifie de l’humain, et ce n’est pas qualitatif ? Quel intérêt de l’acheter hormis celui de satisfaire une pulsion d’achat qui sera bien vite effacée par une autre ? Alors, si je n’ai pas les moyens d’acheter, je passe mon chemin. Ou je réduis et je sacrifie la récurrence à la qualité. Ce bouquet, cher certes, mais local, bio, qui a soutenu un·e petit·e producteur·rice, vous ne vous en lasserez pas rapidement. D’ailleurs, il pourrait même tenir un peu plus longtemps que les autres, tout fraîchement cueilli qu’il est (contre 10 jours avant pour les fleurs qui viennent en avion). C’est sûrement ça le pouvoir des belles fleurs.

Géraldine Berry. Novembre 2021
IG @geraldineberry_lorient
Imparfaite, incomplète mais engagée, j’essaye de participer au jour le jour à une société plus verte, persuadée qu’une goutte d’eau dans la mer, c’est déjà ça.

Quelques chiffres donnés par le site internet Fleurs d’ici
9 fleurs sur 10 consommées en France sont importées de l'étranger
1 bouquet de 25 roses importées = l'équivalent CO2 d’un trajet Paris-Londres en avion
En France, 9 exploitations horticoles sur 10 ont disparu en l'espace de 50 ans
Au Kenya, les salaires dans les serres de roses se situent autour de 100$ par mois
On trouve jusqu'à 25 substances chimiques interdites en Europe dans un bouquet de fleurs importées

Parce que la coopérative Biocoop Les 7 épis est une entreprise engagée et militante, elle finance cette chronique et nous permet d’offrir une rubrique orientée solutions, dans l’objectif de donner des clefs pour agir…
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Jay Jay Johanson

On est très fans. Et comme on a trouvé sur France Culture un très joli et absolument parfait raccourci pour le définir, on leur pique la formule : "un mélange de Chet Baker et de Portishead". Chanson, électro, trip hop, lointain parfum jazzy, et voix feutrée, on ne peut que lui tomber dans les bras...
> Vendredi 26 novembre, L'Echonova, Saint-Avé

Jeanne Added

Comme ça fait un petit moment qu'elle n'est pas passée dans le coin, l'occase de la retrouver...
> Vendredi 26 novembre, Scènes du Golfe, Vannes
titre emballe danse

Racontez-moi. Les divers gens

Une conférencière se prépare à raconter l’histoire de la danse. Ou plutôt, des histoires de danse.
Derrière son bureau, assise sur sa chaise, elle est sérieuse mais sérieusement décalée, essayant d’être concentrée elle se voit rattraper par l’énergie débordante de son corps. Ses notes volent, sa table devient son dance floor, sa chaise l’instrument d’une danse participative...
> Jeudi 25 novembre, L'Artimon, Locmiquélic

Dance me. Ballets Jazz de Montréal

C’est de la danse jazz, donc du tendu, du dos droit, des accélérations, des jetés, des pirouettes… De même que le néoclassique, la danse-jazz n’a pas nos faveurs. On ne vous dit pas ça pour vous raconter notre vie (on n’aime pas non plus les spéculoos dans le tiramisu et on ne vous l’a jamais dit), mais pour justifier le peu d’enthousiasme dont nous faisons preuve à l’idée de ce spectacle, qui pourtant a toutes les qualités, et ravira les amateurs du genre. Energie, technicité, virtuosité, rythme, douze danseurs impeccables pour un hommage au grand Léonard Cohen et à ses chansons les plus connues.
> Samedi 27 novembre à Quai 9, Lanester

Danse les couleurs, danse la vie

On vous signale ce rendez-vous avec un performer breton qu'on aime bien, Damien Rouxel, au sein de l'exposition Jean Puy / Ambroise Vollard. Un principe qui fonctionne toujours bien, associer le mouvement au dessin...
> Dimanche 28 novembre à 14h30 et 16h30, Musée de Pont-Aven
titre emballe EXPOS
atelier

Un atelier en ville

On a découvert un joli nouveau lieu, le mois dernier, et on avait envie de vous en parler. C’est une artiste rennaise qui l’a investi, après avoir eu un coup de cœur pour Lorient. Carole Geinguené utilise le dessin au crayon et pastels, ainsi que les monotypes, et on a beaucoup aimé sa recherche sur l’effacement, la dilution, l’arrivée du blanc dans des couleurs très douces et grisées, et surtout un travail sur le végétal délicat et formidablement précis. Voila pour le contenu. Le contenant, lui, est un magasin du plus pur Lorient 50, dans son jus, aux plafonds hauts, carrelage et huisseries d’époque, qui porte le parfum de la reconstruction sans retouche, le cas est suffisamment rare en centre-ville pour le notifier. On plonge directement dans l’histoire de la place Alsace-Lorraine et de ses boutiques, et on adore ça.
> Ouvert le dernier week-end de novembre et tout le mois de décembre.
> 16 rue de Turenne, Lorient. Tél. 06.81.86.09.81
Matthieu-fappani

Matthieu Fappani

On ne sait rien de lui, mais certaines images ont attiré notre regard, faites un saut à Fouesnant, vous nous direz ?
> Jusqu'au 29 janvier, l'Archipel, Fouesnant.
jazzbox

Jazzbox

On avait adoré, lorsque Cécile Léna avait posé ses micro-scénographies à Lorient, découvrir ses univers plein de charme. On vous propose de relire ci-dessous l'article qu'on lui avait consacré...
> Jusqu'au 16 décembre, Galerie Pictura, Cesson-Sévigné. Fermeture le lundi et le jeudi
titre emballe CONCOURS
désobéir

Désobéir

Elle a été artiste associée à Chaillot, puis au Quartz à Brest de 2006 à 2010. Julie Bérès, on n’ a jamais réussi à voir son travail, ça arrive, mais ça nous fait très envie, car autour d’elle une joyeuse troupe se forme et se transforme, invitant des mediums différents, d’autres façons de raconter au plateau. Dans Désobéir, où la scénographie est signée par Marc Lainé, notre chouchou de toujours, Julie Bérès parle du monde d’aujourd’hui et de ce « Non » que nous avons envie d’entendre plus souvent au théâtre : « Nous avons choisi avec les auteurs Alice Zeniter et Kevin Keiss, d’interroger de jeunes femmes issues de l’immigration. Nous aimerions faire entendre la façon dont elles empoignent leurs vies, dans un monde souvent violent où il faut lutter pour tracer sa route. Chacune à sa manière témoigne d’un NON posé comme acte fondateur. Non aux volontés du père, non face aux injonctions de la société, de la tradition. »
> Mardi 30 novembre, Le Dôme, Saint-Avé

On vous fait gagner des places !

envoyez-nous un mail avant dimanche : cestparla@sortiesdesecours.com

Journal de bord de l'Aquarius. Conférence

L'Aquarius a secouru plus de 30000 personnes durant 3 années d'opérations au large de la Libye, sur la route migratoire la plus meurtrière au monde. Le témoignage d'Antoine Laurent, officier de la Marine Marchande, dans "Journal de bord de l'Aquarius" a obtenu le prix Livre et Droits humains, sous la présidence de Florence Aubenas.
> Jeudi 25 novembre au Lycée Dupuy-de-Lôme, Lorient
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Festival Surf & skate

Il est tard et on vous glisse juste un petit post-it pour vous dire de ne pas oublier ce chouette festival organisé par L'Estran à Guidel, qui n'est pas réservé qu'aux ados en baggy et Van's, loin de là...
> Du 26 au 28 novembre, L'Estran, Guidel
titre emballe STAGES
On vous signale un stage organisé par la compagnie Eskemm (Locmiquélic), avec deux de leurs danseurs, interprètes dans leur prochaine création "Ce que nous sommes" : Chaouki Amellal (Agro-danse et techniques d'équilibre) et Eva Moreno ( Danse house).
> Samedi 11 et dimanche 12 décembre au CECAP, Lorient. Adultes et ados à partir de 12 ans, ayant un minimum de trois ans de pratique corporelle.