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Emma la clown. Ze Big Grande Musique

Par Isabelle Nivet

Dans « Ze big grande musique », Meriem Menant donne la parole à Emma la clown, son avatar caustique et burlesque, pour exprimer son amour de la « grande musique ». Elle nous en a parlé par téléphone…

Emma s’intéresse à tout ce qui parle à Meriem ? Après les sciences ocultes, l’amour, l’écologie, d’où vient l’envie de causer de musique ?

Le point de départ, c’est « La nuit de la voix », à Paris, où on m’avait demandé de servir de fil rouge entre les différents groupes vocaux. C’est extrêmement varié, entre le Grand orchestre et Ablaye Cissoko, et moi je servais d’intermédiaire : Emma interviewait les chefs et j’ai adoré ça. J’étais un peu comme un chien dans un jeu de quilles. Et puis j’ai commencé à écrire sur la musique, j’ai beaucoup lu, et je me suis posé des questions, sur ce que c’est qu’une note, par exemple. C’est quoi un silence ? Les hertz ? La musique, qu’est ce que ça nous fait ?

Sur scène, il y a toujours autant d’interactions avec le public ? Vous écrivez les choses à l’avance ?

Les interactions, elles viennent au fur à mesure, après avoir testé. Elles ne sont pas écrites. Mais le texte, lui, est écrit. Là, il s’est trouvé que j’ai fait appel à du mécénat avec Arkena, et j’ai dû rédiger un dossier qui s’est transformé en manuscrit, avec la liste des musiques qui iraient bien, et c’est à 95 % le texte du spectacle… Après, en scène, le but c’est de mettre le texte dans le corps. C’est le jeu d’acteur : c’est toujours la première fois, comment je rend la chose vivante au présent.

Qu’est-ce qui est dit sur la musique, dans le spectacle, alors ?

D’abord, ça part de l’enfance, d’une relation compliquée avec elle. Je détestais la musique, il fallait remettre tout ça à plat. Aujourd’hui j’ai beaucoup de gratitude pour les compositeurs et leurs notes, qui ont traversé des siècles : ils n’étaient pas obligés de nous laisser ça, c’est magnifique ! J’avais envie de désacraliser le classique, qu’une caste s’est approprié : il y a plein de gens qui pensent que ce n’est pas pour eux alors que si, c’est universel. Et tellement
sublime ! Les extraits que j’ai choisis, ce sont des choses belles que les gens connaissent : Mendelssohn, Fauré, Ravel, Chostakovitch, Schubert… Joués au violon par Alix Catinchi, au violoncelle par Myrtille Hetzel et au piano par Guilhem Fabre, que j’interromps en plein milieu en faisant des choses étranges !

Quand vous demandez si c’est avec les oreilles qu’on écoute la musique, c’est à la fois profond et burlesque…

C’est toujours comme ça pour moi, c’est ce pourquoi je suis sur scène : pour apporter quelque chose, réfléchir, sentir et rire. Avec un fond commun, l’amour de l’autre, l’amour de soi, de la vie, de l’autre…

Emma dit ce que Meriem pense, ou c’est le contraire ?

C’est toujours moi qui écrit, mais avec le prisme de la poésie d’Emma. Emma me permet de dire les choses, c’est un cadeau de pouvoir le faire : on accepte tout d’Emma. A moi de savoir ce qui est vrai et juste de dire. Emma est mon véhicule mais ça sort toujours de moi, et ça fait trente ans que c’est comme ça…

 

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