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Deux livres de Bénédicte Belpois

Morgane Thomas. Juin 2021.



Saint Jacques


Saint-Jacques est le deuxième roman de Bénédicte Belpois, il suit Suiza, sorti en 2019.
Il m’était difficile de parler de l’un sans aborder l’autre, tellement ces histoires s’enchevêtrent et se complètent.
A la première page de Saint-Jacques, on pourrait penser qu’il s’agit d’un Bambi, qui aurait été écrit par Albert Camus.
La mère meurt, mais toute ressemblance s’arrête là, en fait : pas d’étranger déguisé en faon qui se lierait d’amitié avec Panpan, un lapin aux yeux de biche.
Non rien à voir, le récit de Saint-Jacques est l’histoire d’une mère qui lègue à sa fille, Paloma, une maison et un cahier.

« On ne nait pas femme, on le devient » affirmait Simone de Beauvoir.
Mais à quoi s’accrocher, à quoi s’identifier, lorsque votre mère ne parvient pas à se vêtir de ce rôle.
Pousser dans un champ de désamour, ne fait pas, de tout le monde, de la mauvaise herbe.
Paloma, elle, au milieu d’un paysage, tente la reconstruction.
Son héritage dans les Cévennes coule dans ses veines.
Au bord de la montagne elle se penche sur son monde, prend soin d’elle en soignant les autres.
Un homme sous le bras, en guise d’étai, elle s’appuie sur sa nouvelle vie.


Suiza


Suiza est une jeune poupée déjà chiffonnée, déjà abimée.
Elle fuit son passé et sa destinée, pour se sauver.
Sur le chemin de la mer, bousculée par son trajet, elle échoue dans un village de Galice.
Un homme la saisit, et, petit à petit, à son contact s’adoucit.
Suiza se colle à lui et se laisse façonner à merci.
La branche à laquelle elle reste suspendue s’appelle Tomas.
Solidement planté, le bonhomme se sent fragilisé et s’époumone au souffle d’un carcinome.
La petite insuffle dans une atmosphère étriquée une once de respiration, une discrète attention.
Elle devient graine, s’ouvre, et répand son pollen rouquin dans les esprits des paysans galiciens.


Bénédicte Belpois


On retrouve dans les deux oeuvres des thèmes qui se répondent.
La possibilité de se saisir d’identifications parentales, mais aussi les interrogations sur la majorité sexuelle, la mise à disposition d’un corps à l’autre, les relations complexes où les frontières de "qui apporte à qui" se floutent peu à peu.

L’écriture est par endroit rugueuse, sèche comme les pierres et les gens.
Une plume qui ne prend pas de gant, ne fait aucun détour.

Bénédicte Belpois est sage-femme à Besançon, elle a écrit Suiza lors d’un long moment passé en Espagne.

 

Saint-Jacques de Bénédicte Belpois, chez Gallimard, 160 pages, 14 €

Suiza de Bénédicte Belpois, chez Folio, 283 pages, 5,30 €

 

 

 

 

 

 

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