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Fabrice Caro. Le discours

Un discours ! Un discours ! Qui n'a jamais prononcé ou entendu cette injonction lors d'un mariage ? Mais quand ces deux petits mots vous sont adressés, que faire, sinon fuir ou tenter de s'échapper ? Un roman soliloque qui claque comme les Frizzy Pazzy de notre enfance.
Par VIRGINIE SALLÉ

Le chwingue dingue qui claque et qui craque, ça vous rappelle quelque chose ? Eh bien, lire Le discours, c’est un peu comme ouvrir un sachet de Frizzy Pazzy et sentir les granulés frétiller sur la langue en formant un feu d’artifice dans la bouche. On n’arrête pas de rire tant l’esprit est vif et le verbe joyeux. On voudrait que cela ne s’arrête jamais, un peu comme on voudrait rester toute sa vie avec la fille ou le garçon qu’on aime. Mais voilà, et c’est là où le bât blesse, l’attente d’un SMS se transforme en souffrance insupportable. Qu’à cela ne tienne, le discours attendra aussi. En suivant le parcours sentimental d’Adrien, l’amoureux
éconduit, Fabrice Caro nous livre une bulle de légèreté qui vient couronner ce repas d’une magnifique cascade de champagne.

Un fragment de discours amoureux


C’est à cette envolée ou plutôt à cette tentative d’extraction d’une situation embarrassante que nous assistons tout au long du livre. Plus qu’une échappée, le discours est un hymne aux amoureux solitaires avec une autodérision qui ne masque rien de la finesse de l’auteur. D’ailleurs, son nom vous rappelle peut-être
quelqu’un ? Fabrice Caro alias FabCaro le génial auteur de BD drôles et grinçantes à souhait, comme Zaï Zaï Zaï Zaï, ou plus récemment Et si l’amour, c’était aimer ? Quel plaisir de le retrouver ici, dans un autre format qui lui sied à merveille. Derrière l’humour, ce deuxième roman révèle une sensibilité à fleur de peau qui se déploie avec une élégance rare (l’auteur avait déjà publié en 2006 chez Gallimard son premier roman, Figurec).

Adrien aime Sonia


Et Sonia veut faire « une pause ». 38 jours qu’Adrien est en manque, et en ce jour de fête, durant ce repas qui célèbre l’union de sa sœur et son beau-frère, il attend désespérément un retour de flamme de son amour fuyant, à travers un SMS qui ne vient pas, ou en tout cas qui tarde à venir. En injectant une bonne dose d’absurde dans son discours intérieur, le narrateur se réconforte comme il peut du tragique de l’existence, au delà de ses drames intimes. Plus qu’une
possibilité, l’humour devient ici nécessité. Fabrice Caro nous fait rire, et ce faisant, nous rend la vie pétillante et plus légère. C’est ça l’effet Frizzy Pazzy !

 

 

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