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Maël Nozahic

La rencontrer la première fois fut une manière de donner forme à des rêves pour ne plus jamais les refaire. Les parcs d’attraction peuplaient mes songes, les découvrir en peinture les faisaient exister, la bulle éclatait, il restait juste ces images magnifiques, inspirées par celles du Spreepark, lieu mythique à Berlin, terrain de jeu fétiche des amateurs d’urbex, ce courant d’exploration des lieux abandonnés.

Depuis, Maël Nozahic, qui fonctionne par séries, a glissé vers d’autres univers, mais est restée fidèle à sa manière unique d’assembler des images  fantasmagoriques. Et c’est toujours aussi beau, étrange, singulier. Le carnaval et la nature, les animaux, les sorcières, les faunes, les masques, les chapeaux, les costumes extraordinaires :
Il y a toujours des liens entre les cultures, malgré les différences géographiques. Ce sont les mêmes mythes, les mêmes célébrations, des choses qui se rejoignent. Il y a tellement de points communs qu’on se demande pourquoi on trouve des différences qui nous séparent ou nous opposent

Masques africains, chapeaux d’Europe de l’est, rubans, motifs, Maël pioche dans sa banque de données personnelle et compose portraits et scènes :
C’est du collage mental. Je fais dialoguer l’histoire de l’art, les époques, les cultures. J’ai plein de centres d’intérêts différents : les personnages nus, par exemple, font référence aux classiques de la peinture, comme Le déjeuner sur l’herbe ou La naissance de Venus, et se mélangent avec des figures des cartes de tarot, des animaux, des miniatures, des figures de mages, des rituels païens, Adam et Eve... Tout se rejoint dans une utopie culturelle. On ne sait pas vraiment où on est, ni si c’est le passé ou le futur. C’est intemporel. On est toujours entre rêve et réalité. Souvent les personnages sont comme des apparitions qui viennent perturber la scène

La nature, depuis les débuts, est là, à la fois protectrice et trahie. Reprenant ses droits dans les parcs abandonnés, apparaissant en motifs dans les séries plus récentes. Des détails à La Jérôme Bosch, en mélanges improbables :
J’aime brouiller les pistes géographiques. Je vais juxtaposer des plantes qui ne poussent que dans le désert avec des espèces vivant dans la jungle, ou ajouter des plantes médicinales. C’est aussi un écho aux problématiques actuelles : qu’est-ce qu’on veut faire de la nature ?

Le résultat, à base d’aquarelle et d’encres, est toujours singulier, fascinant, déroutant aussi, entre incongruité et onirisme, et produit toujours la même impression, celle de convoquer à la fois nos imaginaires collectifs et individuels…

ISABELLE NIVET. OCT 18

 

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