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François Truffaut. Une BD signée Noël Simsolo et Marek

François Truffaut. Une biographie cinéphile et dessinée

Noël Simsolo et Marek. Glénat, Collection 9 ½. 170 pages, 22 €

 
Février 1941. Un petit garçon pleure en sortant de la projection de « Paradis perdu », d’Abel Gance.

- Tante Yvonne : « Ne sois pas triste, François, c’est du cinéma »

- François : « Je pleure parce que c’est trop beau »

 

Voilà un livre qui ressemble à son sujet. Très écrit, légèrement brumeux et distancié, comme les personnages de Truffaut, exclusivement dialogué, hyper documenté.

Truffaut était un fou de littérature, un dingue de cinéma, un homme marqué par son enfance, un amoureux des femmes. Le livre construit son portrait par le biais de scènes dessinées, presque comme des story boards, dont les dialogues nous donnent les infos, sans toutefois abuser.

Il faut néanmoins un peu connaître le cinéma de la Nouvelle Vague et le contexte des Cahiers du cinéma, dont Truffaut fut l’une des âmes, pour s’y retrouver, d’autant plus que le dessinateur, Marek, a choisi de représenter les personnages à sa façon, sans chercher forcément la ressemblance. Un dessin rétro, qui rend compte, sans surenchère de détails, mais avec justesse et pouvoir d’évocation, d’une époque. Un dessin à la ligne presque claire, entre celui de Loustal et celui de Floc’h, dans des couleurs légèrement éteintes, comme celles d’un film des années 70. On découvre ainsi non seulement l’enfance de l’homme et sa passion pour la littérature et le cinéma – en écho à ses films – mais aussi la galaxie Truffaut, ses idoles, ses amis, ses coréligionnaires : Hervé Bazin, Alain Resnais, Jean-Luc Godard, Eric Rohmer, Jean Genet, Jacques Rivette, Claude Chabrol... Et c’est un plaisir d’entendre ces théories d’un nouveau cinéma dans la bouche de ces jeunes gens, leur fougue et leur passion, une nouvelle vague qui déferle sur les écrans français et embarque le public avec elle.

Alternant les scènes de la sphère privée et celles de la vie professionnelle -même si chez Truffaut, la frontière était quasi inexistante - on suit sa carrière de film en film comme dans un carnet de voyages au fil du temps, sur les talons de cet homme qui ne cessa jamais de se retourner sur les femmes, aimant passionnément ses actrices devant sa caméra jusque dans ses bras : Jeanne Moreau, Françoise Dorléac, Claude Jade, Marie-France Pisier, Catherine Deneuve – le grand amour de sa vie - Jacqueline Bisset, Isabelle Adjani et la dernière, la sublime Fanny Ardant. Un amoureux des femmes, qui le lui rendaient bien, jusqu’à cette image de clôture, au cimetière de Montmartre, où une jeune femme recueillie devant sa tombe répond à la question « Vous connaissiez François Truffaut ? » : « Non, mais je l’aimais ».

Isabelle Nivet
Septembre 2020

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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