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Florentina Postaru / Serge Bloch. Heureux qui, comme mon aspirateur...

On était à L'Estran, avant le confinement, pour une interview, et Xavier Le Jeune, le boss, nous montre d'un coup de menton une nana assise un peu plus loin, en train d'écrire à une table, et nous dit "Tu la connais, Florentina ? Elle bosse pour Radio Balises, et elle a écrit un bouquin sur ses souvenirs d'enfance en Roumanie". On a dit à Xavier que si l'éditeur de Florentina il voulait bien nous envoyer un exemplaire, on était curieuse de le découvrir, ce livre.


Ce sont les éditions Bayard qui nous l'ont envoyé, et on l'a lu, et même si on l'a trouvé un peu décousu, on a compris que la mémoire, c'était comme ça, parce que nous aussi on a écrit les nôtres, de souvenirs d'enfance, et on sait qu'inventer du lien entre chacun d'entre eux, ce serait écrire de la fiction, presque. Que si c'était décousu c'est parce que la mémoire, c'est comme un jean troué, faut pas essayer de le recoudre, on le porte comme ça. Alors on les a picorés comme ça, ces souvenirs, un par ci par la, les manteaux en mouton retourné, baptisés "Alènedelone" parce qu'Alain Delon en portait un ; l'uniforme obligatoire à l'école, les pompons sur la tête, "Bunica" la grand-mère au regard tendre, et les vacances à la campagne en culotte et débardeur, pas si différentes des nôtres en France... Mais aussi, en creux, un contexte politique, le portrait d'un pays sous Ceaucescu et sa chute en 1989, pour les 13 ans de Florentina.


Illustré par les dessins griffonnés de Serge Bloch, le récit tendre et nostalgique d'une adolescence, à la manière d'un "Persépolis" roumain, qui nous rappelle que même en tant de dictature, la coupe d'un jean, à 15 ans, reste toujours de la plus haute importance...


Isabelle Nivet JUIN 2020

Editions Bayard, 276 pages, 23.90 €

 

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