ESSAI bandeau mag 2023
N° 346 - 2 mars 2023
Dracula

Dracula, Lucy's dream

Yngvild Aspeli, Cie Plexus Polaire. Prisonnier dans le chĂąteau du comte Dracula, Jonathan Harker Ă©prouve une attirance irrĂ©sistible pour trois femmes vampires
 L’histoire de Dracula fascine et effraie tout autant car elle explore les Ă©tats limites, entre vie et mort, entre possession et libertĂ©. GĂ©niale crĂ©atrice d’images, Yngvild Aspeli s’attaque Ă  ce mythe et resserre l’histoire sur Lucy, une des premiĂšres victimes du vampire, et son combat contre son dĂ©mon intĂ©rieur. Elle en fait une expĂ©rience physique Ă  part entiĂšre, en convoquant cinq acteurs accompagnĂ©s d’une foule de marionnettes grandeur nature, d’un troupeau de loups, d’une Ă©quipe de chauves-souris et d’insectes qui se glissent sous la peau
 (Le teaser Ă  voir ICI)
> Ven 10 mars, 20h30, Théùtre du Blavet, Inzinzac-Lochrist. DÚs 14 ans
laura cahen

Laura Cahen

Dans Une fille, concert éponyme de son 2e album, Laura Cahen livre des chansons sensibles et modernes, pleines d'une affirmation féministe revendiquée. Ses chansons dépouillées se parent d'électro, laissant la place à un timbre de voix rare et sensible. Elle se dévoile aussi davantage, parlant sans fausse pudeur de qui elle est, de ses espoirs et ses amours comme de ses passions. Elle est en tournée avec deux musiciennes.
> Sam 4 mars, 20h30, Le Forum, Nivillac

Coup de coeur SDS : Sur une discrÚte trame électronique, Laura Cahen pose une voix délicate, aérienne, au fil légÚrement voilé, au phrasé subtil, sur de jolis textes plutÎt personnels, qui parlent d'amour et de filles. Ecouter ICI
meilleur-pire

Pour le meilleur et pour le pire

Jeanne est organisatrice de mariage, mais bien qu’elle travaille d’arrache-pied, entre l’EHPAD de son pĂšre et les Ă©tudes de sa fille, les dettes s’accumulent. Prise Ă  la gorge, elle mise sur le mariage trĂšs chic pour lequel elle et son assistant, le naĂŻf et dĂ©vouĂ© Serge, ont Ă©tĂ© engagĂ©s ce samedi. Cette fois, elle va pouvoir solder ses comptes et payer tous ses crĂ©anciers. Sauf que toutes les personnes du staff disparaissent mystĂ©rieusement, les unes aprĂšs les autres, mettant la cĂ©rĂ©monie en pĂ©ril
 Une piĂšce de Jean Franco et Guillaume MĂ©lanie, avec Booder, Rebecca Hampton, Marie-Aline Thomassin, Florence Savignat, AmĂ©lie Robert et Thomas Hoff.
> Dim 5 mars, 16h, Océanis, Ploemeur. Durée 1h40.
Petites_geometries

Les petites géométries

Cie Juscomama. Face Ă  face, deux drĂŽles de silhouettes s’observent. La tĂȘte emboĂźtĂ©e dans des cubes noirs, elles font dĂ©filer sous leur craie un ciel Ă©toilĂ©, une ville en noir et blanc, un oiseau colorĂ© ou encore des visages aux multiples Ă©motions. Entre jeu masquĂ© et thĂ©Ăątre d’objets, c’est toute une histoire qui se dessine, se devine et parfois s’efface, pour mieux s’inventer. C’est un voyage surrĂ©aliste, poĂ©tique et sans parole. Voir le teaser ICI.
> Ven 10 mars, 19h, Le DÎme, Saint-Avé

Coup de coeur SDS : Un trĂšs joli spectacle oĂč les comĂ©dien·ne·s dessinent sur des cubes en direct. C'est ludique, poĂ©tique et joyeux. Pour ceux qui ont aimĂ© "Le petit fil rouge" de la Jo Coop Cie.
Sans Tambour

Sans tambour

Un couple se sĂ©pare et la sĂ©paration provoque l’effondrement progressif de leur maison. Comment (se) reconstruit-on aprĂšs un dĂ©sastre ? Un spectacle crĂ©Ă© Ă  partir d’un lieder de Robert Schuman – interprĂ©tĂ© sur scĂšne par cinq instrumentistes et la soprano Agathe Peyrat – et d’un effondrement. Sans Tambour est une piĂšce conciliant la musique et le thĂ©Ăątre, de Samuel Achache, qui a collaborĂ© en tant qu'acteur avec Sylvain Creuzevault et Vincent Macaigne. Le manque de musique qu'il perçoit sur les scĂšnes thĂ©Ăątrales le conduit en 2013 Ă  crĂ©er, aux cĂŽtĂ©s de Jeanne Candel, Le Crocodile trompeur, opĂ©ra dĂ©calĂ©, vu Ă  Lorient.
> Mer 8 et jeu 9 mars, 20h, Grand théùtre, Lorient
coups coeur semaine

Qu'on vive

Une quarantaine de personnes s’installent dans une salle d’attente. Elles attendent le dĂ©part d’un bus, ou d’un avion ou d’un train. C’est un lieu de solitudes partagĂ©es. Un lieu public oĂč l’on peut manger, lire, chanter, parler en toute discrĂ©tion. Quatre tĂ©lĂ©viseurs leur indiquent les horaires de dĂ©part. C’est dans ces Ă©crans d’affichages qu’Anne, la comtesse, vient dire son histoire. Le nouveau spectacle de thĂ©Ăątre documentaire des FrĂšres Pablov, qu'on adore.
> Jeu 2 19h30, et ven 3 mars 20h30, Gare d'Hennebont
Rencontre-signature avec l'autrice CĂ©line Didier
Céline Didier a publié "C'était ton voeu", son premier roman aux éditions Lunatique en décembre 2022. Elle sera à La Petite Librairie d'Hennebont tout l'aprÚs-midi du samedi 4 mars pour échanger autour de son livre et le dédicacer. Un ouvrage sensible, écrit de maniÚre destructurée et sensible.
> Sam 4 mars, 15h30, La Petite Librairie, Hennebont

Car/men

AprĂšs "Tutu", Philippe Lafeuille revisite l'hĂ©roĂŻne de Bizet avec huit danseurs et un chanteur qui, avec fantaisie, tendresse et dĂ©rision, se jouent du masculin et du fĂ©minin. Un show chorĂ©graphique mĂȘlant humour, thĂ©Ăątre, chant, clown et vidĂ©o. Et beaucoup de pois rouges et blancs !
> Mar 7 et mer 8 mars, ScĂšnes du Golfe, Vannes
dom juan

Dom Juan ou le festin de pierre

Le spectacle waouh de la semaine. Du grand Bobée, spécialiste des mises en scÚnes flamboyantes et scotchantes. Musique, danse, statues XXL, effets stroboscopiques, projections, pour une relecture de ce qui est sans doute la piÚce la plus sombre de MoliÚre, dans une esthétique trÚs trÚs marquée, faite de noir et surtout de blanc, de pierre et de poudre... (Voir le teaser ICI)
> Jeu 2 et ven 3 mars, 20h, ScĂšnes du Golfe, Vannes
titre agenda
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Les fantÎmes d'Ismaël

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Les fantÎmes d'Ismaël. Desplechin

Vous le savez, on est Desplechinophile, Ă  Sorties de secours. Et arte aussi. Voici donc un film de 2017 que vous avez peut-ĂȘtre ratĂ© Ă  sa sortie, qu'arte nous permet de (re)voir. On connait les critiques faites Ă  Desplechin : parisianisme, masculinisme, nombrilisme, Ă©litisme. Rien de tout ça n'est complĂštement faux, sa vision du monde est autobiographique, toujours, il filme donc ici encore une fois les frĂšres Dedalus dans leur environnement, de Paris Ă  Roubaix, et c'est Mathieu Amalric, comme toujours, qui incarne ce clone du rĂ©alisateur. Une mise en abyme oĂč pĂȘle-mĂȘle affluent les obsessions et souvenirs de Desplechin. On connait le principe, on y adhĂšre ou pas. Nous oui. Mais surtout, ce qui frappe dans ce film, et peut-ĂȘtre plus qu'Ă  l'accoutumĂ©e, c'est la beautĂ© de la photo, et des portraits particuliĂšrement, en peintre merveilleux qu'est Desplechin. En trĂšs, trĂšs gros plan. La bouche de Marion Cotillard aussi parfaite que celle d'une Barbie, celle de Charlotte Gainsbourg et ses sourires comme l'aube d'un matin d'hiver. Et plus encore que la façon de filmer, c'est ici la direction d'acteur et d'actrices qui est extraordinaire. Cotillard et Gainsbourg dĂ©barrassĂ©es de leurs tics, de leurs intonations habituelles, particuliĂšrement Ă©mouvantes dans la simplicitĂ© et l'Ă©pure de jeu ; Amalric parfait dans l'Ă©garement et la fragilitĂ© - une posture moins inĂ©dite, mais quand mĂȘme ; Louis Garrel s'appropriant la patte Dedalus dans une composition en Ă©cho Ă  celle d'Amalric, flottant et lĂ©gĂšrement dĂ©calĂ©, d'une fantaisie blanche et fondante ; la dĂ©licieuse Alba Rohrwacher dans un second rĂŽle plein de poĂ©sie et de lĂ©gĂšretĂ© ; l'incroyable Laszlo Szabo dans le rĂŽle d'un vieux cinĂ©aste ashkĂ©naze, mentor d'IsmaĂ«l ; et enfin l'Ă©tonnante performance d'Hippolyte Girardot, cheveux au vent, dans le rĂŽle d'un producteur Ă  la fois caricatural, sautillant et touchant. Entre autobiographie, thriller, histoire(s) d'amour et affaire d'espionnage, le film navigue d'un bord Ă  l'autre, sans jamais nous perdre, pendu·e·s aux lĂšvres et aux larmes de ces magnifiques acteurs.
> Jusqu'au 16 mars sur arte.
FONDALOR sorties de secours

Point de vous. Le PĂŽle

dessin le pole IN
« C’est pas le but, de faire danse ». Faire danse, je le traduirais avec un nuage de mots : montrer, Ă©crire, dupliquer, prĂ©voir, reproduire, plateau, thĂ©Ăątre, lumiĂšres, dĂ©cors, costumes, mise en scĂšne
 Faire danse, c’est ce que ne veulent plus certains danseurs aujourd’hui. Ne pas faire danse, c’est oser abandonner une certaine maniĂšre de prĂ©senter de la danse, du haut de la scĂšne en direction des spectateurs assis en contrebas. C’est oser cesser de construire des crĂ©ations deux ans Ă  l’avance qui seront jouĂ©es une fois. C’est oser renoncer aux applaudissements d’un public dans l’ombre, oser dire non aux projecteurs. C’est peut-ĂȘtre la danse de demain, moins institutionnelle, mais davantage tournĂ©e vers l’autre, pour porter le mouvement au plus prĂšs de gens qui ne portent pas le nom de spectateurs, croisĂ©s dans des lieux qui ne sont pas des thĂ©Ăątres.

« On veut quitter l’aspect technique de la monstration » c’est ce que m’ont dit Katell et LĂ©onard, danseurs dans leur compagnie, « Le PĂŽle », crĂ©Ă©e il y a quinze ans. Quinze ans qu’on parle de leurs projets, au grĂ© d’interviews faites sur des plateaux de danse, parfois dans l’espace public, quand le confinement avait fermĂ© les bars. Aujourd’hui, c’est Ă  L’Epicerie sociale, planquĂ©e entre la voie ferrĂ©e et la zone commerciale de Keryado, qu’on s’est retrouvĂ©s. Ils y sont chaque lundi et chaque vendredi de 13h30 Ă  15h. Je me suis installĂ©e en face de la porte d’entrĂ©e et je regarde ce qui se passe sans moufter. Il y a des gens qui arrivent, avec leurs sacs Ă  courses, qui s’arrĂȘtent au guichet pour donner le bon qui va leur permettre d’acheter des produits alimentaires Ă  prix rĂ©duit. Il y a des gens qui boivent un cafĂ©, des gens qui sortent avec un caddie rouge. Ils regardent Katell et LĂ©onard qui dansent, et ça les Ă©tonne pas plus que ça. Ils leur parlent de petites choses qui font rencontre. Y en a qui s’en branlent et passent sans un regard. Y en a qui se marrent. Y en a qui s’intĂ©ressent franchement. Y en a qui posent des questions. Y en qui dĂ©connent. Y en a qui parlent d’eux. Y en a qui demandent comment ça fonctionne, les ateliers couture. Katell et LĂ©onard ils rĂ©pondent, ils font l’accueil. Ils demandent les prĂ©noms, ils tutoient. En dansant. Ils mettent une bande son sur une petite enceinte, selon ce qui leur passe par la tĂȘte. LĂ , c’est une nappe bruitiste, j’aime bien.

Quand il n’y a plus personne Ă  faire ses courses, Katell et LĂ©onard m’expliquent d’oĂč vient ce projet double, mis en Ɠuvre pour un volet en lieu fermĂ© avec la ville de Lorient, et dans l’espace public avec Fondalor. « Depuis plusieurs annĂ©es on cherche comment une prĂ©sence artistique est possible ailleurs. On danse dans les EHPAD, les prisons, les unitĂ©s psychiatriques, les centres mĂ©dico-sociaux, les salles d’attente. A Langonnet, on a dansĂ© dans une Ă©glise, et aprĂšs que les gens de la culture soient venus voir, il n’y avait plus personne. Alors on s’est mis sur le perron, et on a commencĂ© Ă  parler aux gens. C’est lĂ  qu’on a compris que d’abord, c’était la parole, la rencontre, qu’on cherchait. Que c’était comme ça qu’on voulait faire. C’est ni de la performance, ni du spectacle, ni des ateliers, c’est de l’art relationnel. On veut toucher des gens qui ne voient pas de spectacles, ni au thĂ©Ăątre, ni en rue. On ne veut plus faire de plateau. »

Est alors nĂ© « Point de vous », oĂč c’est d’abord la prĂ©sence de Katell et LĂ©onard, et la rencontre, qui va les emmener dans quelque chose qui se crĂ©e dans l’instant, avec les « gens ». Dans l’Epicerie sociale, mais aussi dans la rue, Ă  Lorient, sous tente, oĂč la prĂ©sence des danseurs crĂ©era des moments de
 ? « Ce qui advient. Parfois les gens entrent dans le mouvement, d’autres non. En fonction de la personne qui est en face, lors de la rencontre, on sent si on va danser, mĂ©diter, lire : ça ne se prĂ©voit pas, parce que la prĂ©paration, ça ne marche pas. Et ça nous met dans un Ă©tat de fragilitĂ©. On se met au service de toutes les sensations, tous les possibles que le corps a, et Ă  l’intĂ©rieur, on appuie sur un bouton, on entre dans une forme de danse. L’idĂ©e c’est pas de montrer une chorĂ©graphie et de repartir mais d’ĂȘtre dans la danse et dans le rapport Ă  l’autre. Aller Ă  la rencontre »

> Lun et ven 13h30/15h jusqu’à fin avril, Epicerie sociale, 3 rue Francine Deporte, Lorient
> Tlj, 10h30/15h. Sem du 6 mars, passage du Blavet. Sem du 20 mars, place Paul Bert, Lorient
nouveau Cartouche FONDALOR SDS
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Pour tenter de gagner, envoyez-nous un mail đ”Șđ”Šđ”€đ”«đ”Źđ”« avec : 1. votre nom / 2. votre numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone / 3. le titre et la date du spectacle pour lequel vous jouez.

Cette semaine, gagnez des places pour

‱ Dracula (Photo 2. Christophe Raynaud de Lage).
Une relecture du mythe de Dracula, physique et visuelle, aussi drĂŽle et dĂ©jantĂ©e qu’effrayante et jubilatoire, par la crĂ©atrice du formidable Moby Dick, vu la saison passĂ©e. Marionnettes grandeur nature, ambiance Ă©trange, le rĂ©sultat devrait ĂȘtre aussi "fantastique" qu'esthĂ©tique...
> Ven 10 mars, 20h30, Théùtre du Blavet, Inzinzac-Lochrist

‱ A la ligne (Photo 1).
Ouvrier Ă  la chaĂźne dans conserveries de poisson et abattoirs bretons, Joseph Ponthus Ă©crit jour aprĂšs jour, sans ponctuation, ligne aprĂšs ligne, un long poĂšme en prose et raconte le quotidien de l’usine : bruyant, rĂ©pĂ©titif et abrutissant mais aussi noble, fraternel. Ce spectacle Ă  deux voix, celles de Katja Hunsinger et Julien Chavrial, lui rend hommage.
> Du 16 au 18 mars, 20h, CDDB, Lorient
nasta
Des ateliers avec Nastasja Duthois, une artiste lorientaise qui travaille le cyanotype et la broderie, et qui expose Ă  L'Hermine de Sarzeau

> Visite guidée avec Anne Jacob, guide du littoral, récolte d'algues puis initiation au cyanotype
Sam 4 mars, 10h30 à 16h30. Orga L’Hermine

> Atelier de broderie sur cyanotype.
Dim 18 Mars, 14h à 17h. Parc Chevassu, Lorient. Infos et résas sur la plateforme Wecandoo

> Anniversaire des 10 ans de l'association Cueillir. Initiation cyanotype tout public dĂšs 6 ans
Dim 26 Mars - Ă  14h puis 15h30. Inscription sur place Ă  l'Ăźlot de Kergaher, Guidel