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La fin du cuivre, une BD onirique signée Georges Peignard

Georges Peignard est enseignant à l’école d’art de Lorient, c’est quelqu’un dont on aime beaucoup le travail, nourri d’un imaginaire très personnel, la plupart du temps en volume, mais aussi le discours, à la fois très conceptuel et d’une clarté sincère.

Il vient de sortir – le 22 octobre – un album magnifique « La fin du cuivre », aux éditions Le Tripode : une bande dessinée atypique, sans texte, constitué de dessins en cases, deux par page, sur un fond d’une couleur étonnante, un rose entre pêche et saumon. Le livre s’ouvre dans un format paysage, mais la couverture se décline en format portrait, créant un chevalet, accentuant l’effet carnet de dessin, avec son étiquette rétro comme un cartel de Museum d’histoire naturelle. Les dessins, dans des tonalités de gris, brun, vert sombre, sont chacun une œuvre à part entière, d’un grand soin et d’une grande finesse. L’histoire s’y raconte au gré de l’imaginaire du lecteur. Une lecture différente, méditative, faite de rêverie, où l’esprit divague et part à la poursuite de ces images semblant flotter dans leurs cases, où l’on retrouve, selon ses références, des univers entre La Planète des singes et 2001 L’Odyssée de l’espace.

– Georges, on te connait plutôt comme plasticien, comment es-tu arrivé au livre ?
– Mon moteur, c’est d’abord la sculpture. Je ne sais pas travailler sur une page blanche. Il faut que je sois stimulé par la matérialité d’une pierre, d’un arbre… C’est une forme de négociation avec un support physique, qui aboutit à une conversation avec la matière. C’est manuel, corporel, il faut que je sente le poids de l’objet, que je me fasse mal avec. Il faut que je puisse manipuler, dialoguer longuement avec quelque chose qui résiste. Donc les figures du récit ont d’abord été des marionnettes. Je me prends en photo avec un masque, ou des objets, puis je dessine ces choses. « Dessiner, c’est regarder longtemps ». Fabriquer un objet, le faire apparaître, c’est créer une présence, il faut passer du temps avec lui pour le comprendre, et l’emmener avec soi dans un récit.

– Que racontes-tu dans ce livre ?
– Toujours un peu la même histoire… Le retour chez soi, comme l’Odyssée. Même s’il n’y a pas forcément de scénario : ce sont des images, comme on écrirait un journal, qui s’unifient par les personnages. Avec les rushs, je monte comme un scénariste, et le récit apparaît à la fin. Une fin que je ne veux pas connaître, je veux être surpris par les rencontres et le hasard. Ce retour que je raconte, s’appuie sur un personnage avec une tête de primate, qui atterrit comme Gagarine en Asie centrale, c’est l’archétype du retour à la façon de la Planète des singes, mais différent, ça reste une suggestion…

Isabelle Nivet. Décembre 2020

 

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