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Brueghel & Wardruna. Rock & Painting #11

 « Rock & Painting, c’est une série née sur Facebook en octobre 2019 dans laquelle j’associe chaque jour une toile et un morceau de rock. Dans laquelle j’associe mon amour de la peinture et du rock ». Catherine Pouplain

Ecouter le titre avant de commencer la lecture

Cette semaine, on remonte le temps et on parle d’un grand maître de la peinture flamande, Pieter Brueghel l’Ancien. Plongée directe en pleine Renaissance avec une peinture ultra classique mais pour l’époque, moderne et même assez décalée des grands thèmes religieux qui commencent à perdre du terrain après des siècles d’omniprésence dans la création artistique. Bon, la bible est encore bien présente dans l’inspiration des artistes mais traitée différemment, avec plus de recul voire une certaine laïcisation de la représentation des sujets. C’est le cas de l’école flamande dont fait partie un Pieter Brueghel l’Ancien au style somme toute assez rock’n roll !

L’Ancien, tout simplement en rapport à son fils Pieter Brueghel le jeune. Mais aussi parce qu’il est l’ancêtre d’une incroyable lignée d’artistes qui durera jusqu’au XVIIIe. Pourtant, on sait peu de choses avec certitude sur lui, à commencer par sa date de naissance, entre 1525 et 1530, son lieu de naissance – peut-être un village du Brabant du nom de… Bruegel – et même son nom à l’orthographe incertaine. Ce qui est sûr, c’est qu’il est mort à Bruxelles en 1569. Bruxelles était alors la capitale d’un vaste territoire qui dépendait de la couronne espagnole.

Pour Rock & Painting, j’ai une première fois choisi une scène de danse villageoise, une scène de mariage assez joviale peinte en 1566 et qui s’inscrit totalement dans cette spécialité picturale en plein essor à l’époque, en tout cas, chez les Flamands – moins en France , soit la scène de genre, la description de scènes de vie, de situations quotidiennes qu’on retrouve énormément dans les peintures du Nord. Les mariages, Brueghel en a peint beaucoup. Il adore les noces de village et s’invite très souvent dans ces fêtes, sans forcément connaître les mariés, pour observer, dessiner sans doute, et profiter aussi certainement de la fête. On trouve dans cette toile et dans d’autres similaires une convivialité et une humanité, un amour de la classe rurale, des tout petits métiers et des mendiants, très moderne pour l’époque, en tout cas dans la peinture. Si la religion est présente dans son travail, il y a une vision très humaine dans la façon de décrire la vie quotidienne qui marque un immense changement dans la façon de s’affranchir de la religion au sein de la création.

La seconde toile en revanche est tirée de la Bible mais issue de la même période que la précédente, cette première période, quand il a environ 35 ans et qu’il peint des toiles très déconfinées,  fourmillantes de personnages, ce qu’on retrouve déjà à la fin du Moyen-Âge chez Jérôme Bosch. D’ailleurs, cette toile est longtemps attribuée à Bosch et même à Pieter Brueghel le Jeune avant qu’on en découvre la signature et l’année lors d’une restauration.

Elle décrit comment les anges rebelles ou anges déchus – ceux qui ont choisi le camp du diable – sont chassés du Paradis par l’archange Michel, le grand chef des anges. Si effectivement, cette scène est sortie de l’ancien Testament, Brueghel y ajoute sa touche en imaginant une belle série de monstres vers lesquels les anges chassés sont précipités et c’est cette partie là du tableau qui est géniale et fascinante. Entre poissons, lézards, papillons géants, grenouilles obèses et certaines créatures indéfinissables et terrifiantes, on entre là dans l’imaginaire libéré de l’artiste sous couvert d’une toile à thème religieux. C’est peut-être une interprétation contemporaine et subjective mais j’aime penser que Brueghel a brodé librement et en toute conscience sur une imagerie aussi chargée que celle de la Bible.

Musicalement, il faut miser sur l’ambiance parce que dans les toiles d’un tel génie, elle est déjà puissante. Pour ce Rock & Painting, la toile sur la chute des anges, Alex propose Völuspá, un titre du groupe norvégien Wardruna, (écouter ici) un groupe à l’imagerie viking forte et dont le travail tourne autour des croyances mystiques scandinaves. Mais pour cette chronique, on peut aussi écouter le titre choisi pour la toile de la noce. J’avais alors choisi le groupe suisse The Young Gods, groupe de rock électro, mais aussi de multiples expériences musicales depuis 1985, avec un titre de 92, The Night Dance, titre assez intemporel et qui dit (écouter ici) :

Allons voir la nuit danser là-haut sur les collines

Allons voir la nuit danser avant que le ciel cesse de brûler

Allons rejoindre la nuit danser en bas près de la rivière

Dansons toutes les chansons folles, allumons toutes les étoiles

 

Chronique  diffusée dans la Quotidienne de Radio Balises le 25 mai 2020. https://radiobalises.com/

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