• et un clic là

La fabrique chimérique

L’histoire a commencé avec l’envie d’insuffler de la poésie et de l’imaginaire dans le réel. Ronan Pincemin, architecte et dessinateur, s’acoquine avec David Guglielmini, photographe, pour la réalisation d’un livret, du côté de Dinan, où ils glissent un personnage réel, une princesse-chaperon rouge, et insèrent des dessins qui modifient la perception du paysage. Ronan est passionné d’architecture et de dessin, il se rode à la palette numérique, et avec David ils imaginent des scénarios où rôde un esprit cinématographique, sans être de la copie. Il s’invitent dans l’histoire, et entraînent des figurants dans leurs histoires :

On voulait d’abord valoriser un patrimoine rural méconnu. Il y a des bijoux d’architecture dans les campagnes. On s’ancre dans le territoire. En intégrant les habitants dans les séances photo, on leur fait découvrir des sites un peu oubliés…

En Ille-et-Vilaine, plusieurs communes leur commandent leurs livrets à spirales : à Saint-Pierre de Plesguen ce sera Le Chaperon rouge, à La Baussaine, Le Chat botté, à La Fresnais, L’homme qui ne connaissait pas d’histoires, et le canal d’Ille et Rance se voit transposé en Guerre des Mondes par des machines fantastiques et un sous-marin très Ligue des Gentlemen extraordinaires.
Leur patte s’affirme et s’affine, et c’est avec un nouveau livret, sur le Mont Saint-Michel, qu’ils passent à la vitesse supérieure, intégrant des détails architecturaux presqu’invisibles, rajoutant une toiture ici, une cheminée bizarre là, une frise de bois, un robinet de laiton, une marquise de verre, une enseigne ou des montgolfières dans le ciel, un gimmick qui deviendra plus tard leur marque de «fabrique» (on vous invite à bien regarder les photos ci-dessous, elles sont truffées de rajouts)… Le résultat est fin, le dessin a gagné en réalisme, les clins d’œil sont référencés, à la fois dans la vraisemblance historique et parfois très décalés, oniriques, fantastiques. Aujourd’hui installés à Kervignac, dans le Morbihan, les deux artistes appliquent la même technique : une recherche documentaire solide, qui leur permet d’inventer des histoires qui se tiennent, et l’appel aux habitants du territoire, qui vont servir de figurants dans les saynètes. Après avoir fait voler les navires de Port-Louis, ils viennent d’entraîner les gens de Kervignac dans des séances photos fantasques à base de korrigans, leprechauns et paysans, donnant vie et chair aux fameux personnages du Pont-du-Bonhomme, chapeau breton, culotte bouffante et bas rouges pour le bonhomme, tablier à pois rouges et blancs pour la bonne femme :

On se fait prêter des costumes, ou on les fabrique. On commence à en avoir un stock, qu’on peut réutiliser. Et puis si on n’a pas ce qu’il faut, je le dessine !

Résultat à découvrir en novembre, à Kervignac…

Leurs influences

Univers fantastique, contes et légendes, séries, films, jeux vidéos. Médiéval, magie.

Le rétrofuturisme : steampunk (Jules Verne, design industriel belle-époque, costumes victoriens), dieselpunk (art-déco, esthétique streamline, machines fantastiques, armement, espace…), cyberpunk (dystopies, science-fiction, Ghost in the shell, cybernétique, informatique).

Les illustrations fantastiques de Jakub Rozalski, dessinateur polonais.

La bande dessinée d’Heroic fantasy : Thorgal, Lanfeust…

La littérature merveilleuse et fantastique : Anthony Ryan, Tolkien, HG Wells, Orwell…

Le cinéma de Wes Anderson ou Steven Spielberg…

ISABELLE NIVET. OCT 18

> Compléter la lecture avec des images qui bougent, sur le site de nos copains de KuB, webmédia breton…

 

x