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N° 315 - DU 7 AU 20 JUILLET 2022

Numéro double. On fait relâche le 14 juillet et on se retrouve le 21 juillet !

fetes historiques vannes

Fêtes historiques de Vannes

"Depuis leur création en 1986, les Fêtes Historiques de Vannes enchantent des dizaines de milliers de spectateurs. Avec la complicité de centaines de figurants et artistes, le centre-ville historique se pare de ses plus beaux atours, les 13 et 14 juillet. Théâtre de rue, musique, cortèges, animaux … Ce voyage à travers le temps offre des instants magiques, humoristiques, parfois émouvants. Chaque édition est l’occasion de mettre en lumière une période historique de la ville. Des groupes étrangers sont également invités, donnant une dimension européenne aux Fêtes historiques. Cet évènement est aussi l'occasion de visiter de façon insolite le Jardin des Remparts, les ruelles de la vieille ville à travers les époques, ou les échoppes du forgeron et du frappeur de monnaie. Et à la tombée de la nuit, la magie continue grâce aux spectacles de cracheurs de feu et au grand bal populaire"
le lohic

Port-Louis en fête

Une soirée festive et musicale organisée par la ville de Port-Louis, sur le site du Lohic (face à la presqu'île de Gâvres) avec le groupe Spontus juste après le feu d'artifice...
Spontus défend une musique à danser renouvelée, une créativité débridée qui tisse le lien entre les danseurs et les musiciens. Une musique qui s’envole souvent vers des sonorités nouvelles, mais qui atterrit toujours dans un fest-noz quand le violon et la guitare kan et diskan, ou que l’accordéon et la basse jouent à la bombarde et au binioù. Spontus fait danser aux quatre coins de la Bretagne depuis 1996 et s’est inventé un univers personnel imprégné du style des anciens, nourrit par des références très prononcées. Le groupe dégage sur scène une complicité incroyable et une énergie communicative, fruit d’une amitié partagée de longue date.
> Mercredi 13 juillet, à partir de 19h30, Port-Louis
mathurin meheut
Artiste majeur du XXe siècle en Bretagne, Mathurin Méheut (1882-1958) a tracé une voie artistique personnelle et originale tout au long de sa vie. De son fulgurant coup de crayon, il nous immerge au coeur de la société bretonne travailleuse et pieuse de la première moitié du XXe siècle. La quantité d’oeuvres produites et la diversité des techniques expérimentées font de lui un artiste prolifique et inclassable. Cette exposition propose de (re)découvrir cet amoureux de la Bretagne à travers des oeuvres emblématiques et inédites provenant de collections publiques et privées. Elle participe à L’été Méheut en Bretagne avec l’ouverture du nouveau Musée Mathurin Méheut, Lamballe-Armor.
bordier

Fair Play. Muriel Bordier

Une série composée spécialement pour Auray
Dans la chapelle, une fresque de trois mètres de haut et de trente mètres de long a été collée sur les murs, le long desquels le visiteur va marcher à la suite de personnages faisant la course sur des vélos d’appartement. Ou plus précisément d’un vélo d’appartement sur lequel Bordier a fait poser des centaines de figurants alréens, un par un. Chaque figurant reçoit des consignes, et compose un personnage en fonction de l’histoire que Bordier a en tête. Pour toutes les photos réalisées à Auray, les clubs sportifs de la ville ont dépêché leurs adhérents, qui sont venus dans leurs propres tenues de sport : cyclotouristes, kayakistes, tireurs à l’arc, gymnastes, nageurs… 23 photos sont disséminées dans la ville, à découvrir avec un plan à la main. Ré-joui-ssant.
Le Kleub actu
Cette année, une nouvelle scène débarque sur l'espace du Festival Interceltique. Un nouveau lieu dédié aux musiques post-traditionnelles, salle de musiques actuelles « celtiques » et éphémère, « Le Kleub ». Elle accueillera chaque soir la jeune génération avec diverses propositions musicales aux sonorités très contemporaines. Chacun.e pourra vibrer et danser sur les airs des différents groupes invités tous issus des différentes nations celtes. Et pour clôturer la soirée, place aux musiques électroniques sous la forme de création ou bien d’un DJ Set.
On vous invite à découvrir notamment Rodriguo Cuevas (2e photo à partir d'en haut à gauche) dans un numéro de Tracks, sur Arte, ICI

> 14h30 folk (sauf dim) et 21h30 musiques contemporaines celtes. Place de l’Hôtel de Ville
cri des lulu

Le Cri des Lulu. Compagnie Pied en Sol

Danse / Art de la rue - Gratuit
Pièce chorégraphique, Le Cri des Lulu dresse le portrait intime d’un "vieux" couple. Les Lulu ? Lucienne et Lucien, deux "élégants" inséparables qui s’accompagnent l’un l’autre dans l’automne de leur relation. (30 mn). Coup de coeur SDS
> Dimanche 10 juillet, 18h30. Esplanade de l'Océan. Dans le cadre des Sorties de bain
veillee contee

Veillée contée

Accompagnée de sa guitare, Hélène Palardy racontera les déboires des méchants qui tremblent sur des airs rock, reggae et flamenco. Dans un univers où rôde l'humour, on frissonne... de plaisir !
Puis il y aura des rebondissements, des dérapages incontrôlés et des fins qui restent sur leur faim avec Pierre Desvigne. Pour finir la soirée, Jean-Marc Derouen vous entraînera sur un chemin parsemé de poésie et d’humour pour une soirée autour de l’imaginaire breton. (Durée : 2h30)
> Mercredi 20 juillet, 20h30, Site abbatial Saint-Maurice - 3/5€ sur réservation ICI
titre agenda
la fugue

Quand viendra la vague

Ils s’appellent « La Fugue » et ils nous ont rendu visite, un matin de mai. On a eu envie de cette rencontre parce que ce sont de nouveaux venus sur le territoire, et qu’on met un point d’honneur à connaître tout le monde. Et aussi parce que leur projet, « Quand viendra la vague », qu’on va aller voir cette fin de semaine, nous a fait frétiller. Photo ©Fiona Hamonic


Imaginez un rocher. Un faux. Une sculpture de 12 m2. Une structure en acier, réalisée par des plasticiens « Brestois et surfers, avec les techniques de fabrication des planches de surf, et des matériaux biosourcés ». Ce rocher, histoire de brouiller les perceptions, sera posé sur la plage et servira d’estrade, de promontoire, d’espace de jeu. Mais ce qui nous plait le plus dans l’affaire, c’est que le temps de la représentation (une heure) sera rythmé par la marée. Et ce n’est pas une coquetterie ou un artifice, mais une profonde résonance avec le spectacle : « Le paysage et la marée sont des acteurs aussi importants que nous. Le paysage constitue une scénographie en mouvement. Ce temps de l’eau qui monte permet aux spectateurs, assis sur le sable, de se poser la question : Jusqu’où va-t-elle monter ? Pour nous, c’est une façon de sensibiliser à la montée des eaux, à notre manière, par le théâtre, la poésie, la fiction, autrement que par des images qui créent la sidération. On sait qu’on va être touchés localement, comme à Gâvres, où à Lorient, dont, selon les premières prévisions, une partie du port pourrait être en partie dans l’eau dans trente ans. Nous, on se sent habités par ça, on va le voir concrètement, et en rire, ça fait du bien. La pièce parle de la faculté à s’adapter, à accueillir une situation ». Cette comédie d’Alice Zeniter, parue en 2019, présente deux personnages, Laetizia et Matéo, un jeune couple, qui retournent sur l’île où vivait le père de Matéo, après sa mort. « Ils ont hérité d’un terrain au sommet de l’île et attendent la vague qui les submergera. Ils jouent à un jeu de rôle en convoquant des personnages différents, avec différents points de vue, qu’ils interprètent tour à tour, pour décider qui ils accueilleraient sur leur île lors de cette montée des eaux. Leur jeu est aussi prétexte à se poser des questions philosophiques »
La Fugue, c’est d’abord Irène Le Goué et Pierre-Alexandre Culo, mais aussi d’autres artistes de différentes disciplines, qui se sont rencontrés au Conservatoire, à Paris, puis à Montpellier. Originaires de Ploemeur, Irène et P-A se sont connus au Lycée Jean Macé, à Lanester, LE vivier théâtral du département : « La filière théâtre de Jean Macé est très pointue : quand on est arrivés à Paris, on savait déjà presque tout… » Ils disent leur envie de « proposer des objets artistiques dans des paysages qu’on connait depuis l’enfance, de monter des projets ici» et se revendiquent du théâtre de rue. (La Fugue est soutenue par la DRAC et le Dépt du Morbihan).
> Samedi 9 & dimanche 10 juillet, 11h, lieu surprise au bord de la Laïta, Guidel. Orga L’Estran.
Daniel Buren Sorties de secours

Daniel Buren. Au détour des routes et chemins

Quand on est journaliste, on est convié à des rendez-vous, à des points-presse ou des conférences de presse, parfois à des visites de presse. Mais le produit phare du communicant, c’est le voyage de presse, beaucoup plus rare en Bretagne. Sauf quand le but de la visite se situe sur une île, accessible seulement en bateau. Et ça, c’est déjà un voyage.

Alors nous voilà devant la Gare maritime de Vannes, cherchant à démêler les visiteurs des autres, ceux pour qui un bateau aux couleurs du département a été affrété. On repère vite Bertrand Riguidel, l’attaché de presse, à ses lunettes jaunes. Les journalistes à leur tenue kaki cool tout terrain – petite exception faite de celle de Ouest-France, en imprimé panthère. Les officiel·le·s à leurs mocassins Gucci et leurs vestes cintrées noires. Jean Moiseau, maire de l’île d’Arz, à son look mix & match, jean à revers, baskets noires et veste de costard. Et Daniel Buren, qui nous attend au débarcadère, à son uniforme de toujours : veste à col Mao, noir intégral, mais revers de poignets coquelicot, piqués de boutons jaunes et verts, terriblement raccords avec son univers chromatique. Et discrets : aucun de mes collègues n’a noté ce petit détail pourtant essentiel. Certains m’ont même fait remarquer avec un presque dédain qu’ils avaient autre chose à faire que se préoccuper des manchettes de l’homme, quand l’artiste était à portée de micro. Je veux bien. Moi, je savais d’emblée que tout ce que dirait Buren dans ce contexte serait déjà dans le dossier de presse, que ce n’était pas ce jour-là que j’allais lui tirer une déclaration inédite, dans un univers artistique où toute la communication est ultra maîtrisée. Alors je me suis dit : ouvre grand tes yeux et laisse trainer tes oreilles, décale-toi dans le cortège des officiels, regarde de côté, à l’avant, à l’arrière, et surtout laisse-toi porter par les œuvres. Puisque, chez Buren, y-a-t-il vraiment un message ? Ses œuvres disent-elles quelque chose, intrinsèquement ? Non. Buren donne des cadres, des angles, des pistes, déplace le regard. Buren fait comme tous les autres, il nous montre comment il voit la beauté du monde, mais au lieu de la peindre, la photographier ou la graver, il la pointe, il la flèche, il la désigne. « Elle est là », nous dit-il. Et plutôt que la reproduire, la décrire, la nommer, il utilise ses propres moyens pour nous la faire voir. Il dialogue avec le paysage, dirait le dossier de presse.
Daniel Buren Sorties de secours
Au Palais Royal, sans doute son œuvre la plus connue parmi ses centaines de réalisations, ses colonnes renvoient l’ombre et la lumière avec le noir et le blanc, répondent au bâti et à l’histoire avec facétie, pointent la hauteur ou la modestie par leur taille, apportent le jeu dans une cour austère, autorisent le visiteur à s’asseoir, à se cacher, à grimper. Et à entrer dans l’oeuvre.
Dans l’île d’Arz, Buren a joué avec sept manières de nous déplacer. Ah oui. Il n’y a pas que notre regard, que l’artiste pygmalionne. Il y a aussi nos corps. Il sait très bien ce que nous allons faire avec ce qu’il nous propose. Jouer. Nous pencher. Nous décaler. Un pas de plus à droite pour nous centrer. Un pas en arrière pour faire entrer ce banc, là, dans l’image. S’accroupir pour tester la contreplongée. Se hisser sur la pointe des pieds. Grimper là, sur la petite butte, pour changer de perspective. Descendre sur la plage pour créer une nouvelle image. Tourner le dos à la mer pour contrer les évidences. Chercher les symétries. Trouver contrepoint, alignement, lignes de fuite.
Daniel Buren Sorties de secours
Les trolls de l’art contemporain opposent toujours les mêmes arguments, incluant invariablement la mention de leur fille de quatre ans, ou les mains des artisans qui ont suivi le plan de « l’artiste », car les guillemets sont importants dans leur mépris systématisé. Nous on s’en fout un peu des grandes théories. A la fois celles des artistes et celles de leurs détracteurs. Parce qu’on sait que l’art, du plafond de la Sixtine aux dessins de notre petite nièce, ne survivra pas au crash de la planète, et que ce n’est pas grave du tout. Pour nous, l’importance de l’art n’est pas dans sa conservation, sa sacralisation, sa définition ou le nombre d’étoiles données par les spécialistes. Henri-Pierre Jeudy, philosophe et sociologue, s’il donne à la conservation des œuvres un rôle de « résistance commune à l’oubli », pointe néanmoins l’importance de la notion de jouissance esthétique. Et l’art – quelle que soit sa forme – dans l’espace public, naturel ou patrimonial, y contribue grandement, à ce plaisir.
buren plan
Dans les sept stations que propose Buren dans l’île d'Arz, il y a le plaisir de la balade, de la quête, de la surprise. Même lorsque l’on connait cette île, parmi les plus délicieuses du Ponant, si suave, si douce, si riche en lumières et en couleurs, ces sept points de vue nous la révèlent autre. Comme si on était passés à côté de certains angles ou même carrément de certains sites. Ne comptez pas sur nous pour vous décrire ces œuvres, ce serait vous jouer un tour de cochon, vous gâcher la surprise et la joie. On vous dira juste que Buren y joue comme toujours avec ses propres codes et ses auto-citations. Des rayures, mais oui, bien sûr. Des couleurs, évidemment. Des alignements, aussi. Simplissimes, ses interventions sont modestes, laissent la place à l’île. Ce ne sont pas des coups d’éclat, il n’y a pas de banc pour s’asseoir devant elles comme devant un Van Gogh, mais il y a l’herbe dorée et les doux chatons de la Lagure ovale. Elles nous appartiennent, elles appartiennent à la nature, à l’air, au vent, aux arbres, au soleil et à ses ombres, pour seize mois de dialogue avec eux.
Isabelle Nivet. Photos ©Sorties de secours


> Jusqu’au 30 octobre 2023. Accès libre.
> Le tour de l’île peut se faire à pied en une journée, ou plus rapidement en louant un vélo au débarcadère. Les sept stations sont réparties dans toute l’île, majoritairement au bord de l’eau.

Au détour des routes et des chemins, 7 travaux in situ, exposition hors les murs du Domaine de Kerguéhennec, est une initiative de l’île d’Arz organisée avec le département du Morbihan et le soutien du Ministère de la Culture.
Jef aerosol sorties de secours

Jef Aérosol

On vous invite à vous abonner à notre compte Instagram pour visionner la vidéo que nous avons faite de Jef Aérosol himself, la semaine dernière, en train de "pocher" ce graff qui s'ajoute à la collection de street-art du collège Charles de Gaulle, à Ploemeur. Photo ©Sorties de secours
tombées
Vous savez à quel point on aime ce festival, sans doute le plus ressemblant à nos attentes : pointu, créatif, chorégraphique, expérimental, et surprenant. Dans un monde où le théâtre de rue est devenu l'opium du peuple et où les programmateurs font souvent des choix vers le bas, Les Tombées restent une référence. On vous laisse découvrir le programme en cliquant ICI. On vous signale au passage la présence de Patrice de Bénédetti, danseur qu'on aime beaucoup, avec un triptyque qui reprend ses trois dernières pièces. Et aussi la dernière création de la Cie Opus "La grande tablée" performance qui se fout gentiment de la gueule des journalistes culturels "qui se la pètent un peu". Et la nouvelle création du Théâtre Dromesko. Et la présence de Benjamin Vandewalle. Et...
INVITATION BEATRICE DUCREST